nterprète aujourd'hui presque oubliée, Cora Madou aura pourtant marqué toute une époque.
Née Jeanne Odaglia, à Marseille (13 - Bouches du Rhône), le 5 janvier 1891, elle fut, jeune, remarquée par un certain Vincent Scotto dont elle devint la compagne jusqu'en 1937.
C'est vers 1910-1912 qu'elle aurait fait ses débuts dans sa ville natale avant de monter vers Paris peu après la guerre où on la retrouve brièvement à Ba-Ta-Clan mais c'est en 1919 que Nilson Fyscher, qui vient d'ouvrir son cabaret, la présenta véritablement au public qui l'adopta aussitôt.
Louangée par la presse, elle entame une carrière qui durera presque vingt ans sans que son étoile ne cesse de briller.
Cora Madou n'est pas une interprète comme les autres. Jamais elle ne donnera de tours de chant dans une grande salle : c'est dans les petits établissements qu'elle sera le plus à l'aise, devant un piano, accompagnée tout au plus de deux ou trois musiciens la plupart du temps par
Vincent Scotto lui-même à la guitare.
Son style tranche sur celui de toutes les vedettes de l'époque : elle se veut en communication directe avec ceux qui sont venus l'entendre et pour qui chacune de ses chansons est une confidence.
Aimé du grand public, Cora Madou fut également aimée de la haute bourgeoisie qui, alors, méprisait systématiquement tous les artistes de music-hall et c'est dans cette haute bourgeoisie qu'elle épousa, en 1938, peu après avoir quitté la scène, Guy La Chambre, alors ministre de l'air, Guy La Chambre qui fut un des accusés, en 1942, au procès de Riom et le grand responsable de la reconstruction de Saint-Malo après la guerre.
Elle mourut à Villefranche-sur-mer (06 - Alpes-Maritimes) le 26 février 1971.
Enregistrements
Entre 1926 et 1838, elle gravera de nombreux titres, la plupart de Scotto et c'est par ces enregistrements qu'on réussi, aujourd'hui, à se faire une idée de ce que pouvait être son tour de chant.
Ces mêmes enregistrements étaient, jusqu'à tout récemment, introuvables. L'on connaissait, bien sûr, son grand succès, "Paradis du rêve" (Richepin et Fyscher) et quelques anthologies lui avaient consacré une petite place : 52 Chansons de Vincent Scotto chez Virgin ("Parle-moi"), Chanson coloniales et exotiques (sic) chez EPM ("Tchin Tchin Lou"), Marseille 1921-1951 chez Frémeaux ("Sur le pont de Marseille") et un album consacré à Scotto chez le même éditeur ("J'ai rêvé d'une fleur") mais, de son répertoire, il aura fallu attendre un CD consacré entièrement à ses chansons pour en deviner l'étendu.
Ce CD intitulé tout simplement Cora Madou (succès et raretés), on le retrouvera dans la collection Chansophone au numéro 161. Vingt-trois titres dont le "Paradis du rêve" cité ci-dessus :
[*] Indique des titres avec accompagnement à la guitare par Vincent Scotto.
À se procurer pour entendre sa version d'"Adieu, Venise provençale" mais surtout son interprétation du "Plus beau tango du monde" qui, avec elle, devient ce que cette chanson aurait toujours dû être : une véritable chanson d'amour... mais votre webmestre reste partial à son "J'ai rêvé d'une fleur".
Illustration musicale
Ecoutons-le, son "J'ai rêvé d'une fleur" de
René Sarvil pour les paroles et
Vincent Scotto pour la musique enregistré en février 1933 !