es informations dont nous disposons sont quelques fois très succintes et ne nous permettent pas vraiment de réaliser une fiche biographique conventionnelle. Aussi, nous ajoutons cette série de pages (en ordre alphabétique) pour diffuser les quelques renseignements que nous possédons sur les personnages ne faisant pas l'objet d'une Fiche biographique...
>
Lafourcade, Marie
Interprète des années soixante, soixante-dix et quatre-vingt née à Bordeaux.
Elle débute, à l'âge de quinze ans, comme choriste aux Bouffes.
Lorge de l'Eldorado la repère en 1867 et c'est là qu'elle crée la même année une navrante chanson aux accents "italiens" de
Baumaine et Blondelet (musique, quand même, d'
Hervé)
qui lui vaut un certain succès : "Le pifferaro du boulevard" :
Vive l'Italie,
La paill'
d'Italie
L'fromag' d'Italie !
La macaronada !
V'là l'rata honrata,
V'là l'rata honrata,
V'là
l'rata,
Et viva la liberta.
C'est le début d'une carrière qui durera jusqu'au début des années quatre-vingt où elle sera troisième, quatrième vedette (souventen duo avec
Judic) notamment à l'
Alcazar d'Hiver.
Henri Lyonnet souligne qu'elle fut à Saint-Pétersbourg en 1874-1875.
En 1883 - elle est alors au début de la quarantaine - elle paraît à l'Horloge où elle est la
Thérésa de l'endroit.
Après, on perd sa trace sauf, Lyonnet encore, qui nous dit qu'elle fut à Strasbourg de 1887-1889.
Dans ses Mémoires, Paulus (chapitre 3) - autre photo - dit qu'elle était "bonne chanteuse, bonne comédienne, qu'elle avait une voix étendue, bien timbrée et le geste juste".
Question : pourquoi le costume sur la photo ci-contre ? - Impossible de savoir.
Lamy, Horace
Pierre Eugène Auguste Lamy, auteur et interprète né vers 1840, mort à 29 ans, le 3 janvier 1869 à la maison de santé Dubois à Paris (10ème). Il était l'époux de Clara Didier, elle aussi interprète.
La maison de santé Dubois était la maison de santé des gens de lettres et elle est devenue l'h?pital Fernand Widal, faubourg St-Denis dans le 10ème.
Il a fait partie des premières troupes de l'Alcazar d'Été (avant 1870).
Il est aussi l'auteur de :
"Les quatre règles" (Musique de Luigi Denegri - Éditeur chez A. Huré - 1864) "Patati ! Patata !" (Musique de A. de Villebichot - Éditeur P. Feuchot - 1864) "Les calembredaines" (Musique de Gustave Chaillier - Éditeur Ch. Grou - 1868) "L'Anglais mécontent !" (Musique de A. de Villebichot - Éditeur Le Bailly - 1868) "J'ons la fièvre !" (Musique de A. de Villebichot - Éditeur Le Bailly - 1868) "Les jolis soldats" (Musique de A. de Villebichot - Éditeur E. Gérard et C.ie - 1869) "Le Tyrolien de la rue Coquenard" (Musique de Gustave Chaillier - Éditeur L. Batillot - 1869) "Allons aux eaux" (Musique de Gustave Chaillier - Éditeur L. Bathlot - 1870)
Chanteuse, comédienne née Eudoxie Louise Laurence Yvos le 30 juillet 1831 à La Rochelle (17 - Charente-Maritime), on la retrouve aux Variétés en 1854, au Palais-Royal en 1855 puis de nouveau aux Variétés où elle crée le rôle de l'Amour dans l'Amour et Psyché (MM. Aubry, Clairville, Mirécourt & Verneuil - 1856). Elle passe ensuite au Cirque Impérial pour jouer le rôle de la Vivandière dans L'histoire d'un drapeau d'Adolphe Ennery.
Elle épousa, en 1862, Amédée Fontréaux de Jallais (photo :
Mémoires de
Paulus,
chap. 9), auteur de diverses pièces et vaudevilles sous les noms d'Amédée de Jallais et de Jean de Réaux en directeur de divers petits théâtres où elle poursuit sa carrière tout en jouant à Bobino (en 1865) et aux Nouveautés (en 1867) avant de devenir étoile à l'Acazar d'été (très gros appointements) en 1869.
