Mayol, créateur de la Matchiche, en a fait au moins six versions :
Deux en novembre ou décembre 1905 chez Zonophone qui furent publiés à la fois sous cette marque et chez Gramophone[*]
Une troisième, avec accompagnement de piano, en mars 1906, chez Odéon.
Une quatrième, vraisemblablement la même journée,également chez Odéon, mais avec accompagnement d'orchestre.
Une cinquième, en mai, la même année,chez A.P.G.A.
Et une sixième - électrique, celle-là - chez Parlophone en 1932.
À partir de ces enregistrements (surtout ceux chez Zonophone, Gramophone et Odéon), plusieurs éditions ont été mises en marché pas toutes, nous le soupçonnons, des matrices originelles. - Idem, mais à différentes dates, chez Parlophone et A.P.G.A. - Et nous ne parlerons pas de repiquages souvent trafiqués ou repris à la mauvaise vitesse epuis le début des années trente. - Ce qui, évidemment, rend leur datation difficile.
Existerait vraisemblablement une septième version, enregistrée pour une phonoscène chez Gaumont, en 1906 mais de celle-là...
Suivent des éditions de ces six versions avec leur petite histoire (de collectionneur mais de collectionneur-amateur, je m'empresse de le préciser) :
[*] Voir cette page pour la petite histoire de ces deux étiquettes.
(Avec un gros remerciement à Jean-Cocart-Frédet dont, je crois, avoir bien suivi les recommandations ! Et merci également à Monsieur André Anciaux qui a mis à notre disposition sa collection.)
Extraits sonores
De la première version, enregistée chez Zonophone en novembre ou décembre 1905 - matrice 5061, pas moins de cinq éditions ont été tirées :
Une première sous étiquette Zonophone portant le numéro X-82160 et quatre sous étiquette Gramophone sous les numéros 2-32740, 3-32588, 4-32170 et K-607.
La deuxième version, toujours chez Zonophone, mais portant le numéro de matrice 5066, fut également publié sous les étiquettes Zonophone et Gramophone, mais sous quatre numéros de catalogues seulement : les mêmes que précédemment sauf le K-607.
De cesneuf éditions (sic), nous avons retracé quatre :
La Zonophone X-82160, étiquette noire, la même, étiquette verte dite "de Hanovre" parce que imprimée à Hanovre, en Allemagne (deux copies) etla Gramophone K-607.
De la deuxième, nous n'avons retracée qu'un repiquage non daté mise en marché sur cassettepar la cie EMI aux débuts des années quatre-vingt et qui fut repris par la première édition de l'Anthologie de la Chanson française de la firme EPM et qu'on dit daté de... 1924 (sic). - Évidemment, il s'agit là d'une erreur car, d'abord, entre 1906 et 1932, Mayol n'a jamais réenregistré La Mattchiche et, ensuite, parce que comparé aux versions précédentes, cet enregistrement date d'à peu près la même époque et, comme elle est sensiblement différente des quatre que nous avons pu écouter, il devient évident qu'il s'agit d'une autre version.
Ci-dessous, les étiquettes ZonophoneX-82160 (noire et verte). À gauche, les étiquettes Gramophone4-32170 puis K-607.
Suivent les deux enregistrements correspondants aux matrices précitées, la 5061 et la 5066.
D'abord la 5061 pour laquelle nous tenons à remercierà Monsieur Jean-Yves Patte pour le prêt de sa version Zonophone X-82160, étiquette verte (oudisque Gramophone 4-32170).
"La Matchiche"- voix et orchestre
Suit la 5066, repiquée chez EMI :
"La Matchiche" - voix et orchestre
Des deux enregistrements suivants, faits la même année ou au début de 1906 chez Odéon (n° 36256 [**] - étiquette brune), l'un avec accompagnement de piano et l'autre avec accompagnement d'orchestre, nous avions retracé sans trop de difficultés le premier. - Raison ? - L'enregistrement avec piano se vendait, initialement, à moitié prix de l'autre et a donc été pressée en plus grandes quantités !
"La Matchiche" - piano et voix
La deuxième version (avec orchestre - disque Odéon, n° 36256-2 [**] (étiquette brune) a été plus difficile à retrouver mais ce fut chose faite quelques mois après l'envoi de Monsieur Patte.
"La Matchiche" - orchestre
[**] Également distribuée sous le numéro 36256-2.
La version subséquente, enregistrée par Mayol, deux mois plus tard, annoncée par Mayol comme étant "La nouvelle Matchiche" fut en effet nouvelle car les paroles en avaient été changées.
C'est la cinquième version enregistrée par Mayol, l' A.P.G.A. de mai 1906. - n° 1181.
Réédition sous étiquette Pathé de la version A.P.G.A.
Finalement, reste la version de 1932 chez Parlophone. - C'est celle qu'on reproduit le plus souvent dans des "compilations" dite d'époque même si certains distributeurs persistent à lui donner la date de 1905 ou, fait encore plus cocasse, 1934.Il s'agit de la seule version "électrique" de cette "Matchiche" (par Mayol). Malheureusement, la voix de Mayol est, à ce moment-là, sur son déclin mais son timbre est ce qui pourrait être le plus près de ce qui a été sa véritable voix.
On remarquera que pour cette dernière version, les paroles chantées par Mayol sont celles de la version A.P.G.A. et non des quatre précédentes.
"La Matchiche" -Disque Parlophone n° 22932
L'une à la suite de l'autre - et sans doute pour la première fois en 70 ans, voici donc les six versions de "La Matchiche" telle que chantée sur une période de près de trente ans par Mayol :
Gramophone n° 4-32170 ou Zonophone X-82160
Matrice 5061 - voix et orchestre - 1905
Gramophone n° 4-32170 ou Zonophone X-82160
Matrice 5066 - voix et orchestre - 1905
À la rigueur, on pourrait ajouter une autres version :
Celle faisant partie d'un pot-pourri enregistré par Mayol pour les besoins du film Aux urnes citoyens de Jean Hémard (1932) et intitulée "Sauce mayollaise". - On trouvera une version de cette "sauce", avec indications quant à sa provenance, à notre page :
Quant à la version sonore qui accompagnait ce phonoscène, elle est resté hors-commerce.
Et, en terminant, une petite note
On comparera les enregistrements qui précèdent avec un autre qui date de 1917 et qui est d'une voix plus "connue", celle de
Maurice Chevalier, pour constater le progrès effectué dans la fidélité des enregistrements sonores de 1900 à 1927 mais surtout pour être en mesure de comprendre que la voix de Mayol n'était pas tout à fait celle que les enregistrements ci-dessus nous renvoient à l'exclusion, peut-être, de la version Parlophone, cinq ans après 1927, date des premiers enregistrements dits "électriques". Maurice Chevalier dans "Oh ! Maurice !" en 1917, 19 ou 20.