Les Hydropathes
eux que l'eau rend malades !
Un club littéraire parisien qui a existé entre 1878 et 1880 puis, de façon épisodique et courte, en 1884. Après la guerre de 1870, il se créa à Paris de nombreux clubs littéraires dont la longévité et l'importance furent extrêmement variées. Le club des Hydropathes fut l'un des plus importants tant par sa durée que par les artistes qui y participèrent soit plus exactement le fonds de clientèle du Chat Noir de Rodolphe Salis !
Présidés et dirigés par Emile Goudeau, les Hydropathes étaient une joyeuse société d'étudiants, de poètes, d'écrivains... fondée en 1878, qui se réunissait une fois par semaine, le vendredi soir pour dire et chanter leurs textes au Café de la Rive Gauche au n° 19 de la rue Cujas à Paris 5e.
Dans
le dernier numéro de l'Hydropathe (22 décembre 1899), Goudeau expose ainsi lui-même, sous la signature Hégé, sa généalogie :
"Le premier Hydropathe dont il soit fait mention remonte à l'âge de la pierre éclatée. Il n'avait pas de nom, selon l'usage de ces êtres primitifs; mais tout porte à croire que la syllabe; Go, qui signifiait Dieu, ou Chef, ou Maître, lui fut appliquée. D'ailleurs, à l'âge du bronze, on retrouve un certain Go qui devait descendre de ce premier Hydropathe.
"Une foule de commentateurs qui s'acharnent à déchiffrer les pierres runiques et les monolithes de l'Arrière-Egypte assurent que ce Go, que les Phéniciens, en leur alphabet, écrivaient par gamma-oméga, était le même que Io, la Vache Sacrée, et que Iod, qui est la première lettre du nom de Iaveh.
"Ainsi Go (Gê-ô ou gamma-oméga), de même que Io ou Iod, aurait signifié la Divinité, soit mâle, soit femelle, et le premier Hydropathe, si l'on en juge d'après ces savants, devait être hermaphrodite et divin.
"Vint ensuite une génération, durant la préhistoire, une peuplade qui, allant vers le Nord, reconnut pour chef un Hydropathe Scalde, qui s'appelait Ud ou plutôt Vd, d'où le nom des Védas mythologiques.
"Il y eut là, ce semble, deux familles d'Hydropathes, sorties du premier Hydropathe hermaphrodite des temps de la pierre éclatée et de l'âge de bronze : les Go et les Vd.
"Et de même que les Angles (sic) et les Saxons finirent par former un peuple agréablement connu dans l'univers sous le titre d'Anglo-Saxon, de même, par une sorte de fusion assez fréquemment observée dans le domaine historique, les Hydropathes cosobrins, ou cousins, si vous voulez, les Go et les Vd ou Ud fusionnèrent en une race qui, dès le temps des Grecs et des Romains, s'appela les Ioûd ou Govd, d'où le nom de Goth est sorti. Et aussi le mot God, qui signifie Dieu en anglais et qui rappelle le Iod des vieux Iavhistes.
"Il y a là un mélange singulier de doctrines indo-européennes et sémitiques qui troublent l'observateur superficiel. Mais que celui-ci daigne un instant considérer que toutes les religions et toutes les races se tiennent à l'origine, comme l'indique le si lointain symbole de la fraternité de Sem, Cham et Japhet.
"Donc, nous eûmes, à partir de Charlemagne, les Hydropathes Govd, appelés aussi Goud.
"Survint le Moyen âge - car tout survient à qui sait attendre, et les archéologues et archivistes sont de patientes gens qui savent attendre. Donc, le moyen âge étant survenu, voilà qu'une branche cadette, plus féminisée que l'aînée et dirigée par une femme appelée Eav, ou Eaû (ce qui rappelle Eve ou Eva, car tous les symboles se tiennent) s'éloigna du tronc principal de l'Hyropathie, laquelle, dès lors, sembla dégénérer et tomber dans l'oubli.
"Où trouve-t-on trace des Hydropathes sous Henri IV ou sous Louis XIV, sous la Révolution et sous l'Empire ? Il n'en est pas une, excepté dans quelques récits de la Bohème, écrits en vieux tchèque-tziganique et à peu près indéchiffrables.
"Mais voici qu'au début de ce siècle, on trouve une famille hydropathe dans les cavernes du Périgord. Cette famille ayant soudé les diverses branches hydropathiques, les masculinistes comme les femellistes, s'appela, sur les registres devenus obligatoires de l'état civil, les Govd-Eav, d'où, par ignorance sans doute ou malveillance, les officiers municipaux firent GoudEau et, par corruption, Goudeau..."
Parmi ses membres les plus célèbres, une seule et unique femme : Sarah Bernhardt et quelques messieurs : François Coppée, Coquelin Cadet, Charles Cros, André Gill, Jean Moréas.
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Sarah Bernhardt |
François Coppée |
Coquelin Cadet
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Charles Cros |
André Gill |
Jean Moréas |
Il y avait aussi, Léon de Bercy, Georges Fragerolle,
Edmond Haraucourt, Laurent Tailhade, Charles Frémine, Félix Decori, Marie Krysinska, Maurice Mac-Nab, Victor Meusy, Maurice Rollinat, Pierre Trimouillat, en tout une bonne vingtaine de personnes.
Francisque Sarcey dira : "Il me semble que si j'avais 21 ans, je demanderais à entrer au club des Hydropathes".
A partir de janvier 1879, Goudeau publie la revue "L'Hydropathe" qui devient à partir du numéro 5 "Les Hydropathes"; 32 numéros entre 1879 et 1880 qui contenaient les poésies, monologues des membres du club et les caricatures de Georges Lorin,dit Cabriol.
La revue sera remplacée par "Tout-Paris", une autre revue à la courte vie : .5 numéros entre mai et juin 1880.
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22 janvier 1879 |
24 f?vrier 1879 |
20 mars 1879 |
4 avril 1879 |
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5 mai 1879 |
13 mai 1879 |
12 juin 1879 |
25 juin 1879 |
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25 novembre 1879 |
10 d?cembre 1879 |
28 janvier 1880 |
Tout-Paris 23 mai 1880 |
En1880, après que soit dissout, par Emile Goudeau, le club des Hydropathes Jules Lévy, un ancien de la troupe, décide de donner à ses ex-compagnons hydropathes une occasion de "rigolade sans méchanceté", et c'est ainsi que naquirent les Arts incohérents. On recense également dans cette galerie de portraits, quelques actrices et chanteuses telles que Léonore Bonnaire.
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