é à Moscou, (le 1er février 1916) d'un père suisse, professeur de français, et d'une mère moscovite, cet étonnant personnage qui fut comédien, poète, parolier, chanteur, compositeur, écrivain, pianiste (et bien d'autres choses) connut la gloire, la misère, la renommée, l'oubli, les joies et les peines de la paternité, les joies et les peines de plusieurs amours et bien d'autres choses.
C'est qu'il a, de surcroît, connu tout cela en faisant le tour du monde plusieurs fois.
Son apport à la chanson française fut considérable : plus de 1 500 titres composés parfois sur le bout d'un comptoir, parfois remaniés pendant des mois et dont certains sont passés du côté de ces airs que tout le monde connaît mais dont on a oublié le nom de l'auteur.
C'est le cas de "Clopin-Clopant" (1947) qui, à un moment donné, fit partie du répertoire d'
Yves Montand et de ceux de
Jacques Pills, Éliane Embrun et même Henri Salvador.
Son "On prend le café au lait au lit" (1940), repris par
Jacques Hélian et son orchestre, a été chanté dans toute la France pendant les heures sombres de l'Occupation et bien plus récemment dans une publicité a la télévision !.
C'est qu'en plus, il nous a laissé également des choses comme "Ciel de Paris" (1949), "Journaux du soir" (1949), "Mélancolie" (1948)un immense succès (voir les deux petits formats ci-contre) -mais aussi "Un Monsieur qui parle tout seul" (1939) que créa
Marie Dubas ou encore "Parti sans laisser d'adresse" (1940) que
Lucienne Boyer n'hésita pas à endisquer.
S'il en était resté là,s'il n'en était resté qu'à la chanson, peut-être serait-il mieux connu aujourd'hui mais non : il a ouvert des cabarets, tourné dans des films (une quarantaine), s'est fait producteur et s'est promené de Saïgon à La Guadeloupe en passant par les USA, l'Angleterre, Haïti,le Canada, l'Afrique... Il s'est marié quatre fois, eut de multiples aventures, a fait de la radio, de la télé, du cabaret, écrit des volumes de poésie, des romans, des récits de voyage et puis aussi fait du théâtre.
Bref, ce fut un touche-à-tout queLouis-Jean Calvet[100 ans de chanson françaiseL'Archipel, 2006] n'hésita pas à qualifier de génie, ce qui n'est pas tout à fait inexact, et un touche-à-tout-globe-trotteur que seul le temps a quelque peu ralenti.
Un indépendant parmi les indépendants.
"J'ai tout eu, tout détruit, se plaisait-il à dire. C'était dans ma nature."
À lire
Son autobiographie, Trou de mémoire - Éditions France Empire -qui contient des anecdotes savoureuses et dans laquelle, il n'est pas très tendre envers certains producteurs. - Voir la note 1 en notre page sur Lys Gauty.
Celle qu'a publié Roig dans Phonoscopies, numéro X, contient quelque soixante titres plus une huitaine de 33 T maisc'est sans compter les innombrables prestations qu'il a laissé sur acétates ou films beta lors de ses nombreuses apparitions à la radio ou à la télé ou encore ces enregistrements "expérimentaux" dont une série de chansons érotiques enregistrées au Québec en 1967, qui a fait partie de trois catalogues distincts de trois maison de disques et qui semble n'avoir jamais été distribuées mais que la maison
XXI-21 a, enfin, remis en circulation en 2004 avec un livret de vingt pages , un livret contenant les dessins de la première "édition française" (qui semble n'avoir jamais vu le jour) de Georges Wolinski (sic) et la préface de
Francis Blanche. [*]
Quelle que fut sa production, il faut réaliser que les disques originaux de Pierre Dudan sont aujourd'hui plutôt rares. - Nous n'en avons retrouvés aucun.
Nous nous contenterons, en conséquence de citer le début de sa chanson-fétiche, "On prend le café au lait au lit"[**] republiée en l'an 2000 par Mariane-Mélodie(n° 701952) et qui, suprenant pour cette firme, contient un livret fort bien documenté. - Un enregistrement d'Edith Burger et de Pierre Dudan s'accompagnant au piano. - Radio Lausanne - 21 mars 1940.
"On prend l' café au lait au lit"
Quant à a carrière cinématographique, on ne saurait passer sous silence la comédie Certains l'aiment froide, un film de mettant en vedette Louis de Funès, Francis Blanche, Jean Richard et Noël Roquevert qui, en Maître Albert Leboîteux, vaut à lui seul le déplacement (1953). - Au moment où ces lignes étaient écrites, on pouvait en voir un passage sur Daily Motion.
Pierre Dudan est décédé, le 4 février 1984, près de Lausanne, en Suisse.
Notes
[*] Pour nos lecteurs québécois : direction d'orchestre : Roger Pilon ; au piano : Rod Tremblay !
[**] Chanson qui reprit du service actif dans les années 1980, lorsqu'elle illustrait la publicité d'une viennoiserie prête à cuire, que distribuait une grande marque française de produits laitiers.