Paulus



Georges Clémenceau




Insigne de la
Police Judiciaire

Le Père la Victoire

1888 - Paroles de Lucien Delormel et Léon Garnier, musique de Louis Ganne.

mmense succès de Paulus qui campe un vieux soldat qui relate ses souvenirs de combat et souhaite une revanche à la défaite de 1870. A l'armistice, la chanson fut dédiée à Georges Clémenceau [*] auquel fut attribué le surnom de "Père la Victoire". On pourra l'écouter par Henri Weber au numéro 6 de nos cinquante chansons.


[*]1841-1929 Médecin et homme d'État français. Il a été président du Conseil des Ministres et ministre de l'Intérieur. Surnommé "Le Tigre" et "Le Père la Victoire". Son portrait de profil figure encore aujourd'hui sur l'insigne de la Police Judiciaire.


Paroles

Amis, je viens d'avoir cent ans,
Ma carrière est finie,
Mais mon cœur plein de vie
Bat toujours comme au jeune temps
Le printemps parfume
Le jeu, le vin, j'ai tout aimé
Le gai tintin, le glouglou d'un flacon
Me mettaient folie en tête
Et lorsque j'étais pompette
Je me grisais d'une folle chanson
Mais l'enchanteur
Qui me faisait battre le cœur,
Plan, rataplan, rataplan,
C'était ce bruit là mes enfants !

Vous qui passez là-bas
Sous cette tonnelle, entrez boire
Ah ! Buvez, jeunes soldats
Le vin du père la victoire

Brillant, vermeil
Nectar sans pareil
Il remplit le coeur de vaillance
Vin de l'espérance,
Buvez, enfants
Le vin de mes cent ans

J'ai soupiré pour Madelon
Jeannette ou Marguerite
Mon regard flambait vite
Dès que je voyais un jupon
Un corsage fripon
Ou bien un mollet ferme et rond
Ma lèvre aimait se reposer
Sur un joli menton rose
C'est une bien douce chose
Que le son clair que produit un baiser
Pourtant, malgré cela,
Un seul bruit me pinçait là
Plan, rata plan, rata plan
C'était ce bruit là mes enfants !

Certes je fus aimé
Bichonné par plus d'une belle.
Ah ! corsage parfumé,
Cœur frissonnant sous la dentelle
On m'adorait
Rien ne résistait
Maintenant adieu la conquête
C'est pour vous la fête.
Buvez, enfants
Le vin de mes cent ans

J'ai vu la guerre au bon vieux temps
Quand nous faisions campagne
Là-bas en Allemagne
A peine si j'avais vingt ans
Et ce petit ruban,
J'ai d? le payer de mon sang
Pour mériter ce signe vénéré
Il fallait à la Patrie
Trente fois offrir sa vie.
Oui c'est ainsi qu'on était décoré !
Alors un sénateur
N'e?t pas vendu la croix d'honneur
Plan, rataplan, rataplan,
L'étoile était au plus vaillant.

Quand je vois nos soldats
Passer joyeusement musique en tête,
Ah je dis, marquant le pas
Comme jadis la France est belle.
Comme autrefois,
Soldats, je revois
Carnot décrétant la victoire.
Marchez à la gloire !
Mes chers enfants,
Revenez triomphants.