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Article paru dans Le Figaro du 12 avril 1893 (Source : Retronews, le site de presse de la B.n.F.)
La soirée théâtrale
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OLYMPIA
J'imagine qu'on ne nous cassera plus la tête avec l'Angleterre. Nous avons, nous autres, une insupportable manie, et bien agaçante, c'est de nous considérer en toutes choses comme en état d'infériorité vis-à-vis de nos voisins. Et l'on dit que nous sommes glorieux, épris de nous-mêmes! II est entendu, par exemple, qu'on n'habille bien qu'à Londres, qu'on ne blanchit bien qu'à Londres, et, dans un autre ordre d'idées, qu'il n'y a pas à Paris de music-hall pouvant soutenir la comparaison avec l'Empire et avec l'Alhambra. Grâces soient rendues à M. Oller pour avoir, en élevant sur les ruines des Montagnes Russes son magnifique Olympia, fait justice de cette dernière légende.
Ce qu'on pouvait dire, non sans raison, c'est que l'absence d'un de ces établissements de plaisir, moitié théâtre, moitié concert, - propices à la digestion, avec la liberté du va-et-vient, du bock et du cigare - dans cet admirable quartier o? se porte de jour en jour davantage la vie parisienne et o? semble battre plus activement le pouls de Paris, constituait une lacune regrettable. Cette lacune est désormais et superbement comblée; et, de ce chef encore, M. Oller, à qui nous devons déjà le Jardin de Paris, le Nouveau Cirque, le Moulin Rouge et les Montagnes Russes, a droit à toutes nos félicitations. Il fallait voir le nez que faisaient hier soir les anglomanes: car, il n'y a pas à dire, mon bel ami, d'établissement comme Olympia.
Ils n'en ont pas (bis) en Angleterre!
Dès le seuil, on est en pleine féerie. La façade polychrome, avec son éclairage original, vaudrait à elle seule une longue description. Mais il y a trop à voir à l'intérieur pour nous arrêter aux bagatelles de la porte. Entrons, suivons le monde- un véritable torrent humain- le Tout-Paris des premières et des...suivantes.
Passé le contrôle, la féerie continue. La double rangée de palmiers qui borde le vestibule lui donne un faux air de promenade des Anglais ou de Croisette. On se croirait transporté d'un coup d'aile aux bords de la côte d'Azur. Et c'est la côte d'Azur, en effet, dont le peintre Corneiller a, sur des panneaux d'une tonalité charmante, reproduit tous les sites paradisiaques: Marseille, Cannes, Antibes, Nice, Monaco, Monte-Carlo, Menton, etc. On s'attarderait volontiers dans ce coin de rêve, o? il ferait bon se laisser vivre.
Les merveilleuses architectures de ce gigantesque vaisseau s'emmêlent dans un orgiaque ruissellement de lumière.
Mais d'étranges harmonies nous appellent à d'autres enchantements: c'est le grand hall qui s'emplit de fanfares. Entrons dans le hall.
Tout d'abord, on s'arrête ébloui. Les merveilleuses architectures de ce gigantesque vaisseau se brouillent et s'emmêlent dans un orgiaque ruissellement de lumière. Elle tombe à flots du plafond étincelant o? s'accrochent dix lustres énormes, dont chacun égale en puissance lumineuse le lustre de l'Opéra. C'est en aveugle, comme à tâtons, qu'à travers une marée d'habits noirs et de fra?ches toilettes, je gagne le fauteuil qui m'est réservé. Un fauteuil, que dis-je? un fauteuil-lit, quelque chose de doux, de moelleux, d'hygiénique [..]. De là, voluptueusement étendu, j'embrasse les mille et un détails de ce hall qui ressemble à la galerie de quelque palais babylonien. De quelque côté que je les tourne, c'est une joie pour mes yeux: là-haut, c'est l'Olympe qui, ressuscité par Charles Toché, avec un rago?t très piquant de modernisme, déroule ses fabuleuses légendes en une série de cadres délicieusement ouvragés par Jambon. Au-dessous, règne une double galerie à balustrade dorée, fouillée de main d'artiste, o? s'ouvrent des loges vastes, spacieuses, d'un aménagement ultra-confortable, et le long de laquelle se développe un large promenoir o? des milliers de personnes peuvent circuler à l'aise, sans ces froissements, ces heurts et ces remous qui se produisent dans les établissements analogues. Il semble que tout ait été prévu pour l'agrément et aussi pour la commodité du public.
