Petits formats

Collections
* Jean-François Petit
** Claire Simon-Boidot

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Joanyd


ans quelles circonstances l’affichiste L. Damaré, celui qui a créé les affiches les plus connues de Parisiana (son "Vilbert" est magnifique – voir ci-contre), s'est trouvé dans l'obligation (il n'y a pas d'autre mot pour décrire ce fait) d'ajouter à son œuvre une publicité stipulant que Joanyd était "le parfait chanteur", nul ne le saura sans doute jamais. – Remarquez, quand même qu'il n'a pas essayé de corriger sa curieuse physionomie, ni sa coiffure.

Mais qui était ce Joanyd ?

(Voir aussi l'ajout du 20 mars 2016 ci-dessous)

Dans les centaines – et nous n'exagérons pas – de volumes et des sites Internet que nous avons consultés, il nous a été impossible, jusqu'à présent, de retrouver son véritable nom, ni quand, ni où il est né, s'il a connu une certaine gloire, même passagère, ni quand, ni où il est décédé.

Oh, des traces de son existence, il y en a :

Philippe Chauveau (Music-hall et café-concert - Bordas 1985), plusieurs fois cités ici, nous enseigne qu'il a chanté :

 

...mais également : à la  Fauvette, chez Printania, à la Fourmi, à la Gaîté-Montparnasse, au Libre-Échange, à la Mésange, à l'Olympia, chez Pacra, à l'Univers...

Un Monsieur occupé, quoi.

Trois fois, Paris qui chante lui a ouvert ses pages :

  • Le six septembre 1903 (numéro 33) pour indiquer qu'il était le créateur de "Mignonette" (paroles de Pierre Forgettes, musique d'Edouard Fargy) dont une reproduction a été insérée dans le programme du jamais réalisé musée de la chanson (page 70 et 71 – voir notre page)
  • Le premier mai  1904 (numéro 67) pour son interprétation de "Ma première amie" (Christiné)
  • Et le 17 janvier 1909 (numéro 311) pour son "L'amour est un oiseau" (J. Combe et P. Pickart)

Chansons illustrées a mis sa photo en première page de son numéro 91.

Mais ce n'est pas tout :

La quantité de chansons qui lui ont été dédiées défie toutes les hypothèses. Suffit de jeter un coup d'œil sur les créations de Mayol. En voici huit :

  • "Les berceuses" (Paul Briollet et Léo Lelièvre – Henri Christiné)
  • "C'est pour eux" (Les mêmes)
  • "D'quoi on s'plaint ?" (Paul Briollet et Georges Arnould)
  • "Dans ton lit" (Edgar Favart - Henri Christiné)
  • "Folichonnade" (Les mêmes)
  • "Ma première amie" (Félix Mortreuil –Henri Christiné)
  • "Petite maîtresse" (Félix Morteuil – Gaston Maquis)
  • "Repopuli, repopulons" (Félix Morteuil, Max Rémus et Henri Christiné)

Et puis, il y a cette petite note  qu'on ne saurait ignorer dans les souvenirs de Georgius (publiés en annexe de "Georgius, l'amuseur public no. 1"  de Jean-Jacques Chollet – Chez Christian Pirot, 1997 – où il cite certains passages du registre de l'ex-directeur du Concert des Bateaux, qui répondait au nom "harmonieux" de Gardfelds :

(Georgius appelle ce registre, celui du "Prophète".)

  • Joanyd, 30 francs, très bon dans Myrella. Jolie coiffure. À reprendre au même prix
  • Maurice Chevalier, 25 francs pour deux jours. Trop cher pour ce que ça vaut. Ne pas rengager.
  • Cariel, danseur comique, 18 francs pour deux jours. À revoir. Pantalons trop larges.
  • Georgel, 35 francs pour deux jours. Plaît bien aux femmes. Ne pas augmenter.
  • Fortugé, 15 francs, pour deux jours. Mauvais.
  • Georgius, 15 francs pour deux jours. Mauvais...

