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Dubost
Désirée May
Gaillard
Ch. Hurbain
Bécus
Paul Henrion
Andréani
Lynéda
|
Paulus
Notes
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CHAPITRE XIX
Un début original - Les galanteries de Pandore - Léonore Bonnaire - "V'la l'tramway qui passe !" - Dubost - Désirée May - Gaillard - Hurbain- Bécus - Du danger des libations avant le concert - Paul Henrion - "Le Baiser des Adieux" - Lynèda - Andréani.
La Direction s'est offerte une nouvelle étoile ; une très originale artiste.
Elle a le diable au corps ! Des gestes, des intonations qui lui font une personnalité remarquable. Depuis Lasseny, aucune comique de cette envergure n'avait paru sur la scène de l'
Eldorado.
Jolie femme avec ça ; capitonnée à souhait pour le plaisir des lorgnettes.
Elle a nom Léonore Bonnaire.
Ses premiers débuts au concert ont été divertissants et mouvementés. Le spirituel Parisis (Émile Blavet) les contait en 1884, dans le Figaro, et de si humoristique façon que je ne résiste pas au désir de lui emprunter son récit. Mes lecteurs en feront qu'y gagner :
"Il y a quinze ans - dix-huit peut-être - à huit heures du soir, un train omnibus, venant de Paris, entrait en gare de Bourges. On était en décembre. Il faisait grand froid. Une jeune fille, presque une enfant, descendit d'un wagon de troisième classe, les lèvres bleuies, toute grelottante sous sa pauvre robe d'indienne et sous son méchant mantelet de mérinos. Elle s'achemina lentement vers la sortie, puis, arrivée sur la place où scintillaient, à travers le brouillard, les lanternes des omnibus, elle jeta de tous côtés un regard de détresse, et, ne voyant pas sans doute la personne qu'elle attendait, ou plutôt qui devait l'attendre, elle s'assit sur une borne et se mit à pleurer.
Sur le perron, un gendarme se promenait de long en large. Il s'approcha de la voyageuse, qu'il prenait pour une mendiante :
- Faudrait voir à déguerpir ! lui dit-il brusquement.
- Ah ! gendarme, s'écria la fillette en s'essuyant les yeux, c'est le bon Dieu qui vous envoie !
- Ce n'est pas le bon Dieu, c'est ma consigne !
- Eh bien ! Pourriez-vous m'indiquer le café-concert ?
- Ous qu'on sert ? Ah ! bon !? voyez-vous ce café là-bas, en face - on vous y servira tout ce que vous voudrez...
- Ça ne serait pas de refus, car j'ai le ventre d'un creux !... mais vous faites erreur, gendarme, sauf votre respect !... Il s'agit du café-concert... où l'on chante.
- Bizarre !... Connais pas !... Et, comme ça, vous chantez ?
- Oui, je viens de Paris où j'ai signé mon engagement...
- Votre engagement - Bizarre !... Comme vivandière ?
- Non... comme chanteuse.
- Drôle de régiment !... Exhibez votre feuille de route.
- Voici, gendarme !
- Qu'est-ce que c'est que ce grimoire-là ? [Il lit :] "...Entre les soussignés X..., directeur du café-concert de Bourges, et Mlle Léonore...". C'est-y vous, Léonore ?
- Personnellement.
- Joli nom, ma foi !... Léonore... mais attendez donc... fectivement, ça se chante : "Léonore, mon amour brave..." Votre âge ?
- Quinze ans.
- Quinze ans !... Et vous chantez déjà ?
- Vous n'avez pas l'air d'en être convaincu. Vous vous dites : c'est une vagabonde qui se f... iche de l'autorité ! Faites donc une chose... escortez-moi jusqu'au café-concert, et , si je vous ai menti, je suis votre prisonnière !
- Ça va !... La gendarmerie française est toujours heureuse quand elle peut accorder ce qu'on doit au sexe avec le devoir !... En route ! mauvaise troupe ! Mais, sapristi ! Votre fourniment me paraît bien léger pour la saison !
- Gendarme, vous avez raison ! fit la petite dont les dents claquaient et dont le sang gelait dans ses veines.
