"Moi, j'étais du temps du tango où même les durs..."
es cheveux gommés, l'habit, la stature d'un "beau" des années trente, pas plus séduisant qu'il ne le faut, voilà l'image qui nous serait restée de Reda Caire, n'eut été cette voix particulière que les
nombreux enregistrements qu'il a laissés nous renvoient aujourd'hui - et dans son cas, l'expression est vraiment juste - d'un temps passé.
Nul n'aurait idée depuis au moins la fin des années quarante d'entreprendre une carrière avec la voix qu'il avait et pourtant, en 1962, quelque temps
avant de mourir, il s'est permis un autre succès en chantant ce "Temps du tango" qui aurait pu être écrit directement pour lui par Caussimon et Ferré.
Cette voix, tout aussi reconnaissable que celles de Mariano, de Tino Rossi ou de Guétary, était et est encore tout aussi merveilleuse aujourd'hui, soixante ans plus tard, qu'elle l'était à
ses débuts et, sans plus tarder, passons tout de suite à quatre de ces enregistrements :
D'abord une valse de Pierre Chapelle et Pierre Arezzo (en 1911) que chantait Polaire en 1913 et que reprirent Lucienne Boyer en 1931 et Lucienne Delyle en
1950 :
"Le plus joli rêve"
Disque Decca 450.702 (1957)
On ne saurait cependant citer Reda Caire sans faire jouer, ne serait-ce qu'un instant, ses deux plus plus grands succès :
On trouvera par ailleurs un cinquième enregistrement de Reda Caire en la page que nous avons consacrée à une chanson de Paul Delmet ("Vous êtes si jolie").
Quelques notes biographiques
Reda Caire est né Joseph Gandhour, en Égypte, le 4 février 1905, fils d'un haut fonctionnaire du Gouvernement (Bey Gandhour). Belge par sa mère (qui appartenait à une des plus anciennes familles belges : Berner-Renoz de Walden) il a toujours eu à sa disposition le titre de Comte dont il ne s'est jamais, évidemment, servi. (Voir les mémoires de Charlus).
Destiné au droit, il débute en amateur à Lyon (Rhône - 69) dans une troupe d'opérette au début de sa vingtième année puis professionnellement en 1928. En 1930, il est à Paris où, très populaire, il commence à donner des tours de chant vers 1933.
En 1934, il enregistre "Je voudrais un petit bateau"(A. Parera - Robert Valaire) et "Les beaux dimanches de printemps" (J. Laurent, G. Gabaroche). C'est la consécration.
Jusqu'à la toute fin des années cinquante, il sera en demande partout terminant sa carrière avec une chanson presque écrite pour lui, "Le temps du Tango", citée ci-dessus.
Entre temps, on l'aura revu dans des opérettes et quelques films dont :
Si tu Reviens ! de Jacques Daniel-Norman (1937) avec Jean Dunot et Germaine Sablon.
Le club des aristocrates de Claude Dolbert (1937).
Prince de mon cœur de Jacques Daniel-Norman (1938) aux côtés de Colette Darfeuil et de Claude May.
Vous seule que j'aime d'Alfred Machard (1939) avec Gorlett, Georges Bever, Paul Boissin et Pauline Carton.
Marseille mes amours de Jacques Daniel-Norman (1940) avec Annie Avril, Léon Belières, Jean Daniel et Suzanne Dehelly.
Six petites filles en blanc de Noé (1943) avec Gisèle Alcée, Pierrette Caillol, Janine Darcey et Jean Murat.
Reda Caire est décédé d'un arrêt cardiaque le 9 septembre 1963 à Clermont-Ferrand quelques mois seulement après avoir donné un ultime récital au Théâtre du Gymnase à Marseille, en 1962. (Memory Music - n° 7243 8 39430 29).
La municipalité de Saint-Zacharie (Var - 83) où il avait l'habitude de passer ses vacances a nommé une de ses places en son honneur.
CD
Frémeaux et Associés dont nous ne vanterons jamais assez la qualité des produits lui a consacré un double album contenant un livret de 32 pages (d'André Bernard) et les titres suivants :