Et puis, finalement, il y a, dans les souvenirs de Charlus (J'ai chanté), cette petite note qui date de 1951 :

" Joanyd, qui tient aujourd'hui un petit commerce de musique et phonos."

Et nous en sommes toujours là au moment où nous rédigeons ces lignes.

Question : est-ce que Joanyd a enregistré quelques disques ?

Nous en avons retrouvé la trace (mais non les disques eux-mêmes) d'au moins deux :

"L'étoile du bonheur" de Tramaseur, enregistré chez Gramophone le 4 novembre 1914.

Et

"Retour de Colombine" de Clavet chez Corona (sans date).

Aucun chez Pathé, Parlophone, Edison dont nous ne possédons pas évidemment tous les catalogues. 

Sans doute a-t-il enregistré ailleurs, chez de "petites marques", mais lesquelles ?
On aura, quand même une idée de son répertoire en regardant les petits formats ci-contre...

Pour le reste, nous accepterons volontiers tous les renseignements que vous pourriez nous faire parvenir.



Ajout du 20 mars 2016

Claire Simon-Boidot, qui relève tous les défis et que nous remercions une fois encore, s'est chargée de percer ce mystère et nous dit :

Le patronyme du chanteur qui se cache sous le pseudonyme de Joanyd n'ayant pas fuité dans la presse ancienne, j'ai cherché s'il ne s'agissait pas d'un anagramme. J'ai croisé les différents résultats obtenus avec des outils généalogiques accessibles sur Internet et il est apparu que son "vrai nom" pouvait être Danjoy. [*]

Sur Paris, un certain Jean Marcel Yvon Danjoy, né en 1898 au Verdon-sur-Mer (Gironde). Joanyd ayant commencé à chanter vers 1895 (et encore en vie en 1934), il ne peut s'agir de lui. Cependant, le fait que diverses partitions, publiées au 74 bd des Batignolles, adresse tardive de Joanyd, soient composées par un certain Yvon Danjoy est troublant et pointe vers une hypothèse : que Yvon Danjoy ne soit autre que Jean Marcel Yvon Danjoy et le fils de Joanyd. Dès lors, Joanyd serait Bernard Jean Marcel Danjoy, né à Bordeaux en 1873.

La demande des actes dans les mairies concernées rend en effet le tableau suivant :

  • Bernard Jean Marcel DANJOY, né à Bordeaux (33) le 6 juillet 1873, fils de Louis Georges Alexandre DANJOY, 20 ans, miroitier, et de Jeanne Anastasie LOISIER, 18 ans, ménagère ; marié à Bordeaux le 31 mai 1897 avec Laure Mathilde BARRAU (née en 1872), professeur de musique.
  • Jean Marcel Yvon DANJOY né au Verdon-sur-Mer (33) le 16 novembre 1898. Il se marie à Cherbourg le 5 mai 1923. Son épouse, Henriette Geneviève Blanche BERTRAND est, apparemment, une chanteuse de renom, d'après le Carnet Blanc du Cherbourg-Eclair en date du 8 mai 1923.

La musique est donc une histoire de famille chez les Danjoy puisqu'Yvon est fils d'un chanteur de café-concert et d'une professeur de musique. Le catalogue de la Bibliothèque Nationale de France lui attribue des compositions de 1924 à 1950.

Curieusement, aucun document n'associe le métier d'artiste lyrique avec Danjoy. En effet, sur son acte de mariage (1897), comme sur l'acte de naissance de son fils (1898) ou l'acte de mariage de sa sœur dont il est le témoin en 1902, Joanyd est désigné comme employé de commerce, représentant de commerce. Assume-t-il mal son métier de chanteur ? Difficile à croire au vu de son succès. Il est plus probable que cela est lié au mode de rémunération des artistes à l'époque, que laisse entrevoir la liste des cachets distribués par l'union syndicale et mutuelle des artistes lyriques . Un certain nombre de cachets sont distribués par l'union syndicale à un certain nombre d'artistes. Cette rémunération au cachet est plus aléatoire que le mode ancien où les artistes étaient engagés par un établissement pour la saison d'hiver ou la saison d'été.

