Bérard ne se souciait guère de son répertoire pour autant que les chansons que l'on lui proposait avaient un certain côté dramatique et lui offrait la possibilité de démontrer l'étendue de sa voix, il était preneur. Aussi, quand il entendit pour la première fois cette valse créée, en 1907, par Dickson, il n'hésita pas un instant et l'inscrivit aussitôt dans son tour de chant.
On peut supposer que Dickson, avec son profil de séducteur, la chantait avec une certaine retenue, insistant sur les paroles, éclatant presque en sanglots vers la fin mais avec Bérard, on tombe dans le grand mélo.
De Bérard, il nous fallait insérer dans nos cinquante chansons, au moins un titre. Nous aurions pu utiliser son plus grand succès, "Le rêve passe", ou une de ces chansons que Georgius s'est amusé à parodier ("Le train fatal", "L'océan", etc.) mais avec "J'ai tant pleuré", nous avons pensé faire d'une pierre, deux coups : Bérard d'un côté et une de ces chansons mélodramatique qui faisait pleurer nos arrière-grands-mères et dont les exemples suffiraient à remplir des douzaines de volumes.
Le refrain :
J'ai tant pleuré pour toi,
Tant prier, sans t'attendrir, méchante ! (sic)
J'ai passé tant de jours, tant de nuits à ne songer qu'à toi !
J'ai tout au fond de moi,
Dû cacher tant de larmes brûlantes,
Que j'ai lassé mon cœur à tant souffrir pour toi.