Ce groupe - qui a duré moins de sept ans - demeure encore aujourd'hui un des plus importants ensembles vocaux de toute l'industrie du disque et l'on peut, soixante-et-dix ans après sa disparition trouver, en tout temps, encore de nos jours, deux, trois, quatre CDs de leurs enregistrements. - En quelques minutes, une recherche rapide sur Internet nous a permis d'en trouver trois : un en Allemagne (The world of the Comedian harmonists [*]), un en Angleterre (Best recordings 1927 - 1939) et un édité en France (Les Comedian Harmonists chantent en français [*]). [*] Album double.L'histoire des Comedian Harmonists débute en 1927, quand un étudiant berlinois, Harry Frommermann, amateur d'un groupe américain, les Revelers [**], plaça une petite annonce dans le Berliner Lokalanzeiger dans laquelle il se dit à la recherche de chanteurs dans le but de former un groupe vocal. [**] Fort connu et apprécié aux États-Unis, les Revelers firent leur première apparition en France aux Ambassadeurs en 1928. On les revit à l'Empire en 1929, salle Pleyel en 1930...Frommermann est un musicien doué mais il a aussi la particularité d'être capable d'imiter plusieurs instruments et bien avant d'avoir rédigé sa petite annonce, il a déjà écrit onze arrangements vocaux pour le groupe qu'il a l'intention de créer. - Plusieurs personnes répondent à sa demande mais un seul, lui semble digne de faire partie de son ensemble : Robert Biberti, une basse qui fait déjà partie du chœur de la Charell-Revue. - Les deux s'entendent à merveille, remanient les arrangements que le premier avait écrits et partent à la recherche de quatre autres chanteurs. - En l'espace de quelques semaines, le groupe, qui a décidé de s'appeler The German Revellers (sic), est formé. De la même Charell-Revue, le troisième membre à se joindre est un ténor bulgare du nom d'Ari Leschnikoff. Puis sont embauchés : un baryton d'origine polonaise, Roman Cycowski ou Cykovsky ; un deuxième ténor en la personne d'un ex-étudiant en médecine Erich Abraham Collin ; puis finalement, un pianiste, tout frais sorti de l'académie, Erwin Bootz. Quelques mois plus tard, ils sont déjà en vedette dans toute l'Allemagne [*], ayant depuis peu changé leur nom pour celui de Comedian Harmonists. Leur carrière, en France, qui débute en 1930, est fulgurante. Les Comedian Harmonists non seulement conquièrent tous les publics mais des 1931, ils tournent avec Henri Garat et Lillian Harvey, alors au sommet de leur popularité, en Allemagne, Le chemin du Paradis, Princesse, à vos ordres ; puis, avec Jean Murat, Le capitaine Craddock (d'où est tiré un de leurs grands succès, "Les gars de la marine") et "Le vainqueur"... Ils enregistrent :
Voir aussi la page Discographie. Leur présence en scène, leurs trouvailles musicales, la précision de leurs interprétations en font des vedettes internationales. Aux États-Unis ils obtiennent un immense succès à New York, au début de 1934. Mais leur carrière ne peut survivre au climat politique de l'époque. Le choix de leur répertoire est critiqué ouvertement par les nazis dès 1932. Pire encore ; trois des membres du groupe sont d'origine juive : Frommermann, Collin, et Cycowski ; et l'épouse de Bootz est une juive. En 1934, il est question de leur interdire de chanter. Les Comedian Harmonists décident avant d'être déclarés Auftrittsverbot (interdits de paraître en public) par la Reichskulturkammer, de se séparer. Ils donnent leur dernier concert à Munich le 25 mars 1934. L'après-guerre démontrera que cela ne fut pas la seule raison pour laquelle ils avaient décidé de se séparer (nombreux procès pour droits d'auteurs, répartition des revenus, etc.) mais, entre-temps, onze années s'étaient écoulées... En 1976, le réalisateur allemand Eberhard Fechner tourna un documentaire sur leur carrière. Y furent interviewés, longuement, tous les membres du groupe. DiscographieVoir à la page suivante. Illustrations musicalesAvant de passer aux enregistrements des Comedian Harmonists, faites un tour en arrière et allez ré-entendre une chanson créée par Henri Garat dans la comédie musicale Florestan 1er, Prince de Monaco dont les textes furent de W. Heymans et de Sacha Guitry (musique de A. Willemetz). Cette chanson s'appelle"Amusez-vous..." Après, écoutez la version des Comedian Harmonists :
Surprenant n'est-ce pas ? On ne saurait passer par dessus, sans doute, l'un de plus grands succès (du film Le capitaine Craddock) :
Et à notre page sur...
Merci Laurence Dedet (et pour d'autres précisions également).[*] Note et ajout (12 août 2009)Aujourd'hui encore, deux "tubes" circulent récurremment sur les ondes des radios allemandes.En voici les deux extraits :
On remarquera "l'innocence" du refrain
Cette chanson, la voici par ses créateurs filmés en 1931 par la UFA (Universum Film AG, société de production et de distribution cinématographique allemande fondée en 1917, au départ dans un but de propagande politique et militaire ), dans un extrait vidéo restauré diffusé par la télévision suisse alémanique en janvier 1981.
et
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