es informations dont nous disposons sont quelques fois très succintes et ne nous permettent pas vraiment de réaliser une fiche biographique conventionnelle, ou alors, il s'agit de quelqu'un ayant eu un rapport épisodique à la chanson. Aussi, nous ajoutons cette série de pages (en ordre alphabétique) pour diffuser les quelques renseignements que nous possédons sur les personnages ne faisant pas l'objet d'une Fiche biographique...
Mac-Nab, Maurice
Vierzon (18 - Cher) 4 janvier 1856 / Paris 25 décembre 1889
Voyez ce qu'en dit Léon de Bercy dans Montmartre et ses chansons, Paris 1902 :
Cr?ateur du genre "en bois"(tout en lui ?tait en bois : l'allure, le geste, la voix), Mac-Nab ne trouva pas tout de suite sa voie. Au Chat Noir, o? il ?tait venu ? la suite de Goudeau, il disait des po?mes dont l'esprit s'inspirait surtout de Beaudelaire et d'Edgar Po?... et n'obtenait que des succ?s tr?s relatifs. Goudeau lui demandant un jour s'il n'avait pas dans son sac quelque chose d'un genre diff?rent, d'une note moins macabre, Mac-Nab confessa qu'il avait compos? des chansons-r?clames pour une fabrique d'appareils de chauffage et pour un p?dicure c?l?bre. Il fut pri? de les dire et fut tout ?tonn? de l'hilarit? provoqu?e par ses Po?les mobiles et sa Pommade Galopeau. Il abandonna d?s lors le genre triste et composa l'Expulsion des Princes, le Bal ? l'H?tel de Ville, le M?tingue du M?tropolitain, la Ballade des Derri?res froids, et plusieurs autres pi?ces d'une fantaisie et d'un humour vraiment originaux, qu'il a r?unies en un petit volume, Po?mes mobiles, ?dit? chez Vanier.
Mac-Nab s'?teignit ? l'h?pital de Lariboisi?re dans sa vingt-neuvi?me ann?e. La veille de sa mort, il avait re?u du ministre de l'Instruction Publique les palmes d'officier d'Acad?mie.
De tous les chanteurs, rimeurs, écrivains, compositeurs, artistes en tous genres qui firent les beaux jours du Chat Noir, un qui sut attirer sur lui une attention particulière fut ce Maurice Mac-Nab (ou Mac Nab ou même Macnab), né à Vierzon le 4 janvier 1856, ex-maréchal des logis (1877), membre des Hydropathes (1878) [1], employé des postes (1881) qui, malgré qu’il fut bègue et myope, qu’il ait possédé une voix rauque et qu’il chantait faux, réussit à se faire connaître comme un des plus créatifs de ce lieu mythique avec ses textes hors-du-commun (Thèse pour le doctorat du mal aux cheveux et de la gueule de bois), ses "chansons-réclames", ses monologues, ses "poèmes mobiles"[2] (préfacés par Coquelin Cadet) [3], ses "poèmes incongrus" (préfacés par Voltaire !) et toute une série de chansons qu’Yvette Guilbert, Vincent Hyspa ou Kam-Hill mirent à leurs répertoires.
Son humour, son incohérence et, parfois, son anarchisme, teintée de violence, sont quelque peu, de nos jours, dépassés, sinon devenus incompréhensibles mais le poète en lui est soigné, quasi littéraire et même classique.
Presque oublié, sauf pour quelques bons mots, quelques chansons surprenantes ("Un bal à l’hôtel de ville", "Le grand métingue du Métropolitain"[4], "Le pendu"… sur des musiques de Camille Baron) et, naturellement "Les fœtus" (musique de Roland Khor).
Mac-Nab a fait, en 2008, l’objet d’une biographie de Patrick Biau dans la Petite Encyclopédie Portative Universelle pour le compte des Milles Univers, 32bis route de La-Chapelle, à Bourges.
De santé fragile, Mac-Nab est décédé de tuberculose à l'hôpital Lariboisière de Paris dans sa vingt-neuvième année.
À noter que, la veille de sa mort, il avait reçu du ministre de l'Instruction Publique les palmes d'officier d'Académie.
En terminant, citons en entier sa chanson la plus connue :
Le grand meeting du Métropolitain
C'était hier, samedi, jour de paye,
Et le soleil se levait sur nos fronts
J'avais déjà vidé plus d'un' bouteille,
Si bien qu' j'm'avais jamais trouvé si rond
V'là la bourgeois' qui rappliqu' devant l'zingue:
"Feignant, qu'ell' dit, t'as donc lâché l' turbin?"
"Oui, que j' réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu' du métropolitain !"
Les citoyens, dans un élan sublime,
Étaient venus guidés par la raison
A la porte, on donnait vingt-cinq centimes
Pour soutenir les grèves de Vierzon
Bref à part quatr' municipaux qui chlinguent
Et trois sergents déguisés en pékins,
J'ai jamais vu de plus chouette métingue,
Que le métingu' du métropolitain!
Y avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l'orgueil du pays
Ils sont grimpés tous deux sur une table,
Pour mettre la question sur le tapis
Mais, tout à coup, on entend du bastringue ;
C'est un mouchard qui veut fair' le malin!
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu' du métropolitain !
Moi j' tomb' dessus, et pendant qu'il proteste,
D'un grand coup d' poing, j'y renfonc' son chapeau.
Il déguerpit sans demander son reste,
En faisant signe aux quatr' municipaux
A la faveur de c'que j'étais brind'zingue
On m'a conduit jusqu'au poste voisin
Et c'est comm' ça qu'a fini le métingue,
Le grand métingu' du métropolitain !
Morale :
Peuple français, la Bastille est détruite,
Et y a z'encor des cachots pour tes fils !..
