es informations dont nous disposons sont quelques fois très succintes et ne nous permettent pas vraiment de réaliser une fiche biographique conventionnelle, ou alors, il s'agit de quelqu'un ayant eu un rapport épisodique à la chanson. Aussi, nous ajoutons cette série de pages (en ordre alphabétique) pour diffuser les quelques renseignements que nous possédons sur les personnages ne faisant pas l'objet d'une Fiche biographique...
humoriste et comédien né André Isaac à Châlons sur Marne (aujourd'hui Châlons en Champagne 51 - Marne) le 15 aout 1893.
L'Os à Moelle (journal humoristique), c'est lui, le "schmilblick, c'est lui aussi, l'expression "loufoque", c'est encore lui, "Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand", façon Cucaracha, c'est toujours lui, depuis Londres où il est allé en octobre 1943 rejoindre l'équipe " Les Français parlent aux Français". Il y parodie les chansons à la mode "Les Gars de la Marine" des Comedian Harmonists, "Ca fait d'excellents Français" de Maurice Chevalier. Après la Seconde Grande Guerre, son duo avec Francis Blanche sera remarquable et connaitra un immense succès..
A présent, retrouvons la voix et l'élocution caractéristiques de Pierre Dac dans ce célèbre "Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand" de 1943 :
Pierre Dac est décédé le 9 février 1975 à Paris 17e.
Pierre Dacsera fait chevalier de la Légion d'honneur en septembre 1946.
Danna, Elisa
Née Elisabeth Danna à Bordeaux, le 5 mai 1846, d'un père tailleur d'origine italienne (le grand-père paternel, lieutenant dans les douanes impériales a été naturalisé en 1817).
D'après sa fiche d'inscription à la mutuelle des artistes, elle aurait connu son premier engagement en 1865 au théâtre de Naples en Italie. 1868, elle est à Marseille (13 - Bouches du Rhône), puis à l'Alcazar Béarnais de Pau (64 - Basses-Pyrénées, aujourd'hui 44 - Pyrénées-Atlantiques). 1873, c'est Paris ! Au café des Ambassadeurs.1874-75, elle est à la Scala, puis ? l'Alcazar d'été en1876 et 1877.En 1882, au moment de son inscription, elle chantait aux Folies Narbonnaises à Narbonne.?(11 - Aude). Puis nombreuses villes dans les
départements : Bordeaux, N?mes, Marseille, Avignon, Nice, Narbonne, Bastia, Valence, Tunis.
La dépêche tunisienne du 28 février 1897 annonce le décès d?Elisabeth Danna, épouse de M. Dorfini, Française âgée de 50 ans, le 27 février.
Interprète, né Marcel Domergue à Anduze (30 - Gard) le 11 décembre 1900.
Ses débuts, il les fait très tôt, vers l'âge de 15 ou 16 ans dans différents cabarets ou cafés-chantant de Marseille où, après la guerre, il devint un chanteur très populaire dans le genre "méridional", bien avant Alibert, son aîné de onze ans (qui lui ne redeviendra Marseillais qu'à la fin des années vingt).
Sa gloire restera en grande partie locale jusqu'à - bizarrerie de la chanson française - il devint, petit à petit la doublure de cet
Alibert qui, au début des années trente a conquis tout Paris avec les chansons de son beau-père, Vincent Scotto, et de grands classiques de l'opérette : Au pays du soleil (1932), Arènes joyeuses et Trois de la marine (1934), Un de la Canebière (1935), Les Gangsters du château d'If (1936) que lui, Darcelys, chante à... Marseille.
Il fait, comme l'autre, du cinéma : Quand tu nous tiens, amour de Maurice Commage aux côtés de Fernandel (1932), Les Bleus de la marine avec Fernandel, encore, mais aussi Andrex, du même, en 1934... Marcel Pagnol fait même appel à lui pour jouer le Tatoué dans Angèle (la même année).
Pendant ce temps, il enregistre : à peu près tous les titres de l'autre mais des titres, aussi, qui lui sont restés dont "Une partie de pétanque" d'André Montagnard et Léo Nègre (1937).
Le souvenir que l'on garde de lui est celui d'un Marseillais à la Pagnol des années, vingt et trente, avec casquette et boule à la main.
Belle voix, aussi.
Darcelys est décédé le 20 novembre 1973.
Darcieux, Francisque
Compositeur né à Saint-Genis-Laval dans le Rhône en 1880. De son vrai nom François Darcieux. Monte à Paris après ses études au Conservatoire de Lyon. Est particulièrement intéressé aux vieilles chansons de France. II est décédé à Clermont-Ferrand (NdA : 63 - Puy de Dome) en 1951 (NdA : le1er août).
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Daubray
Michel René Thibaut dit Daubray.
Il est né à Nantes (44 - Loire Atlantique) le 7 mai 1837.
À l'âge de 14 ans, il monte à Paris pour suivre des cours de diction. À 19 ans, il se présente au Conservatoire mais il y est refusé. Il entreprend alors une carrière de comédien genre amoureux dans de petits théâtres mais plutôt jovial et, ayant une bonne fourchette, sa silhouette se transforme en celle d'un comique, petit, gros, le cou dans les épaules qui se construit peu à peu une réputation.
Il entre au théâtre des Champs-Élysées en 1862 puis passe dans une troupe qui se produit à Montmartre et aux Batignolles. Il passe ensuite à l'Athénée où Offenbach le remarque et l'engage. Il jouera dans Pomme d'Api (1873) et La jolie parfumeuse puis dans de nombreux rôles à la Renaissance, aux Bouffes...
Les répliques qu'on lui donne, sortant de sa bouche, deviennent des expressions à la mode : "C'est immense !", "Que faites-vous ?- Nous bourlinguons !" (perdons notre temps).
À partir de 1879, des auteurs écrivent des pièces pour le personnage qu'il est devenu et il est en demande partout.
Jusqu'en 1892, il jouera dans plus de 25 pièces (dont certaines restèrent à l'affiche plusieurs mois) avant de tomber gravement malade mais juste comme il semblait s'en tirer, il est emporté par une crise cardiaque.
À ses obsèques une foule considérable.
Madame Cardinal au championnat de lutte
Aussitôt qu' j'ai z'évu dans le P'tit Journal
Qu' du championnat d'lutt' c'était l'combat final,
Ah ! mes enfants !
A mon homm' j'ai dit: "Gard' la log', mon coco,
Ce soir, j'vas fair' mon persil au Casino !"
Ah ! mes enfants !
A peine arrivé', les yeux s'fixent sur moi,
Si tant que j'rougis de pudeur et d'émoi
Ah ! mes enfants !
Au fond, j'pensais: "Si j'trouve un type au pognon,
Je plaque illico mon homme et mon cordon !"
Ah ! mes enfants !
...Mais v'là qu' sur la scèn' les deux lutteurs sont v'nus.
J' m'écri': "Qu'ils sont beaux ! J' voudrais les voir tout nus !"
Ah ! mes enfants !
Là-d'ssus, un monsieur m'dit, la mine étonnée:
"Oh ! la polissonn', la petit' passionnée !"
Ah ! mes enfants !
J'y réponds: "Toujours, c'est pas pour ton museau;
"Chez des gas comm' ça, moi, j'viens chercher c' qu'i' m'faut."
Ah ! mes enfants !
Savez-vous c'que-m'répond c'vilain dégoûtant ?...
— Qu' chez eux, lui aussi, vient en chercher autant !
Ah ! mes enfants !
Puis il ajout', comm' si qu' j'avais pas compris:
"La femm' ça n'vaut rien; j' n'y attache aucun prix,"
Ah ! mes enfants !
"Tandis qu' ces homm's-là, c'est musclé, c'est cambré,
"Du haut en bas c'est merveilleus'ment membré !"
Ah ! mes enfants !
A peine achèv' t-il ce discours trop vécu,
Qu'un autre monsieur lui flanqu' son pied au cul.
Ah ! mes enfants !
Mais lui se retourne et dit, dans un sourir' :
"Oh ! merci, monsieur, vous m'avez fait plaisir !"
Ah ! mes enfants !
—Soudain l'on annonc', sans que d'abord je l'crusse,
Que l'un des champignons de la lutte est russe,
Ah ! mes enfants !
Je mont' sur un' chaise en gueulant : "Viv' le Tzar !"
– Un pompier me d'mand' si j'ai le feu quèqu' part.
Ah ! mes enfants !
Les lutteurs se prenn'nt, se p'lot'nt !... Ah ! quel tableau !...
Ça m'passionn' si tell'ment qu'ma ch'mise est en eau,
Ah ! mes enfants !
"— Ça s'appell' des pass's, me murmure un grand roux,"
Puis il ajout': "J'en frais bien une avec vous !"
Ah ! mes enfants !
Mais Pons, tout à coup, saisit Pytlasinski
Par la gorge, et crac !... il lui serr' le kiki.
Ah ! mes enfants !
J'crie : "A l'assassin ! i'va l'détériorer !"
— "Ta gueul' !" me fait un vieux monsieur décoré
Ah ! mes enfants !
