stèle élevée, en 1910,
dans le parc de
la fondation Dranem

Francis Dufor


(Cette page doit beaucoup à Claire Simon-Boidot que nous remercions pour la qualité de ses recherches d'actes d'Etat civil, notamment.)

é François Augustin Dufor, à Paris,5e, le 30 août 1862 [*], Francis Dufor était un chanteur, guitariste, compositeur et poète. Vêtu et couvert à0 la Montehus, il n'a pas pourtant, épousé les mêmes causes, surnommé le gavroche parisien, des années 1890 au Caf'Conc' du Commerce où il lance, Raymond Caudrilliers, un gamin de onze ans qui fera carrière sous le nom d'Aimos, le second rôle le plus populaire du cinéma français de l'entre-deux-guerres. à0 côté d’Aristide Bruant, à0 qui la plupart des historiens du café-concert reconnaissent la paternité du genre réaliste, d’autres artistes se sont également revendiqués "créateurs" de ce genre dans les mêmes années. C’est le cas de Francis Dufor qui en a même proposé une théorie. Dufor se produisait en "costume de gueux" et était censé les représenter à0 travers un répertoire spécifique qui mettait en scène la voix des déshérités. Lors de son adhésion à0 la Société de Secours des artistes lyriques en 1898, Dufor se présentait ainsi comme "Artiste en son genre" pour signifier qu’il évoluait déjà0 dans son propre répertoire, contrairement à0 la plupart de ses confrères et consœurs artistes de café-concert qui utilisaient plus volontiers l’expression générique "chanteur comique", permettant d’identifier un type d’artiste qui se produisait au café-concert, quel que soit le genre dans lequel il était spécialisé. Francis Dufor avait cependant choisi d’incarner un réalisme plus social et moral que celui d’Aristide Bruant, plus volontiers expressionniste, conformément aux attentes de leur public respectif. Si Aristide Bruant a comme Dufor fait ses débuts sur les scènes conventionnelles de café-concert, figure de la Scala au tout début des années 1880, le répertoire réaliste qu’il a créé s’adressait davantage au public canaille des cabarets montmartrois venus humer l’ambiance faubourienne des quartiers marginaux du nord parisien. La représentation du crime et son détournement y étaient facilités par le goût du macabre, source intarissable de froide ironie dans l’humour si particulier qui caractérisait monologues et chansons du Chat Noir. Le réalisme d’Aristide Bruant, qui consistait en une représentation des hommes et des femmes du peuple des quartiers de Paris, passait par ce qui se voulait une reconstitution des traditions musicales du peuple parisien, parmi lesquelles la complainte criminelle pouvait constituer une source d’inspiration pour les types d’assassin qu’il souhaitait mettre en scène.

Francis Dufor était connu pour son sens de l’humour et sa simplicité, et a développé sa carrière entre les années 1890 et 1900, et surtout dans les dernières années du XIXe siècle, période où il avait obtenu ses plus grand succès. Cet artiste renommé fut avec le chanteur Félix Mayol parmi les plus célèbre de son temps, mais qui contrairement à0 ce dernier, a été complètement oublié, n'ayant pas laissé à0 la postérité les monuments que furent "Viens Poupoule" et "La Mattchiche" !

Il avait, pourtant, fait les beaux soirs des grandes salles de spectacle et des cafés-concert de la capitale : l’Alhambra, les Folies Bergère, l’Olympia, le Moulin Rouge, l'Alcazar, le Petit Casino, les Ambassadeurs, le Théâtre de la Gaîté, l’Alcazar d’été, le Trianon, le Théâtre Antoine, le Concert Parisien, la Scala ou l’Eldorado.

Petits formats & Répertoire

Quelques titres, la liste n'est pas exhaustive !

  • "J'ai les femmes dans le nez"
  • "Les réponses de Bidochard"
  • "Bibi Gavroche"
  • "Les filles mères"
  • "Elle est rien toc la Société"
  • "Victime du Pari Mutuel"
  • "Je n'marche pas"
  • "Hier & Aujourd'hui"
  • "Si j'avais un million"
  • "Un bon père"
  • "Un rêve réaliste"
  • "Titi, tin, tin"
  • "Une maison de campagne"
  • "Poulopot"
  • "L'affamé"
  • "Un thermomètre"
  • "Eh ! ben de quoi"
  • "J'fais parti d'l'aristo-Crapule"
  • "Rondeau des Gueux"
  • "Si qu'on irait s'coucher"
  • "Si qu'une femme voudrait m'aimer"
  • "Les retraites ouvrières"
  • "Un papa d'oiseaux"
  • "Domestique & Patron"
  • "Nuit d'hôtel"
  • "M. Fallières ne veut plus voyager"
  • "Mon pauvr'Poulopot"
  • "Lettre d’Armand premier à0 Alphonse treize"
  • "J’nettoie les goss’s au Luxembourg"
  • "L'enfant des Remparts"
  • "Eh ! Phoebus ! s’coue donc ta paresse"
  • "Eh ! Henriette !"
  • "Les défenses du médecin"
  • "La cure merveilleuse"
  • "La crue"
  • "J'aime à voir lever l'aurore"
  • "A Saint-Sulpice"
  • "J'vends d'la morue l'vendredi saint !"
  • "Un p'tit morceau de pain"
  • (Petits formats de la collection Christine & Jean-François Petit et du site Gallica/BnF)

    Francis Dufor est décédé, à 47 ans, dans la nuit du 9 au 10 février 1910, lors du naufrage du Général Chanzy, paquebot de la Compagnie Générale Transatlantique faisant le service entre Marseille et Alger.Il a disparu avec toute la troupe [**] qui, comme lui devait se produire au Casino d'Alger dès le 12 février. Madame Dufor [***], chanteuse qui était restée à Marseille car indisposée, avait écrit une lettre donnant des détails très explicites au sujet de son mari, concernant notamment les bijoux qu’il portait au moment du drame, de façon à identifier plus facilement son corps et le faire rapatrié à Paris et lui donner une sépulture digne. Les descriptions n’ont pas beaucoup aidé l’équipe de sauvetage car elles ne coïncidaient pas avec les corps qui avaient été repêchés en mer ou dans l’épave dans les jours qui ont suivi la tragédie. Les restes du chanteur ont pu être identifiés contrairement à ceux des autres artistes qui participaient au voyage. Comme bon nombre de ses compagnons d'infortune, Dufor a du être inhumé sur place, comme le relate la presse de l'époque. Une stèle dédiée aux victimes a été élevée, en 1910, dans le parc de la fondation Dranem et inaugurée par le président de la République de l'époque Armand Fallières, le 14 mai 1911.


    Note : [*] selon son acte de naissance
              [**]
    Janiot, comique genre troupier et Nestor,l'homme qui se dévisse la tête et marche à l'envers, Les Derenda et Green, jongleurs, Marcelle Lafarre, chanteuse à diction genre Esther Lekain, Élise Henry, diseuse, Monsieur et Madame Joly-Velia, duettistes, Les Stakelys, barristes comiques de San Francisco.
              [***]
    née Marie-Marguerite Marchetti, à0 Brioux-sur-Boutonne (79 - Deux-Sèvres) le 25 avril 1870 et épousée le 24 janvier 1901 au Raincy (78 Seine-et-Oise aujourd'hui 93 - Seine Saint-Denis), puis remariée en 1953 (à0 83 ans !) et enfin décédée à0 Paris, 17e, le 2 février 1956. - mention marginale sur son acte de naissance.