Souviens-toi des géants de quarante-huit
Qu'étaient plus grands qu' ceuss' d'au jour d'aujourd'hui
Car c'est toujours l' pauvre ouvrier qui trinque,
Mêm' qu'on le fourre au violon pour un rien,
C'était tout d' même un bien chouette métingue,
Que le métingu' du métropolitain
[1]Voir la page dédiée. [2]Le poète mobile se distingue de tous lesautres en ce que, muni de roues, il peut se déplacer comme un meuble… [3]"Les hommes bons seuls sont joyeux ; lesméchants ne rient pas, c’est leur punition !" [4] Enregistré en 1968 par Marc Orgeret, par Marc Robine en 1993, par Pierre Perret en 1996…
Macé-Montrouge, Victoire
Artiste lyrique et comédienne, née Victoire Élisa Macé à Paris, 2e le 24 mai 1834 et élevée par sa grand-mère aux Batignolles.
À 13 ans et demi elle débute à l'École lyrique dans la Fille terrible et la Veuve de quinze ans de Pierre Adolphe Capelle (rôle joué 3 ans auparavant par Suzane Lagier aux Variétés) puis, en 1850, elle est au Gymnase avant de passer aux Bouffes Parisiens d'Offenbach où elle resta jusqu'en 1859.
En 1860, elle part pour Liège en compagnie de Zulma Bouffar pour réapparaître à Paris en 1862 à la Porte Saint-Martin dans une reprise du Pied de mouton pour repartir en tournée (Bruxelles) où elle rencontre Louis Montrouge (qui chantait à l'Atelier, peu avant 1870 après avoir débuté aux Délassements-Comiques à la fin des années soixante. - voir à Paulus,
Mémoires,
chap. 24) avec qui elle revient à Paris, aux Folies Marigny créant toute une série de rôles où on lui trouva, pendant des années, des qualités extraordinaires de verve et de brio (Lyonnet - voir bibliographie).
Directrice de La Tertulia, un café-concert sis 7 rue de Rochechouart, 9e (où se produisit, entre autres,
Darcier), d'octobre 1871 à septembre 1873, elle quitte Paris en 1874, pour rejoindre son mari au Caire où, en sa compagnie, elle joue presque tous les rôles des opérettes de l'époque avant de revenir encore une fois à Paris (Athénée) où elle est de toutes les pièces jusqu'en 1897 pour, enfin, prendre sa retraite et mourir, pensionnaire de la Société des Artistes, à l'âge de 62 ans le 24 novembre 1898 à Argenteuil (78 - Seine et Oise - aujourd'hui 95 - Val-d'Oise).
Parmi ses titres de gloire : création de Joséphine vendue par ses sœurs de Victor Roger en 1886 et de L'Hôtel du Libre-Échange de Feydeau en 1894.)
Voici ce qu'en dit Léon de Bercy dans Montmartre et ses chansons, Paris 1902 :
Eugène-Jean-Camille Manescau est né à Pau le 7 septembre 1869. Bien qu'issu d'une famille plus qu'aisée, il est obligé, dès l'âge de seize ans, de subvenir lui-m?me à ses besoins. Très jeune, il apprend la peinture et enlève un premier prix d'anatomie à l'Académie des Beaux Arts de Bordeaux, sous la direction de MM. Braquehaye et Lauriol. A dix-neuf ans, il débarque à Paris et choisit Montmartre comme résidence. Pour vivre, il se livre à la confection de dessins de broderie pour la maison Emery et Leroy, de la rue de la Paix ; veut essayer pour son compte personnel le commerce de broderie ; mais sa tentative ne réussit pas. Il se remet alors à travailler pour autrui, tout en suivant les cours de Ricquier.
L'été de 1896, il débute au Divan-Japonais, sous la direction Habrekorn, avec un répertoire formé de chansons de Nadaud, de morceaux d'opéra-comique et de grandes romances ; il entre ensuite aux Bouffes-Parisiens, direction Grisier, y joue le Puycardas de Miss Helyett et profite des loisirs que lui laisse la scène pour prendre des le?ons d'harmonie de Georges Paul et de Jo? Hayden. Enfin il débute comme compositeur, en 1897, aux Noctambules avec Mariannik, La Chanson du Vieil Aveugle, Et ton Coeur, Dans les Vagues, Chevaux fant?mes, Les Vieilles de chez nous et Credo Payen ; monte l'année suivante au Conservatoire de Montmartre, o? il produit Au Son des Cloches, qui obtient un gros succès, La Légende de la Châtelaine et Des Hommes. Il est, quelques mois après, engagé aux Funambules, pour ?tre le récitant de Panthéon-Courcelles, de Georges Courteline. En 1899, il entre aux Quat'-z-Arts et se produit la m?me année aux Mathurins et à l'Ane-Rouge, o? il est encore actuellement.
En dehors de ses compositions, Manescau, qui s'est fait dévoiler les mystères de la versification, écrit des chansons qui ne sont point encore des chefs-d'oeuvre, mais o? l'on sent déjà une inspiration poétique. Quelques-unes ont paru dans le Triboulet et dans le Supplément.
Au physique : Méténier en plus jeune et en mieux.
Maquis, Gaston
Compositeur (1860-1908). Son nom resté attaché à quelques valses à la mélodie facile, ayant eu leur heure de célébrité.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Marc-Cab
Revuiste (1901-1978). De son vrai nom Marcel Cabridens. Ce fils de chirurgien-dentiste fut l'un des plus brillants "faiseurs de revues? de l'entre deux-guerres.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Caricature par Moroz
Marcelly
Le baryton léger et chanteur populaire Marcel Jules Turmel, dit Marcelly, est né à Rouen (76 - Seine Inférieure aujourd'hui 76 - Seine Maritime), en mars 1882 et c'est là, qu'après une longue carrière (32 ans durant lesquels il a gravé plus de 200 enregistrements ), il est décédé en 1966, à l'âge de 84 ans. - Plus précisément à Sainte-Marguerite-sur-Mer, quelques 60 kilomètres plus au nord, sur la Manche.
Ses débuts dans le domaine de la chanson, il les fit au café-concert des Buttes Chaumont avant de passer à la
Gaîté-Rochechouart qui fut sa salle de prédilection tout au long de sa carrière même s'il a également chanté à la
Gaîté et au Palais Montparnasse, à l'
Empire, à l'
Européen et chez
Boul-Var-Dia.
