L’Accordéon
ou Le Piano du Pauvre
ou La Boite à Cafards
ou Le Piano à Bretelles
ou La Boite à Punaises
ou Le Branle-Poumons
ou La Boite à Frisson
ou le Soufflet à Punaises
ou La Boite à Chagrin
ou Le Dépliant
ou La Calculette prétentieuse
ou La Boite à Soufflets
ou La Boite du Diable
ou L’Attrape Grand-mères
ou Le Va-et-Vient

...et l’Accordéoniste : le Boutonneux !




L'instrument ayant fait l'objet
d'un dépôt de brevet en 1829.



Cyrill Demian
l'inventeur de l'accordéon


Un bal des familles
Au joueur de biniou
Aux barreaux verts
19 Rue de Lappe - Paris, 11ème
(Source : PARIS MUSÉES)


Charles Peguri (1879-1930),
l’accordéoniste et facteur d’accordéon
à l’origine de l’accordéon musette
et du bal musette
avec Antonin Bouscatel,
puis Emile Vacher


Cabrette ou musette



Le bal Bouscatel au n° 13 de la rue de Lappe
L'intérieur du bal Bouscatel

Un peu d'histoire...

e 6 mai 1829, Cyrill Demian, un compositeur et inventeur arménien de Roumanie dépose avec ses fils Carl et Guido, un brevet de l'accordéon à Vienne en Autriche.

Ainsi commence l'histoire de cet instrument !

"Accordez, Accordez,
Accordez donc

L’aumone à l’accordé, accordéon"

Une plutôt bonne chanson du vingtième siècle, par une Juliette Gréco qui dépoussière la chanson française après la Seconde Grande Guerre !

L’accordéon devient vite l’indispensable "outil" du bal musette, de la java et de la chanson
réaliste ! Il est monté à Paris dans les bagages des immigrants italiens.

Au dix-neuvième siècle, les bals proliférèrent dans tous les quartiers de la Capitale. Citons le Bal du Prado, ouvert en 1810 en face du Palais de Justice dans l’Île de la Cité, fréquenté surtout par les étudiants. S’ouvrirent ensuite le Tivoli d’Hiver, non loin des Halles puis le Bal Mabille aux Champs-Elysées; à Montmartre l’Élysée Montmartre et ceux qui allaient devenir les plus célèbres : Tabarin, Moulin Rouge, Moulin de la Galette. Des bals chics et bals populaires.

On changeait de milieu en passant des Champs-élysées aux bals auvergnats de la rue au Maire ou au bal des “apaches” de la rue des Gravilliers et de la rue des Vertus, la mal nommée!

C’est surtout à la Bastille qu’ils allaient être les plus nombreux. Le critique et chroniqueur Jules Claretie avait noté en 1867 la présence de marchands de chansons et de chanteurs ambulants autour et sur la place de la Bastille. Il se racontait aussi l’histoire du “marquis” de la Vessie: un pittoresque personnage du pavé parisien qui jouait d’un instrument bizarre constitué par un bâton et deux cordes tendues sur une vessie de porc.

Près de là, au 10 boulevard Beaumarchais, s’ouvrit le théâtre Chansonia qui devint le Concert Pacra en 1908.

Pour 50 centimes, on avait droit à un bock et un fauteuil. Après les tours de chant et des attractions de music-hall, on jouait un vaudeville ou une comédie. Mais jusqu’à cette époque, tous les orchestres montés sur une estrade ne comprenaient que des violons, des pistons et une contrebasse.

Les bals musette ont été quasiment tous tenus par des originaires du Massif central (Puy-de-Dôme [63], Aveyron [12], Corrèze [19], Lozère [48] et surtout Cantal [15]). Ils avaient débarqué un jour et sans un sou par le train aux gares de Lyon et d’Austerlitz. Grâce à leur ténacité et leur courage (ils montaient le charbon et les seaux d’eau chaude dans les étages des quartiers bourgeois), ils allaient ensuite devenir aussi laitiers ou loufiats (garçons de café) et amasser un petit pécule afin d’acheter un petit commerce, un bistro ou ouvrir un bal.

Non loin de la sinistre forteresse de la Bastille, trois grandes artères traversaient le faubourg : les chaussées Saint-Antoine, de Charenton et de Charonne. Entre elles, une petite rue tracée à la fin du dix-septième siècle sur les terrains d’un certain Girard de Lappe. Sur des anciennes cartes de Paris, cette voie porta même au temps de Napoléon 1er le nom de “rue de Naples” ou de “l’Apple”. Pendant le Second Empire, la rue de Lappe fut bordée de maisons basses qui devinrent vite des taudis, sans confort et sans hygiène, mais où commencèrent à affluer de nombreuses personnes originaires d’Auvergne espérant faire fortune à Paris, puisque la vie était encore plus précaire dans les montagnes qu’ils venaient de quitter.

Ces émigrants gardaient intactes leurs traditions. Et la rue de Lappe finit par ressembler davantage à une rue d’Aurillac qu’à une rue parisienne ! Naturellement, pour se retrouver ensemble les dimanches, ils fréquentaient ces nombreux bistrots et ces bals dits “des familles” où l’ambiance était très provinciale.

Pour danser la bourrée comme “au pays”, il n’y avait qu’un seul instrument de musique: la cabrette (ou musette), genre de cornemuse qui se distinguait des autres parce que le joueur n’envoyait pas l’air dans le sac en peau de chèvre (cabre en occitan, d’où le nom de cabrette) en soufflant avec sa bouche, mais grâce à un soufflet attaché à la ceinture. Quant à l’accordéon, il était encore totalement inconnu dans le quartier, mais plus pour longtemps.

Nombre de ces petits établissements portaient donc la mention respectable de “Bal des Familles”. Il n’y avait pas encore de mauvais garçons ni de malfrats. Et s’il y eut sans doute quelques empoignades, les Auvergnats aimaient s’y rencontrer pour parler du pays. Le dimanche après-midi, les mères y emmenaient leurs filles pour les surveiller et voir avec qui elles dansaient. On y buvait aussi, parfois sec, et on y cassait la croûte grâce aux cochonnailles et fromages d’Auvergne.