Un coup de sonnette, c'est le spectacle qui commence. Un joli théâtre, avec son orchestre invisible, comme à Bayreuth. On m'affirme que cette petite scène, dans ses modestes proportions, est machinée de telle sorte que les changements s'opèrent à vue et que les décors se substituent instantanément les uns aux autres par un très ingénieux système d'ascenseurs. Encore un progrès o? le café-concert aura l'honneur d'avoir devancé le théâtre.
On n'e?t pas chicané M. Oller sur son programme théâtral, car, entre nous, ce n'était pas pour cela qu'on était venu. Mais il est de ceux qui, par aucun point, ne veulent prêter à la critique; et le spectacle qu'il nous a donné ne s'est point ressenti de la hâte des débuts. Nous avons eu, comme entrée de jeu, une amusante pantomime; puis de merveilleux tireurs, une ventriloque, des chiens savants, des acrobates de salon, la Soledad et sa troupe, la Goulue et son quadrille, une extraordinaire imitation de la Lo?e Fuller par Mme Bob Valter[4], sur une exquise musique de Gaston Lemaire, et, pour finir, un très ingénieux ballet, de M. Alfred Delilia, joliment rythmé par M. Antoine Banès, délicieusement costumé par Japhet et divinement dansé par la Rivolta. Si l'on n'est pas content c'est qu'on est difficile.
Mais, je le répète, M. Oller n'avait pas besoin de se mettre en si grands frais. Sa salle suffisait et e?t longtemps suffi pour faire recette. On ira, rien que pour elle, à l'Olympia comme, jadis, on allait à l'Opéra, rien que pour son escalier.
Un Monsieur de l'Orchestre [5].
La contribution de l'Olympia à la diffusion du jazz est loin d'être négligeable puisque la plupart des artistes représentatifs de cette musique (depuis ses formes originelles) se sont produits dans ce lieu mythique et ont suscité l'enthousiasme, parfois irrépressible, d'un nombreux public. Leurs prestations sont consignées ici par ordre chronologique :
1902 |
Le 27 décembre : | Matinée extraordinaire offerte par le journal “Le Courrier Français”. 30 numéros dont Footitt et Chocolat du NOUVEAU CIRQUE et un concours de cake walk, danse américaine. | |||||||||||
1905 |
En octobre : | Show : Song of the Black Folk avec les TENNESSEE STUDENTS, 16 chanteurs, danseurs et musiciens noirs. La vedette est Abbie MITCHELL (1884 / 1960), soprano mulâtre dont la presse souligne les qualités de ferveur dans l’interprétation.? | |||||||||||
1912 |
En d?but d'année : | Dans une revue de Rip, se produit le "roi des claquettes" George WHITE et les danseurs Vernon et Irene CASTLE qui chantent le "Alexander's Ragtime Band" et révèlent les pas du "Texas Tommy".? | |||||||||||
Selon Jacques Charles qui dirigeait alors l’établissement, le couple CASTLE n’obtint aucun succès ? l’ Olympia alors qu’il fit un triomphe au Café de Paris. | |||||||||||||
1918 |
du 15 février au 7 mars | Nouveau programme, avec notamment le fameux orchestre des SEVEN SPADES, chanteurs danseurs et instrumentistes américains, présentés par Louis MITCHELL, le premier Trap - Drummer. | |||||||||||
1919 |
En début d'année : | Spectacle de music-hall avec participation d’un Jazz band (sans plus de précision). | |||||||||||
1920 |
"On sait le succès des thés-tango de l’OLYMPIA et la Gaîté, l’entrain du jazz-band de SMET que l’on considère comme le meilleur orchestre de dancing." (Comœdia 27 septembre 1920) | ||||||||||||