J'étais, en sortant de la r'présentation,
Dans un tel état de surexcitation,
Ah ! mes enfants !
Qu' j'ai dit à mon homme, en nous fourrant au pieu:
"Mets-toi z'à poil, on va lutter tous les deux."
Ah ! mes enfants !
— En un'second', nous étions en position...
Tell' Vénus face à face avec Apollon !...
Ah ! mes enfants !
Mon homme m'attaque... et comme je m'affaisse,
I' m'rattrape, illico, par la peau des... jambes !
Ah ! mes enfants !
Jusque-là, donc, l'résultat est incertain...
Nous regigotons... La lamp' tombe et s'éteint...
Ah ! mes enfants !
A tâtons j'veux saisir mon homm' par les ch'veux,
I' gueul': "C'est trop bas !... Tu m'fais mal, nom de Dieu !"
Ah ! mes enfants !
Au bout d'un instant, tout était sens d'ssus d'ssous...
Moi j'avais l'dssus... et mon homme était d'ssous !...
Ah ! mes enfants !
J'i f'sais toucher les deux gaules, oui-dà !...
J'y ai mêm' fait toucher bien autre chos' que ça !
Ah ! mes enfants !
Après avoir fait des efforts superflus,
A la sixièm' reprise, il n'en pouvait plus;
Ah ! mes enfants !
Maint'nant c'est lui qui me tombe à tout moment,
Tout ça, voyez-vous, c'st une affair' d'entraîn'ment.
Ah ! mes enfants !
Aussi j'conseille aux femm's sans tempérament
D'aller voir les lutt's, c'est vraiment excitant,
Ah ! mes enfants !
Avant, chez nous, ça s'passait à la papa !
Maint'nant, j'en d'mand', j'en veux... j'en ai.., oh là là !
Ah ! mes enfants !
Daubry, Paul
Voici ce que Léon de Bercy (Montmartre et ses chansons, Paris 1902) disait de ce chansonnier français né en 1871, décédé en 1933, responsable, entre autres, de la fermeture pendant quelques semaines du cabaret Les Décadents pour une chanson que le président de la République Casimir Périer avant jugé irrévérencieuse envers sa personne (en 1893) - "Les présidences de Casimir"...
Daubry m'a supplié, de ne point dévoiler son véritable nom. Est-ce parce que ce nom désigne une voie mal famée des environs de la gare de l'Est ? – Je ne sais. Néanmoins, mon devoir étant d'éclairer le lecteur, je dirai que le chansonnier qui nous occupe s'appelle de même que le calligraphe célèbre qui exécuta pour le duc de Montausier la Guirlande de Julie et que le Roi-Soleil gratifia du titre de "Maître Ecrivain"[*]. Daubry est né le 4 novembre 1871, au Mans (Sarthe - 72). Son père, officier de cuirassiers, lui fait faire de sérieuses études pour le préparer à Saint-Cyr. Mais le jeune homme a un goût prononcé pour la musique et le théâtre ; il suit les cours du Conservatoire, en sort lauréat de la classe de piano et se fait engager... pour jouer les grands premiers rôles de drame aux Bouffes-du-Nord, direction Abel Ballet ; il passe à Beaumarchais, où il joue aux côtés de Dumaine, de Taillade et de Lacressonnière.
Après avoir décroché un second prix de tragédie à l'unanimité, il va dire des vers aux vendredis classiques de l'Éden-Concert. Puis il entre comme pianiste accompagnateur au Divan-Japonais, direction Sarrazin ; il compose là ses premiers morceaux sur des vers de Noël Villard. L'idée lui vient bientôt d'écrire lui-même ses paroles ; et les chansons qu'il fait alors décèlent la naïveté et l'inexpérience de leur auteur. Je me rappelle le commencement de la première d'entre elles :
Je suis un poète,
Hélas ! sans galette,
Comme la belette
Seule en son grenier...
Ces essais, dont quelques-uns eurent, on ne sait pourquoi, un certain succès, ont été depuis baptisés par DaubryChansons infâmes. Petit à petit cependant, notre chansonnier se rapproche de la note montmartroise; il fréquente les caveaux de la Ville-Japonaise, de la Gauloise, de l'Epi-d'Or, des Adrets et les soirées de la Plume; il se fait entendre pendant quelque temps, dans ses œuvres, aux Nouvelles-Folies (ancien Alcazar d'Hiver); enfin, il entre au cabaret de la Butte et, peu avant la mort d'Hector Sombre (janvier 1894), il succède à celui-ci dans la direction du caveau du Clou. A cette époque, il crée un journal, Montmartre artiste, se lie avec les chansonniers du Chat-Noir, et Jules Jouy le prend bientôt avec lui aux Décadents. Dès ce moment, il s'adonne à la chanson politique et satirique et interprète avec succès "Challemel-Lacour à l'Opéra", "L'Incident Thivrier", "Le Logis de Poubelle", "Perquisition", "La Chanson de Zoladetto", "L'Odyssée de l'Agent Poisson", et [la chanson cité ci-dessus] "Les Présidences de Casimir".
Il entre ensuite à la Cocarde, de Maurice Barrès, y publie quelques chansons et y rédige une série d'articles sur les vieilles chansons de France. Engagé aux Quat'-z-Arts, il y fait, de 1895 à 1900, de longues stations, paraissant entre temps aux Eléphants, aux Coucous, au Carillon, à la Bohème, au Chien-Noir, aux Noctambules, au Théâtre-Salon et à la Feuille-de-Vigne, chantant parfois dans trois ou quatre établissements dans la même soirée.
Ses chansons politiques, qu'il réunit sous le titre Les Frondeuses, lui ont valu d'être maintes fois appelé à la préfecture de police pour y subir de vertes admonestations. Daubry ne s'attache pas seulement à blaguer nos gouvernants, il produit aussi des fantaisies : Soirée mondaine, Sermon de Carême, A l'Exposition féline, Petit Ménage parisien (affaire Bianchini), Les Salons à prix fixes, La Femme galante, Les Spécialistes, Les Fils à Papa, Le Duel à l'américaine, Lorsque ma Femme cherche ses Puces, et ces couplets qui faisaient délirer l'auditoire – Ô tempora !
< voir encadré ci-contre
Le chansonnier se double parfois d'un poète. Le vers est alors mieux tenu, la forme plus châtiée et le fond plus délicat, comme dans les Sanglots et les Persifleuses, qui forment deux groupes de petits poèmes dont quelques-uns sont charmants. Daubry, qui fait souvent lui-même la musique de ses chansons, a publié plusieurs marches, polkas et valses et composé la musique de quantité de romances. Il a fait représenter six revues : Paris-Bohème (cabaret de la Bohème, 1894), Coups de Botte (Bodinière, 1896), Ah ! Berck, alors ! avec Yon Lug (Casino de Berck, 1897), Coups de Patte (Grand-Guignol, 1898), Mets-y un bouchon, en collaboration avec Léon de Bercy et J. Mévisto (Quat'-z-Arts, 1898), Les Coups de Pied de l'Ane, en collaboration avec Roux (Ane-Rouge, 1901) ; deux mimodrames et une pantomime-ballet sans aucune collaboration : Le Rêve du Poète et L'Idiot (Théâtre Montmartre) et Rédemption (Concert Parisien). Il a, en outre, en cartons ou en préparation, une vingtaine d'actes, soit en prose, soit en vers.
Paul Daubry abandonna Montmartre, il y a deux ans, pour aller fonder à Asnières des soirées littéraires. A cet effet, il acquit un café, y fit construire une salle de spectacle et, tout en s'occupant de l'élément"limonade", fut à la fois directeur, régisseur, pianiste, chef d'orchestre, machiniste et comédien. L'affaire n'apportant que des bénéfices restreints, il revint à Paris et se fit engager aux Bouffes-du-Nord, où il tient depuis les premiers rôles de drame et de comédie. J'ajouterai que, depuis cinq ans, Daubry organise la soirée des Saint-Maixentais au Cercle Militaire, et qu'il chante annuellement au mess des officiers de la Garde, en présence des préfets de la Seine et de police, qui ne s'effraient aucunement de la hardiesse de ses satires.
Notes
[*] Jarry
Note annexe
Un Paul Daubry aurait joué, en 1924, le rôle de Brune dans Madame Sans-Gêne de Léonce Perret, un film qui mettait en vedette Gloria Swanson...
Parmi ses œuvres (Paroles & Musique):
1892 - "Le Premier mai !..." (paroles de Noël Villard)
1893 - "Rodeuse !!! "
1894 - "La Plébéienne ! " (paroles de Paul Talber)
1894 - "Bazar de charité" (paroles de Rosario et J. Duroc)
1894 - "Un Grand mariage" (paroles de Rosario et J. Duroc)
1895 - "Vive la Française." (paroles de Noël Villard)
1897 - "Déesse ! " (Suite de valses pour piano)
1898 - "Vers Elle ! "(Marche pour piano°
1903 - "Amour d'andalouse ! " (paroles de J. Bonin et Emile Duhem)
1904 - "Toutou-Mimi ! "
1904 - "Je les aime toutes ! "
1904 - "Perquisition !"