En même temps, on écoutait le cabrettaïre de service qui jouait, équipé d’une grelottière attachée à une cheville pour marquer le rythme. Un cabrettaïre de la rue de Lappe qui jouait dans le passage Thiéré où se trouvait le bal Mouminoux devint célèbre.

Mais déjà on savait que des immigrants italiens, nombreux dans le quartier, avaient apporté avec eux un instrument de musique qui pouvait à lui seul remplacer tout un orchestre.

Cet instrument s’appelait l’accordéon ! Mais il déplut aux Auvergnats qui voyaient d’un très mauvais œil s’implanter cette boîte maléfique. Celle-ci, en raison de sa puissance sonore, allait à coup sûr balayer toutes les cabrettes existantes ! Ainsi s’ouvrirent, quelque temps après, plusieurs bals musette dans ce quartier: Chez Clavières (rue Saint-Maur), Alliès (rue de la Roquette), Costeroste (bd de Charonne), Rastoul (rue Coustou), Marcellin (rue au Maire), Bertrand (rue de Charenton), Lacassagne et Sudre (rue des Taillandiers).

Le premier bal musette

Au n°13 de la rue de Lappe, se tenait le Bal Bouscatel , du nom de son propriétaire Antonin Bouscatel, dit Bousca, le roi de la cabrette, un remarquable joueur de cabrette né en 1867 dans le Cantal. Un bal plutôt prospère ; on y venait du tout Paris danser la bourrée, la valse, la scottish et la polka piquée.

C’est là que se présenta un beau jour un jeune accordéoniste sans le sou, mais le cœur plein d’espérance : Charles Péguri.

A propos d’innovations techniques, ce dernier venait de se brouiller avec son père Félix réparateur d’accordéons, rue de Flandre, à La Villette et se rendit chez Bouscatel, lui proposant de l’accompagner à l’accordéon dans son bal. Ce fut un succès immédiat: le mariage des sons de la cabrette et des accords de l’accordéon fut salué par des tonnerres d’applaudissements de la part des danseurs.

Antoine Bouscatel décide de garder Charles Peguri avec lui. Ce fut là, le véritable départ du bal musette. Qui, désormais, ne pourra plus jamais se passer de l’accordéon !
(Charles Peguri va épouser Eugénie-Henriette Bouscatel, la fille d’Antonin en 1913).

Terminons par une Histoire des bals musette ( et des guinguettes) en vidéo :

Un document d'un peu moins de onze minutes, dans lequel paraissent :

 

Ainsi les nouvelles vedettes en vogue sont.... ...les accordéonistes !

Parmi les plus grands, nous avons retenu ( liste non exhaustive) :











































Émile Prud'homme

"L’accordéon, c’est l’instrument le plus riche de possibilités"

Emile Lucien Prud’homme, 1947

Allez Mimile ! Vas-y Mimile ! Ce véritable "titi" parisien, sympathique colosse aux larges mains et au physique de boxeur poids lourds, né le 6 mars 1913 à Aubervilliers (75 - Seine, aujourd’hui 93 - Seine-Saint-Denis), et qui habitera longtemps 50 rue de la Chapelle, puis 10 rue Henri-Monnier, près de Pigalle, était, qu’on ne s’y trompe pas, un authentique musicien virtuose.
Ses parents, bien inspirés, l’avaient mis devant un piano dès l’àge de six ans. Mais c’est l’accordéon qui l’attire et qu’il étudiera sérieusement à partir de dix-sept ans.., avec des méthodes de piano, tout en exerçant différentes activités "alimentaires", dont celle d’apprenti-boucher...
Le gamin est sacrément doué et, dès son retour du régiment, joue dans les bals musettes.
Un jour de juin 1933 son oncle, le boxeur Eugène Stuber, le présente au compositeur Georges Van Parys, lequel va être littéralement estomaqué par le talent du jeune musicien de
vingt ans : "De bons yeux de caniche, dans un corps de Saint-Bernard... J’entends jouer miraculeusement du Gershwin, avec le respect des harmonies les plus délicates..." (in Les jours comme ils viennent, Plon, 1969). Van Parys fera appel à lui dès le mois suivant pour les besoins du film Cette vieille canaille, où il accompagne Paul Azaïs puis, l’année suivante, pour une séance Odéon de la chanteuse Bertrande. Il lui permettra aussi d’obtenir, en 1936, le rôle de l’accordéoniste qui fait danser le couple Darrieux / Garat dans le film Un mauvais garçon, tourné à Berlin.

Comme les Vacher, Viseur, Murena, Ferrari, Privat, il fait partie de ces grands as de l’instrument qu’on identifie en quelques mesures, tant ils possèdent un style personnel.
Pour avoir longtemps dédaigné l’accordéon, nous respectons davantage ces musiciens, capables de maîtriser un instrument réellement difficile.
Les années 30 sont vraiment celles de l’accordéon. Il suffit de consulter les catalogues des maisons de disques pour s’en convaincre. Prud’homme est l’un des représentants du style musette moderne. Si on faisait une comparaison avec le jazz. ce serait Benny Goodman par rapport à Johnny Dodds.., Assez peu à l’aise dans le swing, excellent dans le paso-doble ou la java, il reste inimitable dans la valse musette, ce fleuron de l’instrument, avec ses chavirants passages du mineur au majeur. Il montre cette "cadence exemplaire" qui communique une irrépressible envie de danser... Outre le dynamisme et la tonicité qui caractérisent son jeu, il utilise avec bonheur, la technique du "remplissage": lorsqu’une note du thème s’étale sur une mesure, il la quitte rapidement et meuble les autres temps par des montées ou descentes de doubles ou triples-croches. "Le petit vin blanc", "Dans ses bras", "C’est pour toi mon chéri", ou la valse "Baraldinette" en sont de bons exemples. Jusqu’à fin 1940, Prud’homme se produit avec un orchestre de "virtuoses fantaisistes" (saxo, xylophone, batterie, guitare, piano) qu’il réduira ensuite au trio piano-guitare-contrebasse.
La fermeture des bals et dancings en mai 1940 provoquera un repli des accordéonistes au Music-Hall : Au seul dernier trimestre 1943, l’Alhambra affichera Prud’homme, Emile Vacher, Gus Viseur et Tony Murena... Très sollicité en cette période, il accompagne le Chanteur sans Nom à l’A.B.C. puis en tournée à partir de novembre 1940. En 1941 il passera deux fois à l’Européen (avril et septembre) puis, en décembre de la même année, accompagnera Albert Préjean au cinéma Normandie salle qui, avec le Colisée et le Camée, projetait surtout des films allemands...