En 1873, elle est au Châtelet (La Faridondaine) et, en 1876, au Théâtre historique (reprise de la Bergère des Alpes).
On perd sa trace par la suite.
Léger, Jules
Basse d'origine belge. S'est spécialisé dans les lieder et mélodies dont celles de César Franck.
Né en 1816, Paul Legrand fut un mime très célèbre dans la deuxième partie du XIXe siècle.
Il fut, entre autres, des premiers spectacles des Folies Bergère.
Paul Legrand est décédé en 1898.
À Cochin
(Air nouveau de Victor Leclerc)
Lorsque l'on apprit, sort fatal !
Que c' pauvr' Machin, un poitrinaire,
Plus malade qu'à l'ordinaire,
Venait d'entrer à l'hôpital,
Il était trois heur's moins un quart,
Et chacun dit :"Il est trop tard.
"Nous irons ensemble à Cochin
"Le voir jeudi prochain."
Le jeudi suivant on se dit :
"On connaît Machin à la ronde,
"Il ne faut pas que trop de monde
"Se bouscule autour de son lit.
"Dans la sall' ça f'rait du pétard ;
"D'ailleurs aujourd'hui c'est trop tard.
"Nous irons ensemble à Cochin
"Le voir dimanch' prochain."
Le dimanche, les grandes eaux
D'un ciel gris tombaient avec rage ;
On n'eût pas affronté l'orage
Sans être mouillé jusqu'aux os.
On s' s'rait cru l' jour d' la Saint-Médard,
Et chacun dit :"Il est trop tard.
"Nous irons ensemble à Cochin
"Le voir jeudi prochain."
Le jeudi, par un gai soleil,
Le ciel était sans un nuage.
Et l'on se dit :"C'est bien dommage
"D' s'enfermer par un temps pareil.
"Attendons qu'il fass' du brouillard,
"D'ailleurs aujourd'hui c'est trop tard.
"Nous irons ensemble à Cochin
"Le voir dimanch' prochain. »
Le dimanche matin suivant
On s' dépêch' de casser la croûte ;
On achèt' des orang's en route,
Et l'on s'en va, le nez au vent ;
Mais, à l'hôpital, un potard
Nous dit :"Messieurs, il est trop tard
"Ça ferme à trois heur's à Cochin.
"Rev'nez jeudi prochain."
Nous persévérons, et l' jeudi,
Comme il faisait un temps propice,
Nous arrivons tous à l'hospice
Pour y passer l'après-midi.
A tous les échos de Cochin
Nous réclamons l'ami Machin.
On nous dit :"N' criez pas si fort,
"D'puis hier il est mort !"
Lemercier, Eugène
D'après Léon de Bercy (Montmartre et ses chansons, Paris 1902) :
Chansonnnier, interprète, auteur de revues, de monologues, de saynètes et de chansons, né à Paris le 1er mars 1862.
Dans le numéro 337 des Chansons et Monologues illustrés (Librairie Contemporaine, Paris), Trimouillat s'exprime ainsi, dans la présentation au public, de son vieil ami Lemercier :
"Le titre de poète-chansonnier fut rarement mieux mérité que par Eugène Lemercier. L'auteur de Sarcey-Jésus-Christ, des Eléphants de la Gaieté, de Ton vieux Type, est le môme, en effet, qui a ciselé si gentiment : la Nudité de Lisette, la Fleur d'Or, et tant de petits poèmes.
