(Collection Vincent Scotto)

PAGES ANNEXES
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Paris Qui Chante
Petits formats









Affiche de Fernel
dans les années '30









Source Gallica









Source Les Silos









Esther Lekain en 1954 [4]

Esther Lekain

arrière exceptionnellement longue pour cette jolie chanteuse, née Ernestine Niekel [1] le 1er avril 1870 à Paris et décédée le 2 mars 1960 à Nice ( 06 - Alpes Maritimes) [2].

Elle a fait ses débuts au Casino de Nancy vers 1885 (elle a seize ans !) et on la retrouve au programme de l'Alcazar de Marseille, à peu près vers la même date.

Ses adieux officiels, elle les fit au Palace, en 1936, à l'âge de soixante six ans mais elle n'allait pas s'arrêter là car deux ans plus tard, elle se permettait d'ouvrir une école de chant.

La guerre 39-45 ralentira un peu ses activités mais elle fit un retour à la radio, consentante, en hommage à Henri Christiné, à chanter en public, une dernière fois, au Casino de Paris (elle a alors soixante-seize ans) en 1946.

C'est tout ? - Mais non : on peut l'entendre, à l'occasion, encore, jusqu'au début des années cinquante, à la radio, sur scène, histoire d'un autre gala, d'une fête quelconque, pendant qu'elle continue cette école de chant....

Et puis, en 1953, à 82 ans, elle chante chez Graff (voir ci-dessous) et en 1957, elle est de retour à l' Alcazar, là où elle était à ses tous débuts,  pour une toute dernière fois ; elle a alors quatre-vingt-six ans !

Soixante-dix ans de carrière.


En scène, elle se présente, surtout à partir des années vingt, avec des robes toutes simples. Ses gestes sont également simples mais précis. Sa voix ne porte pas mais elle est douce, agréable et sa superbe diction - égale à celle de Mayol -, sa modestie, son large sourire et ses cheveux bruns, très frisés qui faisaient autour de sa tête une sorte d'auréole, la rendirent populaire auprès de tous les publics.

On lui connaît une seule apparition sur le grand écran, dans un film (muet) de Maurice Gleize, La faute de Monique (1928) - un film depuis fort longtemps oublié.

Il nous reste d'elle de précieux enregistrement qu'elle a souvent repris (dans les années vingt et trente) et qui nous rappellent son grand talent de diseuse :

  • "La dernière Gavotte" (Vargues - Delormel)
  • "Un vieux farceur" (Léon - Nadot)
  • "Les vieilles larmes" (Millandry)
  • " Ah ! Si vous voulez d'l'amour" ( Vincent Scotto - Burtey)
  • "Le cœur de Ninon" (Buccucci - Bereta - Millandry)
  • [Tout] "Ça ne vaut pas l'amour" (Perpignan - Trebitsch)
  • etc., etc.

Héritière d' Yvette Guilbert et d'une certaine manière d'Adeline Lanthenay, elle ouvrit la porte à Damia.


On écoutera, de cette mince et élégante chanteuse, trois des quatre enregistrements précités :

"Ah ! Si vous voulez d'l'amour !"

(de V. Scotto - W. Burtey) - 1934 [*]

[*] Créée par Adeline Lanthenay

"Le doux cœur de Ninon"

(de G. Millandy - E. Beccucci) - vers 1930

Et ce qui restera sans doute son plus grand succès :

"Tout ça n'vaut pas l'amour"

(de F. Perpignan - A. Trébitsch) - 1920


Et ce n'est pas tout !

A 83 ans, elle enregistre Une leçon de chant 1900 par Mademoiselle Esther Lekain. Accompagnée par le pianiste Marc Berthomieux, elle interprète :

  • "La dernière gavotte"
  • "Le voyage à Robinson"
  • "Petite brunette aux yeux doux"
  • "Ton rire"
  • "La petite Tonkinoise" (qu'elle avait enregistrée sur cylindre en 1906)
  • "C'est un petit béguin" (grand succès de la belle époque repris par Danielle Darrieux dans les années 60)
  • "Je n'sais comment"
  • "Valse à trois temps"

De ce disque [3] Pathé 25 cm - 33 AT 1043 médium :

"La petite Tonkinoise"

(de G. Villard (adapt. H. Christiné) - V. Scotto) - 1953


"C'est un petit béguin"

1953


À propos de la discographie d'Esther Lekain

La discographie d'Esther Lekain, compte tenu de la longévité de sa carrière est assez limitée : moins de cent titres. Nous en avons retrouvé quatre-vingt-deux dont huit enregistrés en 1953 (Pathé, 20 cm, numéro AT 1043) auxquels il faudrait, semble-t-il, ajouter quelques inédits et quatre ou six rarissimes disques qui auraient été gravés en 1934 chez Columbia avec sa sœur au piano [5].

Dans ses quatre-vingt-deux enregistrements (quoique nous n'avons pas de détails sur les Columbia), plusieurs doublons : "[Tout] ça n'vaut pas l'amour", "La derniere gavotte", "Les dernières larmes", etc. En tout, peut-être soixante-dix titres distincts mais pas plus.

