Suzanne Lagier
onorine, Suzanne, Marie, Lucie, Lagier.
Elle est née, petite fille d'une basse à l'Opéra du temps de Louis XVI et d'un père musicien, à Dunkerque, rue du Magasin à Poudre, le 30 novembre 1833 mais fut élevée dans un pensionnat à Paris.
Jeune, elle voulut être comédienne et, de ce fait, elle débuta, à 13 ans, aux Variétés en 1846, dans la Veuve de quinze ans, un rôle écrit presque sur mesure à partir d'un vaudeville de Pierre Adolphe Capelle (1772-1830). - Après un séjour à Londres, elle fit ses véritables débuts au Palais Royal en 1848 avant de se rendre à Saint-Pétersbourg d'où elle revint pour passer, en 1855 à l'Ambigu puis à la Gaîté, en 1856 et finalement à la Porte Saint-Martin en 1859.
En 1865, fait tout à fait inusité à l'époque, elles signe un contrat avec la direction de l'Eldorado pour contrebalancer la vogue de Thérésa. En l'espace de quelques semaines, le public l'adopte et en fait une reine du café-concert et même de l'opérette car elle est de la création de Jupiter et Léda, aux Bouffes, en 1867.
Elle exerça ce métier de chanteuse de café-concert tout en revenant régulièrement au théâtre (à la fois à Paris et à Saint-Pétersbourg) jusqu'en 1880 avant de rejoindre son mari, le ténor (ou baryton ?) Eugène Dufriche, à Londres, où elle mourut en 1893.
Son talent, au café-concert - et on lui reprocha longtemps - aurait été d'avoir attiré les membres du Jockey-Club là où ils n'étaient officiellement jamais été mais il y eut pire :
Le rédacteur du Figaro, Nestor Roqueplan, tout en soulignant "le piquant de sa diction", "l'esprit de sa physionomie", osa citer Alfred Delvau qui l'avait appelée "la grasse" tout en ajoutant qu'elle n'atteindra jamais autre chose qu'une grivoiserie assez crapule.
Paulus, dans ses Mémoires (chapitre 2) fut plus gentil, précisant qu'elle réussissait "dans tout" : drame, comédie, vaudeville, chanson...
Voir aussi à Les étoiles du café-concert.
Nous reste, hélas, que ces écrits pour nous la rappeler et puis cette caricature de Gill (ci-contre à gauche).
Pour les côtés scabreux, se référer aux Goncourt. |