Son nom de scène est parfois écrit Joa-Nyd, apparemment surtout à ses débuts.

Bernard Jean Marcel Danjoy est mort à Paris (17ème) le 23 décembre 1950.
Son fils Jean Marcel Yvon Danjoy est mort à Paris (10ème) le 31 octobre 1977.

Note [*] : En effet, le fonds généalogique Coutot évoque un "Jean Danjoy" qui serait le chanteur Joanyd. En l'état actuel des choses, c'est le seul document qui relie le patronyme, le pseudonyme et la profession (ART LY pour artiste lyrique) de Danjoy. (Patronyme Danjoy, fonds Coutot, série 24, fiche 4.)


Carrière

(les éléments relevés confirment qu'un artiste n'est plus l'exclusivité d'un établissement, mais enchaîne les prestations sur des durées courtes)

1896-97 : Galeries Saint-Martin : Référence Gallica / BNF

1896-97 : Moulin Rouge : Référence Gallica / BNF

1898 : Fantaisies Saint-Martin : Référence Gallica / BNF

1898 : Gaîté-Montparnasse, dans une étude de mœurs en un acte : Référence Gallica / BNF

1899 : Concert Parisien : Référence Gallica / BNF

1904 : Casino de Toulon : Référence Gallica / BNF

1906 : Variétés - Casino de Marseille : Référence Gallica / BNF

1907 : Casino Algérois, Casino - Music-Hall : Référence Gallica / BNF & Référence Gallica / BNF

1907 : Casino de Montmartre : Référence Gallica / BNF & Référence Gallica / BNF

1907 : Casino (d'Alger ?) : Référence Gallica / BNF

1907 : Joanyd, du casino d'Alger : Référence Gallica / BNF

1908 : L'Eldorado : Référence Gallica / BNF

1909 : L'Eldorado : & Référence Gallica / BNF

1909 : Variétés - Casino de Marseille : Référence Gallica / BNF

1910 : Étoile-Palace : Référence Gallica / BNF & Référence Gallica / BNF

1910 : Parisiana : Référence Gallica / BNF & Référence Gallica / BNF

1910 : Moulin Rouge : Référence Gallica / BNF

1911 : Casino Saint-Martin, 48 fbg St Martin : Référence Gallica / BNF

1912 : Étoile-Palace : Référence Gallica / BNF

1912 : Kursaal (d'Alger ?) : Référence Gallica / BNF

1914 : L'Eldorado : Référence Gallica / BNF

1914-1918 : aurait chanté des chansons de poilus. En particulier "J'aime une jolie blonde" créée à l'Olympia :Référence Gallica / BNF

1919 : L'Européen : Référence Gallica / BNF

1920 : L'Européen : Référence Gallica / BNF

1921 : Concordia : Référence Gallica / BNF

1921 : L'Européen : Référence Gallica / BNF

1922 : Casino d'Alger : Référence Gallica / BNF & Référence Gallica / BNF & Référence Gallica / BNF

1923 : Initiative des artistes de music-hall associés au Palais des vedettes à Paris : Référence Gallica / BNF

1924 : Concert de TSF. "Joanyd de l'Alhambra" : Référence Gallica / BNF

1925 : L'Alhambra : Référence Gallica / BNF

1925 : Kursaal : Référence Gallica / BNF

1927 : Boul-Var-Dia : Référence Gallica / BNF

1927 : Concert à Boulogne, Joanyd de l'Alhambra : Référence Gallica / BNF

1928 : Casino de Lille : Référence Gallica / BNF

1931 : La Cigale - Cinéma. Sur scène : Joanyd : Référence Gallica / BNF

1932 : Sur le chômage : Référence Gallica / BNF & Référence Gallica / BNF

1933 : Joanyd membre du comité central des caisses de secours contre le chômage des travailleurs intellectuels : Référence Gallica / BNF

1935 : Italiens : Référence Gallica / BNF

1936 : Il a milité pour qu'une rue de Paris porte le nom de Gustave Goublier : Référence Gallica / BNF


Enregistrements

Sur le site des bibliothèques municipales de la ville de Paris, il est possible d'entendre deux enregistrements édités chez International Talking Machine) : "Mais elle est si jolie" (n°A.73062) et "Pourquoi jurer d'aimer" (n°A.73058). Site des bibliothèques municipales de la ville de Paris.

