Suite d'une série de pages consacrées au French Cancan


Célébrités du Moulin Rouge :
Margot, Rayon d'Or, Églantine et La Goulue,
La Goulue et Valentin le désossé, La Goulue

La Goulue vers 1895...
(collection privée)

...et vers 1910




La Goulue et Valentin le Désossé :
Louise Weber et Jules Renaudin
vers 1882



Jules Renaudin vers 1895




Jane Beaudon vers 1893

 


Grille d'égout



La Môme Fromage


Sauterelle



Nini Pattes-en-l'Air


Bagatelle


L'Hirondelle


Etoile Filante

Rayon d'Or


La Tonkinoise


Sauterelle, Nini pattes en l'air, La Môme fromage, Grille d'Egout et devant, La Goulue.



Pomme d'Amour, La Goulue, Grille d'Égout et Valentin le Désossé





 

      La Torpille                   La Môme Fromage

LES PERSONNAGES

es danseuses-vedettes du Moulin Rouge s'appelaient (*) :

Alice la Provençale Fernande Nini-Pattes-en-l'air
Arc-en-Ciel Finette La Panthère
La Bombe Folette Pâquerette
Camélia dite Trompe la Mort La Galipette La Pirouette
La Canadienne Gazelle Pigeonette
Cascadeuse Gigue Rayon d'or
Cascadienne La Glu Risette
Cha-Hu-Ka-O La Goulue Sauterelle
Cigale La Grenouille Serpentine
Clair de lune Grille d'Égout Serpolette
Cléôpatre Hirondelle Sylphide
La Comète La Japonaise La Tonkinoise
Demi-Siphon Lili-Jambes-en-l'air La Torpille
Diamant La Limnière Tour Eiffel
Éclipse La Mélinite (JaneAvril) La Vénus de Bastringue
Églantine La Môme Caca Vif Argent
Églantine La Môme Cri-Cri Violette  
Étoile filante La Môme Fromage Vol au Vent

Et comment passer par dessus le nom de Valentin le désossé ?

Note :(*) Source : Le Moulin Rouge de Jacques Pessis et Jacques Crépineau - Éditions de La Matinière - 2002

Lire aussi les descriptions que fait Yvette Guilbert dans ses mémoires.


Voici quelques notes et anecdotes à leur sujet

La Goulue, d'abord, qu'on a aussi appelé Vide-Bouteille, est née Louise Weber, à Clichy, le 12 juillet 1866. Adolescente, elle sèche les fonds de verre dans les cabarets des fortifs.Tous les soirs, elle fait les bals vêtue des effets "empruntés" aux clientes de la blanchisserie de sa mère. Elle raconte avec fierté avoir perdu sa fleur à l'âge de treize ans. Elle débute en blanchisseuse, vend des fleurs puis devient modèle. Elle se prostitue très vite, fréquente le Grand Véfour, l'Alcazar d'Hiver, l'Élysée Montmartre où Oller la remarque et l'engage tout de suite pour son Moulin Rouge (en 1889). - Elle y restera six ans, devenant la plus célèbre des danseuses de l'endroit mais très vite elle se prend pour la reine de Paris, affiche un caractère insupportable, se fait photographier dans des nus scandaleux (voir ci-dessous) et insulte, dans un vocabulaire à faire frémir des soldats, la clientèle. - On raconte qu'elle aurait même dit au Prince de Galles, en visite incognito : "Hoé, Galles, tu paies le champagne ce soir ?"

En 1895, se croyant non seulement reine de Paris mais reine du Monde, elle décide d'abandonner le Moulin Rouge pour se lancer dans les baraques foraines où elle croît que son seul nom attirera le public.

Le théâtre de La Goulue : une baraque foraine !

- Elle a tort : le public ne viendra pas. - Elle se lance alors dans le cirque (domptage d'animaux) puis dépense ce qui lui reste d'argent dans la noce et les fêtes. En 1903, on l'aperçoit dans un hôtel en compagnie d'un homme qui boit tout autant qu'elle. - En 1910, Francis Carco la rencontre, par hasard, dans une foire où elle est devenue méconnaissable. - Elle y restera jusqu'au début des années vingt.

C'est de cette période (entre 1920 et 1925) que date ce petit film. On y voit Louise Weber devant sa roulotte puis, esquissant quelques pas de danse...

