Paula Brébion
aula Brébion est née en 1861, le 26 mai, à Paris, 20e, de père inconnu. Son patronyme est d'origine du Pas-de-Calais et de Normandie. Ce nom est une déformation du mot "brebis".
"Qu'elle était jolie cette Paula Brébion quand je la vis pour la première fois, presque enfant encore, au Pré Catelan de Toulouse ! Un ensemble de contours gracieux et de fossettes mignonnes. Une voix menue qui plus tard s'est muée en contralto puissant. De bonnes petites camarades
ont insinué que c'était l'effet d'une laryngite mal soignée. Peu importe la cause, le résultat fut merveilleux. À son répertoire joliet, gracieux mais faiblard, succéda le genre Amiati. Elle se fit une place à côté de celle-ci. Son geste sobre, sa diction pathétique et puissante en ont fait une des étoiles de Concert." De la bouche même de Paulus (chapitre 24 de ses Mémoires), ce compliment prend toute sa valeur. [*]
Dès l'âge de six ans, on la voit sur scène à Paris avec sa mère, Marie Constance Joséphine Hersilie Brébion, artiste dramatique. Elle continuera d'apprendre le métier avec Louis Rouffe et sa troupe à Marseille puis ce sera le théâtre Graslin de Nantes, l'Alhambra à Paris où la directrice lui demande de chanter dans le volet concert du spectacle. Elle donnera "La fille à Papa", le succès de Judic. En 1878, engagement à l'Alcazar de Marseille et vie commune avec Rouffe qui est toujours marié et père d'une enfant de dix ans (la future Alida Rouffe). 1885, Rouffe décède et retour à Paris, Eden-Concert suivi de l'Eldorado. En 1886, c'est le "carton" avec une chanson "Mathurin". Eden-Concert , Scala, Bataclan, Alcazar d'été, Ambassadeurs, puis province, Lyon, en 1887, Eldorado en octobre. L'été 1888 à Vichy et retour à l'Eldorado pour l'hiver. Pour le centenaire de la Révolution, c'est à l'Eldorado qu'elle chante "La Marseillaise".
Elle connaît la gloire en 1890, saison à l'Alcazar d'été, suivie d'un contrat de cinq ans à l'Eldorado.
A la Scala, en 1893 dans la même revue que Jeanne Bloch, les critiques retiennent surtout son "joli" corsage de jais.
Subodorant le déclin des cafés-concert, elle décide de ne plus chanter et se tourne alors complèement vers la comédie. Elle joue dans de nombreuses pièces de théâtre.
A Lille, en 1906, elle paraît chez Gransard-Courtois ou Clasner-Delafioure.
Elle est, à l'été 1909, à l'Eldorado aux côtés de Louis Boucot et où, dit-on, sa voix sympathique et son irréprochable diction produisent grand effet sur les masses populaires. On parle également d'autorité remarquable qui en aurait fait une étoile du café-concert mais comme sa modestie égalait sa valeur !...
En 1912, elle est engagée pour un an à Montréal (Québec - Canada) notamment dans l'opérette Mam'zelle Nitouche ou la pièce Le Roi au Théâtre des Nouveautés. À son retour, elle s'apprête à signer un contrat pour une longue tournée en France mais la Grande Guerre éclate. Elle ne vit alors que sur ses économies. Elle quitte Paris pour s'installer seule dans un petit appartement qu'elle loue à Asnières-sur-Seine. (75 - Seine aujourd'hui 92 Hauts-de-Seine). Yvette Guilbert qui s'inquiétait du sort de sa collègue artiste, écrit : « Paula Brébion, ancienne célébrité de la Scala, de l'Eldorado, acclamée également dans les cafés-concerts de Saint-Pétersbourg (Russie), de Vienne (Autriche, de Turin, Milan, Florence, Naples (Italie), Madrid, Barcelone (Espagne), du Caire (Egypte), de Bruxelles (Belgique), etc.
Ses créations
(que nous avons pu retracer)
1888
1889
1890
- "Je voudrais la lune" à la Scala
- "J'veux bien qu'on recommence" à l'Eldorado
1891
1892
- "Le départ des bleus" à la Scala
1893
- "Le petit Noël de papa" à la Scala
1895
- "Un oiseau dans un corset" à l'Eldorado
- "Il était trois petits soldats"
1903
- "Sous les pommiers" à la Scala
1904
- "J'ai croqué la pomme"
- "Monsieur le curé y a passé !" à la Scala
1905
1906
- "Les deux pêches" à l'Eldorado
- "La journée des adieux"
- "Nos frontières"
1907
- "L'ordonnance du colonel" ou "Le briquet du colonel" à la Scala
Polaire raconte dans ses Mémoires au chapitre 30 : "... Mayol, qui vient de donner une nouvelle preuve de son cœur généreux en recueillant dans son clos, à Toulon, une artiste vieillie et malheureuse : Paula Brébion que l'Union des Artistes ne pouvait aider..."
Paula Brébion est décédée à l'hôpital civil de Toulon le 21 juillet 1952.
[*] Il est vrai que Paulus, à l'instar de Mayol, est souvent laudatif à l'endroit de ses contemporain(e)s du métier... Rien de commun avec Ouvrard (père) ou Guilbert, qui eux, ont tout inventé ! Fermez le ban ! |