1905 - "Quand je pense à toi !" (paroles de Eugène Lemercier)
1905 - "Pas Travailleur !" (musique de Gaston Nardon)
1905 - "Tu n'es pas changée ! " (paroles de Eugène Lemercier)
1906 - "Lettre d'un père à sa fille, qui travaille à Paris"
"Elle était gracieusement sympathique, possédait une voix charmante et la manière de s'en servir. Plus tard, elle voulut obtenir la fameuse
consécration parisienne et se fit entendre à la Scala, mais malgré son talent, elle ne put éclipser les étoiles du lieu, et ne voulant pas demeurer au second plan, elle reprit la route qui conduit au
pays où chante la langue d'Oc. De Marseille à Bordeaux, elle était aimée, adulée. Abordant tous les genres, reprenant tous les succès
dès leur révélation à Paris, elle excellait surtout dans les répertoires d'Amiati et de Graindor; étant fine diseuse comme celle-ci et dramatique comme celle-là.
Après vingt ans de complète réussite, elle s'est retirée, encore jeune, à Narbonne, où tous les artistes de passage, allaient la voir, l'embrasser et apprendre d'elle, l'art de captiver le public. Et l'excellente camarade qu'elle était les recevait tous à bras ouverts. Son souvenir vivra chez ceux qui l'ont connue."
De Buxeuil, René
Compositeur (1881-1959). De son vrai nom Jean-Baptiste Chevrier. S'est produit dans tous les cabarets artistiques de la capitale. Avant la guerre de 1914 son "Âme des violons" (P. Febvre & D. Lawrence - R. de Buxeuil) remporta un succès mérité.
Source : "La chanson?sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
René de Buxeuil est né à Buxeuil (86 - Vienne) le 4 juin 1881et décédé à Paris 14e le 16 juillet 1959.Blessé accidentellement à 11 ans, par un tir de carabine à plombs d'un camarade, il perd la vue.On lui doit la création de l'Union générale des auteurs et musiciens professionnels aveugles qui organise des concerts, publie des disques et soutient la transcription des partitions en braille.
Rene de Buxeuil sera fait chevalier de la Légion d'honneur en avril 1950.
De Geyter, Pierre
Compositeur (Gand 1848 - Saint-Denis 1932). Chansonnier ouvrier, Pierre De Geyter est le compositeur de "l'Internationale".
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
De Kock, Paul
Paul de Kock était le fils d'un banquier hollandais établi à Passy (Seine - 75, aujourd'hui Paris 16ème) pendant la révolution et qui fut envoyé à l'échafaud pour complicité avec l'ennemi.
Né en 1793, Paul de Kock était employé de banque quand il écrivit son premier roman, L'enfant de ma femme (1812). Ce roman allait être suivi de deux à trois cents autres et de quelque deux cents pièces de théâtre (mélodrames, vaudevilles, opéras-comiques, etc.) et de "chansons" - il n'en a pas composé beaucoup qui sont demeurées de son vivant totalement inconnues. - Elles ne furent, en fait, pas publiées avant 1888-1890 (sans musique) sous le titre de "Bulles de savon"... à Londres ! Et c'est là qu'Yvette Guilbert en aurait pris connaissance mais on ne sait pas exactement quand ni dans quelles circonstances.
Né Eugène Urbain Tripier à Paris, le 6 avril 1843.
Il fut un temps sculpteur sur bois et devint artiste lyrique sous le pseudonyme de Delanoy, parfois Delannoy (orthographier Delanoy pour le différencier de Léopold Delannoy (Arras, 1817 - Paris, 1888), acteur du Vaudeville). Son premier engagement repéré en ligne se situe en 1868 au grand Casino du Temple. En 1869, il chante à l'Alhambra (ancien Casino du temple...). Il est introuvable en 1870, mais, étant de la classe 1863, peut-être a-t-il fait la
guerre ? On le retrouve au Tivoli-Vaux Hall et à l'Alcazar d'été puis d'hiver en 1872. Il trouve à se faire engager aux Porcherons et au théâtre Tivoli en 1873. En 1874, il se produit durant l'été au Concert de l'Horloge aux Champs Elysées et à La Scala à partir de l'automne. On note qu'il chante souvent au même moment que Mlle Zélia, dans les mêmes concerts ! De fait, ils se marient à Paris le 20 octobre 1875 et Delanoy légitime la fille de Zélia. Il poursuit sa carrière à La Scala, au théâtre Tivoli et au concert de l'Harmonie. à l'automne 1875, il est réembauché à l'Alcazar d'hiver. Ce contrat s'achève en 1876. Sa carrière devient alors plus obscure : peut-être plus d'opéra et moins de café-concert... ou la fin de la célébrité ! On relève un ou deux passages en Province et une mention de lui commeétant de la Renaissance ?, sans avoir pu situer précisément l'appartenance à ce théâtre lyrique. Il meurt à Champigny-sur-Marne le 14 mai 1886. Artiste de second plan, si Delanoy crée quelques chansons, il reprend plus souvent des créations de Bruet (i.e. "le coupé de Lise") ou de Chaillier (i.e. "Cascarinette"). Il semble apte aux tyroliennes, aux chansons bachiques, aux chansons patriotiques (i.e. "La neige tombe", avec Amiati), aux opérettes en un acte et aux airs d'opéra. Il est souvent décrit comme ténor. Avec Desroches, Lachapelle et Lebassi*, ils semblent être interchangeables.
Merci Claire Simon-Boidot pour les recherches, le texte, la photographie et les petits formats.
Delasseau, Gabrielle
Née Julie Delassau à Paris, le 24 août 1853 et décédée à Paris, 13e, le 6 août 1923 à l'âge de 69 ans.
Merci Claire Simon-Boidot pour les recherches, la photographie et le petit format.
Delny, Berthe
Elle est née à Angers (49 - Maine et Loire) le 18 juin 1875 pour débuter à Paris, après avoir chanté pendant quelques années en Province, en 1908. Fine diseuse, peut-on lire, elle chante au Palais du Travail, à Bobino, à Fauvette, à l'Européen, Chanteclair et chez Fantasio. - Peu de détails sur sa carrière sinon que ses disques (chez Gramophone, Pathé, Idéal, Cristal, Odéon, Polydor, HMV) porte tous la mention de Madame Berthe Delny de la Gaîté-Lyrique.
On sait cependant que cette carrière fut très longue car on la retrouve dans divers programmes jusqu'au début des années trente.
Son répertoire ? - Celui d'une chanteuse populaire de l'époque : "C'est une chemise rose" (Lucien et Jean Boyer), "En douce" (Jacques-Charles - Albert Willemetz / Maurice Yvain), "J'ai rêvé d'une fleur" (René Sarvil / Vincent Scotto), "Chiquita" (I. Wolfe Gilbert - Robert Valaire / Mabel Wayne), "L'âme des roses" (Suzanne Quentin / René de Buxeuil), "Maman est une étoile" (Bénech / Dumont), "[Ma] Miette" (J. Rodor / Vincent Scotto), "Ma tête" [Du répertoire d'Yvette Guilbert] (Gaston Secretan), "On m'suit" (Mistinguett - Léo Lelièvre, fils / Fred Pearly et Pierre Chagnon), "Parlez-moi d'amour" (J. Lenoir), "Quand le franc vaudra vingt sous" (Léo Lelièvre, fils / Jean Boyer), "Quand refleuriront les lilas blancs" (George Auriol / Désiré Dihau)... Elle crée "Les Roses Blanches" en 1926 que Berthe Sylva enregistrera en 1937 et fera pleurer dans les chaumières.
On trouvera également, sur YouTube, "Nuits de Chine" (Louis Bénech et Ernest Dumont), un Gramophone de 1922 (n° K2120)
Berthe Delny est décédée à Paris le 8 février 1963 à l'âge de 87 ans.
La mort en dentelles
(À mon ami d'Esparbès)
I
Madame de Méryan va mourir. Désirant
Entrer au Purgatoire en digne et noble allure,
Elle a fait crêpeler au front sa chevelure.
Des engageantes en dentelle à triple rang
Sortent ses frêles bras d'un laiteux transparent.
Un couple de ramiers s'ébat sur la moulure
Du grand lit clair où l'or brode sa ciselure...
Elle oppose au trépas le dédain conquérant
De ceux qui savent bien lui ravir quelque chose;
Car, hautain, son regard fixe au mur le pastel
Où Liotard le Turc a su rendre immortel
Le bonheur de sa lèvre immuablement rose...
Dans un hoquet discret, madame de Méryan
Sourit à son sourire, et meurt en souriant.
II
Madame de Méryan est morte. Ce n'est plus
Qu'un cadavre fluet que le froid violace.
L'abbé Griseul (il fut beau comme Lovelace)
Marmonne au pied du lit des rythmes superflus.
Ils se sont adorés à quinze ans révolus;
Ensemble on les surprit, lui timide, elle lasse,
Ce qui divertit fort parmi la populace
Filles de cabarets et bourgeois goguelus.
