Renée Lebas

ui a créé "La mer" de Charles Trenet ? - Renée Lebas. - Qui a été une des premières à chanter Léo Ferré ? - Renée Lebas. - Et qui s'est permis de chanter "La valse à mille temps" de Jacques Brel qu'on disait inchantable (sauf par son auteur) ? - Renée Lebas.

Nous pourrions continer comme cela longtemps. les noms de Boris Vian, de Charles Aznavour, de Pierre Delanoë, de Francis Lemarque, par exemples, viendraient tout de suite ? l'esprit. - Et puis celui de Serge Lama. Non elle n'a pas chanté Lama mais c'est elle qui lui a permis d,enregistrer son premier 45 tours... en 1964, un an après qu'elle eut décidé de mettre fin à sa propre carrière : "Je suis trop vieille, disait-elle, pour chanter des chansons d'amour..." On se souviendra longtemps d'elle. Pour, entre autres, avoir, en 1950, remis à la mode (disons : chanté devant un public non sioniste), une vieille chanson ukrainienne, d'origine roumaine, "Garde l'Espérance", qui, bien sûr, allait devenir sous le non de Hatikva, l'hymne national de l'État d'Israël. - Elle n'en était pas, à ce moment-là, à ses débuts dans le domaine des chansons de ce genre. Son "Tire, tire, l'aiguille" et son "Mammy" furent, on le sait, inspirés du folklore juif ashkénaze.

Renée Lebas est née Renée Leiba ou Lieben, à Paris 11e (La Bastille), le 23 avril 1917, dans une famille de tailleurs d'origine roumaine.

Elle fut dactylographe, journaliste, danseuse puis victorieuse, en 1937, du radio-crochet de Radio-Cité, une radio parisienne privée. En 1939, elle enregistre son premier disque et signe en mai 1940 un premier contrat avec Pathé. Paul Misraki lui propose "Insensiblement" qu'elle finira par endisquer, en 1942, depuis la Suisse, où elle a trouvé refuge.

Un an plus tard, alors qu'elle débute sa carrière et interprète "Sur la route bleue", les nazis occupent Paris. Renée Lebas juive et  marquée à gauche est interdite. Elle s'en va en zone libre. En 1941, elle est au Casino des Fleurs à Cannes. Michel Elmer est son pianiste et lui compose et écrit "D'l'autre coté d'larue". Elle interprétera et endisquera, toujours de Elmer, "L'accordéoniste". Oui ! Oui ! celui de Piaf !

En juillet 1942, son père et sa sœur sont déportés à Auschwitz suite à la rafle du Vel'd'hiv. C'est alors qu'elle suit le conseil du parolier Francis Carco et se réfugie en Suisse à Lausanne.

En 1943, elle endisque "14 juillet", une chanson antinazie écrite par l'Hélvète, Jean Villard (dit Gilles).

Elle revient en France dès la Libération et sera la première à enregistrer dans les studios parisiens. On la voit et l'entend à l'A.B.C., à l'Etoile, à l'Alhambra, à l'Europeen, à Bobino dès 1946. Les meilleurs musiciens l'accompagnent: Wal-Berg, Glanzberg, Emil Stern. Toujours excellente dans la chanson populaire, son grand succès en 1946 est "Où es-tu, mon amour ?"

En 1956, elle crée "La Fontaine endormie" qui parle de la Shoah. Thème qu'elle sera la première à aborder en chanson.

En 1963, elle donne son dernier concert, endisque une ultime chanson "La fête est finie" et s'en va s'occuper de produire la génération montante : Régine, Serge Lama.. Ce dernier lui doit d'ailleurs son premier 45 tours..

 

Elle s'éteint le 18 décembre 2009 à Paris 16e.


Extrait sonore

On pourra entendre sa version 1942 d' "Insensiblement" au n° 46 de nos Cinquante Chansons.


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