Pour cette Biographie au format *.pdf,
cliquer ici


Si vous ne possédez pas le logiciel Acrobat Reader gratuit(de la firme Adobe Systems Incorporated) qui permet de visualiser les fichiers écrits dans ce format, voir ici.

 

La Bolduc


Introduction

La Bolduc (sa carrière fulgurante, sa vie courageuse, ses chansons canailles)

Texte de Réal Benoît (1916-1972) paru aux Éditions de l'homme (Québec) en 1959.

***

Il nous a été impossible de savoir combien de copies de ce livre de cent vint et quelques pages ont été vendues ou distribuées. Tout ce que l'on sait, c'est qu'il n'a pas fait grand bruit quoiqu'il s'agissait des premières vraies informations à être diffusées sur cette auteure-compositrice-interprète décédée dix-huit ans auparavant et qui se réinsérait petit à petit dans la mémoire collective des Canadiens-Français grâce à la remise en marché de vingt-quatre de ses chansons sous la forme de deux 33 tours chez Apex.

Dans le style journalistique de l'époque, style que perpétua  jusqu'en lan deux mil Philippe Laframboise (1929-2004), l'auteur jette un coup d'oeil très intéressant sur celle qui, par la suite, est devenue une légende des premiers balbutiements de la chanson québécoise dans les années vingt et trente.

On y trouvera des notes rédigées par diverses personnalités de l'époque (dont celle d'un futur premier ministre de la Province en la personne de René Lévesque qui n'était, à ce moment-là qu'un simple journaliste), des extraits d'articles parus dans divers journaux et même de larges extraits d'interviews que l'auteur a effectué auprès de deux des filles de La Bolduc.

Parmi les personnalités citées ci-dessus, notons :

Henri Letondal (1901-1955), violoncelliste, comédien, critique musical, homme de théâtre et de cinéma, qui fut un des grands militants à l'origine de l'Orchestre Symphonique de Montréal.

Doris Lussier (1913-1993), écrivain, humoriste et rédacteur de la préface de cette étude,  mieux connu au Québec sous le nom de "Père Gédéon".

Normand Hudon (1929-1997), le caricaturiste de toute une époque.

Gratien Gélinas (1909-1999), homme de théâtre.

Sans oublier les Jean Desprez (1906-1965), Marius Barbeau (1883-1969), l'abbé Amboise Lafortune (1917-1997), les journalistes Roger Champoux (1905-1981) et Eric McLean (1919-2002), tous très connus à l'époque.


Note : Nous avons respecté, dans la mesure du possible, la typographie assez particulière de l'édition originelle (italiques à certains endroits et non à d'autres, textes en gras des titres des chansons, etc.).
Et nous avons supprimé la discographie qui faisait partie du dernier chapitre car elle n'était que partielle comte tenu de la rareté des disques de La Bolduc au moment où cette étude a été publiée. – Se référer à celle contenue dans notre page de base.
Bonne lecture ! - Les auteurs


LA BOLDUC

Réal Benoît

Éditions de l'homme – 1959

Du même auteur :

Nézon (contes), Parizeau 1945 - épuisé

TOUS DROITS RÉSERVÉS
Copyright, Ottawa, 1959

Préface de Doris Lussier

LES ÉDITIONS DE L'HOMME (Montréal)

Distributeur exclusif :
L'Agence de Distribution Populaire Enrg.
Montréal, Québec
Tél. : Lafontaine 31182


Préface

Sur un moment...

De tous les éléments qui intègrent la culture d'un peuple, le folklore est peut-être ce qu'il y a de plus près de lui, qui sourd [jaillit] du plus profond de lui, et en quoi on reconnaît le plus facilement son visage. Et les chansons qui fleurissent sur ses lèvres sont l'expression la plus vraie parce que la moins étudiée et la plus spontanée de son âme. Le folklore, c'est l'esprit brut d'un peuple, c'est sa nature,

Car une culture, c'est d'abord fondé sur une nature. C'est faute d'avoir compris cette vérité première que bien des intellectuels de haut vol ont perdu contact avec la terre et ont fini par aboutir comme des ballons sans attache dans les nuages de l'abstraction, C'est pourquoi ils nous ont donné, de la culture, des définitions irréalistes, partiales parce que partielles, et axées sur les canons d'un purisme tout cérébral, sec et imperméable aux palpitations de la vie.