On ne sait ce qu'il advint par la suite mais vers la fin des années vingt, elle est de retour à Montmartre, vieille, tête blanche, édentée ; elle vend des allumettes aux terrasses des cafés, et comble du sort... devant le Moulin Rouge ! Arletty racontera dans Les Mots d'Arletty, l'avoir croiser par hasard sur le quai du métro Châtelet. Elle portait un tablier de marchande de fleurs.

Un soir, mourante, elle se présente à l'ancien Mirliton d'Aristide Bruant, devenu maison hospitalière, et demande l'asile. On fait venir un prêtre à qui elle dit : "Mon père, est-ce que le Bon Dieu me pardonnera ? Y aura-t-il une place pour moi au ciel. C'est que je suis la Goulue..." La Goulue est décédée le 29 janvier 1929 à Paris 10e.


Valentin le Désossé, ensuite. - Un personnage cauchemardesque aux bras et aux jambes de caoutchouc, mince comme un fil. - Il s'appelait en réalité Edme-Etienne-Jules Renaudin (souvent écrit Renaudot). Fils d'un notaire de Sceaux, il était en dehors de ses heures de travail (au Moulin Rouge), tout ce qu'il y a de plus conventionnel. En 1895, il disparut de la même façon qu'il y était venu. Des années plus tard, on parlait d'un homme qui avait éventuellement ouvert un bistro ou qui était devenu ouvrier mais personne ne sut vraiment ce qu'il lui était arrivé.
Voici ce qu'en dit Jane Avril : "Valentin de son vrai nom Jules Renaudin est aujourd'hui la personnalité la plus intéressante des bals publics. Un homme grand, maigre, flottant dans sa redingote noire; une face glabre marquée par la longueur de son nez, obscurcie par la minceur des yeux; masque triste. La date de ses débuts lui impose un âge respectable, sans lui enlever de sa vigueur physique, ni de son prestige auprès des femmes. Les hommes le vénèrent, et les filles l'adorent. il est comme le grand maître des chevaliers servis de la place Blanche. Mais ce qui rend sa vie particulièrement digne d'admiration, c'est que, pour jouir largement de l'existence, Valentin n'a pas besoin des bienfaits dont il est accablé par le sexe faible de Montmartre et autres lieux. il est riche, et son frère exerce honorablement, non loin de Paris, les pudibondes fonctions de notaire. Si donc Valentin se comptait dans la position sociale qu'il doit à ses talents autant qu'à ses qualités morales, c'est uniquement par amour de l'art, par dilettantisme, disons mieux, pour affirmer la supériorité du mâle sur le miché".(*)


Et puis il y avait la Jane, Jane Avril dite Jane la Folle (parce qu'elle était folle de danse), Jane Avril également dite la Mélinite, qui ne vécut que pour danser. Contrairement à La Goulue et à la plupart de ses consœurs, elle danse avec pudeur. Ses improvisations étonnent. Née Jeanne Beaudon à Belleville, en 1868, elle mourut sagement, mais pauvre, sous l'occupation en 1943 non sans avoir avoir dansé en public pour la dernière fois en 1935 (elle a alors 67 ans) avec Max Dearly.

Sur cette Jeanne, François Caradec †, qui a déjà publié plusieurs volumes sur : Lautréamont, Alfred Jarry, Le Café Concert, Alphonse Allais, etc., a consacré un livre intitulé Jane Avril au Moulin Rouge avec Toulouse-Lautrec.

Voici le communiqué de presse qui accompagnait le lancement de ce livre en octobre 2001 :

François CARADEC † : Jane Avril au Moulin Rouge avec Toulouse-Lautrec

La danseuse Jane Avril serait certainement oubliée si elle n'avait pas été le modèle préféré de Toulouse-Lautrec, et si elle n'avait pas failli épouser Alphonse Allais (après avoir vécu plusieurs années avec lui). Contrairement à la Goulue et aux autres filles du Quadrille du Moulin Rouge de la belle époque, c'était une femme sensible et intelligente : c'est d'ailleurs elle qui commanda ses propres affiches à Toulouse-Lautrec dont elle admirait le génie. Grâce à de nombreux documents difficilement accessibles et réunis pour la première fois, François Caradec fait revivre cette femme libre, dont l'existence fut entièrement vouée depuis son enfance à la danse. Ce livre illustré rassemble des photographies de Jane Avril, de ses amis, des lieux qu'elle a fréquentés, les toiles et affiches de Toulouse-Lautrec naturellement, mais aussi des portraits de Jacques-Émile Blanche, Grass-Mick, Henri Somm et de Maurice Biais.