A ces maisons, faudrait rajouter : les Nouveautés de Toulouse, l'Alcazar de Brest, le Kursaal de Grenoble, le Palais de Cristal de Marseille, Le Capitole de la même ville, l'Eden de Nîmes, les Casinos de la Ciotat, de Cassis, de Bandol... (voir à
cafés-concerts en province) car Monsieur a fait d'innombrables tournées : en Belgique, en Afrique du Nord, jusqu'en en Roumanie et même en Russie.
Son répertoire fut très varié : chansons d'amour, refrains légers, valses populaires, chansons "à voix", fantaisies diverses (des répertoires de
Mayol et de
Fragson, par exemple) ; il s'est même permis d'enregistrer "Titine" et fut un des premiers à endisqué"La Madelon".
Rien de vraiment exceptionnel mais rien de bâclé non plus, ce qui explique son immense popularité notamment sur disque.
Que dire sur cet auteur, compositeur, interprète, monologuiste, chansonnier, chef d'orchestre et revuiste né à Rouen, le 10 août 1866, qui, après avoir été commis-banquier, débuta dans la chanson qu’en 1894 (à 28 ans) ?
À ses débuts, en interprète, s’accompagnant lui-même au piano, sa silhouette était inoubliable : "…moustache noire de lieutenant de gendarmerie, cheveux en brosse… voix de baryton-martin chaude, harmonieuse, souple, et bien timbrée". Léon de Bercy - Montmartre et ses chansons, Paris 1902 qui ajoute :
Paul Marinier fait tantôt la musique, tantôt les paroles de ses chansons ; souvent aussi, il compose paroles et musique. C'est en 1897 qu'il prit rang parmi les chansonniers de la Butte en se faisant entendre dans ses oeuvres, à la Muse de Montmartre. Une toute petite Bombe et Les Demoiselles qui font de la Peinture lui valurent, tant comme auteur que comme chanteur, un fort joli succ?s.
Il appartient à la troupe des Mathurins depuis bientôt trois ans.
De même que Privas, Daubry, Tiercy et Poncin, Marinier s'accompagne lui-même au piano. Sa voix de baryton-martin est chaude, harmonieuse, souple, bien timbrée ; il la manie fort joliment et sait à propos en modérer l'éclat. Il monologue aussi parfois avec finesse, comme dans Le Monsieur qui dit des Vers.
FERMONS NOS GUICHETS
(Meuriot, édit).
Chanson somnolente de MM.les employés des postes et télégraphes
Fermons nos guichets quelques heur's encore :
Je m' sens pas dispos.
Hier, c'était la fêt' de ma Léonore :
J'ai besoin d' repos.
Mais j'entends frapper au grillag'.
Sans doute,
Des gens indiscrets.
Laissons-les frapper!
Qu'ils aill'nt se fair' fout'e !
Fermons nos guichets !
C'est peut-êtr' quéqu'un qui voudrait (c'te bourde !)
Un timbre, oh la la !
Il pouvait donc pas en ach'ter, la gourde,
Au bureau d'tabac ?
Cogne aux vitr's, mon vieux, fich' leur des taloch's !
Un timbr' ?... des navets !
N'a qu'à fair' comm' moi, j'en ai plein mes poches,
J'en achèt' jamais.
C'est peut-êtr' qu'un qu'a un' choc' pressante
A me demander ;
Ou tout simplement un' lettre importante
A recommander.
S'il veut êtr' bien sûr qu'elle arriv' quand même,
Sans fair' tant d'apprêts,
Ben ! il n'aura qu'? la porter lui-même...
Fermons nos guichets !
Zut ! on frappe encor ?
Vraiment ils m'assomment !
J'en ai tout mon saoul.
L'public, aussi bien les femm's que les hommes,
?a vaut pas quatr' sous.
Ces gens-l?, c'est en vain qu'on les engueule ;
J' crois qu'ils font expr?s.
Je n' peux pourtant pas leur casser la... tête.
Fermons nos guichets !
Ah! qu'est-c' que j'vois? j'ai la berlu', sans doute :
Ils sont au moins vingt.
Faut-y qu' ces gens-l?, ils n'ai'nt rien ? fout'e
Pour poser en vain.
Encor, si y avait une ou deux personnes...
Non, c' que j' vais m' gêner!
D'ailleurs, ? l'horlog' v'i? midi qui sonne :
J' m'en vas déjeuner !
Il passa très cependant très vite du côté de la chanson d’abord en parolier puis en compositeur et ce fut le début d’une longue carrière parsemée de petits chefs-d’œuvre :
N’en nommons que quelques uns :
Les paroles de "D'elle à lui", créée par Yvette Guilbert en 1898.
La musique de "Bonsoir Madame la lune" qu’enregistra Fred Gouin en 1928 et Tino Rossi en 1940.
Ce qui ne l’empêcha pas de participer, soit en compositeur, soit en parolier, à de nombreuses revues (notamment chez Mayol) et même, parfois, de remonter sur scène (on le retrouve, par exemple, au programme de l’ABC en 1938).
Paul Marinier est décédé à Lyons-La-Forêt (Eure) le 5 septembre 1953 non sans avoir été nommé Doyen des chansonniers de Montmartre en 1947.
Paul Mariniersera fait chevalier de la Légion d'honneur en septembre 1946.
Laissez-passer des
Forces Françaises Libres
(Source : musée de l'armée)
Marly, Anna
"Elle fit de son talent une arme pour la France."
Il y a peu de choses qu'on pourrait ajouter aux notes biographies déjà disponibles sur le web concernant Anna Marly qui est à l'origine du "Chant des partisans" également connu sous le nom de "Chant de la Libération" (1943).