Or le folklore, précisément, c'est le peuple au naturel. C'est le peuple s'exprimant sans artifice et sans censure, tel qu'il est, dans la simplicité de ses qualités et de ses défauts. Le folklore, c'est le miroir de l'âme populaire. Les histoires gauloises, folles et truculentes que se racontent les gens du peuple, le vocabulaire coloré et, savoureux qu'ils emploient dans leur parler de tous les jours, les chansons que la vie triste ou gaie fait faillir sur leurs lèvres, tout ça m'instruit autant sur l'âme d'un peuple que les traités les plus scientifiques mis au point par les sociologues.

Madame Bolduc est un des phénomènes folkloriques les plus vivants qu'ait connu le Canada français. Cette femme forte, que le manque d'instruction et la pauvreté n'ont jamais pu ébranler, parce qu'elle était la joie et le dynamisme incarnés, est un des monuments de notre folklore. Elle nous a donné des chansons que la mémoire du peuple va transmettre aux générations. Non tant parce qu'elles sont des œuvres d'art que parce qu'elles sont des œuvres de nature. C'est à ce titre qu'elles seront retenues.

Moi, quand j'entends une chanson qui me plait, qui a "de la gueule" comme on dit, dont la mélodie m'entraîne et dont les paroles expriment une réalité qui m'intéresse, je ne me demande pas si sa composition est conforme aux canons de l'art officiel, ni si elle correspond aux règles plus ou moins hermétiques d'une esthétique inaccessible à d'autres qu'aux génies. Non. Je l'écoute avec joie et je ne boude pas mon plaisir. Et si par hasard un snob vient me reprocher de me complaire dans une émotion de bas étage, je le renvoie doucement à ses sécheresses et à ses pamoisons distinguées. Et s'il me réplique que je manque de goût, je lui répondrai qu'outre que "de gustibus et coloribus non est disputandum" tous les goûts sont dans la nature et qu'en sus le goût, ça peut être déformé par le haut autant que par le bas. Je veux qu'on me laisse aimer tranquille ce qui me plait et je ne crois pas que pour être belle une chanson doive être un casse-tête ou un cas de psychopathologie. Je n'ai rien contre la chanson-message, la chanson-témoin, la chanson métaphysique, la chanson psychanalytique, la chanson réaliste, la chanson surréaliste, la chanson-rien-du-tout, etc. Toutes peuvent signifier une valeur, fût-elle négative, encore que plusieurs d'entre elles se sont mérité une place de choix au panthéon des délires humains. Ce que je refuse, c'est qu'on rejette du patrimoine culturel de la nation les chansons du peuple, en les accusant du péché de simplicité.

Les chansons de Madame Bolduc sont simples en effet.

Elles sont directes, spontanées, drôles, truculentes et pleines de santé. C'est pour ça que nous les retenons. C'est pour ça que le peuple les a retenues. Et heureusement, il n'a pas attendu pour cela la permission des esthètes angoissés qui se croient les prêtres du Beau.

Il faut dire merci à Réal Benoit de s'être penché sur l'histoire de Madame Bolduc. Son livre, tout plein de détails passionnants sur une vie qui par certains aspects est une leçon, nous fait mieux comprendre l'artiste en nous montrant la femme qu'a été Madame Bolduc.

Une femme qui m'apparaît comme un mystère douloureux de joie.

Doris Lussier

Montréal, le 10 octobre 1959

Remerciements

Nous voulons remercier sincèrement les personnes qui nous ont aidés dans nos recherches, principalement deux des filles de Madame Bolduc : Mmes Ouellet et Lefrançois, Mmes Nana et Simone de Varennes et M. Yvan Dufresne, de la compagnie de disques Apex. Nos remerciements vont également aux journaux Radiomonde, Le Petit journal et La Presse qui nous ont permis de reproduire certains articles et clichés.


 

Retour à la page d'introduction   »