Cependant, quoique bien vu de l’hebdo Les Ondes qui lui consacre sa couverture (n° du 23 novembre 1941) et une interview (n° du 25 octobre 1942), Prud’homme saura se faire discret sur les ondes de Radio-Paris. Deux seuls passages: les 23 août 1943 et 14 octobre 1943 (émission Les Ondes joyeuses) tandis qu’on le programme à l’Européen (janvier et septembre 1943), à Bobino (septembre), aux Folies-Belleville (octobre), à la Gaité-Lyrique (décembre)
La fin de la guerre voit l’extraordinaire résurrection de l’accordéon, omniprésent à la radio, dans les galas, bals, festivals, épreuves cyclistes etc...

Emile Prud’homme disparait le 17 juillet 1974 à Évecquemont (78 - Les Yvelines)

Son fils Milou, est devenu un professeur réputé d’accordéon !


De et Par Emile Prud’homme :

"Et ça repart !" - 1936


Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

Petits formats, pour partie, de la collection de Christine et Jean-François Petit que nous remercions.

































V. Marceau

Longtemps l’accordéon a souffert d’une mauvaise image de marque. C’était l’instrument de la basse classe, des prolétaires en casquettes. Ne le surnommait--on pas "le piano du pauvre" ? Circonscrit aux bals plus ou moins louches des faubourgs et de la banlieue ouvrière, il mettra du temps à en sortir et, bien qu’omniprésent à la radio et dans les catalogues de disques ,la critique musicale l’ignorera totalement. C’est pourtant un véritable phénomène de société, et l’on ne saurait comprendre la France des années 30 sans l’imaginer sur fond d’accordéon-musette...
Au cours des ans, l’instrument ne cessera de se perfectionner. Le progrès le plus décisif fut l’adoption du clavier chromatique qui permit un élargissement du spectre sonore. Quant aux musiciens de l’époque héroïque ils étaient pour la plupart des autodidactes qui compensaient par une évidente sincérité une technique parfois défaillante. L’accordéon était le véhicule des airs à la mode. Grâce à des compositeurs de talent comme Marceau, aux apports harmoniques et rythmiques du jazz "infusés" par les musiciens "manouches" (dont on ne soulignera jamais assez l’importance), et que surent pleinement exploiter Gus Viseur et Tony Murena, l’accordéon se dotera d’un style et d’un répertoire. Aujourd’hui, nombre de musiciens de jazz s’intéressent d’ailleurs de très près à cette musique, beaucoup plus riche qu’il n’y parait.
"...Fils d’accordéoniste, Marceau étudie, dès l’âge de sept ans, avec son père, se révélant aussitôt un véritable prodige. En 1913 il remporte le ter prix du Concours de musique de Denain où, seul accordéoniste à postuler, il interprète la "Marche indienne" de Sellenick. Fort de cette victoire, il sera invité à se produire dans toutes les festivités du Pas-de-Calais. En 1914, il suit les cours du Conservatoire de Lille tout en continuant à travailler seul l’instrument. A la fin de la guerre il joue quotidiennement sur les foires, les marchés, dans les cafés, les gares et les rues. En 1920, il est engagé à la Brasserie des Variétés de Lille et y restera dix ans. En 1925 il monte son premier orchestre et se produit dans les bals publics. C’est en 1928 qu’il endisque ses premières faces pour Henry, en compagnie du jeune Django Reinhardt au banjo, comme Jean Vaissade, un an plus tôt. Deux ans plus tard, il signe chez Odéon.
Compositeur prolixe autant qu’original, il écrira des standards du répertoire musette, telles la "Polka des as" ou "Souvenir de la Varenne", mais s’illustrera surtout dans le répertoire des marches dont il sera le spécialiste incontesté. Ayant vraisemblablement jeté une oreille sur les disques des accordéonistes américains qui en étaient les grands créateurs, il compose "Aviatic", "Pyramides" ou " Miss Columbia" qu’il joue avec panache et une technique de main gauche foudroyante qui lui vaudra le surnom de "Roi des basses". En 1933, il s’installe définitivement à Paris où il fréquente Pierre Mac Orlan, qui lui demande de mettre ses "Chansons pour accordéon" en musique . L’une d’elles sera la célèbre "Fille de Londres". En 1936, avec son ami d’enfance Deprince, il accompagne Jean Gabin qui chante "Quand on s’promène au bord de l’eau" dans le film La belle équipe de Duvivier. Marceau, Deprince, Louis Péguri [*] et Médard Ferrero se produiront sous le nom des Quatre Mousquetaires de l’Accordéon. A l’issue de nombreuses tournées en France et à l’étranger, Marceau va progressivement réduire ses activités d’instrumentiste, se consacrant davantage à la composition (il est l’auteur de près de 800 titres !), à l’édition ainsi qu’à ses multiples collections d’instruments de musique mécanique, bagues de cigares, accordéons ou photos d’accordéonistes. Grand spécialiste des prestations en soliste, c’est l’un des tous premiers concertistes de l’instrument. Restent de lui le célèbre "Ça gaze", archétype flamboyant de la java moderne et la "Marche des accordéonistes lyonnais". son "tube" qui, s’il n’est pas le plus réussi, demeure le morceau obligé des bœufs de fin de festival d’accordéon, une sorte de "When The Saints Go Marchin’ in" du musette en quelque sorte".

V. Marceau est né Marceau Verschueren à Liévin (62 - Pas-de-Calais) le 29 décembre 1902 et décédé le 22 octobre 1990 à Gournay-sur-Marne (93 - Seine-Saint-Denis).


De et Par V. Marceau :

On trouvera au bas de cette page, huit extraits de "Ça gaze" interprétés par les huit accordéonistes présentés ici.

"La Marche des accordéonistes lyonnais" - 1945

Note [*] : Louis Péguri (1894 - 1972), frère cadet de Charle Péguri


Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

Petits formats, pour partie, de la collection de Christine et Jean-François Petit que nous remercions.













