Loulou Hegoburu

près une enfance passée à St-Jean de Luz (64- Basses-Pyrénées, aujourd'hui 64 - Pyrénées-Atlantiques), elle commence à danser à huit ans, en 1910, au Grand Théatre de Bordeaux dont elle suivait les classes. En 1915, elle est à Paris. Laisserait-on aujourd'hui une gamine de 13 ans se produire au music-hall, au milieu de femmes nues ?

C'est pourtant ainsi que débuta la jeune Loulou qui, entre 1911 et 1918, jouera au Mayol, à la Gaité-Rochechouart, à Ba-Ta-Clan et à la Cigale de nombreuses revues légères dont C'est Mimi, C'est couru, Ça murmure, C'est épatant, Plein la vue Les auteurs s'amusaient à me taire dire les pires grivoiseries..." dirat-elle à Madeleine Andral [*] en 1936. Son expérience est donc solide lorsqu'elle joue, à 21 ans, La revue du Casino (Casino de Paris, 9 mai 1919) avec le grand Dranem, avant de retourner au Mayol dans la revue Tout à l'amour (janvier 1920) que suivra La revue légère (26 juin 1920) aux Ambassadeurs.


Elle est engagée à la Gaité-Rochechouart, dans une autre revue de Saint-Granier Ça t'étonne (avril 1921) puis, en octobre, au Moulin de la Chanson dans Ça tourne. Henry Dargès, dans La Scène (n? du 8 octobre 1921), la voit alors ainsi :" La gentille Loulou Hegoburu... Saxe de fine pâte apparait dans Le masque d Arlequin. Elle interprète cette scène avec un sentiment poétique très prenant qu'elle ponctue d'une chorégraphie o? elle déploie ses qualités connues de délicieuse ballerine".

Nous la retrouvons à Ba-Ta-Clan le 21 décembre 1922, avec Georges Milton, dans la revue Oh ! là! là ! , puis, à partir de septembre 1923 au cabaret Chez Fyscher. Georges Van Parys, qui l'accompagne au piano, note : "Voix ténue et un peu enrouée. Elle détaille très bien ses couplets: "Le voyage à Robinson" et une chanson grivoise "Pas d'mal à ?a"..." Avec son partenaire Gerlys elle présente dans le même temps un numéro de danses acrobatiques à la Gaité-Rochechouart.
Après la revue Paris-Sport en mai 1924 à Marigny avec Milton, elle part pour six mois aux Etats-Unis. Elle y sera, selon ses déclarations "fêtée, applaudie ,acclamée..." A son retour a lieu la grande affaire de sa vie : la création en France de No No Nanette qui se jouera à Mogador d'avril 1926 à mars 1927, puis en tournées en France et à l'étranger. Au total, 2000 représentations. "J'avais vu la créatrice à Londres, Louise Groody, et j'avais peur du r?le..." avouera-t-elle pourtant plus tard...
A partir de mai 1928, Loulou Hegoburu répète une autre opérette L'eau à la bouche qu'elle créera le 5 septembre 1928 au Daunou avec Fernand Gravey. "Elle danse, chante et joue le r?le de la chaste Simone avec une joliesse sans pareille..." ( La Rampe., n? 480 de septembre 1928)
Elle créera ensuite une autre grande opérette américaine: Tip-Tues (Folies-Wagram, 27 avril 1929), avec Adrien Lamy, avant de figurer avec Raquel Meller dans La Revue de la femme (Palace, 13 avril 1930) et d'être au Chatelet le 2 octobre 1930 dans Sidonie Panache avec Bach et Edmée Favart. Au cinéma, elle incarne Estelle Bicard dans La Fille du Bouif avec Tramel.
Aux Folies-Bergère le 1février 1932, elle partage l'affiche avec Pierre Mingand et Lemercier dans Nuits de Folies, une revue de crise, puis fait la réouverture du cabaret Embassy (136, Champs-Elysées) le 7octobre 1932, avec Carlos Conté et Adrien Lamy. On la verra également au théatre de Dix-Heures en 1933 et 1934. Fin 1933 elle tourne un court-métrage Ça colle avec Fernandel et Ouvrard.
En 1935, elle reprendra son grand succès No No Nanette à Mogador, avant d'être la partenaire de Jean Sablon le 19 novembre 1935 dans le spectacle Pirouettes 35, au Théatre de Dix-Francs.
Après avoir chanté, en mars 1936, au Grand Jeu (58 rue Pigalle), c'est une artiste de 34 ans, toujours étonnamment jeune, qui interprète à la Gaité-Lyrique "Un p'tit bout d'femme" (Loulou mesurait 1m 47cm) avec Sim Viva et Adrien Lamy. Dans la revue La Chanson du 5 décembre 1936 Maurice Pesse la croque ainsi:" Haute comme trois pommes, gentille petite poupée au regard étonné, au sourire attendri...".
Autre opérette, aux Bouffes-Parisiens cette fois: Ma petite amie (31 janvier 1937) puis, en mai 1938, nouvelle reprise de l'inépuisable No No Nanette, avec Félix Oudart, retransmise par le Poste Parisien le 6 mai 1938. En mars et avril 1939, sur Radio 37, Loulou Hegoburu présente le samedi de 20h25 à 20h30 une courte séquence :Nanette au pays des opérettes américaines, tout en figurant, à partir du 7 avril 1939, avec Gabaroche, dans la revue Toute la ville chante que donne le nouveau music-hall Les Optimistes. Elle y reviendra d'ailleurs en avril 1943, avec Georges Guétary.


Loulou Hegoburu
et Jacques Taillade

A partir de 1941, elle se produit avec son nouveau partenaire Jacques Taillade : Amiral (octobre 1941), Européen (3 avril 1942 et 29 mai 1942). Ils présenteront un numéro de clowns à Médrano en septembre 1943. Plus active que jamais, on l'applaudira à Bobino (23 juillet 1943 et 4 février 1944), l'Alhambra (Paris qui sourit,19 novembre 1943, avec Emile Vacher), l'Européen (24 décembre 1943 et 25 novembre 1944), Les Folies-Belleville
(7 janvier 1944). En mars 1946, No No Nanette sera repris à Mogador, mais avec la jeune Claudine Cereda.


Note [*] : Madeleine Andral fut une comédienne de théâtre et de cinéma. Elle publia un recueil d'entretiens et de portraits sur le monde du théâtre, et collabora à la revue littéraire l'époque.


Louise Hegoburu est née le 6 août 1898 à Bordeaux (33 - Gironde) et décédée le 20 décembre 1947 à l'âge de 49 ans, dans sa villa Mary-Lou à La Celle-Saint-Cloud (78 - Seine-et-Oise, aujourd'hui 92 - Hauts de Seine). Elle avait épousé, en novembre 1923, le célèbre aviateur Léon Bossoutrot (né à Tulle le 16 mai1890) qui détint jusqu'en juin 1938 le record de vol en circuit fermé, puis fut élu en 1939 député radical socialiste.