"Bien avant l'invention du genre dit Fin-de-Siècle, – déjà essoufflé, quoique si peu loin du terme assigné par sa définition, – Lemercier avait trouvé le secret de composer des chansons satiriques, mordantes, vécues, mais toujours gaies, sans cynisme affecté, telles que : Baisons nous, Lisette !, l'Ex-Anarchiste, le Restaurant des Jours à dèche et... On dirait qu'c'est toi !... Chose curieuse, cette dernière, faite il y a dix ans, chantée seulement, alors, par l'auteur entre amis, est, depuis, devenue légendaire ; elle a été, certainement, le plus franc succès au concert de notre Yvette Guilbert, qui est encore redevable à Lemercier de À Cochin, de Bébé à l'Eglise, etc... Kam Hill fut son plus fidèle interprète et créa presque toutes ses chansons. Delmarre fit de J'n'ai pas l'temps ! un succès prodigieux ; il chanta cette chanson plus de cinq cents soirs de suite, ainsi que le Chanteur amateur, Vive le Dimanche !, la Marche des Chahuteurs, etc.
"Lemercier a toujours fait de la chanson. Chacune de ses observations sur lui-même ou sur les autres lui ayant semblé matière ou prétexte à couplets, il a composé une foule de petites études de moeurs, rimées avec soin, qu'il a réunies dernièrement en un volume : La Vie en Chansons [Ondet, édit.], qui justifie pleinement son titre.
"Comique et sérieux tour à tour, l'auteur des Nichons et des Autres s'est fait applaudir par les publics les plus divers... Il débuta, comme Jouy et Teulet, à la Lyre bienfaisante, entra à la Lice chansonnière, en sortit bien vite, se fit entendre aux soirées du Grillon, à la salle des Capucines, à la Galerie-Vivienne, puis au Lyon-d'Or, aux Quat'-z-Arts, à l'Ane-Rouge, au Chat-Noir, au Carillon ; il dirigea pendant six mois le cabaret des Eléphants, où son nom, populaire à Montmartre et au Quartier-Latin, attira une foule assoiffée de gaieté et d'esprit.
"Interprète parfait de ses oeuvres, détaillant finement le couplet, il s'est improvisé acteur et, sur une scène rudimentaire, avec une jolie divette"en herbe", Mlle Rosa Albine, il joua adroitement, en vrai artiste, une de ses pièces : L'Eternel roman, un petit acte digne d'un vrai théâtre, et chanta les couplets de façon à étonner son collaborateur, le compositeur Dihau... Espérons que l'auteur dramatique ne tuera pas le chansonnier... et que nous l'entendrons prochainement, sur la scène d'un de nos grands concerts, interpréter lui-même ses œuvres."
[Fin de la citation.]
J'ajouterai que Lemercier est né à Paris en 1862 et qu'il n'avait pas douze ans lorsqu'il composa sa première chanson ; on peut donc dire de lui qu'il est né chansonnier. Avant de se produire dans les cabarets, il exerçait la profession de métreur en peinture. Après avoir chanté ses dans presque toutes les sociétés lyriques et littéraires, dont plusieurs le comptent au nombre de leurs fondateurs, il abandonna définitivement les"mémoires"et débuta au Lyon-d'Or en 1891 ; il se fit applaudir depuis dans tous les cabarets et sur plusieurs scènes de café-concert.
Son œuvre est considérable et variée, à ce point qu'il peut se produire avec une égale chance de succès devant toutes sortes de publics, tour à tour gai, satirique, frondeur, tendre et élégiaque. Il a fourni au café-concert une quantité innombrable de chansons dont la forme et l'esprit tranche du tout au tout sur la note qu'on a coutume d'y entendre. Il est moderne à souhait, tout en conservant un tantinet l'empreinte bérangesque des jeunes années. II a déjà en librairie deux volumes : la Vie en Chansons et Autour du Moulin. Ce dernier ouvrage a été publié chez Flammarion avec couverture illustrée par Grün.