Elle est née Anna Betoulinskaïa à Saint-Pétersbourg (Russie), le 30 octobre 1917, parvint en France à Menton (06 - Alpes-Maritimes) vers 1920, dansa pour les Ballets russes, chanta un peu partout, y compris à Paris, avant de s'exiler en 1940 pour arriver en Angleterre en 1941 où elle s'engagea comme cantinière au quartier général des Forces Françaises Libres. C'est là qu'elle composa son "Chant des partisans" (en russe) qui fut immédiatement adapté en français par Maurice Druon et Joseph Kessel, puis créé par
Germaine Sablon et qui servit non seulement d'indicatif à sa radio mais de symbole de la résistance.
Après la guerre, elle chanta un temps dans les cabarets français mais s'exila à nouveau pour sillonner l'Afrique, l'Amérique du Sud avant de s'installer aux États-Unis où, pendant des années, elle représenta d'une ville à l'autre, la chanson française (et russe) tout en revenant régulièrement en France (notamment) avant de s'éteindre le 15 février 2006... à Palmer (Alaska - Etats-Unis) où elle avait élu son dernier domicile.
Voix poignante, on pourra l'entendre sur un site (en russe) :
Et si vous avez quelque difficulté à lire le russe, les enregistrements sont ici.
Marnac, Jane
Chanteuse d'opérette et actrice et belge née Jane Fernande Mayer, le 8 février 1892 à Bruxelles (Royaume de Belgique) et décédée le 2 décembre 1976 à Paris, 16e.
En 1927, elle se marie avec un officier anglais, le major Keith Trevor. Avec son mari et Camille Wyn, ils dirigèrent le Théâtre de l'Apollo en 1929 et 1930. C'est ainsi que Jane Marnac se trouve placée pour l'opérette Au temps des valses (Théâtre de l'Apollo - 1930) de Noël Coward, (adaptation Saint-Granier).
Elle tourna dans quelques films, dont Paris Béguin, en 1931, de Augusto Genina avec Jean Gabin.
Masson, Armand
22 juin 1857 / 01 mars 1921
Ce que nous en dit Léon de Bercy dans Montmartre et ses chansons, Paris 1902 :
Né à Paris, rue Amelot, en 1857 ; fit, comme boursier, ses études au collège de Melun ; fut d'abord employé à la Compagnie des chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée, puis dans les bureaux du ministère de la Guerre et enfin à la préfecture de la Seine, où il occupe actuellement un poste élevé. Il fréquenta le Chat Noir presque à ses débuts, y demeura longtemps, ne s'en évada qu'avec Jouy, Delmet, Hyspa et Marcel Lefèvre, pour aller fonder les Décadents et passa ensuite au Chien-Noir. Après une assez longue absence, il reparut en 1897 sur la Butte et chanta à la Boîte-à-Musique pendant une saison, la dernière. Masson cultive le genre satirique. Voici l'une de ses dernières productions :
LE SONGE DE JACOB
A Emile Goudeau.
En ce temps-là, Jacob, redoutant le courroux
De son frère Esaû, le chasseur au poil roux,
Dont il avait subtilisé le droit d'aînesse,
Partit de Beer-Shéba, monté sur une ânesse,
Pour demander asile à son oncle Laban.
Or, le troisième jour de marche, au soir tombant,
Exténué, mourant de soif, le ventre vide,
Il lui fallut camper dans le désert aride
Qui s'étend de Sichem au puits de Beth-Haran.
Le voyageur serra sa ceinture d'un cran,
Se choisit une pierre où reposer sa tête,
Et s'endormit roulé dans une peau de bête,
Content d n'avoir rien à payer pour sa nuit.
Et voici ce qu'il vit en songe :
Devant lui
Se dressait au milieu d'une place publique
Dont les maisons semblaient un rêve babélique,
Un grand temple au toit plat, bloc massif et carré,
Qu'à sa ligne rigide on sentait consacré
Au culte du commerce et de l'arithmétique
Des colonnes de pierre entouraient le portique
Ouvert à tous venants sur un large escalier
Qu'un flot d'adorateurs inondait tout entier ;
Et Jacob, rien qu'à leurs profils d'oiseaux voraces,
Reconnaissait en eux la race de sa race,
Bien que leurs vêtements étriqués, aux plis brefs,
Et les cylindres noirs dont ils couvraient leurs chefs,
Parussent indiquer les modes d'un autre âge.
? Et tous, avec des cris rauques d'anthropophage
Ou des glapissements aigres de chiens en rut,
Se ruaient vers le but, vers l'identique but :
? Et c'était, sur son socle, ainsi que sur un trône,
L'Idole de métal, le tout-puissant Dieu Jaune,
Le Veau d'Or, le divin Veau d'Or, déjà debout !
Or, Jacob s'aperçut alors avec dégoût
Que les marches de l'édifice étaient souillées,
L'escalier étant fait, non de pierres taillées,
Mais de fiente durcie, et le pied du passant
Y foulait de la boue et des larmes de sang ;
Des malédictions sortaient de chaque dalle,
Et des Anges en deuil, à grands coups de sandale,
Battaient le bas du dos des fils de Rébecca
Et leur faisaient escorte en leur criant : Raca !
? Mais eux, indifférents à ces libres paroles,
Sous l'averse des coups récoltaient les oboles,
Et se ruant autour du divin piédestal,
Empochaient à la fois l'insulte et le métal.
? Or, Jacob, s'éveillant sur son chevet de pierre,
Adora le Seigneur et fit cette prière :
"? Soyez béni, mon Dieu, vous qui faites mûrir
Pour ma race, sur l'escalier de l'avenir,
Des coups de pied au cul qui sont tout bénéfice !"
Et s'imposant alors un petit sacrifice,
Il offrit au Seigneur, avant de repartir,
La pierre sur laquelle il venait de dormir.
Mathieu, Émile
De quel Mathieu parlons nous ? Et puis... de quel Émile ?
Claire Simon-Boidot s'est lancée à la recherche des Mathieu (Émile et autres !)
Celui qui nous intéresse (puisque du Café-Concert) est né à Mortagne-au-Perche (61 - Orne) en 1825, d'un père cuisinier à Paris, fait ses débuts au
Café Moka, à ce qu'en dit
Paulus dans ses
Mémoires au chapitre
20. Sa femme "la belle Mme Mathieu" fait beaucoup parler d'elle et héritera de son défunt mari de fort curieuse manière. (voir chapitre
24).
