Mayol et "La lettre du gabier"
de Théodore Botrel


Voici quatre photos de Mayol, en gabier, (Dieu sait comment on a pu convaincre Mayol de poser ainsi) photos qui n'ont peut-être pas plu à Botrel mais quels documents !









Théodore Botrel


BOTREL ET MAYOL


Mayol ne fut pas un grand amateur de Botrel même s'il endisqua plusieurs de ces chansons.

Parmi celles-ci, nous avons retenus les titres suivants :

(Il chantait encore ce "Lilas blanc" lors d'une interview en 1941.)

Comme on pourra le constater Mayol lui resta quand même fidèle.

Dans ses mémoires, il rapporte, entre autres, des détails encore plus curieux sur ce "barde breton" :

"[On] me présenta à deux jeunes auteurs, qui arrivaient à peine à Paris : Théodore Botrel et Paul Marinier. Le premier, bien loin alors de la curieuse et dévote évolution qu'il subit depuis, écrivait de petits couplets fort amusants mais grivois en diable, qui eussent fait rougir un régiment de zouaves. S'en serait-on douté, quelques années plus tard, quand il dirigeait, si pieusement, les éditions de "la Bonne Chanson" que publiait Ondet ! Qu'eussent pensé les bonnes dames, férues alors de ses poèmes édifiants, si elles avaient pu lire ses œuvres de début : "Mes deux sœurs jumelles", ou "Il est frisé mon beau p'tit frère", par exemple, dont les titres suffisent amplement à préciser le genre..."

Quant à "La Paimpolaise", voici ce qu'il en dit :

"...elle avait, par sa grâce naïve et touchante, toutes les qualités qui séduisent le public, et je fus emballé dès la première lecture. [...] Marinier, qui était à la fois musicien et poète, partageait ma confiance :

- Cette musique sera fredonnée partout dans huit jours ! assurait-il.

[...] un jour, tandis que j'apprenais la Paimpolaise, nous découvrîmes ensemble un petit écueil au troisième refrain qui était primitivement écrit ainsi :

"Ta voiture, mon vieux Jean-Blaise,
Est moins blanche au mât d'artimon
Que la peau de la Paimpolaise
Qui m'attend au pays breton !"

Or, à l'avant-dernier vers, par suite d'un court arrêt que m'imposait la musique, j'avais l'air de prononcer seulement : "que la peau", ce qui eût pu prêter à rire à un public facétieux. Par ailleurs, Marinier me fit remarquer qu'en esquivant la pause indiquée, je paraîtrais dire "que la peau de lapin..." L'autre danger ! On en fit part à Botrel qui, sans discuter, modifia la phrase ambiguë , et lui donna sa forme définitive :

"que la coiffe à la Paimpolaise..."

[...] Mais le succès nécessitant de nouvelles éditions [...] [un], tirage supplémentaire comporta des "variantes" au texte que, pour ma part, je trouvai discutables. Au quatrième refrain, par exemple, j'avais l'habitude de chanter :

"Je serions ben mieux à notre aise,
Les draps tirés jusqu'au menton,
À côté de ma Paimpolaise..."

Mais Botrel, entre temps, remplaça le second vers par celui-ci :

"devant un joli d'ajonc..."

A mon sens, l'évocation était beaucoup plus faible, sans parler du geste, bien moins amusant, qui pouvait l'accompagner. Tu penses bien qu'un gars de vingt ans sevré d'amour, rêvant entre ciel et l'eau, ne pense pas spécialement, en dépit du froid, au coin de l'âtre familial....

De même, au couplet suivant, je disais d'abord :

"Pour combattre la flotte anglaise,
Comme il faut plus d'un moussaillon,
J'en f'rons deux à la Paimpolaise..."

Pourtant, en dépit de la nécessité nationale de "plus d'un moussaillon", Botrel fit mettre, au troisième vers :

"J'en caus'rons à la Paimpolaise..."


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