e phonographe ?- Il date, on le sait, de 1877 ou plutôt de 1878.
C'est à Charles Cros qu'on attribue le mérite d'en avoir décrit les principes dans une note adressée à l'Académie des Sciences le 11, 18 ou 30 avril 1877 mais c'est à Thomas Alva Edison qu'on doit le premier appareil qu'il présenta au public en mars 1878, trois mois après qu'il en eut fourni les détails dans une demande de brevet qu'il avait adressée au U.S. Patent Office en décembre 1877.
L'invention n'était pas à proprement parlé nouvelle car elle était le fruit de l'amalgame de diverses autres inventions ou théories :
Dès 1807, un médecin anglais, Thomas Young, à qui on doit, entre autres, la découverte de l'accommodation de l'œil ainsi que les interférences lumineuses. l'invention d'un appareil permettant l'inscription sur cylindres et l'analyse de vibrations en tout genre.
Un grand pas allait être franchi en 1857 quand le français Léon Scott de Martinville inventa un appareil (le phonautographe) qui présentait alors presque toutes les caractéristiques du futur phonographe car il permettait l'enregistrement sur le cylindre proposé par Young de vibrations acoustiques captées par un pavillon parabolique. - Malheureusement cet appareil ne pouvait les reproduire.
Note
En mars 2008, des chercheurs américains du Lawrence Berkeley National Laboratory (LBLN) ont pu, à partir d'une bande papier du phonautographe déposé à L'Académie des Sciences, reconstituer une voix que Martinville a enregistrée en 1860. - Cette voix chante pendant quelques secondes la chanson "Au clair de la lune". - Il s'agit du plus vieil enregistrement d'une voix humaine.
Puis ce fut au tour d'Alexander Graham Bell d'inventer le microphone en 1876. Un enregistrement de sa voix (réalisé le 15 avril 1885 au Volta Laboratory de Washington D.C.) est audible sur le site de YouTube.
Des cylindres de Young et de Martinville et du microphone de Bell, Cros et Edison surent tirer l'appareil que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de phono et qui a été supplanté depuis par le ruban magnétique (commercialisé à partir de 1945), l'appareil à cassette (1963) et le disque numérique (1983).
Le premier matériau utilisé par l'appareil à cylindre d'Edison fut une mince couche d'étain enrobée autour d'un cylindre en carton. Un cousin d'Alexander Graham Bell, Chichester Bell, et Charles Tainter modifièrent, en 1887, ce procédé en utilisant de la cire, la même année qu'Émile Berliner eut l'idée de faire des enregistrements en utilisant des disques en zinc enduits d'abord de cire puis, par la suite de matériaux divers tel le caoutchouc, qui allaient eux déboucher sur la possibilité de presser des enregistrements en série (1893).
Les deux technologies furent utilisées jusqu'en 1926 quand le principe du disque l'emporta finalement sur celui du cylindre grâce au procédé Victor qui de l'acoustique, passa à l'enregistrement électrique.
Voir à cette page.
(Notons en passant que Chichester Bell et Charles Tainter sont à l'origine de la Compagnie Columbia, qu'Émile Berliner est à l'origine des maisons Berliner, Victor et Deutsche Grammophon Gesellschaft.)
Autres dates
1894 : fondation de la maison
Pathé (Émile et Charles Pathé)
1909 : premiers plastiques (Leo Baekeland de la fameuse "Bakélite")
1910 : premiers enregistrements de John McCormack.
1919 : grâce à un retentissant procès intenté par la Compagnie Victor, une multitude de petites compagnies de disques se créent, l'enregistrement "latéral" ayant été déclaré du domaine public : Gennett
Record Company, Okeh, Vocalian, Compo, etc.
1920 : première entreprise commerciale de radio : KDKA à Pittsburgh
1928 : invention de la bande magnétique (Fritz Pfleumer)
1931 : premier enregistrement stéréophonique (Alan Blumlein)
1945 : utilisation d'une laque sur support en aluminium pour l'enregistrement dite "haute fidélité" [*]
1946 : premier microsillon (Maison Columbia)
1949 : premier 45 tours
1983 : premiers disques digitaux (Compact Disc)
[*] Note : High Fidelity devenue communément HiFi
Les premiers enregistrements
Les premiers enregistrements commerciaux datent de 1888. - À l'époque, comme la technique du pressage ou de la reproduction en série n'était pas connue, chaque cylindre devait être enregistré individuellement. - Aussi, favorisait-on l'enregistrement d'orchestres ou de petites pièces jouées par des instrumentalistes payés selon le nombre d'enregistrements qu'ils pouvaient exécuter par jour. (Voir à Charlus, celui qui fut longtemps surnommé le forçat du gramophone - particulièrement au chapitre de ses souvenirs où il décrit ce temps héroïque.)
Quand la possibilité de reproduire, à partir d'une matrice, des dizaines (au début) d'exemplaires, puis la technique aidant, des centaines, voir même des milliers, le marché du cylindre et du disque prit un nouvel essor. - Vers 1893, 1894. - C'est de cette époque que date les premières "voix" connues. - Celle d'Yvette Guilbert, par exemple, qui, dès 1897, enregistrait, pour le compte de Pathé, "Je suis pocharde !", "Les demoiselles à marier", etc.
La qualité variait énormément selon les interprètes. D'autant plus que certains instruments ne pouvaient tout simplement pas être enregistrés ou, s'il l'était, le résultat était moins que satisfaisant. - C'est ainsi qu'on retrouve, au cours des années quatre-vingt-dix plus d'enregistrements de fanfare (John Philip Sousa, entre autres) et de soli d'enregistrements d'instruments à vent (The Boston Trombone Ensemble) que de véritables voix.
En 1902, Caruso allait changer tout cela : il enregistra pour le compte de la Gramophone and Typewriter Company of London (sic) dix arias au cours d'un seul après-midi pour la somme exorbitante de 100 livres. - Ces enregistrements, suivis de ceux du baryton Mattia Battistini, de la basse Fedor Chaliapan, des sopranos Mary Garden (Pelléas et Mélisande) et Geraldine Farrar allaient lancer l'industrie du disque.
Pour avoir une idée de l'évolution de la qualité sonore des cylindres et disques enregistrés de façon acoustique entre 1897 à 1926, voir à Yvette Guilbert, Fragson, Mayol (page consacrée à "La Matchiche", entre autres) Dranem, etc.