Dans Le Temps du dimanche du 26 août 1883, on lit :"On annonce la mort d'Émile Mathieu, un artiste bien connu des cafés-concerts et qui obtint, comme auteur de chansonnettes, plusieurs succès populaires." Mercadier l'a remplacé à l'
Eldorado.
Il est cité parmi les artistes des concerts d'autrefois dans une livraison de l'Art lyrique et le music hall de 1898.
Il existe également un Émile Mathieu, mathématicien, un Julien Mathieu, probablement ténor ainsi qu'un Eugène Mathieu, compositeur, en plus des deux Mathieu ci-dessous.
Mathieu, Émile
Compositeur né à Lille en octobre 1844 et mort à Gand (Belgique) en août 1932. Fils de la basse Nicolas Joseph Mathieu, premier prix de chant à Bruxelles en 1840.
Il étudie au Conservatoire de Bruxelles, dès 1860, l'harmonie, le piano, la direction d'orchestre et le contrepoint.
Son œuvre la plus connue reste Freyhir, en 1883, un choral ayant pour thème la déforestation des Ardennes...
Il finit sa carrière comme directeur du Conservatoire royal de Gand.
Mathieu, Gustave
Poète, chansonnier, né à Nevers en 1808, mort à Bois-le-Roi en 1877. - On lui doit... ?
on lui doit Le Bohémien - 1850 (musique de
Darcier) - Lien
Gallica
on lui doit La légende du grand étang - 1851 (musique de Léopold Amat) - Lien
Gallica
on lui doit La bonne dame de mai (musique de Léopold Amat) - Lien
Gallica
Maupi
Marcel Louis Alexandre Barberin, qui devait devenir Maupi, est né le 6 novembre 1881, à Marseille (13 - Bouches du Rhône). Il est le fils de Raymond Fortuné Barberin et de Marie Anaïs Désiré Anoï.
Photo ci-contre : Maupi devant le
Concert Mayol (cliquer pour voir l'image en entier).
Grand ami de Raimu, il fait carrière au cinéma où il est du générique de 79 films ! On le retrouve aussi du côté des revues et opérettes, dans une carrière sur scène dont on ignore beaucoup. Parmi ses présences "musicales", citons tout de même Mirages de Paris, Plaisirs de Paris, Miss Cow Boy (ici et
ici), La fille du tambour-major (ici).
Maupi décède le 4 janvier 1949 à Antibes (06 - Alpes Maritimes).
Pour une biographie plus circonstanciée, voir
ici.
Merci à Dominique-Henri Simon, son petit-neveu et propriétaire des photographies proposées ci-dessus, pour sa sympathique collaboration.
Max, Simon
Interprète, Simon Max fut, à l'opérette, le créateur, en 1877, aux Folies Dramatiques de Paris, du rôle de Grenicheux dans Les cloches de Corneville de Robert Planquette (1848-1903).
On sait que le livret de cette opérette qui est toujours au répertoire été rédigé par un commissaire de police (sic), Charles Gabet, en collaboration avec Clairville, le co-signataire du livret de La Fille de Madame Angot.
Interprète (1888-1962). De son vrai nom Francesca Marques Lopez.(NdA -Francisca Romana Marques Lopez) Commence à être connue avant la Première Guerre mondiale mais ses grands succès, "La Violetera" (NdA - 1926) notamment, datent de la période 1918-1935.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Paris 2e - 24 juillet 1873 / Paris 14e - 9 mars 1935.
Marc Marie Millereau, dit
Mérigot, Paul (et Victor Boullard)
Paul Mérigot né à Lyon le 19 juillet 1820, décédé à Paris 9e le 30 mai 1883, parolier, auteur dramatique et acteur comique et Victor Boullard, né le 20 février 1832, décédé le 4 février 1876, compositeur, furent les auteurs d'une chanson intitulée "Les cocardiers" qui n'a évidemment pas survécu.
Chanteuse d'opérette et comédienne, née Rose-Marie Baudon, à Bordeaux, vers 1850 et qui se produisit sur scène, souvent en travesti, dans les années 1870 et 1880 ainsi qu'au début des années 90.
Elle fit un première tournée en Amérique du Sud (Rio) en 1877-1878 puis revint à Paris (Fantaisies Parisiennes 1879-1880, Skating 1881-1882) avant de retourner à Rio en 1889 ou 1891 où elle demeurait encore en 1901.
Métra, Olivier
Compositeur né en 1830, décédé en 1889. Auteur de valses célèbres. Débuta à douze ans aux Bouffes-Parisiens. à dix-neuf ans, il était déjà chef d'orchestre au Bal Robert.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Meusy, Victor
Auteur et interprète (1856-1922). De son véritable nom Louis Meusy. Employé comme nombre de ses collègues chansonniers à la Compagnie des chemins de fer, Meusy fréquenta les Hydropathes et le Chat noir avant de co-fonder en 1895 le Chien noir et en 1897 le Trianon. Auteur de revues, il fut président de la S.A.C.E.M..
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Mévisto
Jules Wisteaux dit Mévisto, dit Mévisto l'Aîné (par rapport à son frère, Mévisto cadet avec qui, il partagea quelque temps la scène).
Interprète né en 1857, mort en 1918.
Il fut un acteur, un chanteur, un auteur et un chansonnier qui se spécialisa très tôt dans les chansons et le style de
Montoya.
Quelques enregistrements de lui nous sont restés dont "Le tour du propriétaire" (en collaboration avec
Dominique Bonnaud) - qui ressemble étrangement à une chanson de
Bruant - repris chez EPM en l'an 2000, collection Anthologie de la chanson française, L'Esprit montmartrois [n° ADE 771 984792].