Gus Viseur

Gustave-Joseph Viseur, dit Gus Viseur naît le 15 mai 1915 à Lessines (Belgique). Fils de marinier, son père joue de l’accordéon, et fait donner des cours à ses aînés. Mais, c’est Gustave qui en profitera. En 1922, la famille Viseur s’installe sur la Seine. Il suit des cours d’accordéon à Suresnes. Dès 8 ans, on le retrouve avec sa première formation instrumentale, le "Jojo Jazz". Ce groupe de 3 musiciens (accordéon, banjo, batterie) joue dans les foires et marchés de la région parisienne, mais aussi dans les célèbres guinguettes de l'époque.

Il joue dans les rues, puis dans des cafés parisiens, et les bals musettes, notamment de la rue de Lappe, au Bal Pouyet, au Canari, et au Petit-Jardin, repaire de mauvais garçons et tremplin de tous les grands accordéonistes et guitaristes manouches. Il joue avec les plus grands virtuoses et orchestres de la capitale (Médard Ferrero, Ramon Mendizabal, Louis Ferrari). Il enregistre son premier disque en 1937. Dans les années 50, il suit la mode liée au développement des médias, et fera de grandes tournées internationales. En 1940, il accompagne Édith Piaf.

Il forme un duo avec le guitariste Baro Ferret (d’une dynastie de guitaristes qui accompaganait aussi Django Reinhart).

En 1938, il joue en quintette avec les guitaristes Sarane Ferret, Challain Ferret, Baro ou Matelo Ferret, le contrebassiste Maurice Speilleux.

Pendant l’occupation, il continue à jouer et enregistre abondamment.

Le succès n’étant plus au rendez-vous, il émigre au Canada en 1960, revient en France en 1969. Il enregistre, chez Vogue, un dernier disque avec les frères Ferret.

On peut rapprocher Gus Viseur de Django Reinhardt ou de Stéphane Grapelli, pour son apport au Jazz. Il a en effet introduit de main de maître le jazz (d’inspiration manouche) à l’accordéon, en donnant en contrepartie une nouvelle vie au musette "swing".

Gus Viseur s’est éteint , le 25 août 1974, à deux heures trente, à l’hopital de la Pitié-Salpétrière à Paris, 13e.[*]


De et Par Gus Viseur

"Flambée montalbanaise" - 1925

Note [*] : Gus Viseur est décédé à Paris, 13e comme l’atteste l’état civil du 13ème arrondissement de Paris et non au Havre comme on le lit un peu partout !


Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

Petits formats, pour partie, de la collection de Christine et Jean-François Petit que nous remercions.





le Bal Vacher ou
Bal de la Montagne Sainte Geneviève



Émile Vacher

Cet accordéoniste, mais aussi compositeur, avec son style différent mais proche de celui de Charles Péguri, son contemporain, on considère qu’ils furent les créateurs du style musette.

La mère d’Emile Vacher, une jeune Bretonne abusée puis abandonnée par un comte se réfugie avec son enfant à Paris où elle rencontre et épouse Louis Vacher, un batteur, qui adoptera le petit Emile.

Pour ses dix ans, ce père adoptif lui achètera aux Puces de Saint-Ouen un accordéon diatonique. En autodidacte, Emile joue les airs qui courent les rues !

Dès 1900, à 17 ans, il joue au bal Delpuech à Montreuil, accompagné à la batterie par son père adoptif. Avec ses parents, ils ouvrent un bal, le Bal Vacher ou Bal de la Montagne Sainte Geneviève, au n° 46 de la rue de la Montagne Sainte Geneviève, en 1908.

Dans les années 1920, il rencontre le pianiste Jean Peyronnin. C'est le début d'une longue collaboration. Il va marquer l'histoire de l'accordéon en étant l'auteur ou le coauteur de certains des standards les plus connus :

  • "Reine de Musette"
  • "Brise napolitaine"
  • "Bourrasque"
  • "Défilé des Accordéonistes"
  • "Les Triolets".

Il devient ainsi la première star de l'accordéon. Ses tournées le conduisent dans toute la France et à travers l'Europe.

Pour l’anecdote, lorsqu’Emile Vacher se produisait au café Au Puy-de-Dôme, il a fait danser Amélie Élie, une "gagneuse" plus connue sous le célèbre sobriquet de Casque d’Or,

Emile Vacher est né à Tours (37 Indre-et-Loire) le 7 mai 1883 et décédé à Paris, 10e, le 8 avril 1969.


De et Par Emile Vacher :

"Les Triolets" - 1925

Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

Petits formats, pour partie, de la collection de Christine et Jean-François Petit que nous remercions.
















Tony Murena

Tony Murena nait Antonio Murena, à Borgo Val di Taro (province de Parme, Italie) le 24 janvier 1915.

Comme bon nombre d’Italiens, ses parents quittent l’Italie de Mussolini et viennent en France en 1923 et se posent à Nogent-sur-Marne (75 - Seine, aujourd’hui 94 - Val-de-Marne). C’est un oncle qui lui offrira son premier accordéon. Il apprend seul à en jouer. A neuf ans, il commence alors à faire les bals, puis il attaque les cabarets (Le Chantilly, L’Ange Rouge) et les music-halls. En 1932, il se met au bandonéon et joue dans les meilleures formations de tango à la mode. Les orchestres de Rafaël Canaro et d’Eduardo Bianco. Avec son quintette, il est entre autres le second accordéoniste du Balajo.[*] Il demande à Jo Privat de le remplacer. Il joue à La Silhouette, à La Boule Noire, à La Java, au Pré Catelan et au Ciro’s. Le guitariste, Matelo Ferret, est souvent son accompagnateur.

En 1947, Il se produit en Amérique du Sud, en Italie, en Allemagne, en Suisse. En 1949 il achète un dancing rue de Courcelles, Le Mirliton, où viendront parfois faire le bœuf Stéphane Grappelli et Django Reinhardt. L'année suivante, il rencontre Astor Piazzolla aux États-Unis. En 1958, il fonde l’Orchestre musette de Radio Luxembourg avec Marcel Azzola, André Verchuren et Louis Ledrich qui accompagne des artistes de variété. Il est l’auteur, en 1942, du grand classique du répertoire de tous les accordéonistes : "Indifférence" avec Joseph Colombo.

