u cours des années trente, il y avait à Paris trois Marseillais : le premier, le plus connu de tous, natif de Toulon, s'appelait Jules Muraire ; le deuxième (exceptionnellement né à Marseille celui-là) s'appelait Fernand Contandin ; le troisième, né à Carpentras [1], s'appelait Henri Allibert. - Le premier, au cinéma, se faisait appeler Raimu ; le deuxième, dans les music-halls, au théâtre et au cinéma, Fernandel ; le troisième, après avoir fait disparaître son prénom finit par se faire appeler tout simplement Alibert.
(Tout cela, sans préjudice des Andrex, Sarvil et bien d'autres - voir plus loin - mais il fallait, pour la forme, choisir...)
Né le 3 décembre 1889, cet Alibert connut tout d'abord une brève carrière dans le Midi puis il monta à Paris à la fin de 1908 - il a alors 19 ans - où il ne fut, à ses débuts, chez Bobino, qu'un jeune, qu'un très jeune, Polin, version provençale et puis un Mayol aussi.
La preuve : une photo de lui avec la houppette de l'autre. Après la guerre, il se transforma en fantaisiste et se dirigea du côté de la revue où il finit par obtenir, d'après les renseignements qu'on peut retrouver dans la presse de l'époque, un certain succès. - Il enregistre même : "Jazz Band partout", par exemple, récemment ré-édité dans l'Anthologie de la Chanson Française, (Album 1920-1930), chez EPM.
Difficilement, il finit par se faire un nom. Puis, en 1928, il devient tout à coup le Méridional des Méridionaux en enregistrant une chanson de son beau-père, Vincent Scotto, "Mon Paris". - Sa voix plaît, son sourire séduit tout le monde et le voilà finalement lancé. - En 1929, il est de l'opérette Elle est à vous, en 1932 d'Au pays du soleil, en 1934, des Arènes joyeuses et des Trois de la marine, en 1935, d'Un de la Canebière et, en 1936, des Gangsters du château d'If... - Il tourne aussi : dans Titin de Martigues (1937), Un soir à Marseille (même année). Voir sa discographie
Après la Guerre 14-18
Dans les années vingt
Dans les années trente
L'occupation dérange peu sa carrière (durant la Deuxième Grande Guerre, il résidera, pendant trois ans, à Loriol-du-Comtat, à cinq kilomètres au
nord-ouest de Carpentras [1]. En 1940, on le retrouve dans l'opérette Ma belle Marseillaise, en 1941 dans Port du soleil, en 1943 dans Les Gauchos de Marseille...
Dans les années quarante
En 1945, il commence par être un peu dépassé par les nouveaux chanteurs et il en profite pour rediriger sa carrière vers la composition (ce qu'il s'était permis plusieurs fois auparavant avec, entre autres, Arènes joyeuses et Un de la Canebière) puis à la direction de salles (Théâtre des Deux-Ânes). Il meurt, à Marseille, le 23 janvier 1951, âgé de 62 ans.
Alibert repose, depuis, au cimetière Saint-Pierre de Marseille à côté du comédien Henri Bourelly, dit Rellys ; des compositeurs Vincent Scotto et Charles Helmer-Ponge et de la meneuse de revue Gabrielle Caire dite Gaby Deslys, tous quatre nés à Marseille [2].
Qui a dit, déjà, qu'il n'y avait que trois Marseillais, à Paris, dans les années trente ?
Mais oublions tout ce qui précède et écoutons la voix que le phonographe nous a transmis.
Elle a plus de soixante-dix ans mais elle est aussi chaude et aussi fraîche que si elle venait de débarquer du Midi.
Alibert, donc, dans quatre de ses plus grands succès - tous de René Sarvil :
[1] Merci à Messieurs J.-P. Chabaud (Alibert, La voix du soleil - Etudes Comtadines) et Jacques Perroud pour ces renseignements.
[2] Merci, pour ces derniers renseignements, à Messieurs Patrick Ramseyer et Philippe Landru (Philandru @aol.com - Supprimer l'espace entre "Philandru" et "@aol")