L'aigrette
1886
aroles de René de St-Prest et François Lamy et musique de Lucien Collin
Paula Brébion est une nouvelle recrue à l'Eldorado pour la saison d'hiver 1886-87. Le concert rouvre ses portes le 20 octobre. La chanson étant reprise dans d'autres cafés-concerts à l'automne 1887, on peut supposer que Paula Brébion l'a créée entre l'automne 1886 et l'automne 1887. Reprise par :
Marie Laure au Grand Concert de l'Époque (Pacra) en septembre 1887,
Mme Marly à la Cigale en septembre 1887,
Mme Maader à la Cigale en novembre 1887.
Paroles
Je viens de r'conduire sur la route
Notr' régiment d'chasseurs à pied
Et j'ai l'cœur gros, sans qu'on s'en doute,
C'est si gentil, un p'tit troupier !
Si mes yeux se rempliss'nt de larmes,
C'est surtout pour un jeun'lieutenant
Si fier et si beau sous les armes,
Que je d'vins foll' rien qu'en l'voyant.
Refrain
Non, ce n'est pas précisément
Le régiment que je regrette
Mais, à vous parler franchement,
Je pense toujours à l'aigrette,
À l'aigrette d'mon p'tit lieut'nant
Non, ce n'est pas précisément
Le régiment que je regrette
Mais, à vous parler franchement,
Je pense toujours à l'aigrette
D'mon p'tit lieut'nant.
Ce fut un soir, en diligence,
Que mon cœur à l'amour s'ouvrit ;
En brillant costum' d'ordonnance,
Un lieut'nant près d'moi s'endormit.
Comm' lui j'ferme l'œil sans mot dire,
Quand son aigrette, me chatouillant,
Je m'éveille, il se met à rire,
Et m'dit : je t'aime, en s'agenouillant.
Au refrain
Notre amour exigeait l'mystère ;
Aussi chaque soir, j'ouvrais sans bruit
Ma fenêtre au beau militaire,
Et nous bavardions tout' la nuit.
Mais, pour éviter un' surprise,
J'avais l'soin d'm'assurer d'abord
Que son aigrette était bien mise
En haut d'son schako brodé d'or.
Au refrain
Un soir, pourtant, jugez d'ma rage,
Une autre voix qu'celle du lieut'nant
Me dit : mignonn', c'est bien dommage,
Nous partons au soleil levant.
De hont' je crus perdre la tête,
Mais il me dit, en m'embrassant :
Ne pleur' pas, puisque j'port' l'aigrette
Tout aussi bien qu'ton fol amant.
Au refrain
Je pleurai pendant un' semaine,
Puis je me dis, un beau matin :
J'suis bien bêt' de m'faire de la peine
Pour le panach' d'un galantin.
Mais l'uniform' m'avait séduite ;
Quand vint le nouveau régiment,
Mon cœur se mit à battr' tout de suite,
Mais je l'donnai plus sérieus'ment.
Refrain pour finir
Et je suis la femm' maintenant
D'un commandant,
Mais je regrette
Le temps passé, car, franchement,
Je pense toujours à l'aigrette,
À l'aigrette d'mon p'tit lieut'nant
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