Ce souvenir, qu'il veut rejeter en arrière.
Trouble perversement l'abbé dans sa prière.
Sur le pastel il voit les lèvres de jadis;
Il baisse le regard sous l'éclair des prunelles,
Et, craignant pour tous deux les flammes éternelles,
Mêle un Confiteor à son De Profundis
III
Madame de Méryan repose en paix. Sa tombe
Se dresse au fond du parc, proche le boulingrin.
Quatre saules, courbant leur vieux torse chagrin,
S'inclinent, courtisans pleureurs, quand le soir tombe.
La tour du colombier domine, où la colombe
Et le ramier s'en vont se gaver de bon grain.
Du village lointain, la chanson d'un crincrin
Soupire, et rit, et crie, et nasille, et succombe.
Vêtu d'ombre, pensif, monsieur l'abbé Griseul
Auprès du monument vient s'agenouiller seul.
"La marquise, ayant fait son sourire à saint Pierre,
Est au ciel !..." se dit-il. Mais soudain il pâlit :
Lui rappelant les deux colombes du grand lit,
L'oiseau du Saint-Esprit est sculpté dans la pierre !
Delorme, Hugues
Voici ce que Léon de Bercy (Montmartre et ses chansons, Paris 1902) raconte de ce chansonnier, humoriste, comédien, dramaturge et journaliste, surnommé "La voltige", né Georges François-Thiebost et qui fut auteur, entre autres, des couplets de l'opérette Le temps d'aimer d'Henri Duvernois et Pierre Wolff dont la musique fut écrite par Reynaldo Hahn.
Hugues Delorme est décédé en 1942.
Très pur et très sincère poète ; versificateur impeccable et charmant ; tendre, galant et talon rouge dans ses madrigaux ; passionné et sensuel jusqu'à la licence en ses odes badines ; satirique, frondeur et finement irrévérencieux dans ses épigrammes, Hugues Delorme s'exprime en une langue riche et châtiée ; et son verbe conserve jalousement l'élégance parfaite, l'aisance et le grand air avec quoi les impertinents de bon ton savent dorer les pilules, qu'on avale le sourire sur les lèvres.
Hugues Delorme est né à Avize, dans le département de la Marne (52). Voici en un quatrain son autobiographie :
"Je naquis vers l'an mil huit cent soixante-neuf.
Je ne suis employé dans aucun ministère.
Mon vers est sans pudeur ; ma vie est sans, mystère;
En mon torse éprouvé palpite un cœur tout neuf."
Mais le lecteur ne se contentera sans doute pas de ce sobre et laconique portrait, esquissé que, pour sa satisfaction, – et pour la mienne, – j'essaierai de compléter en la "poussant" aussi loin que possible.
Hugues Delorme se défend d'être chansonnier; et cela pour deux raisons : il ignore la musique et il chante faux. Mais s'il ne chante pas, on le chante; et je connais de lui quantité de couplets pleins de verve mordante et gracieuse dont les rimes ont fleuri tels vaudevilles et revues.
Après une assez longue résidence à Rouen en qualité de journaliste, Delorme vint s'installer à Paris, où Bertrand Millanvoye – qui s'y entend en poètes – se l'attacha comme pensionnaire. Cinq années consécutives (1896-1900), le public du Carillonet de la Roulotte lui fit fête, applaudissant alternativement et parfois simultanément le poète, l'auteur dramatique et l'acte ; car Delorme réunit ces trois talents qu'il exerce avec une égale maestria. C'est lui qui créa le rôle du président dans Un Client sérieux, la désopilante comédie de Georges Courteline ; dans ses propres pièces, il interpréta le vieux faune de La Lisière d'un Square (un acte en vers), reprit le pierrot de son Pierrot financier (un, acte en vers, représenté pour la première fois sur le Théâtre Français, de Rouen, le 21 février 1891; Em. Dehayes, édit. à Rouen.), composa dans sa revue Ligues, Ligues, Ligues !, un matamore et grandiloquent cadet de Gascogne du plus réjouissant aspect, et joua également le Spamanto, de sa Marchande de Pommes.
Outre les pièces ci-dessus citées, il a écrit pour le théâtre un nombre considérable de prologues, de parades, de boniments, d'à-propos en vers, de vaudevilles, et de revues pour le Carillon, le Grand-Guignol, le Tréteau-de-Tabarin, le Théâtre Français de Rouen, l'Alcazar, les Ambassadeurs, l'Eldorado, la Scala, la Bodinière, les Capucines, les Mathurins. Je mentionnerai, entre autres, La Mort d'Orphée, légende en un acte en vers éditée chez Schneider, à Rouen ; Le Coup de Minuit et Chez l'Habitant, en collaboration avec Gally, répertoire de Polin, Flammarion, édit. ; Encore une Erreur judiciaire, un acte en vers ; Fort Chaptal, revue montmartroise en un acte, etc., etc..
Delorme a fait en province et à l'étranger des tournées avec l'imprésario Baret.... Il s'est un jour improvisé conférencier et a très brillamment présenté au Grand-Guignol et à la Bodinière le merveilleux mime Séverin et le prestigieux poète-chansonnier Xavier Privas... Il a publié des vers et des fantaisies en prose dans L'Illustration, Le Sourire, Le Cocorico, Le Supplément, Le Gavroche, Les Quat'-z-Arts, et plus spécialement dans Le Courrier Français. Si ma mémoire est jumelé, un numéro de ce journal fut un jour saisi pour avoir inséré un sonnet érotique que notre poète avait intitulé Les Aisselles et dont le fin libertinage avait eu le don d'effaroucher la pudeur d'un certain sénateur trop connu. Ce sonnet – que je n'ose reproduire dans la crainte de voir saisir à son tour le présent ouvrage - était conçu dans la note de ce petit poème qui est du même auteur :
Passionément
Alternant avec soin nos savantes caresses,
Nous nous sommes aimés cette nuit longuement;
Mes baisers ayant su réveiller tes paresses,
Les hésitations n'ont duré qu'un moment.
Ta franchise a vaincu l'épouvantable doute;
Je t'aime, tu le sais; je sais que tu me veux.
Pour la première fois tu t'abandonnas toute;
Puis j'ai rêvé de toi dans l'or de tes cheveux.
J'ai mis de longs baisers sur ta gorge qui tremble.
Enfin je puis chanter la gloire de tes seins,
Dont les sommets fleuris riment si bien ensemble,
Et ta hanche robuste et souple aux purs dessins.
Ma lèvre triomphante eut droit de s'attarder
Aux intimes recoins où la pudeur se cache,
— Je ne fumerai pas aujourd'hui, pour garder
Le parfum de ta chair qui fleure en ma moustache.
Les amis d'Hugues Delorme attendent avec impatience qu'il réunisse en volumes les poésies qu'il a semées un peu partout. Et je suis de ceux-là ! En dehors des pièces dont j'ai plus haut indiqué les éditeurs, je ne sais de lui en librairie que Quais et Trottoirs avec lithographies de Heidbrinck, un volume imprimé par les Cent Bibliophiles en 1898, et quelques chansons et romances, Les Chansons en l'air, mises en musique par V. Charmettes et éditées par A. Bosc. Je dois dire pourtant qu'on parle de la prochaine apparition d'un volume de vers : Le Poing sur la Hanche, d'un recueil de contes en prose : De la Flûte au Tambour, et d'une série de silhouettes contemporaines : De Viris Illustribus, trois livres qui seront, j'en ai la certitude, un régal pour les curieuses et pour les dilettanti. La place me manque pour donner ici des extraits de toutes ces œuvres. Toutefois, après avoir dit – à l'intention de ceux qui ne le connaissent point – qu'Hugues Delorme mesure plus d'un mètre quatre-vingts, qu'il a de longues jambes, de longs bras, un long buste, un long cou, un menton long, un front long qu'allonge encore une calvitie avançant à longs pas, un regard long qui longtemps s'attarde à la contemplation des charmes des jolies Parisiennes; quand j'aurai rapporté que les crocs de sa moustache en fourche crèvent les yeux de ses interlocuteurs; que son abord est souriant, sa poignée de main franche et son amitié solide, je me ferai un plaisir de déployer sous les yeux du lecteur ce délicieux triptyque Louis XV :
< voir encadré ci-contre
Je dois mentionner, pour finir, que Delorme écrivit, sur des ombres en couleurs du très talentueux dessinateur Charles Huart, une satire en vers : Soirs de Province, dont je fus le récitant à la Maison du Rire, où ombres et poème obtinrent un éclatant succès. Le public sera désormais privé de cet exquis spectacle, un châtelain de province en ayant fait l'acquisition dès la fermeture de l'Exposition de 1900.
Lucien Delormel, [*] d'abord chansonnier, est né et est mort à Paris (1847-1899). Il est l'auteur de cinq à six mille chansons, d'une cinquantaine de pièces en un acte, d'autant de revues et d'une dizaine d'opérettes. Avec
Villemer, le compositeur (également parolier), il a écrit "Le maître d'école alsacien" et "Une tombe dans les blés" (créés par
Amiati) et avec Léon Garnier[**] presque tous les grands succès de Paulus dont les deux cités ci-dessus.
