our ceux qui croient que le jazz est arrivé en France en 1925 avec Joséphine Baker, il serait peut-être bon de rappeler qu'en 1917, Gaby Deslys et Harry Pilcer obtinrent un succès foudroyant au Casino de Paris dans une revue de Jacques Charles où l'orchestre qui les accompagnait était nul autre que le Rag Time Band de Murray Pilcer, le frère d'Harry, et qu'au début des années vingt, un certain Louis Mitchell y fut le chef d'orchestre attitré pendant plus de cinq ans.
Louis Mitchell ?
Né en Amérique en 1885, il vint en Europe la première fois en 1912 avec Vernon et Irene Castle, ceux qui introduisirent en France les inoubliables danses portant les noms de "Turkey Trot" et "Grizzly Bear", pour y revenir en 1915 (en Angleterre) membre des Seven Spades et à nouveau à la fin des années dix, à la tête, cette fois-là de son propre ensemble, les Mitchell's Jazz Kings, avant de s'établir définitivement en France, au début des années vingt - où il demeura jusqu'à la fin des années trente - non sans avoir ouvert divers établissements dont le célèbre Grand Duc (52 rue Pigalle). - De retour aux USA, peu avant la Deuxième Grande Guerre, il devint impresario pour y mourir en 1957.
Parmi les enregistrements qu'il fit à Paris, en 1922 et 1923, notons
"Ça, c'est une chose" et "Machinalement" (de l'opérette Ta bouche),
"Si vous n'aimez pas ça" et "J'en ai marre" (de l'opérette Là-haut).
De cette dernière opérette ou comédie musicale, voici "C'est Paris", créée (chantée) à l'origine par Maurice Chevalier, enregistré en juillet 1923, un étonnant disque Pathé, n° 6607. - Au verso : "Si vous n'aimez pas ça".
Au banjo, Walter Kildare ; au piano Joe Meyers, au tuba, Dan Parrish, au saxo, James Shaw, à la trompette, Cricket Smith et à la batterie, le maître, Louis Mitchell.
Ne manque plus que les danseuses, en rangée et à claquettes.
À noter sur la photo : le deuxième à partir de la droite : Sidney Bechet qui, ayant à plusieurs fois fait partie de l'ensemble de Mitchell, n'a participé à aucun de ses enregistrements.