Pour résumer l'apport de Mireille à la chanson française, quoi de mieux que donner les titres de quelques-unes de ses chansons parmi celles dont elle a composé la musique sur des paroles de Jean Nohain :

• 1932 -"C'est un jardinier qui boite"
• 1932 -"Couchés dans le foin"
• 1932 -"Papa n'a pas voulu"
• 1932 -"Le vieux château"
• 1933 -"27, rue des Acacias"
• 1933 -"Ce petit chemin"
• 1933 - "Depuis que je suis à Paris"
• 1933 -" Vous avez déménagé mon cœur"
• 1935 - "Puisque vous partez en voyage"
• 1935 -"Quand un vicomte"
• 1938 -"Tant pis pour la rime"
• 1938 -"Le temps qu'une hirondelle"

À cela, ne reste plus qu'à ajouter qu'en quelques années (deux ans si on ne compte que la production des années 1932 et 1933), elle a complètement bouleversé ce qu'on considérait jusqu'alors comme une "chanson". - Pas de grand drame, pas de sentiments ni de promesses éternelles : de petits faits de la vie, mis en musique avec un charme indescriptible.

Sans le savoir, elle allait ouvrir la porte toute grande à Charles Trenet qui parlera de fleurs, de voyages, de pharmacies ou de la pluie et du beau temps.

La poésie de Nohain y est pour quelque chose, lui qui a beaucoup écrit pour les enfants, mais qui aurait, avant Mireille, osé mettre en musique des paroles comme celles qui suivent :

"C'est un jardinier qui boite
  Qui boite, qui boit' et qui boit
  Certains disent que s'il boite
  S'il boite, c'est parce qu'il boit..."

"Ah ! que la vie est douce, douce,
  Couchés dans le foin
  Avec le soleil pour témoin..."

"Papa n'a pas voulu,
  Et maman non plus...
  Mon idée leur a déplu,
  Tant pis, n'en parlons plus..."

"J'avais un emploi magnifique
  Dans un' fabriqu' de bouch's d'égoût
  Le patron est dev'nu fou..."

"C'est un vieux château du Moyen Âge
  Avec un fantôm' à chaque étage
  Dans tous les chambres d'amis
  Y' a des souris sur les lits..."

On pourrait continuer comme ça longtemps. Mais vaut mieux écouter :

Un grand classique ( Columbia CL 5525 - 1935) :

Une chanson typique de Mireille (Columbia CL 4538 - 1933) :

Et pour terminer, son premier succès. Celui qui a fait la renommée d'un remarquable duo (Columbia WL 3652 - 1933) :

Discographie

On peut, depuis 1995, se procurer chez Frémeaux l'Intégrale de Mireille comprenant tous les enregistrements qu'elle a gravés entre 1929 et 1939 plus divers enregistrements auxquels elle a collaboré en compagnie de Pills et Tabet et de Jean Sablon. - Numéro FA 043.

Dans la série Du Caf'Conc au Music-Hall, volume 7, EMI a réuni 16 chansons de Mireille sous le titre de Les chansons de Mireille et Jean Nohain (Numéro 2536882) mais cela date de 1991... On y trouvera, entres autres titres (qui ne figurent pas dans l'intégrale précitée), "Le vieux château", "27, rue des Acacias" et "Le petit Théâtre" interprétés par Pills et Tabet de même qu'un délicieux "Depuis que je suis à Paris", la chanson-fétiche de Claude Dauphin [*], interprétée par Jean Sablon.

Pour d'autres enregistrements de chansons de Mireille, se référer à ses interprètes (Pills et Tabet, Dranem, Jean Sablon, Ray Ventura, Lyne Clevers, Claude Dauphin, Maurice Chevalier, Marie Dubas, Yves Montand, Henri Salvador, etc.)

[*] Claude Dauphin (1903-1978) était le frère de Jean Nohain (1900-1981) et les deux, les fils du poète Franc-Nohain.

Et le mot de la fin

Mireille Berl, née Hartuch, est née le 30 septembre 1906, à Paris 3e, et est décédée le 29 décembre 1996,à Paris 15e . Elle repose aujourd'hui au cimetière du Montparnasse.

(Collection Philippe Landru)

Ses mémoires ont été publiés sous le titre de Avec le soleil pour témoin en 1981 (Robert Laffont).