Et Pandore entr'ouvrit son vaste carrick, dans les profondeurs duquel Léonore se blottit sans méfiance, comme un oiseau frileux. Ils allaient. Combien de temps allèrent-ils ? L'enfant ne pouvait s'en rendre compte. Et la route s'allongeait sans cesse, et le silence grandissait toujours !,,, L'enfant ne tremblait plus de froid, et voilà qu'elle tremblait de peur !... Le singulier gendarme !... Pour qui ces bruyants soupirs qui gonflaient son uniforme ? Pourquoi ces étreintes passionnées - Et que faisait là cette main curieuse dont elle sentait la chaleur sous le gant de buffle ? La petite n'était pas très experte en tactique amoureuse, mais, à quinze ans, on devine ce qu'on ne comprend pas, et elle devinait que, dans le cœur du guerrier, Vénus était en train de supplanter Bellone ! Tout à coup, elle se sentit enlevée de terre... Dans ce mouvement, sa tête émergea du carrick, et elle vit qu'ils entraient dans un chantier désert, hors de portée de toute assistance humaine.
- Mais, gendarme, cria-t-elle en se débattant, nous ne sommes pas au café-concert ?
- Non, ma toute belle, nous sommes à Cythère, et Mars y vient faire un bout de causette avec Vénus !
Cette mythologie mit le comble à l'épouvante de Léonore. Elle se sentit perdue. Appeler - une main de fer s'était posée sur sa bouche. Résister ce colosse ? Il n'y fallait point songer... Soudain, elle eut une inspiration providentielle.
- Voyons, gendarme, articula-t-elle à travers son bâillon, ce n'est pas gentil ce que vous faites-là !... Est-ce ainsi qu'on s'y prend avec le sexe - Fi ! le vilain brutal - Est-il besoin d'employer la violence quand on ne demande qu'à s'entendre ?
- Quoi !... vraiment, vous consentiriez ? balbutia Pandore.
- Lâchez-moi d'abord, nous causerons ensuite.
Les bras du géant se détendirent. Prompte comme l'éclair, Vénus se dégagea, et cinglant de sa petite main la face rougeaude de Mars, elle lui dit avec l'accent et le geste intraduisible de Gavroche : "On t'en paiera des rosières, mon fiston !" Puis, prenant ses jambes à son cou, elle s'élança d'une course folle à travers la campagne. Pandore, furieux d'avoir été joué par une gamine, se mit en devoir de la rattraper. Mais la partie n'était pas égale. D'ailleurs, il réfléchit qu'il avait tout à redouter d'un esclandre, et que, si le poète latin n'avait pas prévu la métamorphose d'un gendarme en satyre, le Code, lui l'avait prévue. Aussi la fâcheuse vision du Conseil de guerre hantant son timide cerveau, se résigna-t-il à rejoindre la caserne. Et Léonore courait toujours !... En quelques minutes elle atteignit les premières maisons de la ville. L'idée ne lui vint pas de demander son chemin, tant elle avait peur de retomber sur un autre gendarme. Bravement, elle s'engagea dans un dédale de rues étroites et maigrement éclairées. Tout à coup, en débouchant sur une petite place, elle aperçoit, au-dessus d'une large porte vitrée, un cordon de gaz et ces deux mots : Café-Concert, écrit en lettres lumineuses. C'est bien là. Sur une des vitres, une grossière affiche à la main est collée avec quatre pains à cacheter. Elle lit : CE SOIR DÉBUTS DE Mlle LÉONORE (Genre Thérésa).
Elle entre et tombe comme un boulet dans la loge du directeur :
- C'est moi ! s'écrie-t-elle gaiement, bonsoir la compagnie !
- Ah ! gronde le limonadier, vous en prenez à votre aise !
- Il fallait m'attendre à la gare, comme c'était convenu, il y a belle lurette que je serais là !
La conversation allait tourner à l'aigre, quand par la galerie conduisant à la loge directoriale, monte une sourde rumeur. Dans la salle, le public hurlait, sur l'air des Lampions :
- Léonore ! Léonore ! Léonore !