Dans "La chanson sous la IIIe république", Serge Dillaz. écrit ceci au sujet de Delormel :
Auteur (1847-1899). Collabora souvent avec son acolyte Villemer, notamment dans la production patriotique de l'après 70. Tâcheron infatigable du répertoire de cafconc', il est aussi l'auteur de nombreuses œuvrettes créées par Paulus.
Jules Delphin Sirvaux dit le nain Delphin est né aux Fessey (70 - Haute-Saône) le 12 octobre 1882. Au pays, convaincu par Guguste , un de ses pairs nain qui a un peu réussi, il "monte" ? Paris. L'Exposition universelle de 1900 lui donne l'occasion de s'exhiber sur scène, puis dans des cabarets. Poésie et chant sont ses passions, il sera l'ami de Xavier Privas, Marcel Legay, Numa Blès. Il passe au théâtre, puis au cinéma. Il réside Boulevard de Clichy dans des meubles à sa taille avec son ami le nain Auguste Tuaillon jusqu'à la mort de ce dernier en 1907. Il se suicidera par asphyxie au gaz, le 6 mai 1938.
Auteur né à Paris en 1846. Commence par rimailler dans diverses brochures poétiques puis s'engage dans les zouaves. Il participe à la répression de la Commune puis fait paraître en 1872 ses Chants du soldat qui obtiennent aussitôt un immense retentissement auprès d'un large public sensibilisé par l'idée de revanche. Dix ans après, il fonde la Ligue des patriotes puis devient député de la droite boulangiste. En 1899, on le retrouve à la tête d'un coup d'?tat avorté qui l'oblige à s'exiler. II meurt en 1914 sans voir la réalisation de son rêve.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Louis Charles Erhard de Sivry, dit Sivroche, né le 15 novembre 1848 à Paris, 1er et décédé à Paris, 18e, le 15 janvier 1900.
Voici ce que Léon de Bercy (Montmartre et ses chansons, Paris 1902) nous dit de ce chef d'orchestre et compositeur :
Aussi modeste et simple qu'il était sincère et bon, notre regretté ami Charles de Sivry présentait un aspect humble et réservé. Tout en lui était petit: sa taille, ses membres, ses extrémités, sa voix ; tout, sauf les yeux, la moustache et le talent. Dans des mémoires qu'il intitulait Souvenirs sans regrets et dont la publication dans les Quat'-z-Arts est demeurée inachevée, il raconte ainsi comment il fit la connaissance de Paul Verlaine :
"On se réunissait, en ces temps-là, tous les dimanches ?. l'atelier-salon de la bonne statuaire, Mme Léon Bertaux. Des vers, de la musique et de fructueuses causeries.
"Cette année-là, elle annonça à tous ses fidèles amis que son dimanche d'adieux serait ? quinzaine.
"Nous nous concert?mes donc entre tous les familiers de l'hospitalière maison pour donner ? cette soirée d'adieux un éclat particulier. Les musiciens préparèrent leurs plus brillants soli ; les poètes, leurs vers les plus inédits, et moi, je décidai qu'un orchestre recruté parmi mes camarades bonae voluntatis ferait danser tout le monde avant souper.
"L'idée de ce tapage musical enthousiasma Edmond Lepelletier, un des fervents des dimanches, tout frais émoulu de l'École de droit.
"? Alors, me dit-il, si tu as un orchestre, nous allons faire une opérette.
"? Voil?. Deux personnages. Je la jouerai avec un de mes amis.
"? C'est fait "? Tu connais ma voix. N'écris pas quelque chose de trop difficile pour moi. L'autre, tu ne le connais pas : c'est un poète qui a une très jolie voix de ténor ; tu peux lui confier les côtés lyriques. Ma sœur s'occupera de lui faire étudier son rôle : envoie vite la partition, tu auras le livret demain.
"Le lendemain, je re?us le livret. Cela était intitulé : Le Banquiste, parade ? deux personnages, et la pièce se terminait par une chanson : Le Rhinocéros en mal d'enfant, ou Le Naturaliste dans l'embarras.
"Un matin, Mme Bertaux fut fort étonnée de voir s'arrêter devant la grille de son hôtel une voiture bras contenant des instruments.
"Un homme entra, silencieux, chargé de cymbales, de tambours de basque, de triangles, et d'une majestueuse contrebasse.
"Et puis il s'en alla, toujours aphone, laissant ma carte.
"Le soir, on répétait généralement, et je vis enfin le ténor promis par Lepelletier.
"Hirsute et farouche, avec des yeux de japonais exilé, le ténor s'avan?a sur les tréteaux de la scène improvisée. Un mac-farlane, un cache-nez ? carreaux blancs et noirs, un chapeau mou, tel était son costume.
"? Voil? mon ami, dit Lepelletier ; il sera le tien dans dix minutes. II s'appelle Paul Verlaine."
La publication de ces mémoires faillit attirer ? leur auteur une affaire avec le capitaine Ducrot ? propos d'une appréciation portée sur la conduite du général du même nom pendant le siège de Paris.
Charles de Sivry arrangea les choses en publiant, quelques jours après, la note suivante :
"Des amis communs m'ayant rapporté que le capitaine Ducrot, neveu du général Ducrot, s'était ému d'une phrase écrite sur un ton de badinage dans un de mes feuilletons, je lui ai écrit spontanément :
"Capitaine, vous avez pour la mémoire du général Ducrot des sentiments de piété filiale. Je les ai froissés involontairement. Je le regrette. Et pour vous le mieux prouver, je supprimerai de mes mémoires, lorsqu'ils para?tront en volume, ce malencontreux passage."
Sivry débuta comme chef d'orchestre du bal Robert; ? l'Exposition de 1867, il dirigea une troupe de musiciens hongrois ? la brasserie Fanta. Après une série d'avatars, dont l'énumération ici serait trop longue, il entra aux Délassements-Comiques ; conduisit plusieurs orchestres, entre autres celui de la Nouvelle-Bastille en 1889, et celui de la Vieille-Amérique en 1890 ; entra au Chat-Noir ? la place devenue vacante par le décès d'Albert Tinchant ; fit de nombreuses tournées avec Salis, plus tard avec Théodore Botrel, dont il était l'accompagnateur attitré, et tint
le piano-orgue aux soirées des Quat'-z-Arts, o? il resta jusqu'au jour o? la maladie le for?a ? s'aliter.
Charles de Sivry a composé la musique de plusieurs pièces : Istar, Rédemption, le Cœur de Sita, Agamemnon; d'un ballet, l'Absinthe, joué pendant quatre mois aux Folies-Bergère de Rouen ; fait la mélodie de Roland, pièce d'ombres de Georges d'Esparbès, jouée au Chat-Noir ; donné aux fêtes du Palais de l'Industrie la Légende d'Hiram, et collaboré avec presque tous les poètes-chansonniers de Montmartre pour la musique.
De Sivry est mort ? la fin de 1899, ? l'âge de cinquante et un ans, emportant les regrets sincères de tous ceux qui l'avaient approché.
Ajoutons ce que dit Serge Dillaz dans "La chanson sous la IIIe république" :
Compositeur (1848-1899). Fut le pianiste-accompagnateur du Chat-Noir et des Quat'-z-Art, a collaboré avec de nombreux chansonniers. Harmonisa notamment de vieilles chansons de France pour Yvette Guilbert. Il était le beau-frère de Paul Verlaine,mari de sa demi-sœur Mathilde.
il devient l'accompagnateur attitré de Théodore et Léna Botrel dans un grand vagabondage musical à travers la France et la Belgique, au bénéfice de nombreuses œuvres caritatives.
Des Saules, Henri
Henri Buathier prit ce pseudonyme du nom d'une des pittoresques petites rues du vieux Montmartre, qu'il a célébrée en des vers sans prétention que je retrouve dans Montmartre Artiste, feuille éphémère fondée par Paul Daubry. Il produisit pendant quelque temps comme amateur ? il était alors représentant en vins et alcools ? au sous-sol de l'Auberge-du-Clou, à l'Ane-Rouge et dans divers autres caveaux. En 1897, il demanda à Salis la permission de soumettre ses élucubrations au public du Chat Noir,. Sa demande fut agréée ; et Salis accordait de temps en temps un cachet de cinq francs au poète, qu'il annonçait aux spectateurs de la façon suivante : "Et maintenant, messeigneurs, vous allez entendre notre bon camarade Henri des Saules, le dernier génie sorti du flanc de la Butte-Sacrée, lequel est également l'arbitre de toutes les élégances." Et l'entrée de Buathier faisait sensation. Sa mise sans recherche et d'aspect villageois, son nez qu'avaient à la longue coloré les fréquentes dégustations, sa démarche lourde et timide et sa mine de chien battu provoquaient l'hilarité ; et il amusait le public avec Les Vieux boulevards, l'intéressait avec Les Vieilles Eglises, Les Vieilles Maisons, et le stupéfiait avec
LES MARCHANDS D'OLIVES
Dans Montmartre, terre bénie,
Que Dieu, dans sa grâce infinie,
Sema de délic's et d'amour,
On voit, à la chute du jour,
Deux fantôm's au visage dur
Qui se suivent le long des murs,
Murmurant d'une voix plaintive :
"Voulez-vous manger des olives ?"