Les repiquages sont nombreux dans les centaines d'anthologies ou coffrets dits "de collection", de "morceaux choisis", de "chansons de la Belle Époque" qui ont comnencé à paraître en 33 T dès les années cinquante et en CD à partir des années quatre-vingt dont un en particulier, chez Chansophone, en 1993, depuis longtemps épuisé, qui, pour une raison quelconque, ne s'est jamais rendu jusqu'au Canada. Ce CD contenait vingt-trois titres, la plupart, selon la description que nous en avons lue, du début des années trente sauf cinq ou six datant des années 1905-1906 ou à peu près. - Ce CD aurait pu nous donner plus de précisions quant aux dates d'enregistrements car les repiquages que nous avons eus en main, jusqu'à présent, ne nous en ont donné aucun. [6]

Ce qui nous ramène aux enregistrements ci-dessous. Ils font partie d'un groupe de trente-six qui nous sont parvenus via divers collectionneurs. Très inégaux au niveau de la qualité mais nous ne nous en plaindrons pas. - Dans le lot, deux fort curieux, enregistrés, presque assurément, au début des années trente, précédés, pour l'un, d'applaudissements (avec écho et tout)...

En voici deux extraits :

Esther Lekain, en 1931 (?) - Chez Odéon ? - "[Tout] ça n'vaut pas l'amour" :

Extrait 1


Extrait 2

Qu'on nous éclaire, s'il vous plaît !

Mais voilà que, parmi les autres fichiers que nous avons retrouvés dans notre ordinateur, un enregistrement sans doute encore plus rares que les précèdents : un de sa sœur Olga, chez Ideal, au début des années trente (collection feu Marc Béghin) que nous ajoutons aujourd'hui même à nos Inclassables (au n° 6)...

Curieux cas que ces deux sœurs Lekain.


Le journal Libération - édition du 17 novembre 1953

Ci-contre, à gauche.

(Merci à Monsieur David Silvestre de nous avoir communiqué ce document)


Petits formats

Voir page suivante.


Notes :
[1] Nikel et non Niekel ou Nickel selon sa petite nièce, Solange Nikel, qui habite aujourd'hui Santenay, sauf que sur l'acte de décès de Madame Lekain, on a bien écrit Niekiel tandis que son neveu a, lui, indiqué que son nom était Nikel (Henri) lorsqu'il en a fait la déclaration (Merci à Madame Michèle Bitton qui nous a communiqué ce document).
[2] Selon Monsieur Patrick Ramseyer, bibliothécaire a la Bibliothèque nationale de France et spécialiste dans les recherches bio-bibliographiques.elle serait née à Paris, fille de Nathan Niekel (sic) et de Caroline Newenberg, et non à Nancy, ni, non plus, comme on peut le lire dans Temerson ( Biographies des principales personnalités françaises décédées au cours de l'année 1957), à Bruxelles. - Il nous confirme, par ailleurs, sa date de naissance,1870, et l'année et l'endroit de sa mort, Nice, 1960.- Le passage suivant, tiré des Mémoires de Charlus devient, dans ces conditions, tout à fait plausible :
"J'ai pu suivre la carrière d'Esther Lekain dès ses débuts. Ses parents, du nom de Nickel, tenaient un commerce de ganterie, parfumerie et colifichets, à Saint-Nicolas-du-Port, près de Nancy, alors que j'étais en garnison dans cette ville.
Il me souvient que nous nous y fournissions, mes camarades sous-officiers et moi, trouvant là le prétexte de voir les sœurs d'Esther, deux très jolies filles.
Esther pouvait avoir alors quatorze ans. [Charlus né en 1860, en a, à ce moment-là, 24.].
Elle débuta à Nancy, au Casino tenu par Armand Bel, lui-même artiste.
Nous allâmes faire une ovation à notre jeune amie.
Esther Lekain fut une interprète d'une finesse et d'une sensibilité très grandes. Je crois l'entendre encore quand elle lançait
"La Petite Tonkinoise" et "L'Amour Malin" !
Mais j'ai tort de parler d'elle au passé. Ne vient-elle pas, il y a peu, de chanter à la radio pour le ravissement de ceux qui l'ont écoutée ! Elle vient aussi d'ouvrir un cours. Que ses élèves sachent bien qu'ils auront avec elle un bon professeur
."
[Les mémoires de Charlus datent du début des années cinquante...]
[3] Merci à David Silvestre pour avoir tenu ces informations et enregistrements de ses originaux, à notre disposition.
[4] Et à Thomas Louis Jacques Schmitt pour la photographie de Mlle Lekain, en 1954.
[5] Sources : les catalogues Pathé, Edison, Odéon, Homophone et divers articles parus dans des revus plus ou moins spécialisées.
[6] Le problème avec ces repiquages, c'est qu'ils contiennent invariablement les mêmes titres dont l'incontournable "Cœur de Ninon" qui semble, à lui tout seul, avoir été recopié sans transformation aucune, depuis sa première "restauration", de 33 T en 33 T et puis de CD en CD...


En annexe

Photos du magazine Paris Qui Chante consacré à Esther Lekain (1908).