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Discographie





































































































Fernandel

"vec sa gueule chevaline, il était sûr d'être ? l'arrivée !"

Arletty dans ses bons mots.

Faut-il le présenter, lui, le plus connu des comédiens français ? - Faut-il rappeler ses cent cinquante films ? sa gueule de cheval ? dire que de grands auteurs ont écrit, pour lui, des rôles sur mesure ? préciser qu'il s'appelait en réalité Fernand Contandin, que son père et sa mère étaient des comédiens amateurs, qu'il a fait ses débuts à l'âge de sept ans ? que sa carrière s'étira sur plus de 50 ans ?

On aurait peine à citer ses films mémorables : Les gaietés de l'escadron, Angèle, François Ier, Un carnet de bal, Ignace, Le Schpountz, Les cinq sous de Lavarède, La fille du puisatier, L'auberge rouge, L'ennemi public n° 1, Le mouton à cinq pattes... sans oublier - et à dessein - Meurtres de même que la série des Don Camillo.

Fait-il encore rire aujourd'hui ? Assurément. Sauf qu'on en présente de moins en moins à la télé ou dans les cinémas de répertoire, sauf ses tout derniers : la présente génération semble vouloir préférer des comédiens différents mais lorsque, par hasard, l'on fait tourner même un de ses pires navets, son visage crève toujours l'écran et l'on demeure étonné devant ce personnage qui, d'un seul regard, d'un seul geste , d'un seul mot, peut faire éclater de rire ou émouvoir toute une salle.

Mais nous parlons là du comédien. Or, Fernandel n'a pas débuté ni au théâtre, ni au cinéma : ce fut comme chanteur et monologuiste qu'il se fit d'abord connaître et c'est sous cet aspect que nous avons voulu le considérer dans le cadre de ce site dédié à la chanson française sauf que nous nous sommes butés à un problème : celui de séparer le personnage, justement, de ses interprétations.

Un test. Il est difficile à faire mais il faut le faire :

On ferme les yeux et on oublie le visage unique, la mimique, l'homme qui semble vouloir être sérieux et qui ne peut jamais l'être, pour n'écouter que la voix et s'imaginer quelqu'un d'autre chanter ce que l'on entend.

Avec un peu de pratique, on peut y arriver mais alors là, quelle surprise ! La voix est bien ordinaire, la diction un peu trop assentuée (ah, ce fameux assent marseillais) et l'on se surprend à trouver le timing un peu off, ce fameux timing qu'un Bob Hope et d'innombrables comiques ont su développer à la perfection. - Bon d'accord, d'autres avant Fernandel se sont créés des personnages difficiles à séparer de leurs répertoires. Pensons à Dranem et à ses godasses, à Polin et à son mouchoir, à Mayol même, dont toutes les chansons étaient plus ou moins mimées, mais alors que ces derniers utilisaient des procédés scéniques, des trucs tout comme Fernandel allait en utiliser tout au long de sa carrière, ils ajoutaient, pour ainsi dire, un élément de plus à leurs interprétations vocales. Le comique de Dranem, par exemple, perce derrière les loufoqueries enregistrées qu'il a enregistrées (nous avons donné un exemple flagrant de ce comique en "La Chanson du Doge" qu'on trouvera à sa page) ; la subtilité de Polin fait partie intégrante de sa façon de chanter (i.e. : "Mademoiselle Rose") ; quant à Mayol, avec ou sans gestes, dans ses grands moments, ce qu'il a fait demeure de petits chefs-d'œuvre de légèreté et de charme sonore. - Chez Fernandel, qu'on nous en excuse, nous n'avons jamais pu retrouver, même en fermant les yeux, cette petite façon de chanter qui fait que ses interprétations auraient pu être considérés comme des incontournables.

Fut-il alors un être astucieux, un grand connaisseur de la chanson pour se créer un répertoire unique en son genre ? Non plus : le répertoire de Fernandel est jalonné de chansons totalement insipides ou qui ne concordent vraiment pas avec celui qu'il était ou qu'il a voulu être. - Brunschwig, Calvet et Klein (voir à bibliographie) disent à ce propos : "Comparaison pour comparaison, ses succès ("Ignace", "Barnabé", "Félicie aussi"] ne valent pas ceux de Polin.") Nous ne saurions être plus d'accord.

