ujourd'hui presque oublié, [Marc] Darbon, né à Marseille (13 - Bouches-du-Rhône), le 10 avril 1879, décédé le 24 mai 1930, fut tout de même l'Alibert d'avant Alibert. C'est en effet à lui qu'on doit le personnage du Marseillais typique qu'il créa en abandonnant, peu après la guerre, le smoking du "fin diseur" pour revêtir des costumes plus clairs et chanter des chansons tels que "C'est le pastis", "Entre donc, Fada !" ou "La Poulido Partisano à l'espousicien" (sic) ; non pas que ces chansons étaient tout à fait nouvelles (car elles faisaient partie du répertoire marseillais bien avant la guerre) mais reprises à Paris, elles eurent un succès fou.
Ses débuts, il les fit, dans sa ville natale, au début du siècle dernier dans sa vingt-et-une ou vingt-deuxième année.
Parmi les premiers programmes où son nom est mentionné, on le retrouve, en 1903, au Casino de Toulon, en duo, avec une certaine Lisette Nodart (qui deviendra éventuellement Madame Darbon). En 1904, les deux sont à l'affiche de l'Eldorado (à Paris) où ils resteront deux ans, lui, y créant, entre autres, de Briollet et Lelièvre "Pour qui ?" et "Très comme il faut" ; elle, de Gaston Maquis,"Lettre de la cabotine".
Retour à Marseille en 1906 où, mis à part quelques excursions à Paris, les deux resteront jusqu'en 1918, jouant dans des tonnes de revue à l'Alcazar ou aux Variétés-Casino, le tout, intercalé de tours de chant, en duo ou séparément.
À partir de 1920, le chansonnier Edouard Valette commença à lui écrire des chansons sur mesure, marseillaise, bien sûr, mais destinées à l'"exportation" c'est-à-dire Paris et même la Suisse car on retrouve son nom à l'affiche à l'Alhambra de Genève en 1924.
En 1926, il retourne définitivement à Marseille où l'on peut l'entendre dans son tour de chant au Garden Park, à l'Eldorado et au Colisée (ex-Palais de Cristal).
Puis plus rien.
Il faut préciser que Madame Darbon, née Claudine Chaillot, ex-Madame Nodart, est décédée relativement jeune en 1923 et que sa mort l'a beaucoup affecté d'où le peu de présence scénique jusqu'à sa retraite définitive au début de 1928.
Darbon repose au cimetière Saint-Pierre (à Marseille).
Enregistrements
Nous en avons retracé 11 dans les catalogues de la firme Odéon entre 1908 et 1909 ; 14 chez Pathé en 1909 puis 16 de 1925 à 1926 ; et 13 chez Gramophone en 1921 et 1922.
Les titres nous en disent long sur son style ou plutôt ses styles : marseillais à ses débuts (nous parlons de sa production enregistrée), ce sont, pour la plupart des chansons destinées au marché locale. Il passe, à partir des années 20 à un public plus élargi avec, toujours des chansons marseillaises, mais sans aucune trace de la langue qu'il utilisa jusqu'en 1910. - Dans le lot quelques plages de son premier répertoire de "fin diseur" dont trois enregistrées en duo avec sa femme.
Pas de repiquages, à notre connaissance, en CD. Nous en avons retracés deux sur un 33 T dont nous avons perdu la trace et grâce autrès généreux André Anciaux nous avons pu mettre la main sur un de ses premiers enregistrements.
La voix, vous verrez est étonnante.
Du 33 T précité, une chanson de son "deuxième style", soit celui du Marseillais de 1909, "La Poulido Partisano (à l'espousicien)", parole de A. Bossy, musique de Vincent Scotto :
Et de la collection André Anciaux, une chanson de "son premier style" en duo, avec son épouse, "Tout en rose" - parole de Boyer et Burly, musique de Vincent Scotto - une chanson créée à l'origine par Esther Lekain et que reprendra Gaby Deslys, en 1917, au Casino de Paris, dans une revue intitulée Laissez-les tomber :