Paul Derval



Antonia Derval



Michel Gyarmathy



Hélène Martini









Le promenoir


La salle vue de la scène


La salle

Folies Bergère

u numéro 32 de la rue Richer dans le 9ème arrondissement de Paris (75).

 

sans "S" :

Inutile de revenir sur le singulier de Bergère ! Il n'est pas question, ici, de folies de gardeuses de moutons ! Bergère au singulier vient de la proximité d'avec la rue éponyme voisine et pourquoi pas la cité Bergère toute proche.

Sommiers Elastiques !

- 1860, sur un ancien terrain qui appartenait à l'hospice des Quinze-Vingts (1) on ouvre "Les Colonnes d'Hercule"  : un grand magasin populaire de literie.

- 1863, ce magasin ouvre, une salle de spectacle attenante, dirigée par Albert Boislève sous le nom de "Folies Trévise" (autre nom de rue voisine dans laquelle se trouvait l'entrée des artistes au n° 35).

- 1869, le 2 mai, la salle a absorbé tout le magasin et est de suite surnommée la Salle des Sommiers Elastiques.

- 1869, en août, Boislève ferme la salle et la rouvre en septembre.

- 1870, en mars, Boislève la ferme encore et laisse sa place à un nouveau directeur.

-1870, en décembre, pendant le siège de Paris, on y donne un vaudeville.

"13"

Mais le 3ème duc de Mortier Trévise n'approuve pas le nom choisi de Folies Trévise! On se rabat alors sur "Bergère" et on inaugure le 13 septembre 1872 les Folies Bergère. Le nom choisi fait référence aux folies, maisons de divertissement au 18ème siècle puis salles de spectacle, et au nom de la rue Bergère située non loin de la rue Richer. Cela en fait un nom comportant 13 lettres ! Ah ! la superstition ! Très longtemps, on veillera à ne choisir  que des titres de revues en treize lettres contenant le mot "folie" au singulier ou au pluriel.

Les Variétés : on y arrive !

Après la Commune et ses réunions politiques, on se souvient que Michelet y tenait discours !

La Commune est proclamée depuis trois jours quand M. Durecu rouvre avec un spectacle joué par une troupe improvisée.... Il ferme dix jours plus tard. Léon Sari(2) rachète la salle, en novembre 1871, agrandit la façade et ajoute un promenoir puis fait aménager un immense jardin d'hiver (le futur Grand Foyer (dans lequel en 1881, Manet y voit - et peint - un bar aux Folies Bergère ne ressemblant aucunement au lieu ainsi désigné) sur le terrain vague qui se trouvait avant l'entrée de la salle.

Premier grand music-hall ouvert à Paris, spécialisé dans les variétés à grand spectacle, sur le modèle de l'Alhambra de Londres, on y donne des revues, des opérettes, des opéras comiques, des chansons populaires, des spectacles d'acrobatie. Pendant le spectacle (formule hybride entre le cafĂ©, le concert et le théâtre), on pouvait aller et venir librement, s'asseoir à des tables, boire et fumer ou folâtrer avec les "cocottes", comme le décrira Maupassant dans "Bel Ami" ou Zola dans "Nana". Dès la fin du 19ème siècle, les spectacles tournent autour de la femme avec des ballets pantomimes et l'arrivée des "girls". En aout 1886, le couple de limonadiers marseillais Allemand (3) dirige l'établissement aidés du mari de sa nièce, Léopold Marchand. Ce dernier, malade doit se résoudre à vendre. Monsieur Marchand, père, veut bien céder l'établissement, mais... fort cher ! ( voir au chapitre six des Souvenirs des frères Isola - Flammarion - 1945)

- 1901, les frères Isola achètent les Folies Bergère à la veuve Marchand, pour 700 000 francs et les revendront en 1905 à Paul Ruez et Clément Banel.

- 1908, Clément Banel est définitivement directeur  et engage, en 1909 et pour trois saisons, un jeune chanteur de 21 ans mais très populaire : Maurice Chevalier !

- 1911, c'est Mistinguett qui est engagée pour mener la revue !

- 1912 a lieu la première apparition sur scène d'une femme totalement dénudée.