- Vous entendez ? fait le directeur, c'est vous qu'ils réclament ! Vie en scène !
- En scène ! Vous ne voyez donc pas comment je suis faite ?
- Je m'en bas l'œil !... Je ne veux pas qu'on ferme mon établissement !... Allons en scène !... et plus vite que ça !...
- Alors, faites une annonce...
Pendant qu'on faisait l'annonce, Léonore s'aperçoit qu'elle a perdu, dans sa course folle, un de ses talons. Elle arriva clopin-clopant devant le trou du souffleur, et c'est d'une voix tremblante qu'elle entonna : J'suis pas un'fill', j'suis un garçon !
Elle eut un succès fou ! Bourges avait son étoile !
- Eh bien ! demanda-t-elle au directeur, êtes-vous content ?
- Il y a que vous m'avez trompé ! Vous ne m'aviez point prévenu que vous étiez boiteuse !...
- Cette farce !... Si je boite c'est qu'il me manque un talon...
- À d'autres !... Il y a tromperie sur la marchandise engagée !
- Marchandise... Insolent !
- Pas tant de paroles ! L'engagement est nul... Je vous donnais trois francs par soirée... Je réduis à quarante sous... Et je suis bon prince ! C'est à prendre ou à laisser !
Elle prit. Ses créations seront innombrables et sa réussite ira grandissant pendant près de vingt années. Elle est déjà la préférée, la coqueluche des galeries supérieures où l'apparition de son nom dans la planchette provoque un Aaaaah ! long bourdonnement admiratif qui annonce à tous qu'on va rigoler ferme. Un de ses principaux succès a été "V'là l'Tramway qui passe !"
Débuts de Mlle Désirée, une superbe rousse à la physionomie mobile, espiègle et engageante. Des yeux !... non, plutôt des pistolets qui mettent le feu partout. Nous vient du théâtre et ne tardera pas à y retourner et à s'y faire remarquer sous son nom complété de Désirée May. C'est la sœur de Jane au certificat en vertu dont nous avons déjà parlé.
Deux de nos artistes viennent de déserter... l'
Eldorado, pour l'armée. Max Bouvet et Guyon fils ont endossé l'uniforme du pioupiou, le premier à Cambrai, l'autre à Péronne. Ça leur apprendra d'être si jeunes ! Les camarades de la chambrée ne vont pas s'embêter avec ces gaillards-là.
À propos de gaillards, nous en avons un depuis quelque temps dans notre phalange. C'est Gaillard (Achille-Pierre) qui sera tout simplement le roi des ganaches du Concert. Il nous est arrivé du Palais-Royal et de la Gaîté où il s'est déjà fait remarquer. Il entre donc chez nous avec son brevet supérieur. Parisien pur sang, fils d'un tapissier (comme Molière !), tapissier lui-même, mais sans conviction,. il n'a de goût que pour le théâtre. À l'âge de vingt ans, sur les conseils de Lassouche, il entre au théâtre de La tour d'Auvergne, où il débute dans Les premières armes de Richelieu, à côté de Céline Chaumont, alors âgée de quatorze ans. Après son Tour de France, obligatoire pour tout débutant. il rentre à la porte Saint-Martin, puis à l'
Ambigu où il joue excellemment Planchet, dans Les Trois Mousquetaires. Pendant la guerre, lieutenant dans un corps franc, il se bat au Bourget. Un peu rossard - disent les victimes de son esprit caustique - mais sans méchanceté.
Entrée de Ch. Hurbain à l'
Eldorado.
L'an 1843 le vit naître aux Batignolles. Adolescent, il se faisait tapissier (C'est étonnant ce que la tapisserie a fourni d'artistes au théâtre !) Lâche le métier pour courir les champs à travers l'Europe, en qualité de... clown ! Il est souple, agile, robuste ; il réussit, mais il aspire à un autre tremplin. Il devient directeur de théâtre à Moscou, puis va jouer l'opérette au Brésil. C'est un comédien consciencieux, fort utile. Il sera de toutes les pièces, aux côtés de
Perrin et de Gaillard, réglant les scènes de pugilat ou de lutte, y jouant les rôles de mimique violente où il épatera les spectateurs par son acrobatie ; car on ignore qu'il a été l'émule du vieil Auriol et un précurseur du Footitt. Excellent camarade, tranquille, toujours calme et placide, fort comme un bœuf et doux comme un agneau.
