Georges Thill

hanteur populaire ? Non, pas vraiment malgré que ses rôles dans Chansons de Paris de Jacques Baroncelli aux côtés d'Armand Bernard et de Louis de Mornand et Aux portes de Paris de Charles Barrois aux côtés des deux mêmes et de Gaby Morlay (les deux tournés en 1934) soulignent bien qu'il n'entendait pas précisément se limiter à l'opéra. La preuve est qu'à son répertoire on retrouve des titres comme "Des yeux très doux" et "Ne t'aurais-je qu'une fois" de Franz Lehàr, l'inévitable (dans son cas)"Marseillaise", le curieux "Rêve passe" si cher à Bérard et un surprenant : "Ils ne la gagneront pas" de Georges Krier et Lucien Carol à la veille de la 39-45...

Populaire, oui quand on songe que 70 ans après son enregistrement de "Minuit Chrétien" d'Adolphe Adam, c'est toujours à sa version qu'on continue de comparer toutes les autres.

(Au fait qui se souvient que les paroles de ce "Minuit Chrétien" sont de Placide Cappeau de Roquemaure ?)

Populaire ou non, il faut se rendre à l'évidence que Georges Thill fut sans doute le plus grand ténor français du siècle dernier.


Il est né à Paris le 14 décembre 1897.

On sait très peu de sa jeunesse, la discrétion ayant été une de ses grandes qualités, à l'exclusion du fait qu'il travailla un temps à la Bourse avant d'être envoyé sur le front en 1916. À son retour, un oncle l'aurait encouragé à s'enregistrer au Conservatoire, ce qu'il fit et où il étudia le solfège et le chant sous les directions d'Ernest Dupré et d'André Gresse. Non satisfait des leçons qu'il recevait, il se dirigea sur Naples pour y suivre des cours du légendaire ténor Fernando De Lucia où, à sa parfaite diction, il ajouta la technique du legato et du mezza-voce du bel canto.

Ses débuts professionnels, ils les fit à l'Opéra de Paris, en 1924 (Nicias dans Thaïs de Massenet). - La réputation qu'il s'y fit lui donna immédiatement accès aux grands rôles du répertoire : La Traviata en 1926, Marouf de Rabaud et Turandot en 1928, la même année où il fut Don José dans Carmen à l'Opéra-Comique et Samson dans Samson et Dalila au Covent Garden - le rôle pour lequel il fut le plus connu. - Il chante ensuite à l'Arena de Véronne, au Teatro Colon de Buenos Aires à la Scala (de Milan) et au Metropolitan Opera de New York (en 1930 et 1931), carrière qu'il poursuivit dans les plus grandes salles du monde.

Roméo, Faust, Gérard (dans Lakmé), Sadko, Radamès... plus de cinquante rôles à son répertoire.

Cent cinquante enregistrements dont deux opéras entiers. Plusieurs films dont Louise d'Abel Gance (1938).

"Une voix splendide, unique, masculine, lyrique mais puissante, au timbre particulièrement chaud s'exprimant avec une diction parfaite à la fois en français et en italien. - Sensible mais sans sensiblerie, capable d'exprimer toute une gamme d'émotions." - Voilà ce que les critiques du temps disaient de lui.

Son Werther est légendaire et n'a jamais été égalé. De l'interprétation coutumière qui consistait à chanter ce rôle de façon presque intimiste, il révolutionna l'interprétation en en faisant celui d'un être robuste, passionné, romantique. Son Chénier, également, fut un vrai poète, rêveur et idéaliste

Georges Thill décida de mettre un terme à sa carrière en 1953 dans le rôle de Canio à l'Opéra de Paris tout en continuant, un temps, de donner des récitals à travers le monde, se retirant complètement en 1956 à l'âge de 59 ans mais ce n'est que presque trente ans plus tard qu'il disparut à Draguignan (83 - Var), dans le sud de la France, le 17 octobre 1984.


Les enregistrements qu'il a laissés sont presque encore tous disponibles aujourd'hui.

À écouter en particulier  son "Bannis la crainte" dans Alceste et "Unis dès la plus tendre enfance" dans Iphigénie en Tauride de Gluck et  "Inutiles regrets" des Troyens de Berlioz.

Plusieurs de ces enregistrements peuvent être écoutés sur le site de la contralto Karen Mercedes qui a bien voulu nous permettre de citer plusieurs passages de sa page dédiée à Georges Thill. - Nous recommandons tout particulièrement son "Nessun dorma" de Puccini (Turandot) que l'on comparera avec plaisir à la version trop connue de Pavarotti.

Mais comme notre site est dédié à la chanson française, nous terminerons cette page avec quelque chose de plus léger qui donne, quand même, une idée de la puissance de Georges Thill "La chanson [des gars] de Paris" (de Maurice Yvain, Max et Blot) du film  de Jacques Baroncelli - Orchestre dirigé par M. Szyfer (1934) :

"La chanson [des gars] de Paris"

Et, à Noël, dans notre page consacrée au temps des Fêtes, nous ajoutons (le temps de l'Avent) son "Minuit chrétien"...