Sarvil, l'oublié de la canebière Georges Crescenzo et Michel Allione Autre Temps, 2006
René Sarvil
l aura fallu attendre plus de trente ans avant que paraisse, enfin, le livre tant attendu sur l'auteur, compositeur, librettiste, chansonnier et acteur que fut René Crescenzo dit René Sarvil.
Vous en trouverez tous les détails sur le site suivant :
Son titre : Sarvil, l'oublié de la canebière. Et comment oublié !
Nous en citerons, en guise d'introduction à cet homme qui ne devrait pas avoir besoin d'introduction, les premiers paragraphes qui en disent très long sur cet oubli :
"On connaît dans chaque hémisphère Notre Cane-Cane-Canebière..."
"Mais en connaît-on réellement les auteurs ?
Les Marseillais, comme un seul homme, se lèveront pour crier en chœur : Vincent Scotto. Et tout l'Hexagone acquiescera.
Et s'il faut ajouter un nom ? Alors là aucun doute, c'est Alibert qui fait
l'unanimité.
Dans un numéro spécial de Marseille consacré à la Canebière, le très cultivé Jean Contrucci parle une nouvelle fois de l'avenue chantée par Alibert et Scotto.
Et lorsque dans la même revue, notre ami et infaillible "marseillologue" Constant Vautravers emprunte son titre aux vers de l'hymne marseillais ; "Coquin de sort, elle exagère", il ne fait que puiser dans un traditionnel du patrimoine marseillais dont les auteurs n'ont plus à être nommés.
Cruelle mémoire collective qui perpétue le souvenir du musicien, lui associe son plus glorieux interprète, et ignore complètement l'auteur. Celui qui a donné tout son sens à la chanson. Parce qu'à la vérité, de nombreux auteurs marseillais se sont essayés à encenser la Canebière. Fortuné Cadet la faisait aller jusqu'en Chine. Mais on n'en a retenu qu'une, celle qui "fait le tour de la terre". Et l'inconscient collectif est à ce point tenace que quand la Massilia 2000 fait de Canebière le phare de ses activités, interprétée en sept langues dont le wolof, personne ne retient ce que nous rappelle le pré-programme : "Il s'agit d'un texte de René Sarvil".
Et pourtant, "l'oublié de la Canebière" est sans doute l'un des auteurs de chansons les plus prolifiques. Et combien de succès dans le millier de rengaines recensées : "Ne frotte pas François", c'est lui, "Le chapeau de Zozo", c'est lui, "Le Noël des petits santons", c'est encore lui. "Zou un peu d'aïoli", "Le petit cabanon", "La valse marseillaise", "Tout autour de la corniche", "Le petit bal de la Belle de Mai", "Adieu Venise provençale", "À Toulon", "Le plaisir de la pêche", "Sur le plancher des vaches", "Vous avez l'éclat de la rose", c'est lui et encore lui. "Le plus beau tango du monde", c'est toujours lui...
Eh oui, ces chansons sont de Sarvil. Et encore, les auteurs ne font qu'en citer quelques unes et ne citent pas (dans le passage précité) les noms célèbres qui les ont chanter : Alibert, bien sûr mais aussi Mayol, Fernandel, Tino Rossi, Rellys, Sardou, (père), Andrex, Reda Caire et même Chevalier. - On vous l'a dit à l'instant : un millier de chansons et ce, sans compter les opérettes pour lesquelles il fut le lyricist :
Au pays du Soleil (1932)
Trois de la marine (1933)
Zou le midi bouge / Arènes joyeuses (1934)
Un de la Canebière (1935)
Les gangsters du Château d'If (1936)
Le roi des Gajeleurs (1938)
Les gauchos de Marseille (1945)
... et les revues (plus de trente), non seulement à Marseille mais à Paris (La Lune Rousse, l'Odéon, l'Alcazar). Sans compter que le monsieur a également chanté, joué la comédie, tourné dans plus de 24 films ; qui pensez-vous était le gendarme dans le Manon des sources de Pagnol, en 1953 ? - Sarvil. Chichois dans Au pays du soleil de Maurice de Canonge, au côté de Tino Rossi, en 1952 ? - Sarvil. Et le marinier dans La belle américaine de Dhéry, en 1961. - Sarvil.
Et ça duré, comme ça, pendant plus de cinquante ans !
Il est né en 1901, fils de Catello Crescenzo né, lui, à Castellamare di Stabia, près de Naples (Campanie - Italie), et de Louise Lotero, fille d'un immigrant génois. Non pas à Marseille mais à Toulon, là où sont nés Raimu, Mayol, Andrée Turcy, Fernand Sardou... mais pas pour y rester longtemps. À un an, déjà, il était de Marseille, car son papa avait décidé de retourner là où il avait rencontré sa mère.
À sept ans, papa amené le petit René voir son idole : Mayol. Le petit l'imita le lendemain dans la cour d'école.
À dix-sept ans, il quitte la maison sans avertir personne pour se lancer dans la chanson.
Le reste, comme dit - passez-nous l'expression - la chanson, se lit dans les titres que nous venons d'énumérer.
Décédé ? - Oui, comme tout le monde, après avoir joué des milliers de partie de pétanque, à 74 ans, en mars 1975.
Enregistrements
Qu'est-ce qu'on pourrait bien citer de lui qui n'a pas encore été cité dans ce site ?