Les cachets commençaient à m'être offerts. Un jour, des messieurs de Reims vinrent me proposer d'aller, le dimanche suivant, organiser une matinée qu'ils donnaient au cirque de leur ville. Ils me prièrent de réunir quelques bons artistes à cet effet.
Justement Bécus était présent à l'entretien. Tout d'abord, je dois vous dire ce qu'était le dit Bécus qui a joué un certain rôle dans mon existence.
Nous avions gaminé ensemble à Bordeaux. Il avait été mon camarade en 1870 et l'une des victimes du déraillement que j'ai conté. Pendant près de vingt ans, on ne vit guère Paulus sans Bécus, ni Bécus sans Paulus. J'e l'aimais beaucoup et il ne se gênait pas pour abuser de mon amitié, à l'occasion.
Lauréat du Conservatoire de Bordeaux, il possédait une voix de stentor, un baryton puissant l mais il n'avait guère su conduite sa barque vers le succès doré et, en 1872, je l'avais vu débarquer à Paris et s'amener chez moi. Je lui procurais des soirées tant que je pouvais ; ça ne parvenait guère à calmer son irritation perpétuelle, ses imprécations contre le sort qui lui avait donné une voix si superbe et une guigne si persistante. Et il la faisait entendre sa belle voix !... dans la rue, partout, provoquant l'admiration des badauds, qui prisent plus la qualité que la qualité, et jouissant de l'effet produit sur eux.
Donc, il était chez moi quand vinrent les messieurs de Reims. Tout de suite je proposai Bécus. Son air sympathique, son œil émerillonné, où se lisait l'assurance de sa valeur, agréèrent aux visiteurs. Il toucherait cinquante francs et moi cent cinquante pour le déplacement.
Le dimanche suivant, de très bonne heure, nous prenons le train pour Reims. Ces messieurs, les organisateurs, nous attendaient à la gare.
Le Président de la Société nous convia à déjeuner avec les membres du bureau. On prendrait le café au salon, où un pianiste nous ferait répéter nos chansons.
Le déjeuner avait été copieux et, surtout, abondamment arrosé. La répétition commença. Bécus avait au programme le Mendiant d'Espagne et Mon âne, de Pierre Dupont. Le gaillard, sous l'influence des vins champenois, était surexcité en diable... et sa voix aussi. Il dépense sans compter, et son organe tonitruant épate la galerie ! À mon tour. Sachant ce que j'avais à fournir tout à l'heure et, le soir encore, à l'
Eldorado, je ménage mes forces, ne répétant qu'à demi voix. L'assemblée fait la grimace ; on me prie de donner plus de voix ; je m'y refuse poliment et je continue sur le même ton. Ce n'est plus une grimace, c'est un sourire de pitié qui court sur les lèvres de ces messieurs. Ils se parlent bas et je devine leurs colloques : "C'est ça Paulus - Et ça chante à l'
Eldorado !" - L'autre, à la bonne heure ! - etc., etc.
Si bien qu'avant d'arriver au Cirque, le public est déjà prévenu qu'il entendra un phénomène épatant : Bécus, et un Paulus qui ne vaut pas un sou !
Bécus chantait dans les premiers numéros de chaque partie ; moi, à la fin, en étoile. On annonce Bécus ; le public est haletant ; il entre, on l'acclame.
Malgré son aplomb coutumier, il est un peu dérouté par cette ovation inattendue. Il entonne Le mendiant d'Espagne, et naturellement, en donnant toute sa voix. Le premier couplet marche à merveille, mais au refrain, il rate son fameux point d'orgue et le remplace par un couac formidable. Le public l'applaudit quand même... c'est un accident qui peut arriver au plus grand artiste... il va se rattraper. Au deuxième couplet, rien ne sort de la gorge du malheureux baryton ! il est devenu aphone ! Le public murmure... il croit à une mystification et se promet de témoigner sa colère à... Paulus, quand il apparaîtra.