Y en a un qu'est gras, l'autr' qu'est maigre.
Ils vont tous deux d'un pas allègre,
Juifs-Errants du pavé en bois.
On les voit partout à la fois ;
Boulv'ard de Clichy, ru' Laval,
En plaine, en amont, en aval,
Murmurant d'une voix plaintive :
"Voulez-vous manger des olives ?"
Aux Quat'-z-Arts, au Coq-d'Or, ? ce bouge ?
A Fontaine, au céleste An'-Rouge,
Chez Lisbonne et ses suav's Pip'lets,
A la Cigal' pleine d'attraits,
Au Chat-Noir, ?pâ l' contrefaçon
De ces excellentes maisons ?
On entend la môm' voix plaintive :
"Voulez-vous manger des olives ?"
C'est un cauch'mar, un' maladie !
Y a d' quoi avoir des insomnies ;
Les marchands d'olives, toujours !
J'en rêve la nuit et le jour.
L'autr' fois, j'en suis tout ébaubi,
J' réveill' ma maîtress' dans la nuit,
Et j'lui murmur' d'un' voix plaintive :
"Dis, veux-tu manger des olives ? "
Victime de la suppression des octrois et de la mévente des vins, Henri des Saules dut abandonner la représentation. La gêne s'ensuivit ; la maladie survint, et le pauvre se vit forcé de se faire traiter à l'hôpital, où il est demeuré... en qualité d'infirmier.
Source : Léon de Bercy dans Montmartre et ses chansons, Paris 1902.
Desormes, Louis-César
Compositeur et chef d'orchestre né Louis César Marchione, à Berlin, 15 decembre 1840 et décédé à Paris, 19 septembre 1898 [*].
Il est l'auteur entre autres, d'une Sérénade pour mandolines et d'un Ballet espagnol.
Il composa d'abord des romances puis se tourna vers la danse (ballet) et l'opérette.
De Léon de Bercy (Montmartre et ses chansons, Paris 1902) :
Chansonnier, Louis-Etienne Durafour, dit Fernand Dhervyl, est né à Lyon le 19 novembre 1875. C'est à l'instigation de son compatriote Xavier Privas qu'il quitta la morne cité "Lyon-sous-Brumes" - où il cumulait les fonctions de rédacteur en chef d'un microscopique canard, de placier en quincaillerie et de chansonnier amateur - et qu'il débarqua, un beau matin d'automne de 1897, à Montmartre, qu'il n'a plus quitté depuis.
De taille assez levée, le corps et les membres minces, Dhervyl a la démarche un peu hésitante; cela tient à sa myopie extrême qui l'empêche de reconnaître à un mètre son plus intime ami. D'humeur égale et douce, il rit lui même de cette infirmité et dit que "s'il porte un lorgnon teinté, c'est pour voir les choses de la vie sous des couleurs plus gaies". Il ne sait de quand date sa première chanson. Ses livres de classe, ses cahiers d'écolier et, plus tard, ses carnets de représentant de commerce, hospitalisèrent au hasard de l'élucubration de multiples fantaisies rimées : odes, ballades, couplets, etc., dont grand nombre demeurèrent inachevés.
Dhervyl traite ordinairement l'actualité politique et sa manière procède de Ferny et de Bonnaud, aux succès de qui il atteindrait certainement, n'était sa myopie, qui lui donne l'aspect d'un timide.
Dans une prochaine étude consacrée spécialement à la chanson politique en France, j'analyserai plus complètement l'œuvre de Dhervyl, me contentant pour aujourd'hui de la citation de ce monologue :
La dernière étape du juif errant
Le Juif Errant, poursuivant à travers le monde,
Sans trêve, ni repos, sa course vagabonde,
Marche éternellement, sans espoir de secours :
Sans cycle, ni teuf-teuf, il chemine toujours
Pedibus cum jambis, comme disait Virgile.
Il va droit devant lui, traînant de ville en ville
Ses croquenots usés déjà depuis longtemps,
Avec cinq sous en poche et la bouffarde aux dents.
Or, certain jour, – c'était la semaine dernière, —
Isaac Laquedem, fourbu, blanc de poussière,
S'égara dans un lieu jusqu'alors ignoré
Où nul homme avant lui n'avait dû pénétrer.
Pourtant, c'était une de ces cités magiques
Faite d'arbres touffus, de palais magnifiques,
De jardins embaumés, de riches monuments...
Mais le tout dans le pire des isolements :
Pas un être vivant, contre toute habitude
Pas un homme; c'était la morne solitude;
Un silence de mort sur toutes ces splendeurs
Avait semé l'effroi...
Le plus vieux des marcheurs,
Devant cet abandon et cette horreur muette,
Sentit ses cheveux blancs se dresser sur sa tête
Et recula.
"Dieu de Reinach et d'Ephrussi !
Où suis-je ? gémit-il. – Que viens-je foutre ici ?
Ah ! certes, j'en ai vu, durant mes longs voyages,
De grandes cités, de minuscules villages...
J'ai vu de près la mort, j'ai connu le danger;
Cent fois l'anthropophage a failli me manger
Lorsque je me perdais dans les pampes fertiles;
Et le civilisé de maintes belles villes,
En apercevant mon nez crochu de youpin,
Pour me casser la gueule a brandi son gourdin !
J'ai bravé les lions, les fauves des tropiques;
J'ai traversé sans peur les meetings politiques;
J'ai vu les grands déserts, les Saharas sans nom;
Les steppes glacés, la salle de l'Odéon ;
Tous les lieux désolés où nul ne s'aventure,
Je les ai parcourus bravement, je le jure !...
Mais aujourd'hui, devant un tel isolement,
J'ai le trac, je l'avoue !... Où suis-je, Dieu clément ?"
Et le bon Dieu, qui n'est au fond pas mauvais diable,
Fut touché, puis, daignant se montrer pitoyable,
De son doigt de Providence il lui désigna
Un petit écriteau qui se trouvait par là,
Et sur lequel le Juif Errant lut sa déveine
En ces lugubres mots :
"ANNEXE DE VINCENNES"
[Il s'agit ici de l'annexe de l'Exposition de 1900.]
Je retiens, parmi les titres des chansons que créa Dhervyl aux apéritifs du Champ-de-Foire, à l'Alouette, au Conservatoire de Montmartre et aux Quat'-z-Arts, – où il est actuellement : - "Le Mandat-Poste", "Imprécations contre la perfide Albion" [Labbé, édit.], "La Méprise de M. Drumont", "Les Réformes de l'Enseignement", "Les Opinions de ma Concierge", "Les Travaux de l'Amiral", et la très fine satire sur "Les Décorations".
Dans "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillazécrit :
Auteur, interprète (1875-1918). De son vrai nom ?tienne Durafour. Quitte vers 1899 son Lyon natal pour Paris sur les conseils de son concitoyen Xavier Privas. Il débute aux Quat'-z-Arts. Chansonnier de faible renommée, il utilisa ses dons naturels en servant souvent de nègre à des collègues peu scrupuleux.
Dihau, Désiré
Compositeur né à Lille en 1833, décédé à Paris en 1909. Après des études musicales aux Conservatoires de Lille et de Paris, il compose la musique de nombreuses chansons interprétées par ses amis chansonniers du Chat-Noir.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Dillaz, Serge
Archiviste à la ville de Lille (jusqu,en 2005), journaliste, écrivain né en juin 1945, spécialiste de la chanson française, auteur entre autres de La chanson sous la IIIe République (1870-1940) parue chez Jules Tallandier en 1991 et d'un livre sur l'histoire de "l'Internationale" (Université Nouvelle, 1985).
Dolas, Henri
Auteur et compositeur né à Saint-Servan en 1879. Se consacre très tôt à la propagande du mouvement du Sillon. Son ?uvre chansonnière reflète ses idées sociales.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Dollinet
De Léon de Bercy (Montmartre et ses chansons, Paris 1902) :
Lucien Percier, dit Dollinet, est né à Paris, en 1873. Ce n'est qu'en 1897, aux Soirées Procope ? o? il apportait son talent de flûtiste pour l'exécution de musique ancienne reconstituée par le compositeur Alcib Mario ? qu'il fut attiré spécialement vers la chanson.
Pour rompre la sévérité de soirées composées exclusivement de mélodies, il eut l'idée d'interpréter quelques chansons villageoises et populaires des XVe et XVIe siècles ; sa face réjouie et sa gaieté communicative s'y prêtaient à merveille. Encourager le succès, il composa (paroles et musique) une série de chansons réunies dans un recueil ayant pour titre : Le Bon Vieux Temps. On y trouve : La
Chanson du Ménétrier, La Bonne Morale, Fêtes naïves, Les plus Fidèles, Musette, etc.