Ajout du 2 janvier 2023 : ce que dit Léon de Bercy dans Montmartre et ses chansons, Paris 1902 :
Plus communément dénommé Mévisto aîné pour le distinguer de son frère Auguste, le très consciencieux artiste du Théâtre-Libre, de l'Odéon, de la Porte-Saint-Martin et autres scènes.
Jules Mévisto ? Wisteaux de son véritable nom ? est né à Paris le 14 novembre 1857. A douze ans, il déclame des vers de Victor-Hugo en présence de Pierre Véron, qui lui conseille de lâcher immédiatement son professeur. Enthousiasmé par la lecture des Chants du Soldat de Paul Déroulède, il s'engage dès sa dix-huitième année au 13e régiment de chasseurs à cheval. Mais houspillé, tarabusté et malmené par l'adjudant Schluck, ? que le génie de Courteline a rendu légendaire sous le nom de Flick, ? il quitte la cavalerie légère et va terminer son service au 1er cuirassiers, o? il conquiert les galons de fourrier. A sa libération, il entre à la Compagnie Générale Transatlantique, démissionne au bout d'un an, part avec une troupe de comédiens, parcourt l'Egypte, l'Indo-Chine, le Tonkin, l'Annam, le Japon, la Chine, jouant la comédie, l'opérette ou disant les vers de ses poètes préférés. De retour en France, il entre, en 1891, au Concert de l'Horloge et s'y compose un répertoire très en dehors, avec des oeuvres de Charles Quinel, d'Ibels, d'Hector Sombre et de Montoya ; il y crée la chimérique Pierrot de Xavier Privas et se taille un joli succès avec l'interprétation du Testament de Pierrot. Dégoûté de certaines promiscuités, il quitte définitivement le café-concert en 1894 et se fait engager au Carillon. Il passe ensuite au Tréteau-de-Tabarin, au Conservatoire de Montmartre, à la Bo?te-à-Musique, aux Quat'-z-Arts, à la Boîte-à-Fursy, disant ou chantant tour à tour des choses tendres, philosophiques ou satiriques, mais plus spécialement des couplets de Dominique Bonnaud, de qui il devient bientôt le collaborateur. Dès lors, comme les camarades, il se produit dans ses oeuvres et se place à un excellent rang parmi les chansonniers. Il se souvient néanmoins des poètes qu'il interprétait autrefois et en récite de temps en temps quelques strophes.
Jules Mévisto collabora comme revuiste à Mettez-y un Bouchon ! qui fut représenté aux Quat'-z-Arts en 1898, et donna lieu à un incident tragico-comique que je relaterai dans ma monographie des cabarets. Mévisto a écrit seul plusieurs chansons et monologues. Voici de lui quelques couplets, qui sont de circonstance à la veille des élections.
C' QUE NOUS L' SOMMES...!
Allons ! les paris sont ouverts ;
Candidats bleus, blancs, roug' ou verts,
Mettez-vous la tête à l'envers,
Pour nous convaincre.
Socialistes et radicaux,
Partisans du petit chapeau,
Bataillez, cardez-vous la peau,
Car il faut vaincre !
"Mon concurrent est un voyou !
Un ancien failli ! un filou !
Qui mérite la corde au cou,
Ah ! la canaille !
Quant à Machin, c'est un escroc,
Dont l'honneur a plus d'un accroc.
Dans l' quartier on l' trait' de... merlan,
De rien qui vaille !"
Nommé député, l' candidat,
Désormais fort de son mandat,
Envers celui qu'il insulta
Devient aimable ;
Chose, qu'il traitait d'assassin,
Devient aussitôt son cousin,
Et tous deux, réputés malsains
S' trait' d'honorable !
Admirez-le, la bouche en cœur,
Toisant de haut ses électeurs
Avec un p'tit air protecteur,
Plus un monocle...
N' dirait-on pas, positivement,
Que cett' fraction de parlement,
Figé', guindé', dans son vêt'ment,
Attend son socle ?
Faut-il que nous soyons fourneaux,
En votant pour ces étourneaux,
De croir' que des progrès nouveaux,
? Coûte que coûte ?
Soulageront les malheureux,
Diminuant l' nombre des gueux !
Un' fois nommés, ces beaux messieurs,
Ce qu'ils s'en foutent !
Et c'est ainsi tous les quatre ans :
On nous r'sert les mêm' boniments,
Et nous coupons toujours dedans.
C' que nous sommes poires !
Tant que la Chambre existera,
Le bon suffrag' l'entretiendra,
Et pour nous toujours ce sera
La même histoire !
Mévisto chante avec science la chanson satirique ; sa diction est nette et son articulation parfaite ; il sait varier le port de la voix et l'accent selon les personnages qu'il fait parler ; seul le geste dont il souligne certaines de ses chansons semble exagéré et rappelle un peu trop la pantomime. Il est, depuis quelques années, directeur d'un cours de déclamation ; et cette fonction lui a valu le ruban violet.
Miolan-Carvalho, Caroline
Artiste lyrique née Marie-Caroline Félix-Miolan, à Marseille, le 31 décembre 1827 et qui fit ses débuts à Brest en 1849.
Elle devint Madame Caroline Miolan-Carvalho suite à son mariage avec Léon Carvalho (1825-1897), une basse chantante né à l'île Maurice, qui fut nommé directeur du Théâtre Lyrique en 1855 puis, en 1876, de l'Opéra Comique.. Elle abandonne définitivement la scène en 1885. Décédée à Puys, près de Neuville-lès-Dieppe (76 - Seine-Maritime) le 10 juillet 1895, elle fut la créatrice du rôle de Marguerite dans le Faust de Gounod.
On la disait funambulesque, mariée à un être à la tête douteuse et macabre...
(Les frères Goncourt)
Mogador, Céleste
Élisabeth-Céleste Veinard ou Vénard puis Chabrillan, comtesse Lionel de, dite Céleste Mogador fut une danseuse et chanteuse née à Paris le 17 décembre 1824 qui débuta au Cirque olympique ou Hippodrome du Boulevard du Temple dans les années 1840.