- 1918, sous la direction de Paul Derval (4), et pendant près de 50 ans, Les "Folies Bergère" vont connaitre une renommée internationale avec ses fameuses revues toutes appelées "folies", avec des titres en treize lettres : "J'aime à la Folie", "Féeries en Folie", "La Grande Folie"? Selon Derval, qui dira : "je n'aurais plus qu'à fermer la boutique... si je m'avisais de supprimer les femmes nues !" Colette participera même à une de ces revues ! En 1926, Derval agrandit la salle avec un nouveau balcon, qui passe à 1 679 places et le grand foyer orné de candélabres. La façade de 1929, œuvre du sculpteur Pico, typiquement Art Déco, est classée à l'Inventaire des Monuments Historiques. Elle sera restaurée à la feuille d'or en 2011.

- 1933, retour de la Miss dans Folies en Folie : ?"Oui, c'est moi, me r'voilà, je m'ramène" chante-t-elle en descendant le grand escalier devant un public en délire ! C'est Oberfeld et Willemetz que Paul Derval missionne pour lui écrire "C'est vrai" (qu'on pourra écouter au bas de sa page).

- 1936, pour mener la revue "En Super Folies", Derval fait revenir Joséphine Baker de New York, et demande à Michel Gyarmathy(5), un jeune hongrois tout fraîchement débarqué à Paris de lui en dessiner l'affiche.

- 1966 le 16 mai, l'iconique et talentueux directeur Paul Derval s'éteint. Son épouse Antonia aidée de Michel Gyarmathy, continuera de faire vivre les Folies...

- 1974 en août, Antonia Derval transmet ses pouvoirs à Hélène Martini (6), "l'impératrice de la nuit", une ancienne "mannequin habillée" des "Folies Bergère" qui perpétuera la tradition pour illustrer la devise inscrite sur la façade du "Plus Célèbre Music-Hall du Monde", jusqu'en 1993 avec les "Folies ", puis avec des spectacles à grand succès comme "Fame", "les années Twist" ou encore "Cabaret" et "Zorro", plus récemment.

- 2011 en septembre, le théâtre des Folies Bergère est racheté par Lagardère.(7) En 2012, Hélène Martini met en vente 6 000 costumes créés au music-hall entre 1974 et 2002.

- 2013, Lagardère devient l'unique détenteur des Folies Bergère. La salle est désormais dirigée par le directeur du Casino de Paris depuis 1989.

- 2020, Lagardère met en vente les Folies Bergère ainsi que l'ensemble de ses activités spectacles, comprenant aussi le Casino de Paris et Bataclan.


(1) Le nom de Quinze-Vingts veut dire trois cents (15 X 20 = 300) dans le système de numération en base vingt et, de fait, l'hospice comptait trois cents lits. Louis IX, au 13ème siècle, aurait fait bâtir cette maison pour porter secours à trois cents chevaliers faits prisonniers par les Sarrasins durant la septième croisade, et qui eurent les yeux crevés avant d'?tre libérés. Toutefois Jean de Joinville n'en parle pas, et aucune source de l'époque ne l'atteste. Selon l'historien des Quinze-Vingts, Léon Le Grand, il s'agirait d'une légende apparue au 15ième siècle.

