Né à Marseille le 18 avril 1890 ! Et dans le quartier Saint-Just, Eh peuchère ! Marcel Sabatier (c'est là son véritable patronyme) est vite saisi par le
virus de la scène, malgré l'opposition de son père, rigide directeur
de pensionnat. Il remporte cependant au Conservatoire de sa ville un 1er
prix de saxophone et de chant.
En 1912, il est soldat et doit "faire
le mur" pour participer - et triompher- au concours de chant Artistica,
donné au Palais de Cristal de Marseille. Mayol est dans la salle et va
l'engager. Valiès décide de "monter" à Paris. Mais, à peine
le temps lui suffit-il pour être des revues de la Scala et des Ambassadeurs (avec Dranem) et de créer Tout le long de la Tamise à l'Eldorado,
que c'est la Seconde Grande Guerre et il est mobilisé. Ayant attrapé, bien
malgré lui, la "bonne blessure" [*], il est réformé, ce qui lui
permettra de chanter à l'Alcazar, en 1917. Il débute dans
l'opérette en remplaçant Aimé Simon Girard à l'Apollo dans
La 1111, Reine Joyeuse, que suivront La Belle de New-York,
La Veuve Joyeuse.En 1936 il créera à Marseille L'Auberge du Cheval Blanc.
Fin 1919 il est pensionnaire pendant six mois du Casino de Paris avec
Mistinguett dans Paris qui danse et La Revue nouvelle.
[*] Note : La bonne blessure etait espérée par tous les poilus. En effet, sans être invalidante, elle permetteit d'être réformé ou à minima de quitter le front et les combats. Souvent venant d'un tir"ami" de l'arrière, les soldats de l'avant se trouvaient blessés aux fesses !
Mais en
juin 1920 il décide de se consacrer au tour de chant et passe au Palais de Cristal de Marseille, à l'Alhambra et à l'Olympia,
scènes qu'il retrouvera régulièrement .
C'est ainsi qu'il crée à l'Alhambra, en mai 1924,
son plus grand succès :"La Chanson du saxophone". L'austère
Gustave Fréjaville note dans sa chronique du 8 janvier 1925 :
"Silhouette élégante, mince, un peu penchée, voix
de ténorino et diction adroite. Il chante "Le Saxophone"
et s'est souvenu à propos d'avoir été musicien au régiment.
Au dernier refrain il arrive sur scène en soufflant dans
un serpent d'argent, comme un authentique musicien de jazz...".
Il n'existe, hélas, pas de disque de cette chanson.
Comme d'autres artistes méridionaux, Valiès alternera
scènes parisiennes et tournées d'été dans le Midi.
Le 19.octobre 1928, après s'être produit à Nimes,
Arles, Aix, Avignon, il fait sa rentrée à l'Empire.
Passant juste avant la vedette Marie Dubas,
il est victime "d'un emboîtage tel, que l'on dût
baisser le rideau et enchainer" ( R.De Laroche & F.
Bellair. Marie Dubas. Candeau, 1980). Le 17.novembre 1928, Valiès fait partie du 2ème gala organisé par La
Renaissance de la Chanson, au Concert Mayol, avec
Franconnay et Lina Tyber.
En mars 1929, Valiès présente son tour de chant aux
Variétés-Casino de Marseille, aux c?tés de La Palma,
Stello, Marcel Véran, Parisys... L'année 1931 voit sa
seule incursion au cinéma dans
Tout ça ne vaut pas l'amour, de Jacques Tourneur,
dont les vedettes sont Josseline Gaël et Jean Gabin.
Chaque année il sera à l'affiche des plus grands music-halls de Paris
(Européen, Bobino, Petit Casino, Empire) ou de Marseille
(Printania, Alcazar). Il effectuera aussi des tournées
en Belgique et Hollande.
En mars 1936, au Théâtre de la Renaissance,
il apparait grimé en Léon Blum et Georges Mandel dans
la revue Lavalisons...quand même de Dorin et Saint-Granier.
En 1937 il est à Dakar (Sénégal) : "J'ai rencontré là-bas
beaucoup de Marseillais...je croyais aller chanter
chez les nègres et je n'ai trouvé qu'un public de coloniaux...".
En novembre 1936,il passe
au Petit Casino et le critique Louis
Léon-Martin d'écrire dans Paris-Midi : "Valiès est élégant et confère à la chanson sentimentale un
tour tout ensemble un peu précieux et désinvolte...".
Il figure en couverture de Mon Programme n° 271 du
27 mars 1937 et, à nouveau, de La Semaine Radiophonique n° 7 du 13 février 1938. Par la suite, Vallès sera
de plus en plus souvent à Marseille et à Aubagne où
il a de la famille (un de ses frères y est directeur
d'école). Lors de la déclaration de guerre il se retire
de la chanson, bien que toujours inscrit à l'Annuaire
du Théâtre de 1945, mais n'abandonne pas pour autant le milieu artistique.
S'intéressant aux œuvres d'art il deviendra même un
spécialiste de l'art extrême-oriental.
Valiès décède à Paris, le 13 décembre 1974, à l'âge de 84 ans.