En 1850, danseuse vedette du Bal Mabille - qui deviendra plus tard l'orchestre Mabille du
Moulin Rouge - elle invente une nouvelle danse, qu'on nomme le Quadrille ou Cancan excentrique (voir à
French Cancan Petite Histoire) qui fut le véritable ancêtre du French Cancan.
Devenue Comtesse Lionel de Chabrillan en 1854, elle suit son mari en Australie, mais en revient veuve quatre ans plus tard.
Elle se lança alors dans la production littéraire (romans, pièces de théâtre) qu'elle abandonna en 1885.
Elle est décédée à Paris 18e le 18 février 1909.
Monget, Louis
"Est né place Clichy, au pied de la statue du général qui lui a donné son nom, tandis qu'il tenait son prénom enfermé dans un porte-monnaie que ses parents lui avaient laissé en l'abandonnant aux caprices de la fortune, qui lui apparut sous les traits de l'agent 759 du XVIIIe arrondissement.
"Ceci se passait à Montmartre en 1874 (musique de Jean Varney). Son père adoptif ayant voulu en faire quelque chose, nous n'avons jamais su quoi, il tourna mal et se mit à composer des chansons après avoir essayé de différents moyens pour arriver à un but mal défini.
"Est l'auteur d'un travail très documenté sur la Recherche de la Paternité, qui lui valut quelques articles élogieux dans la Revue grise et six mois de prison pour outrages aux mœurs, après une dénonciation anonyme de M. Bérenger visant quelques passages mal fréquentés de son œuvre.
"Est sûr d'arriver maintenant avec une telle recommandation !"
Se laisse ainsi présenter par ses camarades du Cabaret des Arts afin de laisser ignorer qu'il naquit seulement le 14 janvier 1876 sous le nom de Louis Feugère et qu'il dut attendre sa majorité pour, après deux ans d'architecture, comme Yon Lug, oser affronter le public montmartrois.
Débuta en 1897 à la Bo?te-à-Musique après toutefois s'être fait la main, si j'ose dire, auprès de Tiercy, au Sans-Souci ; passa ensuite aux Quat'-z-Arts et au Théâtre-Salon.
Je me rappelle qu'alors ce grand garçon à la taille de cuirassier, aux muscles d'athlète, à la moustache audacieuse, était d'une timidité de demoiselle. Il a maintenant une belle assurance et l'emploie à l'exposition de fantaisies rimées : Lamentations d'un Cheval de Fiacre, Les trois Lettres d'un Etudiant, ? que le nain Delphin fait applaudir chaque soir aux Noctambules, ? Près du Bal, La Confession, Tes Pieds, Fin de Bail,Tondeurs de Chiens, Projet d'Amour, Le Critique, Pardonnez-moi !Demande en Mariage, O Poésie !Ingratitude, Les Rendez-vous d'Amour et Le plus beau Jour, dont voici les couplets ? sur l'air de Ton Coeur, de Victor Meusy :
Entre deux sandwichs, pendant la soirée, .
Maman m' prit la main,
Et m'entrainant dans un' pièc' retirée,
Ell' me dit : "Demain,
"Ma pauv" chéri', tu n' s'ras plus la jeun' fille
"Qu' t'étais jusqu'ici ;
"Allons... bonn' nuit et surtout sois gentille
"Avec ton mari !"
Puis nous somm's partis, tous deux à l'anglaise ;
T'avais l'air éteint...
Je n' me sentais pas très bien à mon aise
Près d'toi dans l' sapin.
Si tu m'avais dit des parol's câ lines
Pour me rassurer...
Mais, vrai, tu faisais un' si triste mine
Qu'alors j'ai pleuré.
Chez nous, quand tu vis mes yeux tout humides,
Tu m'dis brutal'ment :
"Comment, vous pleurez ? Non... mais c'est stupide,
"Vous êt's une enfant !"
Puis (c'était bien l' moins) tu juras :
"J' t'adore !"
Et m' mis un baiser...
Il était si froid, qu' ça m'en donne encore
Froid, rien qu' d'y penser.
Et pourtant Dieu sait qu' c'eût été facile
De t' faire adorer !
Je n' demandais qu' d'être un' p'tit' femm' docile,
Docile à t'aimer.
Pour ça, fallait qu'un peu d' délicatesse
Et beaucoup d'amour ;
Y avait pas d'amour, y avait pas d' tendresse,
C'était un peu court !...
Pour toi, le coeur frais d'une enfant aimante
N'avait pas d'attrait ;
C'était tout au plus une dett' rasante
Dont tu t'acquittais ;
Ah ! j'aurais voulu, pauvr' petit' victime,
Fuir bien loin de toi ;
Mais la loi m'avait livrée à ton crime,
L'implacable Loi !
Sans un' caress' vrai', quand fut terminée
La corvée ? enfin ! ?
Tu m' dis : "Dormons, car vous d'vez êtr' vannée,
"Chacun dans notr' coin !"
Tu tournas l' dos et de suit' résonnèrent
Tes bêt's ronflements,
Tandis que près d' toi, seul' dans ma misère,
J' pleurais tout douc'ment.
Je pensais qu' parfois certain's gens proclament
Que leur plus beau jour
Est celui d' leur noce,
et j'enviais les femmes
Qui trouv'nt de l'amour ;
Et puis j'invoquais, le coeur en détresse,
Les amants... Déjà !...
Je songeais sceptique ? avec quell' tristesse !
"Vaudront-ils mieux qu' ça ?"
Mais soudain tu m' dis un tas d' chos's charmantes,
Je n' comprenais plus...
C'était une musiqu' de paroles troublantes,
J' t'avais méconnu.
C'étaient des baisers, des caress's sans trêve
Et tu m' serrais fort !...
Quand j' me réveillai (car c'était un rêve)
Tu ronflais encor...
Monnot, Marguerite
Compositeur-[trice] (1903-1961). Abandonne une carrière de concertiste [pianiste] pour la chanson. - Ses plus grands succès ont été interprétés par Édith Piaf (Mon légionnaire, Les Amants d'un jour, L'Hymne à l'Amour, Milord, La Goualante du pauvre Jean...).