Tony Murena décèdera le 29 janvier 1971 au Vésinet (78 - Les Yvelines)


Note [*] : la fameuse rue de Lappe comptait 17 bals en 1930 !Au n°9, il y avait le Bal Vernet. Le plus sordide, le plus minable de tous ! Au n°32 de , un certain Jo France, Jojo ou "Jo" pour les amis, avait monté en 1931 un petit cabaret, La Bastoche. le plus jeune tenancier de la rue, le seul à ne pas venir d’Auvergne. Un jour une femme est découverte assassinée à l’hôtel Vernet. Aussi sec, les vieux patrons du bal Vernet mettent la clé sous le paillasson et Jo France obtient un bail pour le local. L’ex-bal Vernet devient Bal à Jo, Balajo. Jo Privat a œuvré aux réjouissances musicales. Mais le Jo du bal, ce n’est pas lui, comme on le pense et dit très (trop) souvent !


De et Par Tony Murena :

"Indifférence" - 1942

Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

Petits formats, pour partie, de la collection de Christine et Jean-François Petit que nous remercions.






























Jo Privat

Un gars de "Ménilmuche"[*] ! Enfin, presque ! De la rue de Charenton dans le 12e !

C’est là que Georges Privat vint au monde le 15 avril 1919.

Sa tante, tenancière, lui offre son premier accordéon, un petit diatonique. Il travaille avec Paul Saive. Jo joue dans les petits bals de quartier, puis il fait ses premières armes dans un orchestre de Bruxelles, avant de passer à la Brasserie Universelle de Metz et à la Taverne Lilloise.

Sa rencontre avec Emile Vacher est quelque peu saugrenue ! Il le raconte lui-même (lire ci-dessous)

Dans un reportage de France 3 "Histoire des bals musette" diffusé le 14 juillet 1999 :

On voit et entend Alphonse Boudard, à propos de Jo Privat :

"-- Sur son histoire, il disait que il avait été élevé dans un bordel par sa tante, un bordel à Belleville et que sa tante lui avait offert son premier accordéon".

Précision de Jo Privat :

"-- J’allais pas user d’artifice pour peu pour dire une maison de tolérance, elle tenait un bordel, un peu, un bridge, comme tu veux, appelle ça comme tu veux. Et alors, il y avait un client qui y allait tout le temps, c’était Emile Vacher, qui était le roi, le précurseur de tous les bals musettes, qui avait la grosse cote à l’époque. Mais c’était une grosse vedette, tu vois, comme maintenant, ça serait autant que, il aurait des affiches et il aurait un avion personnel. Alors, ma tante m’a fait passer une audition quoi, pour que. Et quand il m’a entendu jouer, Vacher a dit, merde, c’est vraiment dommage que ce môme, qu’il joue dans les cours et qu’il fasse les restaurants. Il m’a pris avec lui comme partenaire."

Surnommé le Gitan blanc, Jo Privat est l’un des piliers du Balajo, (rue de Lappe - voir la note[*] ci-dessus à Tony Murena), le temple du musette créé par Jo France (et non par Jo Privat lui-même comme on l’entend souvent), où il aime s’entourer des guitaristes manouches les plus en vue. Il rencontre, entre autres, Django Reinhardt et les frères Ferret.

Il remporte le Concours International de l’Accordéon organisé par l’Association Internationale des Accordeonistes, au Moulin de la galette à Paris en 1936.

Jo Privat disparait le 3 avril 1996 à Savigny-le-Temple (77 - Seine-et-Marne). Il repose au columbarium du Père-Lachaise,case n° 16 768 où l’on peut lire son épitaphe plutôt cocasse : "Ici gît un dur à cuire.


Note [*] : Ménilmontant.


De et Par Jo Privat :

"Balajo" - 1936

Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

Petits formats, pour partie, de la collection de Christine et Jean-François Petit que nous remercions.



































Marcel Azzola

Un autre gars de "Ménilmuche"[1] Cette fois, Rue de la Chine dans le 20e !

Marcel Azzola nait le 10 juillet 1927.

D'une famille du nord-est de Bergame (Lombardie - Italie), dont le père est maçon et chef d'un orchestre de mandolines. En 1921, comme la famille Murena, les Azzola quittent l’Italie de Mussolini.

Comme ses deux sœurs ainées, Marcel attaque la musique par le violon ! On explique à son père qu'à cette époque, on jouait de l'accordéon le samedi soir dans les cafés et qu'ainsi, il pourrait gagner sa vie. Il commence au bout d'une année à étudier l'accordéon et suit l'enseignement de son premier professeur, Attilio Bonhommi. En 1939, il gagne son premier concours à Suresnes devant un jury composé notamment des Mousquetaires de l'accordéon [2]. Musicien professionnel dans les cafés-concerts et brasseries dès l'âge de onze ans, il participe à la Coupe Mondiale de l'Accordéon à dix-huit ans puis il débute dans les dancings au bandonéon avant de se produire durant de nombreuses années dans des bals avec son orchestre.

Pendant la guerre, il prend des leçons avec Médard Ferrero qui l'initie à la musique classique : Rossini, Albeniz, Bach, Beethoven, Debussy, etc. Entre deux leçons, il joue dans un orchestre de l'amicale des Aveugles de Pantin. Pour subvenir à ses besoins, il joue également en soirée dans des brasseries et des cabarets. Un soir, on lui propose dans un dancing de remplacer au pied levé un collègue indisponible. Problème : la musique demandée est un tango joué exclusivement au bandonéon, instrument que Marcel Azzola ne posslède pas. Il n'est alors pas assez riche pour s'offrir un instrument chromatique [3] qui offre le système le plus proche de celui du bandonéon, tandis que l'apprentissage d'un système dit diatonique [4] en une journée est ardu, même pour Azzola. Il se rabat alors sur un bandonéon économique qui a la particularité de combiner les deux systèmes. C'est à partir de cette occasion qu'il élargit son domaine de compétence et créé son propre style.