Références : Jane Avril au Moulin Rouge avec Toulouse-Lautrec - Auteur : Caradec †, François - Collection Document-témoignage - Éditeur FAYARD - Parution 10/12/01 - 186 pages.


Note (*) : Miché : client de prostituée. Devenu micheton en argot.


Et puis les autres

Bagatelle

Andrée Labbé, a dansé au Concert Mayol et le Cancan au Moulin Rouge. Elle est la mère de de la comédienne Jacqueline Labbé, connue sous le nom de Jackie Sardou et la grand'mère du chanteur Michel Sardou.

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Demi-siphon

Jeanne Faës ou Marcelle Mignon qui tenait son surnom de sa petite taille : 1m45 ! Elle serait morte en faisant le grand écart à Reims ou elle est allée pour révéler à la province le prestige de ses talents. Elle a voulu accomplir un grand écart si rapide et si parfait que ses os ont lamentablement craqué en touchant le sol et elle ne s'est pas relevée.
(Le Temps 17/11/1893 - Gallica/bnf.fr)

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Grille d'égout

Lucienne Beuze,une ancienne institutrice, ainsi nommée par le polémiste Henri de Rochefort car il lui manquait une dent sur deux et que sa mâchoire édentée ressemblait aux grilles d'égout de cette époque.. Elle ouvrira une école de Cancan !

Elle mourut... concierge en 1929.

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La Môme Fromage

Ce surnom vient de l'argot : est Fromage la plus jeune arpète (apprentie) de l'atelier. Au début de sa carrière, La Môme Fromage était la plus jeune apprentie d'une grande couturière de la rue du 4 septembre.

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Sauterelle

Elle serait la plus douée pour les acrobaties. Celle qui aurait pu faire carrière au cirque, finira à Reims, tenancière de bistrot.

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Nini Pattes-en-l'Air

Brune, laide et vulgaire, elle s'appelle Hervé mais affirme être veuve et se fait appeler Madame Veuve Monier. Elle ouvrit vers 1896 une école de French Cancan qu'elle dû fermer car la police soupçonnait que c'était une école d'un genre fort différent (qui hébergeait ses pensionnaires) elle disparut vers la fin du siècle ayant épousé un bon bourgeois avec qui elle se serait retirée dans le Midi...

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Rayon d'Or

Grande, rousse, elle s'appelle Chrétiennot. La seule danseuse de Cancan ayant fait fortune ! Au début des années 1890, elle quitte la France avec un Américain venu vendre à Paris le phonographe Edison. Les deux partent chercher de l'or en Alaska, trouvent un filon et les voilà milliardaires !

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La Mistral

Elle quiite le Moulin Rouge, et à l'instar de La Goulue, va de de charybde en scylla, tombe dans la misère et finit sa vie en vendant serpentins et confettis dans les cabarets de Montmartre !

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La Tonkinoise

Avec La Môme Cri-Cri et Georgette Macarona, elles sont trois sœurs, filles d'un marchand de volailles du boulevard du Montparnasse. Elles essaieront vainement de détroner La Goulue de son statut de vedette.


Et puis d'autres, encore,

disparues et desquelles il ne nous reste que quelques photos

Lili Jambes-en-l'Air

Joséphine Durwend, dite Finette
On peut noter son écharpe à son nom de scène
ainsi qu'une grosse mouche comme marque
de fabrique de son personnage.

Alice la Provençale


Un extrait de Paris oublié (Charles Vilmaitre - E. Dentu éditeur - 1886) à la rubrique du Casino Cadet :

"Comme danseuses en réputation, on remarquait Rosalba Cancan, Alice la Provençale, Finette, Nini Belles Dents, Eugénie Trompette et Mimi Gambilmuche. Finette, de son vrai nom "Joséphine Durwend", n'avait pas sa pareille pour lever la jambe ; elle envoyait un coup de pied à la hauteur de l'œil avec une désinvolture adorable. C'est la seule parmi les habituées du Casino qui ait laissé une trace de son passage ; elle fit du cancan, qu'elle dansait pour s'amuser, un métier. On l'engagea en Angleterre et en Russie, et on pouvait lire sur les affiches annonçant ses débuts : Finette, célèbre artiste, dansera les danses nationales françaises !"

 


Toutes pas toujours pudiques, d'ailleurs

Nini-Pattes-en-l'air

La Goulue

Rayon-d'Or

Sauterelle et Rayon-d'Or

Grille d'Egout et La Goulue

La Môme Fromage


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