Mais, à peine Bécus est-il sorti de scène que le médecin de service vient annoncer que l'accroc au programme va se réparer et que M. Bécus le fera oublier au second tour.
Les esprits se calment et, bientôt, je me présente.
Un froid glacial ! Je chante Hommage à la Nature ! puis d'autres chansons, où je livre ma voix de plus en plus. Au bout d'un quart d'heure, les applaudissements se sont enflés et l'emballement est général.
L'entr'acte. Tout le monde se précipite dans les coulisses ; on veut voir Bécus, le héros... malheureux qui va se réhabiliter, et Paulus, à qui on a trouvé du talent.
Deuxième partie. Bécus se présente ; il est tout pâle ; sa bouche s'ouvre... Il n'en sort rien, qu'un râle. Le pauvre s'enfuit, poursuivi par les huées générales.
Pour sauver Bécus, je me précipite sur la scène ; Je chante six chansons, je dis des monologues, je suis fou d'exubérance ! Le public est enthousiasmé... moi, je suis éreinté ! J'exige le cachet de Bécus, qu'on me contestait, et nous filons vers Paris où, deux heures après, je chantais mes deux tours à l'
Eldorado.
Quant à Bécus, il m'a promis ce soir-là (sans la moindre intention de tenir sa promesse) qu'on ne l'y prendrait plus à chanter à pleine voix, après avoir fêté l'Aï mousseux et le pétillant vin
d'Épernay.
Amiati ne cesse de triompher !
Auteurs et compositeurs s'empressent autour d'elle, et elle crée sans relâche, infatigable, modeste, applaudie.
Actuellement, son succès c'est Le baiser des adieux, que Paul Henrion a enrichi d'une charmante musique.
L'exquise mélodie du Maître a rendu cette romance populaire.
Paul Henrion, déjà célèbre aux quatre coins de la France, travaille beaucoup pour l'
Eldorado depuis deux ou trois ans.
Chaque mois il ajoute une perle à son écrin, déjà si riche de chefs-d'œuvre.
Il était alors dans tout l'épanouissement de ce fin talent qui en a fait le compositeur favori des salons, de 1840 à 1880.
Une jeune et jolie cantatrice vient de débuter dans l'air de la Juive. C'est Mlle Lynéda. Bonne voix, solide, un peu inexpérimentée encore. Ne fera qu'un court séjour chez nous, car le théâtre lui conviendra mieux que le concert.
Je crois d'ailleurs avoir applaudi, quelques années plus tard, à la Renaissance, une artiste, Rébecca Landau, qui lui ressemblait tellement que ce devait être elle.
Grand succès pour cinq nouveaux artistes : quatre chevaux-nains et un singe ! présentés par M. Ferdinand Corvi fils.
La scène de l'Eldorado transformée en manège, vous voyez ça d'ici ! L'étoile de cette troupe est le singe Mistenflûte costumé en général turc de fantaisie. Il monte ses coursiers minuscules avec l'aplomb d'un écuyer consommé. Ces petits chevaux sont admirables. Nous les comblons de caresses et, ces dames, de sucreries. Ils préfèrent les attentions de ces dames. Il faut les voir grimper et descendre les escaliers étroits avec autant d'aisance que nous.
Un effet comique chaque soir avant la présentation.
La petite jument Léonie, entre dans la Régie, et, gravement, par dessus l'épaule de Capet, le régisseur, consulte le programme. Elle semble l'approuver par un hochement de tête répété et court vite dans la coulisse attendre son tour d'entrer en scène.
Les chevaux sont toujours gais, Mistenflûte est toujours triste. Fusier et Ducastel ont beau inventer les plus vilaines grimaces pour le dérider, lui rappeler ses frères lointains, il les dédaigne et gémit en pensant aux forêts du Congo qu'il ne reverra jamais.
Je m'étonne qu'un de nos chansonniers n'ait pas encore fait la romance : Mistenflûte pleurant le ciel de sa patrie !
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