Aprs la guerre, il découvre le jazz, Gus Viseur, Charley Bazin, Tony Murena et a même l'occasion de jouer pour Django Reinhardt la Toccata et fugue en ré mineur de Bach. Il est le précurseur de l'accordéon classique et du jazz en France et il donne des concerts en trio ou en quartet avec Stéphane Grappelli qui lui fait rencontrer Yehudi Menuhin, Didier Lockwood, Michel Legrand, Toots Thielemans. En 1948, il participe à Lausanne à la Coupe mondiale d'accordéon où il termine 4e en finale, la coupe étant remportée par Yvette Horner.

La Bière et Vesoul !

Marcel Azzola accompagne Jacques Brel dans ses concerts.

Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, Dieu qu'on est bien
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière donne-moi la main

Celui qui tricote à l'accordéon, c'est Marcel Azzola ! ___________________________________

Mais je te le redis (chauffe, Marcel, chauffe)
Je n'irai pas plus loin
Mais je te préviens (caille, caille, caille)
Le voyage est fini
D'ailleurs, j'ai horreur de tous les flonflons
De la valse musette et de l'accordéon

Celui à qui s'adresse le "chauffe, Marcel, chauffe", c'est toujours Marcel Azzola !

Marcel Azzola a quitté ce monde le 21 janvier 2019 à Poissy (78 - Les Yvelines)


De et Par Marcel Azzola:

"Madison Java" - 1962

Note [1] : Ménilmontant.

[2] : Les Mousquetaires de l'accordéon : Quatuor d'accordéonistes fondé par Adolphe Deprince, V. Marceau, Louis Peguri et Médard Ferrero, en 1948. Ceux-ci se produisent en solo ou en quatuor dans les music-halls, brasseries, et autres interm?des au cinéma, notamment au Gaumont-Palace. Ils y interpr?tent notamment des transcriptions d'œuvres classiques, comme des ouvertures cél?bres comme Po?te et Paysan, Le Barbier de Séville ou la toccata de Widor... Ils pr?chent ensemble pour une reconnaissance de l'accordéon en tant qu'instrument de musique ? part enti?re ? l'instar de tout autre instrument classique comme le violon ou le piano, ainsi que son intégration dans les conservatoires. Ils sont ensemble ? l'initiative de l'Union Nationale des Accordéonistes de France (UNAF) dont Deprince en sera le président de 1954 ? 1957. Marcel Azzola, Joé Rossi, Joss Baselli et André Astier ont perpétué l'œuvre des Mousquetaires en fondant l'Académie de l'Accordéon, et en poursuivant le développement de l'UNAF.
[3] : L'accordéon chromatique est un instrument à vent qui fonctionne par l'actionnement d'un soufflet. Contrairement à l'accordéon diatonique (système bi-sonore), une touche produit la même note en tirant ou en poussant le soufflet (système uni-sonore).
[4] : L'accordéon diatonique est un instrument à vent qui fonctionne par l'actionnement d'un soufflet. Contrairement à l'accordéon chromatique (système uni-sonore), une touche produit une note différente en tirant ou en poussant le soufflet (système bi-sonore).


Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

Petits formats, pour partie, de la collection de Christine et Jean-François Petit que nous remercions.





































Stèle à la mémoire de Jean Vaissade, au bord de la route départementales D12 sur la commune de Recoules-d'Aubrac (48 - Lozère) Quelques mètres avant le lieu-dit "Pont de Gournier". Un clic sur l'image l'agrandit et permet de lire Cougoussac, un hameau de Recoules-d'Aubrac, comme lieu de naissance de Jean Vaissade, mais l'acte de décès n°207 établi en mairie de Vincennes précise : Paris, 20ème !

Jean Vaissade

Né, Jean Marie Vaissade le 30 juin 1911 à Paris, 20e. Considérés comme auvergnats, ses parents sont originaires de Recoules-d'Aubrac (48 - Lozère), une commune limitrophe du Cantal (15) et marchands de vins rue des Pyrénées à Paris, 20e. À l'âge de cinq ans, il a un petit accordéon diatonique. Il apprend seul, avant d'étudier la musique et le violon avec un professeur. À quinze ans, il choisit l'accordéon. En 1926, Il est Au petit balcon, rue de Lappe, où il se lie avec Maurice Alexander[*].Un an plus tard, il est à  La République chez Larida, puis rue de Belleville au Ça gaze. C'est donc, en 1927 qu'il enregistre son premier disque chez Exelsior. Il fit ses débuts dans les bals de la rue de Lappe et à l’âge de quinze ans il enregistrait déjà des disques à saphir avec au banjo… Django Reinhardt. En 1934, il accompagne Edith Piaf. Il s’est produit dans tous les bals musette de la capitale dont l’Eden de la rue Au Maire et le Tourbillon de la rue de Tanger. Bon compositeur et surtout mélodiste, ses premières œuvres furent rapidement d’énormes succès durant les années 30, dont 22 titres enregistrés par Rina Ketty qu’il avait épousée en 1938 ; la même année, elle enregistrait son immortel paso-doble à trois temps "Sombreros et Mantilles". Marié deux ans avec elle, il aura le temps de lui composer, seul ou en collaboration :

  • "Sombreros et Mantilles"
  • "La Madone aux Fleurs"
  • "Berceuse du rêve bleu"
  • "Les baisers dans le soir"
  • "Tarentelle en Vendanges"
  • "Le clocher d'amour"
  • "Printemps et Beaux Jours"

A partir de 1940, grièvement blessé à l’épaule sur le front de Belgique et paralysé du bras droit, Jean Vaissade fit appel à son ami Adolphe Deprince pour le remplacer lors de ses enregistrements pour le label Gramophone. En 1945, il peut enfin reprendre le chemin des studios mais c’est antérieurement que fut endisqué “La Morena” , un paso-doble de sa composition, précédemment enregistré en 1942 chez Pathé par la chanteuse Rose Avril. Au lendemain de la Libération, les disques de Jean Vaissade sont encore de toutes les manifestations dansantes et festives ; c’est aussi en 1945 qu’il a composé “Le retour des cigognes” (voir ci-dessous) sur des paroles de son indéfectible complice Léon Depoisier dit Chanty, une valse dite alsacienne créée et immortalisée par Lina Margy. Pour l’enregistrement de cette composition, Jean Vaissade a fait appel au chanteur Roger Gerlé, lequel devra l’essentiel de sa notoriété à la dizaine de refrains chantés en compagnie de l' accordéoniste. A partir des années 60, Jean Vaissade s’est consacré exclusivement à la musique folklorique auvergnate en endisquant encore pour différents labels de nombreux titres, la plupart étant de sa composition : “Ma pastourelle”, “Les genêts d’or”… Propriétaire d’un café proche de la gare de Vincennes, Jean Vaissade s'est éteint le 1er juin 1979 à Vincennes (94 - Val-de-Marne). Il est inhumé au cimetière nouveau de Recoules-d'Aubrac (48 - Lozère).