Je voudrais, si la place ne m'était mesurée, mettre sous les yeux du lecteur un échantillon de chacun des genres que sait si heureusement traiter ce fécond chansonnier ; je me bornerai pour aujourd'hui à citer :
< voir encadré ci-contre
Lemercier, soit avec des confrères, soit seul en fait de chansonnier dans des troupes de théâtre, a fait en France et à l'étranger de nombreuses tournées. Improvisateur émérite, il y fut souvent de précieuse ressource. Une longueur, une interruption, une gaffe, un trou viennent-ils à se produire, on peut, grâce à lui, avoir instantanément raison de l'impatience ou de la mauvaise humeur de l'auditoire. On le pousse en scène ; il explique à sa façon l'incident, se fait donner des rimes et construit illico des quatrains ou des huitains d'une drôlerie inattendue et qu'il s'arrange toujours à adapter à des circonstances qui intéressent directement le public. Il y a quelques mois, il se trouvait en représentations dans une ville de Bretagne avec d'anciens camarades du Chat-Noir. L'un d'eux se trouvant en retard, Lemercier entre en scène et propose des bouts rimes. On lui jette quatre rimes qu'il emploie aussitôt à la critique du régime gastronomique auquel le soumettait son hôtelier, trop enclin à nourrir ses pensionnaires de veau et de laitue. La pointe déchaîna l'hilarité de toute la salle, sauf du maître d'hôtel en question, qui, dès le lendemain, adressait par ministère d'huissier à notre improvisateur une sommation d'avoir à rétracter publiquement, dans les vingt-quatre heures qui suivraient, sa "préjudiciable calomnie". L'instrumentateur, qui s'était beaucoup diverti à la soirée de la veille, s'excusa presque auprès de Lemercier d'avoir à lui signifier semblable, exploit. Au spectacle suivant, sous prétexte d'amende honorable, le spirituel chansonnier présenta sa défense en deux cents vers du plus haut comique, d'une ironie et d'une forme supérieures, où il ne faisait, en somme, qu'accentuer les griefs précédemment formulés. Sur le récit de la visite de l'huissier, qui se terminait par une rime en ieux, les autres chansonniers, groupés dans la coulisse, chantèrent en chœur ce lamentatoire vers de la Carotte, de Meusy :
Avec des larmes dans les yeux.
Ce fut du délire, et les applaudissements se prolongèrent pendant plusieurs minutes. Le Vatel, Breton naïf et pas mauvais diable au fond, se déclara satisfait et marqua sa joie en offrant le Champagne à toute la troupe...
Lemercier a écrit plusieurs revues pour le concert et pour les cabarets : le Moulin Rouge, les Folies-Bergère du Havre, les Quat'-z-Arts, etc. Il a fait représenter au Divan-Japonais un acte : Vadé le Poissard ; a plusieurs actes en cartons et prépare quatre volumes de chansons et un recueil de nouvelles : Pour le faire à la Prose.
Eugène Lemercier qui continua d'écrire jusqu'en 1939 est décédé à Paris le 25 décembre de la même année.
Une voix de basse merveilleuse sortait de cette bouche encadrée par une barbe lugubre. Il phrasait admirablement, et chacune de ses créations fut un succès.
Parmi celles qui sont demeurées populaires, il faut citer "L'amitié d'une Hirondelle", paroles de Philippe Théolier, musique d'Alfred d'Hack.
La vogue de cette chanson fut immense, puisqu'elle a eu les honneurs de la parodie et qu'on a chanté dans les cours :
Je n'ai gardé, dans mon malheur,
Que la moitié d'une hirondelle."
Lorge
Un jour, peut-être, quelqu'un se penchera sur ce "Lorge", de son vrai nom, Charles Joseph Alozar (selon certains), un ex-fonctionnaire de l'administration cité par tous les auteurs de livres sur la chanson française ou le Caf'Conc' (qui, de ce fait, citent
Paulus, Thérésa et même Chadourne) et qui fut le grand responsable du Café-Concert tel qu'il a existé de 1870 à 1914 et qui a exercé une si grand influence sur le Music-Hall.
On lui doit, avec Paulus, la disparition de la >"Corbeille" mais surtout la venue au Caf'Conc' d'artistes en provenance du théâtre (Cornélie) et le droit, enfin, de porter un costume (et même d'utiliser des accessoires, ne serait-ce qu'une cane) dans des endroits autres que ces scènes où l'on déclamait, la plupart du temps en vers, des pièces pour l'édification de la jeunesse et peut-être aussi l'amusement des plus vieux.
L'endroit où il a produit ces miracles futl'Eldorado, 4 boulevard de Strasbourg, 10e, dont il devint le directeur le 15 mai 1861 après que trois administrations eurent conduit l'existence de ce temple à la faillite et dont il assura la direction jusqu'en 1870.