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Moretti, Raoul
Compositeur né à Marseille en 1893, décédé à Vence en 1954. A composé de nombreuses chansons pour l'opérette et le cinéma dont Sous les toits de Paris, de renommée internationale.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Moricey
Interprète (1875-1914). De son vrai nom Maurice Poussin. Représentant du genre épileptique illustré plus tard par Sinoël. Se tourna en fin de carrière vers le théâtre de boulevard.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Morton
Interprète. Une carrière de comique très style "britannique" c'est-à-dire, flegme, humour pince-sans-rire, physique sec et ingrat. Sa formation devait finalement l'orienter lui aussi vers le théâtre.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Moy, Jules
14 septembre 1862 / 25 avril 1938
Selon Léon de Bercy dans Montmartre et ses chansons,
Paris 1902 :
Bien que paraissant un pseudonyme dicté par la fatuité, c'est bien là le véritable nom de celui qui le porte, moins toutefois le s qu'il comporte sur les actes de l'état civil.
Jules Moy, alors qu'il était encore M. Moys, exerçait, dans le quartier du Sentier, le commerce en gros de plumes pour modes. Des spéculations malheureuses l'ayant obligé à céder sa maison, des amis lui suggérèrent l'idée de tirer parti de ses qualités de pianiste et d'imitateur qu'il avait déjà maintes fois mises en valeur dans des soirées intimes. Il suivit ce conseil et demanda audition à Salis, qui l'engagea sur-le-champ (1896).
Le public du Chat Noir, que la retraite de Marcel Lefèvre avait privé de la note bouffonne, accueillit avec joie le nouveau venu.
Cinq Minutes à l'Armée du Salut,Le Concert tunisien, Nourice sèche, La Poule, Le Piano mécanique, scènes d'imitations d'une désopilante drôlerie, furent ses débuts et établirent d'emblée sa réputation de chansonnier comique. Le cabaretier de la rue Victor-Masse sentit tout de suite l'avantage qu'il pouvait tirer de son nouveau pensionnaire.
Chaque fois que le public montrait un peu de fraîcheur, il envoyait Jules Moy au piano, et la salle était instantanément reconquise.
D'abord appointé à raison de cent sous par jour, Jules Moy demanda vainement de l'augmentation. Il demeura cependant, rentra son dépit et attendit patiemment l'heure des représailles. Elle ne tarda point à sonner Salis, en organisant ses deux dernières tournées, avait pressenti Moy ; celui-ci n'avait dit ni oui ni non, mais laissé prévoir son acceptation, Au moment de régler les conditions, le gentilhomme fit ses offres : vingt-cinq francs par représentation ; Jules Moy refusa, indigné. Salis montant à trente francs : nouveau refus. Il fléchit ainsi graduellement jusqu'à cinquante francs, sans plus de succès.
"? Mais combien voulez-vous donc que je vous paie ? s'écria-t-il impatienté.
"? Soixante-quinze francs par jour, répondit froidement Moy ; pas un fifrelin de moins !"
Le directeur du Chat Noir poussa les hauts cris et résolut que Moy ne serait pas compris dans la tournée. Bref, le lendemain, il lui offrait soixante-dix francs du cachet et gagnait ainsi là partie...
mais à quel prix !
Le Chat Noir fermé et achevées ses tournées, je fis engager Jules Moy à raison de Vingt francs par soirée à la Boîte-à-Musique, où je cumulais - pour quatre cent cinquante francs mensuels - les fonctions de régisseur, de récitant, de présentateur et de poète-chansonnier. L'amusant fantaisiste eut là plus de succès encore qu'au Chat Noir. Il avait demandé au directeur, qui y avait immédiatement consenti, à installer dans la salle de spectacle un piano-quatuor Baudet ? le seul qui soit encore en France, parait-il. Moy obtenait sur cet instrument, qu'il connaissait à merveille, des effets absolument étourdissants. Je me rappelle notamment son Chef d'Orchestre et son Concert de Tziganes, qu'il exécutait avec une maestria surprenante.
Il fut ensuite au Tréteau-de-Tabarin, où il tint la vedette ? derrière Fursy, comme bien l'on pense. Il me revient, touchant son passage au Tréteau, une bien divertissante histoire. C'était au moment de l'effervescence suscitée par l'affaire Dreyfus. Un grand seigneur, le marquis de X..., après avoir assisté à une soirée àTabarin, fit appeler Fursy et le pria de lui composer un spectacle pour une fête qu'il désirait donner dans son hôtel. Fursy proposa plusieurs de ses camarades au nombre desquels Jules Moy. En entendant prononcer ce nom, l'aristocrate sursauta :
"? Ce youpin ? s'écria-t-il. Tout ce que vous voudrez, mon cher Fursy, mais surtout pas de juifs, pas de juifs !
"? Il sera fait selon votre désir, monsieur le marquis ", répondit Fursy, en souriant d'un rire entendu.
Et quelques jours après, une partie de la troupe du Tréteau, Fursy en tête, allait réjouir les invités du noble antisémite, qui ne sut que plus tard qu'un Dreyfus (Fursy) avait chanté dans ses salons.
C'est au Petit-Théâtre qu'est actuellement attaché Jules Moy. Bien qu'il s'y trouve encore des choses datant de plusieurs années, son répertoire est heureusement et considérablement augmenté. Je mentionnerai entre autres : Une Enchère à l'Hôtel des Ventes, et une histoire d'oeil de verre d'une cocasserie vraiment dépliante.
Cet endiablé fantaisiste, qui sait rendre les sons de presque tous les instruments, qui imite le cri de bon nombre d'animaux et contrefait tous, les accents, mais dont la farce manque parfois de bon ton et de légèreté, est également un chansonnier habile. Il écrivit un jour une petite satire sur la vanité : Les Palmes académiques. On s'aperçut, au Ministère, qu'il ne les avait pas, et M. Leygues les lui octroya.
J'allais oublier de dire que Moy est né à Paris en 1862.