Et tandis que nous écrivons cela, la boutade de Pagnol nous revient en tête : "Tu sais pourquoi il regardait dans son chapeau, Fernandel ? [scène dans Angèle où il va retrouvé Angèle dans le bordel de Marseille] Parce qu'il n'avait pas été foutu d'apprendre son texte. On a été obligé de le lui écrire sur un papier qu'on lui a collé à l'intérieur du chapeau. Et il le lisait. C'est ça, c'est ça son génie."

Fernandel grand comédien ? Nous ne nous avancerons pas sur ce terrain.

Chose certaine : Fernandel fut - nous le répéterons jamais assez - un personnage et s'il faut conserver en mémoire ce personnage lorsque l'on écoute "Félicie, aussi", alors conservons-le car, en tout fin de compte, pourquoi séparer le chanteur du comédien puisque les deux ne font qu'un.

Pour mémoire

Fernandel est né à Marseille (Bouches-du Rhône - 13), le 8 mai 1903 et est décédé à Paris le 26 février 1971. Il est inhumé au cimetière de Passy.

Pour en apprendre plus, consultez son site officiel :

http://fernandel.online.fr

Illustrations musicales

Le nombre de disques enregistrés par Fernandel entre 1929 et 1968 dépasse largement ce que l'on a retenu de lui.

Nous joignons à cette page la liste des chansons qu'il a gravées de 1929 à 1951 (sur 78 T), liste qui nous a aimablement été fournies par Monsieur Roger Legrand, collectionneur à Marseille.

On y retrouvera 227 titres mais en ajoutant, même avec les reprises, les enregistrements qu'il a effectués après cette date, on peut facilement doubler sinon tripler ce nombre. - Et cela, c'est sans prendre en ligne de compte les monologues, scènes comiques (enregistrées avec Andrex, Riandreys, Valroy, Rellys, etc.), les lectures de classiques comme le Lettres de mon moulin de Daudet ou de Pierre et le loup, les extraits de scènes de théâtre, les reprises de scènes de films, les livres-disques, etc. - Bref, si la carrière cinématographique de Fernandel a été impressionnante, on pourrait en dire tout autant de sa carrière sur disque. - De nombreux CD de lui sont encore en vente et il est facile, aujourd'hui, de retrouver ses plus grands succès soit sous forme de CD qui lui sont consacrés ou à l'intérieur de compilations diverses. - Dans ces conditions, citer une chanson veut dire qu'on en oublie vingt, trente. - En citer deux, c'est en oublier cent.

Les plus connues tournent toujours : "Félicie", "Ignace", "Barnabé" cités ci-dessus. Et il ne faut pas retourner beaucoup en arrière pour entendre sa "Caissière du Grand Café" (piqué chez Polin), "Un dur, un vrai, un tatoué" ou encore "À cause du bilboquet".

Nous en avons choisi trois. Non pas pour en oublier trois cents mais tout simplement pour illustrer, d'une part, deux des nombreux styles de Fernandel et, d'autre part, pour faire entendre une chanson que Georgius, son auteur, n'a jamais enregistrée.

Citations 1 et 2

La même chanson, tirée de l'opérette du même nom (de J. Mase et R. Dumas) qu'il a enregistré en 1935 puis, à nouveau, en 1937. - On remarquera la différence de style : la présence d'un trémolo presque continuel dans la première version et l'absence totale de ce trémolo dans la deuxième :

"Ignace"

Version 1935


"Ignace"

Version 1937

Citation 3

Une des chansons typiques de l'irrévérencieux Georgius (de qui Fernandel a également enregistré "Les archers du Roy" dans une version qui se veut différente mais qui ne va pas à la hauteur des deux enregistrées par son créateur), "La noce à Rebecca" (un choix fort discutable), "Un flirt et puis c'est tout", etc.

"Si j'étais midinette"

ca 1960 [*] [**]

[*] On nous excusera de la piètre qualité de cet enregistrement que nous avons trouvé dans un état lamentable chez un brocanteur pas très habile...

[**] Et voilà que Jean-Philippe Maran est venu à notre rescousse : l'enregistrement que vous pourrez entendre n'est plus de dans un état lamentable mais est d'excellente qualité... - Nous n'avons pas demandé la source...

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Biographie

Fernandel, l'accent du soleil
Jean-Jacques Jelot-Blanc
Stock, 1991