Marie-José

ontrairement à plusieurs chanteuses des années quarante - disons plutôt : des années 1939 à 1945 - Marie-José n'est pas disparue avec la fin de l'Occupation. En fait, ses plus grandes interprétations semblent dater des années cinquante et même soixante. On n'a qu'à penser à "Esperanza" d'Aznavour et de Cabrera (en 1962) et sur laquelle nous reviendrons tout à l'heure.

Elle est née en Algérie, le 26 décembre 1914 (ou 1919 si on tient à la rajeunir), plus précisément à Saint-Denis du Sig (Wilaya de Mascara),d'un père instituteur venu de Paris et d'une mère espagnole qui rentrèrent en France vers la fin de 1936.

Destinée à être infirmière, Émilie Thérèse Mauricette Lhuillier (c'est son nom), comme toute bonne jeune fille, entre à la Salpétrière en 1937.

(On lit parfois 1919 et puis 1938 mais qu'importe.)

Parallèlement à sa carrière paramédicale, elle suit des cours de comédienne car elle rêve de monter sur les planches. Ses premières planches seront celles d'un studio de cinéma.

Elle décroche successivement quatre rôles, secondaires certes mais assez pour être remarquée, dans des films qui sont passés à l'histoire. Aux côtés de :

  • Tino Rossi, Mireille Balin, Marcel Dalio et Viviane Romance dans Naples au baiser de feu d'Augusto Genina qui sort en salle en décembre 1937, puis à nouveau en janvier 1938,
  • Mireille Balin (à nouveau) mais aussi Eric von Stroheim dans Rappel immédiat de Léon Mathot dont la première n'eut lieu qu'en juin 1939,
  • Michel Simon, Arletty, Dorville, Andrex, Suzanne Dantès, etc. dans Circonstances atténuantes de Jean Boyer en juillet de la même année.
  • et Sacha Guitry, Max Dearly, Victor Boucher et Saturnin Fabre dans Ils étaient neuf célibataires de Sacha Guitry, trois mois plus tard.

Non seulement on la remarque mais on trouve qu'elle a une voix charmante et Odéon lui fait signe.

Ce sera le début d'une carrière qui durera plus de trente ans.

Des galas, quelques présences à la télé mais on perd sa trace à partir de la fin des années soixante. La dame a alors, 51, 53 ou 55 ans (c'est selon) et elle a sans doute decidé, à ce moment là, de prendre sa retraite.

Et pourquoi pas ?

Marie-José s'est éteinte le 4 février 2002 à Paris 13e.


Discographie

Faire une recherche sur le Web dans le but de retrouver des informations sur la discographie de Marie-José équivaut à taper " Bach" dans Google pour retrouver les enregistrements de Charles-Joseph Pasquier dit " Bach", un interprète auquelnous avons déjà consacré une page, car :

En plus des multiples "revendeurs" qui veulent vous refiler "Le bar de l'Escadrille" à un ou deux euros le téléchargement, il faut passer outre les nombreuses Marie José et Marie-José qui semblent s'être multipliées depuis le début des années cinquante : Marie-José Neuville, Marie-José Nat, Marie-José Riel, Marie-José Vilar, Marie-José Gibon pour n'en nommer que quelques unes.

Et puis, il y a la production de cette chanteuse venue de la fin des années trente. Plus de 300 (ou serait-ce 400 ?) enregistrements entre 1939 (quelques essais) et 1962 ou 1963, année où elle semble avoir pris sa retraite, du moins des studios.

Parmi ceux qui nous lisent, peut-être y'a-t-il quelqu'un qui pourrait nous donner de plus amples renseignements. Pour notre part, nous en avons retracé quelques 200, un nombre suffisant, nous croyons pour se faire une idée de son style.

Première constatation : son manque de trémolo.

On dit que, contrairement aux interprètes féminines de sa génération, elle n'en avait pas. C'est faux. Elle ne l'utilisait pas souvent mais savait quand et comment s'en servir. Ce qui est tout à son honneur.

On dit également qu'elle était une spécialiste du tango. Oui, elle en a fait,beaucoup même et de très remarquables, mais elle a également excellé dans la valse ou ce qu'on appelait jusqu'au début des années soixante, le Slow Fox (par rapport au Fox Trot importé en France dans les années trente, des USA via l'Angleterre, grande spécialiste des Dance Bands).

Et puis, nous avons lu, mais à plusieurs endroits, qu'à partir de la fin des années quarante, elle s'est lancée dans la chanson exotique (espagnole ou sud-américaine). Cela n'explique évidemment pas son "Émerveillée" (Pierre Larry - Jacques Fuller) du début des années soixante ni son "Si tu m'écrivais" d'A. Verchuren , de F. Baxter, et de G. Favereau.

De la noire espagnole de la fin des années trente à la blonde des années soixante, beaucoup de variétés et ne citer, d'elle, que deux ou trois titres ne saurait lui rendre justice ; ce que nous allons faire à l'instant, ne serait-ce que pour attirer l'attention sur cette interprète venue d'un autre âge (rappelons qu'elle a tourné avec Tino Rossi en 1938 !) mais qui pourrait peut-être faire oublier certaines divas d'aujourd'hui.

Mars 1942 d'abord avec son grand classique :

"Le bar de l'Escadrille"

Orchestre dir. Félix Chardon - Odéon n° 281 524

Puis 1947, pour comparer avec la version classique (Francis Lopez et André Hornez) de Suzy Delair : (du film Quai des Orfèvres mettant en vedette, justement, Mme Delair)

"Danse avec moi"

Odéon n° 218 872

Ici, pardonnez-nous de passer par dessus "Le paradis perdu" (Hans May, Roger Fernay - 1941 - Odéon 281 491) qu'on pourra toujours retrouver facilement parce que repiqué constamment depuis sa création et ce, pour faire un saut de plusieurs années en avant : cité ci-dessus, orchestre sous la direction d'Alan Gate (Pierre Gossez) - Extrait seulement car toujours sous copyrights :

"Esperanza" enregistré chez Festival en 1962

45 T n° FX 45 1287

Et finalement, comme nous ne sommes pas tenu à une chronologie parfaite, un saut en arrière pour l'entendre chanter une chanson qui a fait et qui continue de faire le tour du monde, orchestre sous la direction de Richard Blareau, disque Odéon 281 648 - 1945 :

"Besame Mucho"

de Consuelo Velasquez
(paroles française de F. Blanche)


Petits formats

(Source : André Anciaux et Docteur Jacques Perroud)