Anna Held
"Une étoile française au ciel d'Amérique"
'est sous ce titre que furent publiés les Mémoires d'Anna Held, écrites sans doute par sa fille et précédées d'un mot de Jacques Charles, aux Éditions La Nef de Paris en 1954. - Sept cent cinquante exemplaires. - C'était déjà beaucoup pour une artiste décédé trente-six ans auparavant et dont deux guerres avaient fait oublié les dernières créations. - C'était encore plus : un presque pari que de les publier en français (texte d'origine) dans un pays où,elle n'était pas monté sur scène, sauf pour une tournée sur les fronts, en 1915, depuis plus de 60 ans.
Le plus étonnant dans tout ça, c'est qu'elle n'était pas française mais polonaise et qu'elle a fait carrière presque exclusivement en anglais mais pas n'importe où quand même : sur les plus grandes scènes de Londres et de New York.
Elle a précédé, en quelques sortes, les Gaby Deslys, les Mistinguett, les Lucienne Boyer et les Piaf mais son nom, aux USA, a surtout été retenue pour avoir, avec son deuxième mari, Florenz Ziegfeld, créé les fameuses Follies que se sont empressés de copier les revuistes parisiens à partir des années 1900 et qui feront la renommée des Folies Bergère et du Casino de Paris.
Elle est née, fille d'un gantier, Shimmle (Maurice) Held, à Varsovie le 19 mars 1872 (entre, donc, 1865 et 1873, les dates qu'on a le plus avancées au cours de sa vie) pour débuter vers 1892 ou 1893, dans une petite troupe qui fit une petite tournée qui se termina lorsqu'on son directeur se sauva avec la petite caisse d'un soir. - Débrouillarde, elle se fit accepter comme figurante dans divers cafés-concerts à Paris (Jacques Charles dit l'avoir vue à la
Scala, ce que Philippe Chaveau confirme) avant d'épouser, en 1894 un playboy de l'Uruguay qui lui donna une fille en 1895, une fille qui devint plus tard, comédienne puis productrice et à qui on doit la publication des Mémoires précitées.
Elle était à Londres en 1896 lorsqu'elle fut remarqué par un producteur américain, ruiné au jeu et qui dilapidera plusieurs fortunes au cours de sa vie, un producteur peu connu à ce moment-là et qui l'engagea sur le champ en empruntant à droite et à gauche dix mille dollars pour l'amener à New York où elle paru, en janvier 1896, au Herald Square Theater dans une pièce de Charles Yoyt, A Parlor Match.
Ses yeux fripons, son petit accent bien parisien, sa taille à la Polaire, en firent, du jour au lendemain, une vedette.
Entre 1897 et 1912, elle fit partie de pas moins de onze grands spectacles à la Ziegfeld, spectacles aux noms qui en disent long : The French Maid, La poupée, The Little Duchess, Mam'slle Napoléon, A Parisian Model, Miss Innocence...
En 1912, elle se sépare de Ziegfeld (qui était devenu son deuxième mari) après un divorce qui fit la manchette des journaux New Yorkais. - Elle se lance dans différentes tournées dans toute l'Amérique puis c'est la guerre...
Mais passons tout de suite aux photos
(Collections particulières diverses)
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