Suzy Delair

uzy Delair est le genre de chanteuse-comédienne qu'on n'oublie jamais. Sur disques, on peut lui préférer, dans le genre opérette Yvonne Printemps ou, dans le genre chanteuse légère Lys Gauty mais ne serait-ce que pour avoir chanté "Avec son tra-la-la" et "Danse avec moi" (dans le film Quai des Orfèvres, en 1947), elle mériterait de passer à la postérité en tant qu'interprète.

Comme comédienne, elle a donné dans certains rôles des prestations inoubliables. - Peu de gens, par exemple, ont pu autant briller en présence de Louis Jouvet avec qui elle a tourné trois films : le Quai des Orfèvres que nous venons de mentionner, Copie conforme, la même année, et Lady Paname trois ans plus tard.

Elle est née, à Paris, Suzanne Pierrette Delaire, le 1er janvier 1918 (on avance trop souvent le 31 décembre 1916 ou 1917), fille d'un sellier-carrossier et d'une couturière. Elle a seize ans quand elle commence à faire de la figuration au cinéma dans des films mettant en vedette Raquel Meller (Violettes impériales d'Henry Roussel en 1932), Florelle (La dame de chez Maxim's d'Alexandre Korda la même année - un film où Mayol joue le rôle d'un évêque !), Armand Bernard (Touchons du bois de Maurice Champreux, en 1933) pour enchaîner, coup sur coup, trois autres films où figurent Albert Préjean et Danielle Darrieux (L'or dans la rue de Curtis Bernhardt, La crise est finie de Robert Siodmak et Dédé de René Guissart (1935) et, avant d'obtenir un premier rôle, à 25 ans, au côté de Paul Meurisse (Défense d'aimer de Richard Pottier, en 1942), dans d'autres films dont un, entre autres, où elle se fait très remarquer, notamment par son réalisateur, Georges Clouzot, soit L'assassin habite au 21 en compagnie de Pierre Fresnay.

Entre temps, on la voit aux Bouffes Parisiens, à Bobino, au Casino Montparnasse, à l'Européen, à l'Étoile, aux Folies-Belleville, chez Suzy Solidor et même dans des revues de Mistinguett ou de Marie Dubas.

De petits problèmes à la Libération, pour, entre autres, s'être produite en Allemagne, mais rien de grave car en 1947, elle tourne dans ce qui sera son film fétiche et qui la marquera à tout jamais, ce Quai des Orfèvres qui outre ses grandes qualités (scénario impeccable, mise-en-scène exceptionnelle et une brochette de comédiens hors pair), nous fait découvrir le monde du music-hall d'une époque qui est sur le point de disparaître et, pour illustrer cette époque, on n'aurait pas pu choisir une meilleure interprète pour le rôle de Marguerite Chauffournier Martineau dite Jenny Lamour.

La voici dans une scène de ce film où elle répond à l'inspecteur adjoint Antoine (Louis Jouvet) venu la questionner en rapport avec la mort d'un des ses "admirateurs", Georges Brignon (Charles Dullin)...

... et dans une interview, à propos de ce film, diffusée dans l'émission Au cinéma ce soir, le 6 décembre 1971.

À partir des années cinquante, sa carrière se déroule plutôt en dents de scie car elle passe du cinéma au tour de chant, du tour de chant à l'opérette, de l'opérette aux feuilletons télévisés sans jamais s'attacher vraiment à un genre en particulier. Elle continue de tourner, notamment avec Laurel et Hardy dans leur dernier film (Atoll K, également distribué sous le nom de Utopia), avec Fernandel dans Le couturier de ces dames de Jean Boyer, de Paul Meurisse dans Du mouron pour les petits oiseaux de Marcel Carné mais ne fera plus que de la figuration ou ne jouera que de petits rôles, exceptions faites de son rôle dans Gervaise de René Clément en 1956 et Des aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury en 1973. - Elle remontera sur scène pour jouer dans diverses opérettes (notamment en 1959 à la Gaîté Lyrique dans une reprise des Trois valses de Marchand, Willemetz, Kneppler, Oscar Strauss, etc., fera de la télévision, des tournées au Canada, aux États-Unis... avant de prendre une retraite bien mérité au milieu des années quatre-vingt.


À quatre-vingt-trois ans, Madame Delair a été faite officier de l'Ordre National du Mérite, en 2000 et s'est vue remettre les insignes d'Officier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur le 21 février 2007 à ...  quatre-vingt-dix ans. Elle décèdera le 15 mars 2020 à Paris à 102 ans !


Sur disques

La discographie de Suzy Delair s'étend sur près de trente ans, de l'enregistrement de "Oh ! La belle nuit !" pour le film Défense d'aimer de Richard Pottier (1942) jusqu'à ceux qu'elle a gravés en 1963 pour une intégrale des Trois valses en compagnie de Jean Desailly, Mary Marquet, Pauline Carton, Claude Dallys, etc.

Ses deux grands succès datent de 1947 : "Avec son tra-la-la" et "Danse avec moi", les deux tirés du film Quai des Orfèvres (paroles d'André Hornez, musique de Francis Lopez). Les deux sont toujours disponibles aujourd'hui dans diverses compilations.

Dans un autre registre, on écoutera de Suzy Delair, tiré du film Lady Paname, paroles de Marcy, musique de Georges Van Parys :

Y'avait du printemps partout"