n connaît la comédienne. - On connaît aussi son histoire : née Léonie Bathiat à Courbevoie, le 15 mai 1898, elle est secrétaire, mannequin, girl de revue puis commence à chanter dans les beuglants, les cafés et au music-hall. Elle pastiche les airs à la mode, chante dans diverses revues, se crée un "style" - celui de la parisienne sans gêne, à l'accent des faubourgs - mais quel style !
Elle passe ensuite au théâtre où, sans nécessairement jouer continuellement son personnage, elle marque tout ce qu'elle touche.
* Note : Jeu de mots avec la "Gauloise", la cigarette emblématique du SEITA (Service d'Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes 1926 - 1976), régie de l'État français ! La gauloiserie désigne péjorativement une gaieté vive et libre (gaillardise - grivoiserie - gaudriole) inspirée par l'esprit gaulois (Les Gaulois : ancêtres des Français).
Finalement le cinéma la réclame. Elle y donnera des prestations inoubliables dans, notamment, quatre films de Marcel Carné : Hôtel du Nord (1938), Le jour se lève (1939), Les visiteurs du soir (1942) et Les enfants du Paradis (1945).
Après la guerre, ses rapports avec les occupants lui vaudront 120 jours de prison et deux ans de contrôle judiciaire [*]. - Elle remonte sur les planches en 1947, continue de tourner mais si la magie est encore là, le public, lui, est passé à autre chose. - Carné lui-même ne résista pas à ce qui sera la Nouvelle vague.
Fin des années cinquante, début des années soixante, Arletty est victime d'un glaucome : elle ne voit plus. - Elle se retire en 1962, prêtant sa voix à un ou deux documentaires puis devient recluse sauf pour les hommages qu'on rend à ses amis d'antan.
Elle meurt, entourée de ses souvenirs, le 24 juillet 1992, âgée de 94 ans non sans avoir écrit ses mémoires et donné de multiples interviews.
Le cortège funèbre qui transporta sa dépouille ne manqua pas de s'arrêter symboliquement, en route vers le cimetière, devant l'Hôtel du Nord, un fait remarquable en soi, le tournage de l'Hôtel du Nord ayant été fait entièrement au studio de Joinville-le-Pont, en banlieue de Paris.
Enregistrements
Les enregistrements d'Arletty sont, de nos jours, difficiles à trouver. Ils sont éparpillés dans différentes anthologies ou encore publiés dans des albums de peu d'intérêt. - On a remis récemment en circulation les passages qu'elle a enregistré de Mort à Crédit de Louis-Ferdinand Céline. - Un CD mal identifié, intitulé Arletty et Michel Simon, est paru il y a quelques années. - C'est bien peu. - Une récente exception : deux titres ("Pourquoi m'as-tu fait ça ?" et "La femme est faite pour l'homme") parus dans l'Anthologie de la Chanson Française, [Coffret 1930-1940], chez EPM, 188 boulevard Voltaire, Paris 75011.)
Sur ce site, on pourra retrouver :
son célèbre :
"Atmosphère"
du film Hôtel du Nord (avec Louis Jouvet)
un duo qu'elle enregistra en 1937 avec Reynaldo Hahn, compositeur de la musique de l'opérette Ô mon bel inconnu :
"Qu'est-ce qu'il faut pour être heureux ?"
(livret de Sacha Guitry)
le passage du :
"Comme de bien entendu"
[**]
On pourra visionner une partie de cette chanson dans une scène tirée du film précité,
Dorville et Arletty dans Circonstances atténuantes, le film de Jean Boyer, en 1939, avec Andrex, Suzanne Dantès, Michel François et Michel Simon.
(On reconnaîtra, au passage, un Michel Simon étonné).
Et puis aussi ce petit chef-d'œuvre (B. Zimmer et J. Lenoir - circa 1934 - l'enregistrement date d'un très vieux 78 T) qui vient heureusement d'être restauré plus adéquatement par EPM :
"Pourquoi [m'] as-tu fait ça, chéri ?"
Autres enregistrements connus
"Moi je cherche un emploi" - 1928
"Cœur de Parisienne" (Choux / Seyder / Sablon) - 1931
"Ton amour est un toboggan" (Gabaroche / Chagnon) - avec Koval - 1932
Les mots d'Arletty à propos de ses consœurs et confrères de la Chanson. Voir ici.
Notes
[*] Lorsqu'à la Libération, Arletty est interrogée quant à ses "proximités" avec l'occupant, elle répondra : "Mon cœur est français, mais mon c..,lui, est international." et aussi : "Si vous ne vouliez pas que l'on couche avec les Allemands, fallait pas les laisser entrer".
[**] de
J. Boyer et G. Van Parys - Voir ici pour les paroles.