Les 78 t répertoriés au catalogue de la BNF :

"Elle n'était pas jolie" et "Petite fleur des bois", Apollon 252 et 253 ;

"Brunette aux yeux bleus" et "Elle n'était pas jolie", Orphée 5300 et 5301 ;

"Retour de Colombine" et "Amusez-vous", Orphée 5302 et 5303 ;

"Le président de la République" et "C'était une petite rose", Odéon A73503 et Odéon A73506 ;

"Babylone au clair de lune" et "La légende du clown", Edison Bell Radio F 529 ;

"La promise" et Trop jolie", Odéon A73502 et Odéon A73504 ;

"Brunette aux yeux bleus" et "Quand le cœur chante", Arya 112 ;

"Retour de Colombine" et "Les millions d'Arlequin", Corona 123 ;

"C'est un roman d'amour" et "Le carillonneur de Malines", Odéon A73606 et Odéon A73607 ;

"Sur la Riviera" et "Pour garder ta caresse", Gramophone 0232248 (n° de face) et Gramophone 0232249 (n°de face) ;

"Miarka" et Les Bohémiens", Odéon A73505 (n° de face) et Odéon A73517 (n° de face) ;

"Le chemin de l'amour" et "Dis... si tu veux", Odéon A73516 (n° de face) et Odéon A73518 (n° de face) ;

"C'était une petite rose" et "Myrella la jolie", Pathé [saphir] 1582 (n° de face) et Pathé (saphir) 1583 (n° de face) ;

"Pourquoi jurer d'aimer" et "Mais elle est si jolie", Odéon A73058 et Odéon A73062 : Etiquette bleue.

Les titres enregistrés sous le label Odéon : Site www.musiktiteldb.de.

On y retrouve quatorze titres pour Joanyd (soit sept disques 78 t) :

"Le carillonneur de Malines" (Odéon A 73607), "L'étoile du bonheur" (Odéon A 73607 +) ;

"Les bouquets-Foxtrot" composé par son fils Yvon Danjoy (Odéon A 73739) ; "On a rêvé" (Odéon A 73739 +) ;

"Arbella, ou: C'est tout mon bonheur" (Odéon A 73741), "La nuit dans la Sierra" (Odéon A 73741 +) ;

"Le temps d'à présent" (Odéon A 73743), "Mam'zelle Chaperon Rouge" (Odéon A 73743 +) ;

"Femina, ou simplement la femme" (Odéon A 73745), "C'est des gens qui s'aiment" (Odéon A 73745 +) ;

"Gina la Florentine" (Odéon A 73777), "Pour garder ta caresse" (Odéon A 73777 +) ;

"Serments d'un soir" (Odéon A 73778), "Le bouffon du roi" (Odéon A 73778 +).


Autres titres

(relevé au dos de petits formats)

"Un sou de plaisir" - "En 1807" - "Toi et moi" - "Le joli tour" - "Malgré leurs défauts"
"Pour les Fran?ais" - "On en demande" - "Tango d'amour" - "La gavotte du Sébasto" - "Le père la bonté" - "Qui qui fait ça !" - "C'est ton rire" - "Ça vient petit à petit" - "Aux frais de la princesse" - "Les étapes du cœur" - "Gina la Florentine" - "Le rêve de Tullio" - "Si c'est pour ça" - "Tout le long de la Seine" - "Valse jolie" - "Wallons toujours !" - "Zim ! Boum ! La Marseillaise" - "Ça c'est la perme" - "La joile Créole" - "Au son de la derbouka" - "Je t'aime, tu m'aimes"