[*] Note : Maurice Alexander est un accordéoniste, compositeur et chef d'orchestre français (1902 - 1980). Il a été l'accompagnateur de Fréhel.


De et Par Jean Vaissade :

"Le retour des cigognes" (extrait) - 1945
Disque Gramophone n° K-8756

A présent, un extrait de la version chantée, "tube" des bals musette par Lina Margy :

"Le retour des cigognes" (extrait) - 1945
Disque Odéon n° 281.855

 


Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

 
































Aimable

Célèbre et très demandé ce Monsieur Pluchard ! Un gars du Nord qui fit carrière en se présentant sous son prénom, Aimable !

De l'avis général et nous qui l'avons connu, nous pouvons dire qu'il l'était.... aimable ! Né dans le Valenciennois, à Trith Saint-Léger, le 10 mai 1922, il nous quittera le 31 octobre 1997, à Villemoisson-sur-Orge (91 - Essonne).

Et last but not least, il sera le seul avec son accordéon à faire le Ed Sullivan Show aux États Unis !

Son père est mineur. Il le pousse à rejoindre la fanfare locale. Il y sera saxophoniste soprano, ses lèvres n'ayant pas supporté la trompette.

Un accordéoniste qui joue d'oreille lui enseigne l'accordéon à l'aide de timbres-poste de différentes couleurs collés sur les touches. Puis,ce sera Émile Larchanché [*] qui deviendra son professeur et qui le mettra sur les bons rails. À l'âge de onze ans, accompagné à la batterie, par son père, Aimable se produit dans une brasserie.

Tout en travaillant son instrument, il apprend le métier d'ajusteur.

Et le jour de son dix-huitième anniversaire, les Allemands envahissent la Belgique. Aimable se sauve à Paris, à bicyclette ! Le voilà à Montmartre quêtant sur les marches du Sacré-Cœur. Place du Tertre, Chez ma cousine et Au Poulailler, il joue les succès de l'époque. Il frinit sur les Grands Boulevards où à la demande d'un patron de café, il s'entoure d'un banjo, puis d'un batteur et d'un saxophoniste. Ça y est ! Aimable tient sont premier orchestre !

En 1944 il s'engage dans la 2ème DB. Il joue pendant cinq années en Indochine, en Inde, à Singapour, à Hong Kong, à Ceylan… Ensuite, possèdant une solide technique, il rentre en France. 1949, il suit le Tour de France, puis c'est l'Amérique, l'Irak, les Philippines et l'Afrique. Et enfin New York ! Avec notamment, les musiciens de Benny Goodman !

En France, fidèle aux studios de la firme Vogue, il enregistre ! On parle de huit millions de disques vendus ! Lauréat de l'Académie Charles-Cros et du Grand prix du disque français en 1953 et 1956, Aimable aurait composé quatre cents titres et usé trente-sept accordéons au cours de sa carrière, dont trente de sa marque favorite : Fratelli Crosio.


[*] Note : Émile Larchanché était le père de Maurice Larcange, une autre célébrité de l'accordéon.


De et Par Aimable :

"Retour en Auvergne" - 1962

Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

 




























Maurice Larcange

Maurice Larcanché est né, lui aussi, dans le Valenciennois, précisément à Haveluy, le 20 août 1929.

Formé à Trith Saint-Léger, comme son confrère Aimable, à la dure école musicale de son père Émile Larcanché. Le pas encore Maurice Larcange y apprend le piano, la clarinette, le cor et l’accordéon alors qu'il se rêve footballeur ! Pour autant, il étudiera sérieusement la musique. Son frère André est batteur, les deux iront participer à des galas.

En 1946, le voilà, en Bretagne, embarqué par un saxophoniste sans but précis. Repéré par un patron d’une boîte de Perros-Guirec, Maurice est engagé ! Après son service militaire, il retrouve Aimable, ami de son père qui lui conseille de changer son patronyme pour se faire appeler Larcange et lui trouve du travail à Paris !

A force de jouer dans les dancings de la capitale, Floréal, Croix de Malte, Balthazar, Madrid, et Boule rouge... il se fait un nom et une réputation. En 1950, il commence à endisquer chez Polydor. Et le succès arrive !

Il aura endisqué un millier et une centaine de ses compositions et co-compositions ! Il obtiendra le Grand Prix du Disque de l'Académie Charles Gros, en 1969. Membre du bureau du Syndicat National des Artistes Chefs d'Orchestre Professionnels de Variétés et Arrangeurs (S.N.A.C.O.P.V.A.) jusqu'aux années '90 . En 1987, il fonde sa propre école d’accordéon et contribue, ainsi, à lancer la carrière de très jeunes accordéonistes

A partir de 1989, il créée "Les Petits Prodiges de l’Accordéon" et s'en va à la rencontre des jeune accordéonistes pour prodiguer des conseils et les aider a se lancer dans la carrière.

Maurice Larcange s'éteint à 78 ans, le 14 septembre 2007.


De et Par Maurice Larcange :

"Champion Tyrolien" (extrait) - 1982

Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

Petits formats, pour partie, de la collection de Christine et Jean-François Petit que nous remercions.
















































Yvette Horner

On aurait tendance à croire que l’accordéon est affaire d’hommes !

Que nenni ! Ce serait oublier Vévette... La Vévette Nationale des Français ! Celle du Tour de France !... et du Quatorze juillet 1989 ! Soixante-dix ans de carrière, deux mille concerts, trente millions de disques vendus ! Elle remporte à Paris, en 1937, le Concours international de l'accordéon, organisé par l’Association internationale des accordéonistes. Vainqueur de la Coupe mondiale de l’accordéon en 1948 !