Il dirigea les Soirées Procope en compagnie de son ami Paul Weil, avec lequel il composa plusieurs duos comiques : Deux Natures, La Bonne Morale, édités chez Ondet ; Les Pêcheurs, chez Gillot, etc.
Il fut engagé en 1898 au Cabaret des Noctambules, au Quartier-Latin, et, l'année suivante, à Montmartre, o? on l'entendit à l'Ane-Rouge, au Conservatoire de Montmartre, l'Alouette et, pendant la saison 1900 1901, au Tréteau-de-Tabarin.
Son passage à Montmartre lui fit côtoyer la chanson "rosse"avec ses Chansons railleuses : Costume parfait, Doux Ménage, Photographe, Le Dentiste, etc., etc., qu'il interprète en ce moment au Cabaret du Grillon.
Les chansons de Dollinet sont simples vives et prestes, sans prétention et sans grossièreté. Jugez plutôt :
LE DENTISTE
L'autre jour, chez le dentiste,
Je vais pour le consulter :
Une dent (j'en étais triste)
Commençait à se gâ ter.
Il y avait cinquant' personnes ;
Justement c'était son jour.
Au bout de deux heur's, on sonne
Et l'on m' dit : "C'est à votr' tour."
Le dentiste prend un' glace
Et regarde attentiv'ment.
Il dit : "J'aperçois la place,
"
Je vais soigner votre dent."
Il y place un tampon d'ouate
Et dit : "Faudra revenir."
J'étais content, je m'en flatte,
Qu'il ne m'ait pas fait souffrir.
Huit jours après, j' réitère.
Le dentist' me fait asseoir
Et, tout comm' la fois dernière,
Sur ma dent braqu' son miroir.
Il chang' le p'tit tampon d'ouate
Et dit : "Faudra revenir. "
J'étais heureux, je m'en flatte,
Qu'il ne m'ait pas fait souffrir.
Huit jours après, j' réitère.
Le dentiste était joyeux.
Il me dit : "La chose est claire,
"Votre dent va beaucoup mieux."
Il chang' le p'tit tampon d'ouate
Et dit : "Faudra revenir."
J'étais content, je m'en flatte,
Qu'il ne m'ait pas fait souffrir.
Huit jours après, j' réitère.
Le dentiste, en me r'gardant,
Avait un air si sévère,
Que je m'approche en tremblant.
Il chang' le p'tit tampon d'ouate
Et dit : "Faudra revenir."
J'étais content, je m'en flatte.
Qu'il ne m'ait pas fait souffrir.
Huit jours après, j' réitère.
Le dentiste était pressé.
Il dit : "Je m'en vais vous faire
Tout comme mardi passé.
Il chang' le p'tit tampon d'ouate
Et dit : "Faudra revenir."
J'étais content, je m'en flatte,
Qu'il ne m'ait pas fait souffrir.
Pendant six mois, je m' conforme
A suivr' ce petit trait'ment.
Auprès d'un client j' m'informe
Si, lui, venait d'puis des ans.
Il me dit :
"Nous somm' cinquante
"Qui venons tous les huit jours,
"Et quand un nouveau s' présente,
"Nous le revoyons toujours.
"Heureus'ment qu' pour nous distraire,
"Il en meurt un d' temps en temps.
"Le dentiste les laiss' faire ;
"Lui, ne soigne que les dents.
"Il plac' des p'tits tampons d'ouate
"Et dit : "Faudra revenir. "
"Content, on part à la hâ te,
"Car on aurait pu souffrir.
"Et c'est pour ça qu'à la ronde
On dit qu' pour les conserver,
Il n'est qu'un moyen au monde,
C'est d'aller s' les fair' plomber
Dominus
Auteur et interprète né en 1870. De son vrai nom Jules Alla. On put l'applaudir dans différents cabarets, ?ne rouge, Quat'-z-Arts,Noctambules, Chaumière...
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Donnay, Maurice
Auteur (Paris 1859-1945). Ingénieur, auteur dramatique, chansonnier puis académicien (1907). Fut un habitué du Chat-Noir.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Dor, Christiane
Elle est née Blanche Marguerite Sauty à Arras (Pas de Calais - 62) le 7 mars 1892 pour débuter dans la chanson vers 1918-1919 et passer presque immédiatement à la comédie musicale. En 1922, elle est de la création de Ta bouche ; en 1924, de Troublez-moi ; en 1926, de J'aime ; en 1930 de Six filles à marier... Pour se retirer de la scène vers 1935 et se consacrer entièrement au cinéma où, entre 1930 jusqu'à 1939, elle joua des seconds rôles dans pas moins d'une vingtaine de films : Papa sans le savoir de Robert Wyler en 1932 (avec Noël-Noël et Pierre Brasseur), Poil de carotte de Julien Duvivier, la même année, Madame Bovary de Jean Renoir en 1933 (avec Valentine Tessier et Max Dearly), Mademoiselle Mozart d'Yvan Noé (avec Danielle Darrieux), Ciboulette de Claude Autant-Lara, en 1936 (avec Dranem dans le rôle du père Grenu), etc.
Christiane Dor est décédée à Paris le 14 mai 1939.
La voici dans "Mes p'tits chapeaux", une chanson tirée de l'opérette À la belle meunière de Georges Dolley avec Jean Nohain pour les paroles et Mireille pour la musique (1933) où elle joua le rôle de Dudule, opérette dans laquelle on pouvait entendre "Depuis que je suis à Paris" (Claude Dauphin) et "Vous avez déménagé mon cœur" (René Lestelly) qui devint, par la suite, un des grands succès de Jean Sablon.
Disque Ultraphone, n° AP 977. Note : Mireille a également endisqué une version de cette chanson. (Collection privée)
Dorgère, Arlette
interprète, comédienne et danseuse née le 8 juin 1880 à Paris, 8e, décédée le 20 juin 1965 à Monaco. De son vrai nom Anna Mathilde Irma Jouve. En 1904, elle menait la revue à la Scala. Passa de la revue au théâtre.
Arlette Dorgère dans son véhicule électrique à la fête des fleurs, le 4 juin 1904 au Bois de Boulogne.
Doria, Frédéric
Compositeur et interprète né en 1841. Ce "prince de la romance" composa quelques chansons ("La Chanson des blés d'or", "Les Peupliers") qui restèrent longtemps des archétypes. Il mourut ruiné et oublié en 1900.
Dowe, Madeleine
Interprète.
Paulus (Mémoires, chapitre 26 et chapitre 28) la dit gentille et gracieuse. Sémillante même et ajoute qu'elle savait dire finement la chansonnette .
Les autres informations que nous avons pu obtenir à son sujet disent qu'elle faisait partie de la troupe de l'Éden-Concert en 1890.
Sœur de Clara Dowe, la soprano anglaise (1883-1969) qui, en 1907 était des opérettes de Gilbert et Sullivan au Savoy Theatre de Londres.
Ducastel
Interprète né au Havre en 1846. De son vrai nom Gain. Représentant du genre gommeux, il se produit vers 1873 au Concert Européen après avoir parcouru la province au sein d'une troupe ambulante.
Source : "La chanson?sous la IIIe république" de Serge Dillaz.
Dufay, Marguerite
Chanteuse excentrique des années soixante-dix et quatre-vingt surtout connue pour l'affiche qu'en a fait, tenant un trombone, Louis Anquetin (1861-1932) pour le Concert de l'Horloge (à gauche).
Paulus, dans ses mémoires, chapitre 24, la décrit comme étant une "Roger-Bontemps", ronde au physique "comme au moral".
Un pastel en couleur, sur papier, de Marguerite Dufay, exécuté en 1891 par Anquetin, (ci-dessus) se trouve au Norton Simon Art Foundation à Pasadena, en Californie :
Peu de renseignements disponibles sur cette interprète dont l'embonpoint ressemble trop à ceux des chanteuses de son époque (vers 1870-1880).
Elle aurait d'abord (?) été une vedette au Château d'Eau (ex-XIXe Siècle) puis ensuite à l'
Alcazar du temps de Paulus et puis finalement à l'
Eden.
Duhem, Émile
Chanteur comique, toujours vêtu de noir, et compositeur dont les titres de gloire semblent être d'avoir su imiter la flûte à la perfection (on le surnommait "le sifflomane"), d'avoir créé "Le Bouton de Bilou", une inimaginable scie de Frédéric Deleau et de Antonin Louis, et d'avoir écrit la musique de "La noce des nez" (paroles de Léon Laroche) qu'a créée Jeanne Bloch à la
Scala en 1892.
Sa carrière (diverse) semble avoir été très longue :
Sallée et Chauveau (Music-hall et café-concert, Bordas, 1985) le placent à l'Eldorado avant 1870, à l'Alcazar d'Hiver entre 1871 et 1873, à l'Horloge avant 1880 et, finalement, en directeur artistique au Trianon de 1893 à 1896.
