Albert Tayals, Georges Hirst, Max Roche (tp), Roger Toussaint, Rodolphe Chappe, René Lacoste (sax), Raymond Wraskoff (p), Manara (g), Robert Morel (b) et Armand Molinetti (batt.)
Fred Adison
hef d'orchestre né Albert Lapeyrère, à Bordeaux le 15 septembre 1908, d'un père pharmacien.
Très jeune, il annonce la couleur : il veut devenir musicien. Son père qui voyait en lui quelqu'un pour le remplacer, consent, non sans s'être objecté longuement, à ce qu'il suive des cours de musique mais de l'habituelle - pour l'époque - manière, c'est-à-dire : des cours de musique via le piano et le violon. Ces cours, il les suit mais un temps seulement car dès que ses économies le lui permettent, il se procure une batterie car ce qui l'intéresse avant tout, c'est le jazz.
À 18 ans, il forme un petit ensemble de cinq musiciens qui se produit dans le Bordelais et en province. À quelques semaines de ses 19 ans, les cinq s'embarquent, comme musiciens, sur un bateau qui les amènera en Amérique du Sud.
De retour (après plusieurs voyages), ils reprennent la route :
Biarritz, Lyon, Montpellier, Cabourg... Là où l'on demande Les Five Melody Boys, le Collegians' Jazz Band, le California Charleston Band (ce sont les noms de leur orchestre), ils sont là.
À la trompette, Albert Duvignac, au sax alto, René Lawrence, au piano, André Boulant et à la batterie, Fred Adison qui se nomme encore Albert... - Succès partout où ils passent. - De longs mois au caveau de l'Aubette de Strasbourg mettent fin temporairement à leurs pérégrinations provinciales et, fin 1931 (son chef n'a alors que 23 ans), Fred Adison et son orchestre est engagé à la Taverne Fantasio, rue du Faubourg-Montmartre, à Paris !
En quelques mois, sa réputation est faite : Fred Adison est devenu un des chefs d'orchestre les plus courus de la capitale. Il y demeurera longtemps sauf pour diverses tournées partout en Europe, notamment avec Charles Trenet et Edith Piaf.
De la Taverne Fantasio, il passera au cabaret (dancing) Pigall's, puis au restaurant Chez Maxim's. Il fera ensuite toutes les grandes salles : Lido, Européen, Olympia, Ambassadeurs, Bobino, le Cirque Medrano, le Trianon, l'Étoile, l'A.B.C... Pas un établissement qui n'ait pas voulu, un jour, avoir Fred à son programme.
Après la guerre, il revient en force avec un nouvel ensemble où se joignent de nouvelles attractions : danseurs de bebop, Django Reinhardt et Sacha Distel (en guitariste). Il inaugure la Grande Brasserie Alsacienne des Champs Élysées dont il est le directeur (car, en plus, c'est un homme d'affaire averti) puis il passe au restaurant Le Cap Horn, à l'Adison Square tout en effectuant des tournées, animant des thé dansants et cela jusqu'au début des années soixante.
Après, c'est la semi-retraite : petit ensemble, trio dansant, quelques apparitions à la télévision (avec orchestres reconstitués), etc.
Redevenu Albert Adison puis Albert Lapeyrère, Fred finalement s'arrête pour s'éteindre à 88 ans le 28 août 1996.
Opinions
Jacques Hélian dit de l'orchestre de Fred Adison (Les grands orchestre de Music-Hall en France, Filipacchi, 1984) :
"Cette formation a toujours été de bonne qualité, interprétant avec flamme des arrangements assez linéaires, mettant en valeur les solos hot des cuivres, surtout ceux du trompette Max Roche, en contraste avec une section d'anches très souple : le choix des chansons a toujours été très heureux avec une prédilection pour les marches semi-humoristiques, la présentation scénique très soignée. Pas étonnant que le public ait marché à fond."
"Fred Adison, une véritable vedette dans le genre attractif. Il fait d'ailleurs beaucoup de scène. Vous connaissez ses disques, son arrangeur Raymond Wraskoff donne de la musicalité partout, il a de véritables trouvailles. Adison a le souci constant de ne pas copier. À son rang actuel, c'est une qualité bien rare. Bien peu d'orchestres qui ont eu leur importance dans leur temps, peuvent prétendre la même chose."
Illustrations musicales
Fred Adison a beaucoup enregistré, particulièrement au cours des années trente et pour plusieurs marques. Jacques Hélian (op. cité) mentionne : Ultraphone (1932), Gramophone (1932 à 1939), Polydor (1939 à 1940), Pathé (1940 à 1946), Pallas (1942), Olympia belge (1945) et Decca (1946 à 1951). Pas étonnant que ses disques se retrouvent encore aujourd'hui assez facilement. Il a fait, également, l'objet de beaucoup de repiquages (33 T et CD) - un double CD, par exemple, chez Merry Mood Media en 2006.
Il a beaucoup enregistré parce que son orchestre était très populaire. La plupart de ses grands succès se retrouvent dans toute anthologie importante, non seulement du côté des grands orchestres mais du côté de la chanson car, en plus, de s'être adjoint un pianiste-arrangeur de très grande qualité (Raymond Wraskoff), Fred Adison a su continuellement choisir le chanteur, l'air, la rengaine, la chanson du jour que le public allait adopter.
Parmi ses succès : "En cueillant la noisette", "Avec les pompiers", "On va se faire sonner les cloches", "Quand un gendarme rit", "le Petit train départemental"...
Ajoutons à ceux-là les succès des autres qu'il a adaptés à sa façon : "Amusez-vous", "Qui craint le grand méchant loup", "Voulez-vous danser Madame"... y compris plusieurs chansons de Georgius qu'il transforme avec beaucoup de brio : "Au lycée Papillon", "Le Fakir", "La chanson de l'exposition", "Quand les andouilles voleront"...
Pas de copie chez Adison ? Pas vraiment, mais il est facile de faire un parallèle entre les arrangements de Wraskoff et ceux des British Dance Bands de l'époque particulièrement ceux de Ray Noble ou Fred Pearly qu'on croirait entendre dans l'enregistrement qui suit, à un moment où l'orchestre était à son apogée :
De J. H. Tranchant et Jean Tranchant, arrangement de R. Wraskoff, (Chant : Roger Toussaint).