Le 22 septembre 1922, vient au monde à Tarbes (65 - Hautes-Pyrénées), Yvette Marie Eugénie Hornère, l’inoxydable Yvette Horner. Poussée par sa mère, elle apprend le piano. Puis, Conservatoire de Tarbes suivi du Conservatoire de Toulouse où elle décroche le premier prix de piano à 11 ans ! Sa mère lui fait lacher le piano pour l’accordéon, arguant du fait qu’il n’y a pas d’accordéoniste femme et qu’ainsi elle se fera une situation. En passant, sa mère réorthographie le nom patronymique en Horner pour faire plus "commercial" ! Elle fait ses débuts au Théâtre des Nouveautés de Tarbes qui appartient à sa grand-mère paternelle. Toute sa vie, elle gardera la nostalgie du piano et de la concertiste qu’elle aurait pu devenir. Elle enregistrera en 1950, un récital d’œuvres classiques au piano et à l’accordéon, sur un album qu’elle titrera Le Jardin secret d’Yvette Horner et qui lui vaudra le grand prix du disque de l'académie Charles-Cros. En avril 1947, elle épouse René Droesch, un Bressan, footballleur aux Girondins de Bordeaux, qui interrompt sa carrière pour devenir son manager, son mari et la décharger des "soucis matériels".

Le Tour de France
C’est sa mère qui l’a poussée, lui disant de faire comme Fredo Gardoni, un accordéoniste d’avant-guerre qui jouait à quelques étapes, mais il ne suivait pas tout le Tour, lui ! En 1950, elle se produit à l’étape et remet le bouquet au vainqueur. Ensuite, elle profite de l’offre de l’entreprise Calor (appareils de chauffage électriques portatifs), sponsor du Tour de France lui offre de se produire sur le podium des villes étapes. Dès 1952, c’est la liqueur de gentiane apéritive Suze qui fournit une traction avant 15/6 noir et jaune avec chaise vissée sur le toit qui accueille sur les routes du Tour, Yvette Horner, son sombrero et bien sûr son accordéon. Des heures à jouer, sous les cris de la foule : "Vas-y Vévette !" Elle termine les étapes couvertes de poussières et de moustiques. Le temps de se débarbouiller, elle remet le bouquet au vainqueur puis file à son hôtel avant de ressortir pour donner un spectacle, un bal suivi d’une séance d’autographes. Au lit pas avant trois heures et on remet ça le lendemain dès huit heures ! Onze tours de France, de la première à la dernière étape, dont dix affrontant les éléments, la poussière, les insectes, devenant au fil des années une figure de la compétition et de la fête populaire. Une mission éprouvante, ce qui n’avait pas échappé au représentant de la marque d’apéritif qui a voulu la soulager un peu. Un jour, ils ont eu l’idée de créer un genre de statue en celluloïde et de la placer sur le toit de la voiture à la place d’Yvette, pour qu’elle puisse se reposer. Ils l’ont fait au col d’Aspin, dans les Pyrénées, et ont gravi le col ainsi, mais les gens s’en sont vite aperçus et n’étaient pas très contents, ils se sont mis à caillasser la statue. Au sommet, elle a été remisée dans le coffre dont elle n’est plus ressortie et Yvette Horner a repris son poste.
Cela durera ainsi jusqu’en 1963. Onze ans à écrire la légende du Tour au même titre que les coureurs qui la considéraient comme l’une des leurs.

Au milieu des années 1960, les yéyés tendent à "ringardiser" ceux (et celles) qui les ont précédés. Ainsi, en 1966, Antoine vendra 200 000 exemplaires de ses élucubrations qui dès la deuxième strophe s’attaquent à Yvette Horner :

L’autre jour, j’écoute la radio en me réveillant
C’était Yvette Horner qui jouait de l’accordéon
Ton accordéon me fatigue Yvette
Si tu jouais plutôt de la clarinette

Elle donnera son dernier concert en 2011à 88 ans !

Yvette Horner quitte ce monde le 11 juin 2018 à Courbevoie ( 92 - Hauts-de-Seine), à l’âge de 95 ans. "Elle n’était pas malade. Elle est morte des suites d’une vie bien remplie", a déclaré son agent, Jean-Pierre Brun


De et Par Yvette Horner

"La Valse des Neiges" - 1958

Petits formats et répertoire

Tous les grands classiques du musette ont été interprétés par les grands virtuoses de l'accordéon. Au bal ou en ginguette, le public s'attend à entendre les grands classique tels : Perles de Cristal, Reine de Musette, Les doigt s'amusent, La Marche Des Mineurs, Retour De Lège, La Marche Des Forgerons, La Polka Des As, Quand Refleuriront Les Lilas, La Valse Des As, Balajo, les grands Tangos et Paso Doble...

Petits formats, pour partie, de la collection de Christine et Jean-François Petit que nous remercions.


 

Comparaison n’est certes pas raison ! Pourtant. . . .

Pour se faire une idée des différents styles, écoutons un extrait de "Ça gaze", un même morceau joué par chacun des huit musiciens que nous avons présentés.

Note : Prendre en compte l'évolution technique et qualitative de la méthode d'enregistrement au fil des années.

A tout seigneur, tout honneur, place à son compositeur et créateur en 1930 :
V. Marceau - "Ça gaze" - 1930

La version du roi du baluche : on suit bien la mesure :
Emile Prud’homme - "Ça gaze" - 1934

Nouvelle vague avec les instruments à la mode :
Tony Murena - "Ça gaze" - 1956

Joué sur un instrument moderne, mais avec sa délicatesse toute particulière :
Yvette Horner - "Ça gaze" - 1958

L’idole du Balajo : tout en finesse :
Jo Privat - "Ça gaze" - 1960

On perçoit un instrument technologiquement évolué et un jeu plus "moderne" :
Jean Vaissade - "Ça gaze" - 1971

Un autre instrument technologiquement évolué et la touche musette "Aimable" :
Aimable - "Ça gaze" - 1979

Façon syncopé à la "Larcange" :
Maurice Larcange - "Ça gaze" - 2002