En 1903, il signe quelques chansons et monologues qu'endisque Charlus dont "Boit-sans-soif et Bec-salé" et "Les rouleaux de papier-peint".
On parle donc d'une quarantaine d'années. Paulus, qui écrit en 1906, parle de lui, quand même, au passé tout en soulignant qu'il a lancé pas mal de succès dans sa longue carrière (Mémoires,
chapitre 8). Espérons que ces succès aient été supérieurs à ce "Bouton de Bilou" :
J'suis Bilou, v'là mon histoire
Et celle de mon bouton.
C'lui d'un fantassin notoire
D'la garnison d'Charenton
Un jour devant une baraque
Que je r'gardais fair' des tours
Je me tordais comme un braque
D'entendr're leurs calembourgs
Mais ma culotte était mûre
L'bouton partit tout-à-coup...
Auriez-vous par aventure
Trouvé le bouton d'bilou
Trouvé l'bout-bout
Trouvé l't'on-ton.
Trouvé l'bouton d'bilou ?
Chadourne, quant à lui -
chapitre 6 - ne peut s'empêcher de citer cette autre scie qu'il juge idiote à souhait ajoutant que Duhem chantait en levant alternativement un bras et une jambe :
Titine est née à Grenelle,
Tant mieux pour elle !
Et Guguss' nez aplati,
Tant pis pour lui !
Titine aim' le vermicelle,
Tant mieux pour elle !
Guguss' le macaroni,
Tant pis pour lui !
Titine port' d' la flanelle,
Tant mieux pour elle !
Et Guguss' Port' Saint-Denis,
Tant pis pour lui !
On connaît peu de choses sur la carrière de cette diseuse née Jeanne Marie Claire Latrilhe le 14 juillet 1865 à Aire-sur-l'Adour (40 - Landes) en Nouvelle-Aquitaine sinon qu’elle a débuté comme comédienne avant de se tourner vers la chanson vers 1896-1897 à la Boîte-à-Musique avant de passer à la Boîte-à-Fursy puis au Théâtre des Capucines.
Son style, au départ assez grivois, se raprocha par la suite de celui d’Yvette Guilbert tout en créant des œuvres de plus en plus axés sur le féminisme qu’elle défendit par ses écrits, notamment dans son premier roman Le droit au plaisir (1908) dont l’héroïne est une épouse qui proclame son insatisfaction sexuelle. Ayant donné de multiples conférences sur les atrocités faites aux femmes durant la guerre, elle consacra le reste de sa vie à la Ligue des droits des femmes.
Voyons à présent ce qu'en dit Léon de Bercy dans Montmartre et ses chansons,
Paris 1902 :
Odette Dulac, qui avait antérieurement fait quatre années de théâtre, détaillait, avec un talent très délicat et une science très entendue, ces exquises polissonneries, soulignant malicieusement les sous-entendus de l'auteur et atténuant avec un tact parfait les situations trop risquées.
Aussi remporta-t-elle un succès justement mérité.
Alphonse Franck, alors secrétaire du Vaudeville, faisait à cette époque représenter à la Bo?te-à-MusiqueLa Loi de l'Ombre, revue en collaboration avec Armand de Caillavet ; il remarqua la gracieuse artiste et quand, plus tard, il prit la direction du Théâtre des Capucines, il s'empressa de lui offrir un engagement. C'est sur cette scène qu'Odette Dulac commença à se produire dans ses œuvres : Le Photographe Amateur, Le Français tel qu'on le parle, Leçon de tactique d'une Femme du Monde à un jeune Officier de Cuirassiers, fantaisies d'un élégant parisianisme écrites d'une plume légère, dans un langage clair et facile. Depuis, son bagage s'augmente chaque jour ; et nous avons applaudi déjà : Tout passe, tout casse, tout lasse, Les derniers Conseils, Féminisme, Les Chrysanthèmes, Conseils à une Femme honnête, La Vieille Marcheuse, Les Décorations et Chanson câline.
Je cite cette dernière :
Puisque ce soir j'ai l'âme triste,
Sois le voluptueux artiste
Dont la voix saurait apaiser
Mes pauvres nerfs brûlants de fièvre ;
Je veux la fra?cheur de ta lèvre,
Je veux ton plus savant baiser.
Ne dis pas de mots inutiles
Et laisse aux amoureux futiles
Les grands gestes et les serments.
Que ton étreinte soit farouche,
Mais que le rire de ta bouche
Découvre l'éclair de tes dents !
J'aime la caresse frôleuse ?
Si douce que j'en suis rêveuse
Et tremblante le lendemain !
Emprisonne mes seins rebelles ;
Allons, fais la guerre aux dentelles !
Je mourrai ga?ment de ta main.
Tu pars, m'ami, ta chair est lasse,
Ton bras plus mollement enlace.
Regarde-moi ! Non, pas d'adieux.
Dans tes prunelles, je m'irrite
De me trouver toute petite.
Je veux m'embrasser... sur tes yeux.
Après une triomphale tournée en France et à l'étranger, Odette Dulac est entrée tout dernièrement au Tréteau-de-Tabarin, o? elle vient de créer avec un égal bonheur Civilité puérile et honnête et Les M'as-tu-lu ? ses dernières productions.
Puisque aussi bien je me pique d'être documenté, je terminerai par une indiscrétion dont ma toute charmante camarade ne me gardera certainement pas rancune : elle est née dans la patrie d'Henri IV quelques jours avant la proclamation de la Troisième.
Odette Dulac est décédée à Barbizon (77 - Seine et Marne) le 3 novembre 1939.
Enregistrements
Plutôt rares :
Le catalogue des cylindres Pathé de 1904 cite 13 titres dont "Les petites bonnes d'hôtel" de Léon Xanrof, repiqué dans la série Anthologie dela chanson française (enregistrée) chez EPM sous le titre générique de L'esprit montmartrois de même que "Le temps des cerises"(paroles de Jean-Baptiste Clément, musique d'Antoine Renard) qui semble n’avoir jamais été repris.
Voici cet enregistrement.
Notes : La photo de l'affiche ci-contre à gauche(de Leonetto Cappiello) est en provenance de la Library of Congress (Washington). Les photos de Madame Dulac sont de Reutlinger.
Dumestre, Gaston
Né le 12 mai 1875 à Tarbes (65 - Hautes-Pyrénées) et décédé le 10 août 1949 à Nice ( 06 - Alpes-Maritimes). Il fut, tour à tour, coureur cycliste, chauffeur de camion, conférencier, marchand de vins de Champagne avant de se fixer sur le cabaret et de se faire engagé comme chansonnier par Rodolphe Salis en 1893.
Selon "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz :
Auteur, compositeur et interprète (1875-1948). Cet habitué du Chat-Noir fonda les Soirées de la Plume et le Cabaret de la Veine.
Dupont, Pierre
Chansonnier et poète né le 23 avril 1821 à Lyon et décédé le 25 juillet 1870 dans sa ville natale.
Il est l'auteur-compositeur de "Les bœufs" (1845), du "Chant des ouvriers"(1846), de "Les sapins" (même année), des paroles du "Chant du pain" que
Darcier mit en musique (1847), du "Chant des nations" (même année) et du "Chant des paysans" (1849), des chansons dont les titres résument exactement les buts et les thèmes traités.
Ses airs furent copiés après 1871 : "Le Chant des paysans" devint "La semaine sanglante" (paroles de Jean Baptiste Clément), etc.
"Le Chant des ouvriers" devint "Ce que nous chantions en prison" (paroles de Clovis Hugues)... et surtout l'hymne des Chasseurs à pied, [*] après l'héroïque et terrible bataille de septembre 1845, "La Sidi-Brahim" (voir le cartouche de la partition).
"Artistes, savants, ouvriers, paysans ! un homme de ce temps-ci vient d'en faire l'aveu, la politique n'a pas de cœur. Il faut rompre avec ses traditions menteuses, et inaugurer dans le monde, par le travail, la science et l'amour le règne de la vérité."
Pierre Dupont, 20 juillet 1851
Dupuis, José
Comédien-chanteur né, Joseph Lambert, à Liège (Belgique) le 18 mars 1833, mort à Nogent-sur-Marne (75 - Seine, aujourd'hui 94 - Val-de-Marne) le 9 mai1900.
Il débuta au Théâtre de' Liège, et vint à Paris en 1851 à Bobino. Théâtre du Luxembourg en 1854. Se joignit ensuite à Hervé aux Folies-Nouvelles (avec, pour partenaire, Anna Judic), puis passa, en 1861, au Théâtre des Variétés où il créa les œuvres les plus célèbres d'Offenbach dont : le Belle Hélène, Barbe-Bleu et, avec Hortense Schneider, La grande duchesse de Gerolstein, etc.
Durocher, Léon
Auteur né en 1862 à Pontivy dans le Morbihan, décédé en 1918 à Paris. De son vrai nom Léon Duringer. Professeur, il fréquentait assid?ment le Chat Noir, mais en tant que... pensionnaire. Chansonnier régionaliste, il fonda l'Association des Bretons de Paris.
Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.