(2) Léon Sari, né Napoléon Emmanuel Sari Stefanini, le 20 décembre 1824 à Prangins (Suisse), fils d'un militaire proche de la famille Bonaparte. Grâce a sa proximité avec l'entourage de Napoléon III,il obtient, en 1955, le privilège du théâtre des délassements comiques ou il crée plusieurs revues à succès, il dirigera ensuite le théâtre de l'Athénée avec le même succès.En 1871, il prend la direction des Folie Bergère où il mélange saynètes comiques et numéros d'actrices peu vêtues.Le promenoir est fréquenté par les "Grandes Horizontales" entre autres. La Préfecture le force à changer de genre, il opte pour la musique de concert classique et renomme la salle "Concert de Paris" et c'est l'échec ! Léon Sari doit vendre son théâtre et ses biens. Il meurt dans la gêne le 2 mai 1890.
(3) Marius Allemand, chef d'orchestre a épousé une des soeurs Noblet qui formaient un duo de danseuses.Ils créent et dirigent un café-concert place Vivaux a Marseille, là où se tenait le café des Colombes.Ces limonadiers marseillais quitteront Marseille pour Paris ou ils dirigeront chacun d'un côté du boulevard de Strasbourg, la Scala et l'Eldorado.
(4) Alexis Paul Pitron de Ferrière dit Paul Derval, né le 23 juin 1880 à Paris 9e et mort le 15 mai 1966 à Paris 16e. Entré aux Folies en 1916 comme adjoint du directeur de l'époque, le chef d'orchestre Raphaël Beretta. Il épousera en 1935 Antonia Marie France Carle (Marseille - 25 août 1895 / Paris - 19 décembre 1986) qui lui succédera à la direction des Folies Bergère jusqu'en 1975. Il lança les carrières de plusieurs grandes vedettes françaises telles Maurice Chevalier, Mistinguett, Joséphine Baker, Fernandel entre autres. Officier de la Légion d'Honneur, et aussi président honoraire de la chambre syndicale des directeurs de spectacles.
(5) Michel Gyarmathy - alias Monsieur Michel - a quitté sa Hongrie natale en 1932 âgé alors de 24 ans. Il était doué pour le dessin et tous les jours devant la sortie des artistes des Folies Bergère, au numéro 9 de la rue Saulnier, il dessinait sur le trottoir de jolis motifs avec des craies de couleurs. Chaque soir, en quittant le music-hall, Paul Derval ne pouvait que marcher sur ses fresques et, chaque soir, il demandait au gardien de nettoyer le trottoir à grande eau... Le lendemain, Michel Gyarmathy récidivait, jusqu'au jour où Derval consentit à lui accorder un rendez-vous. C'est ainsi qu'il fut engagé par Derval et il aura travaillé à la mise en scène des spectacles aux Folies Bergère pendant 56 ans !
(6) Hélène Martini née Hélène de Creyssac ; d'un père français, propriétaire terrien en Pologne, et d'une mère russe ; le 6 août 1924 à Cracovie (Pologne) et morte le 5 août 2017 à Paris 9e. elle arrive en France en 1945, après que sa famille ait été décimée par la Seconde Guerre mondiale. Elle vit de petits boulots en province puis devient à Paris mannequin nu aux Folies Bergère. Elle gagne à la loterie près de trois millions de francs. En 1955 elle épouse Nachat Martini, dit "Le Libanais", riche avocat d'origine syrienne qui décèdera en 1960 d'une suspecte crise cardiaque. Unique héritière malgré une action de justice intentée par les deux frères du défunt, elle continue dans le milieu et acquiert quatre théâtres parisiens (Bouffes-Parisiens, Mogador, Comédie de Paris, Folies Bergère), ainsi que des cabarets-clubs. Au fil des années, elle se sépare de ses biens et décède le 5 août 2017 à Paris, à l'âge de 92 ans.
(7) En 2011, après quelques années de programmations intermittentes et au cours desquelles l'établissement se dégrade malheureusement, le groupe Lagardère rachète la salle et entreprend d'importants travaux de rénovation avec ravalement de la façade classée, toiture et mise aux normes générale. Il rachète aussi aux enchères un certain nombre de costumes des revues et spectacles, qu'il fait exposer dans le Foyer.


La façade

Au gré des changements de direction et des travaux de rénovation, la façade côté rue Richer, a quelque peu été modifiée, notamment le chapiteau :


Les Folies Bergère en 1872 (3 ans après l'ouverture)


Les Folies Bergère 1901 à 1905

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Les Folies Bergère 1907


Les Folies Bergère en 1914

les folies bergere les folies bergere

Les Folies Bergère en 1919



Les Folies Bergère en 1922



Les Folies Bergère en 1928 (bas-relief art-déco représentant la danseuse nue Lila Nikolska, œuvre du sculpteur Maurice Picaud [1900 - 1977], dit Pico)

Les Folies Bergère en 2011 (après restauration de la sculpture à la feuille d'or)

Les Folies Bergère Monument du "Paris by Night"

 


Les Affiches


Les affiches que nous avons pu retracer sont présentées chronologiquement pour permettre d'apprécier la diversité ou la réccurence des artistes et des prestations.

1874

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Merci à Mesdames Claire Simon-Boidot et Hélène L'Hégarat, à Messieurs Yves Sinigaglia, Michel Jutant, Jacques Gana, Jean-Yves Patte et autres lecteurs !
Certaines affiches sont en provenance des sites Gallica Les Silos et Paris Musées.

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