uand on nous demande quel a été le premier enregistrement sonore réalisé en France, la réponse, depuis trois ans, est claire, précise et unique grâce à un groupe de chercheurs américains :
Il s'agit d'un extrait d' "Au clair de la lune" datant de 1860 (sic) réalisé par Édouard-Léon Scott de Martinville (1817-1879).
En mars 2008, en effet, des techniciens du Lawrence Berkeley National Laboratory (LBLN) ont pu, à partir d'une bande papier du phonautographe déposée l'Académie des Sciences par Martinville (avec sa proposition de brevet), reconstituer une voix enregistrée sur cette bande. - Cette voix chante pendant quelques secondes le début du deuxième couplet de Au clair de la lune.
C'est très rudimentaire comme son mais il faut noter qu'il ne s'agit pas uniquement du premier enregistrement effectué en France mais du tout premier enregistrement d'une voix humaine...
L'on trouvera sur ce site d'autres enregistrements de Martinville y compris des références à un légendaire tracé de la voix d'Abraham Lincoln, aussi légendaire que la [vraie] voix d'Oscar Wilde à qui on aurait demandé de réciter quelques vers dans un appareil de Thomas Edison en 1900, voix reconnue comme tel par son fils mais qui s'est avéré être un canular.
Quand on nous demande quel a été le premier enregistrement sonore fabriqué et commercialisé en France, alors là, le débat est ouvert. ? On sait que Thomas Edison, celui qui ? soyons chauvin ? a créé le phonographe décrit quelques mois auparavant par Charles Cros, vint présenter son appareil à l'Exposition universelle de Paris en 1889. ? De là, à penser qu'il aurait pu enregistrer quelque chose sur place, vendre son appareil avec cet enregistrement, il n'y a qu'un pas, un pas que les frères
Émile et Charles Pathé allait franchir en 1894 lors de la fondation de leur maison sauf que Berliner était dans les parages (Gram-O-Phone, ca. 1895) de même qu'Henri Lioret avait déjà mis en marché, en 1893, des poupées bavardes dotées d'un phonographe miniature?
Charlus, le forçat du phono, décrit dans ses Mémoires et surtout dans son texte en marge du cinquantième anniversaire de Pathé ce en quoi consistait le métier de "créateur de cylindres" en 1896. ? Sauf que c'était trois ans après la fondation de la maison?
D'aucuns parlent, parmi les voix célèbres, d'Yvette Guilbert ou de son imitatrice, Mme Rollini. D'autres avancent des noms moins connus.
Pas de concensus quant à ce que fut le premier enregistrement commercialisé en France, surtout qu'au départ, le cylindre (les disques vinrent avec Berliner) faisait corps avec l'appareil et que cet appareil ne pouvait faire entendre que cet enregistrement, toujours le même.
Faut dire qu'on passa très vite aux cylindres interchangeables et qu'il y a eu des amateurs, très riches il va sans dire, qui firent l'acquisition de ces "machines à dicter" car, au départ, le phonographe d'Edison devait servir à dicter des lettres?
Parmi ces amateurs, notre ami Jean-Yves Patte a trouvé chez nous-ne-savons-pas-quel-brocanteur, quelque chose d'assez particulier et, pour le plaisir de tous, l'a mis en circulation, chez Frémeaux, sur un CD portant le numéro FA 5129, intitulé "La séparation de l'Église et de l'État".
Bon, ce n'est pas une chanson française (il sagit du "Ô salutaris" de Mozart) telle que le bon abbé Benoît, curé de Bierry-Les-Belles-Fontaines (une commune située dans le département de l'Yonne, région de Bourgogne, à 73 km au sud-ouest d'Auxerre - 574 habitants en 1896, 229 en 1999) a bien voulu graver sur cire vers 1893, accompagné au piano par le maire de son village.
C'est cet enregistrement que Jean-Yves a fait reproduire sur son CD.
En voici un extrait :
Bon, ce n'est pas français et, il est plus que probable que le cher abbé ne fut pas connu pour ses talents de chanteur mais c'est une chose qui mérite d'être mentionnée, ne serait-ce que pour avoir une idée de l'évolution de la technique de la reproduction sonore avant que les "Records Edison", les "Cylindres Pathé" et les "Disques Berliner" fassent apparition dans les salons de nos arrières-arrières-arrières-grands-parents.
Pour des noms plus connu, on peut toujours se rabattre sur Eugène Gabin, le père de l'autre, qui aurait enregistré ceci sur un cylindre de marque inconnu vers 1896 (extrait) : "La Rouquine"
Ou encore sur Monsieur Rozic - dont nous avons parlé dans notre page sur Thérésa. - L'enregistrement "Les canards tyroliens" daterait de 1895 :