es parents ont tout juste 39 ans à eux deux, lorsqu'ils se marient le 8 novembre 1852. Un mois et demi après, le 19 décembre, naît Éléonore Félicité Bonnaire, à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, aujourd'hui Les Yvelines - 78).
Cela n'empêche pas Ouvrard (père) de raconter : "Née de parents et de grands-parents faubouriens (...) elle est une parigotte pur sang, à l'œil vif, à la réplique rapide, et comme naturel..." (Ouvrard - Elle est toute nue - La vérité sur la vie des coulisses - Busson - 1929).
Premier contrat à Bourges (Cher - 18) en 1867, elle quinze ans. Elle s'y rend en train et entame sa "carrière" en province par une rencontre quelque peu mouvementée avec un gendarme ! "Ses premiers débuts au concert ont été divertissants et mouvementés." L'anecdote, parue dans La vie parisienne, la ville et le théâtre (de Parisis (Émile Blavet) - L. Boulanger, éditeur - Paris - 1884) sous le titre Un joli début - 20 août 1884 (p. 328-335), est reprisedans Trente ans de Café-Concert, les Mémoires de Paulus, (chapitre 19).
Ses "vrais" débuts, elle les fait sous le nom de Huerta, en 1870. A Bordeaux, dont Jean d'Arc dans sa critique d'Ouvrard relève : "ce Bordeaux qui a déjà donné au café-concert Paulus et Bourgès, et où Bonnaire a fait ses premières armes." Ensuite, elle "tourne" en province sous son prénom : Éléonore. Paulus y revient encore (toujours au chapitre 19) : "Bonnaire ses amusants jeux de mots. Jolie femme avec ça ; capitonnée à souhait pour le plaisir des lorgnettes. Elle a nom Léonore Bonnaire." On comprend également que son tour de poitrine ajoute au talent de la chanteuse ! Gageons que les promenoirs étaient exclusivement peuplés de mélomanes avertis... Et, au fait ? Pourquoi Léonore ? et non Éléonore ? Allez savoir !
En 1875, elle revient à Paris pour débuter à l'Alcazar, puis à l'Eldorado. "L'Eldorado, la Comédie-Française des cafés-concerts, avait possédé Bonnaire, la gaie Bonnaire, aujourd'hui retirée du théâtre et menant la familiale vie de province (...)" dira plus tard Le Figaro (18/09/1906), sous la plume d'Adrien Bernheim.
Après une incursion éclair à la Scala, c'est le Concert Parisien qui l'accueille. Auguste Musleck, son directeur, la cite en exemple pour mieux rabrouer Guilbert qui demande une augmentation : "Regardez, Mlle Bonnaire, elle rigole, elle se trémousse (...)" (cité au chapitre 16 de ses Mémoires). On l'entend aux Ambassadeurs.
Retour, mais sous le nom de Bonnaire, à l'Eldorado qui lui fait un pont d'or. Gaie et enjouée elle a un public fidèle. En 1879, la revue La-e-ou-u ? (de Péricaud et Delormel), avec Perrin, Gaillard, Amiati, Bonnaire et Roland comme principaux interprètes, remporte un colossal succès, à en croire Paulus (Mémoires chapitre 23).
On peut penser que son style et sa faconde en font une interprète de la trempe d'une Dufay ou Bloch, mais avec la popularité et la longévité en plus.
En 1886, Éléonore Bonnaire décroche la médaille de l'exposition des Incohérents [*] pour sa "Traversée de la Manche" !
Elle épouse Zacharie Rémy Couzinet, de quatre ans son aîné et originaire de Daumazan (Ariège - 09) le 20 juin 1894 à Itteville (Seine-et-Oise, aujourd'hui Les Yvelines - 78). L'acte de mariage précise, non sans une certaine sobriété que l'homme est "propriétaire". Quant à la dame, elle s'y trouve qualifiée de "rentière demeurant Bld Suchet, 16e arr.)... Il est aussi mentionné que cette union légitime un fils, Alphonse, Henri, né le 12 août 1879, mais reconnu dix ans plus tard.
Bref, une vie pleine de mouvements ! - pour la petite histoire ce fils épousera, en 1911, une demoiselle Bonnaire (Charlotte), sa cousine germaine ! Monsieur Couzinet (Coussinet comme on peut le lire parfois) est directeur de La Dépêche, le quotidien de Toulouse. Son épouse l'y suit. Fin de la carrière au café-concert.
Léonore Bonnaire décède en décembre 1910, à l'âge de 58 ans.
Son répertoire
La dame fait dans le "léger" et le comique... Les observateurs sont unanimes. Ses gestes, son sourire, son œil vif, son sens de la répartie et... la simple évocation de quelques titres de ses chansons permet d'en apprécier la teneur ! Voir à Répertoire.
Petit formats
Voir la page dédiée constituée par nos collectionneurs.
Enregistrements
Aucun enregistrement connu. Il faut se rappeler que Léonore Bonnaire cesse sa carrière peu de temps avant que commencent les premiers enregistrements en France.
[*] 1880 - Après que soit dissout, par Emile Goudeau (son créateur), le club des Hydropathes (Voir la page dédiée)... Jules Lévy, un ancien de la troupe, décide de donner à ses ex-compagnons hydropathes une occasion de "rigolade sans méchanceté", et c'est ainsi que naquirent les Arts incohérents. On recense également dans cette galerie de portraits, quelques actrices et chanteuses telles qu'É Léonore Bonnaire.
Cette page est, pour une partie importante, redevable à Claire Simon-Boidot, à qui nous devons notamment la recherche de documents d'état civil et les affiches.