"Le soir du réveillon de Noël, à minuit, le hall de l’ OLYMPIA sera transformé en harem, et, toute la nuit on dansera, on soupera aux sons des jazz-bands d’AURIC et de Darius MILHAUD." (Comœdia 23 décembre 1920) | |||||||||||||
1921 |
En janvier : | RAGARD and BROWNIE, les rois du cake-walk.? | |||||||||||
En d?but d’année : | Le roi et la reine du shimmy : Madge BROWNIE et RAGARD. | ||||||||||||
De janvier à juin : | “Thé-tango” : Jazz-band de SMET. | ||||||||||||
En avril, mai : | FRANSKY, l’homme au jazz-band Infernal, "jazz-bander sans jazz" | ||||||||||||
La merveilleuse "star" américaine Miss Nina Payne débute le 18 novembre. Elle est accompagnée par Billy ARNOLD' S UNIC JAZZ BAND. | |||||||||||||
1922 |
En septembre :? | Débuts des Rois du Shimmy : Loulou, Gregoire et leur JAZZ. | |||||||||||
1923 |
Du 12 au 18 janvier : | après la matinée, de 5 à 7 heures : Exhibition de danses nouvelles au “Thé-Tango” dans le hall avec l’orchestre Jazz Speranza ? Camusat et l’ ORPHEAL de C. de N. ( ?) | |||||||||||
Le 10 mars : | A 17 H, Grand bal avec au jazz: SPERANZA - CAMUSAT | ||||||||||||
Pendant l’?t? : | A 5 heures : dancing avec, au Jazz : GEDEON. | ||||||||||||
1924 |
En fin d’année : | La grande revue C'est Paris ! . En attractions: le “drummer” Buddie Gilmore(appr?ci? par Darius Milhaud) et CARIOLATO' S JAZZ | |||||||||||
1926 |
En janvier : | OLYMPIA' S JAZZ? | |||||||||||
1930 |
En juin : | en attraction : Music-cocktail avec le concours du "plus grand jazz français du monde" qui vient de se produire à l' Empire. Il s'agit de l'orchestre GREGOR.(voir ici) | |||||||||||
Sur la scène : Le Jazz en folie avec le concours de l’orchestre Henry Gazon (The King of melody) | |||||||||||||
Vers fin juillet : | en attraction: de retour ? Paris, l'orchestre Sam Wooding (dans lequel le trombone Herbert FLEMMING a remplac? Billy BURNS). | ||||||||||||
A l'OLYMPIA - Cinéma, appelé aussi Olympia - Théâtre 28, Bd des Capucines : Début août : Les Vikings, film entièrement réalisé en couleurs naturelles. Sur la scène: "Soleils noirs", une production de Louis Lemarchand (qui écrira, de 1919 à 1932 toutes les revues présentées par les Folies Bergère) avec le fameux jazz noir de Sam Wooding. Une semaine plus tard : Film : Derrière la rampe et, sur la scène : "La Jungle Enchantée" de Louis Lemarchand avec le concours du jazz de Sam Wooding et de Miss Lewina Mack. | |||||||||||||
L’orchestre de Lud Gluskin | |||||||||||||
En novembre : | Film et, sur la scène: GREGOR et ses Grégoriens (voir ici) dans Jazz d'Automne, une production de Louis Lemarchand.? | ||||||||||||
En fin d’ann?e : | Les Frères ALLIER et BERSON? | ||||||||||||
"Soyez de votre temps, suivez le progrès. Pour la première fois en France, sur la scène de l’Olympia démonstration scientifique de la télévision." (Candide 13 novembre 1930) | |||||||||||||
1931 |
en février : | Sur scène : Une production de Louis Lemarchand "Quand le chat dort" avec la petite danseuse prodige Irène de Trebert et André Renaud et son jazz à deux pianos. | |||||||||||
En mai et juin : | le saxophoniste violoniste Roger Berson et son orchestre.? | ||||||||||||
31 juillet au 13 ao?t : | Ray Ventura et son orchestre (et ses 18 Collégiens) | ||||||||||||
1932 |
Sur scène : Une production de Louis Lemarchand: Porcelaines romantiques avec l’orchestre Berson. | ||||||||||||
Roland Dorsay et ses Cadets | |||||||||||||
Olympia - Théâtre Jacques Haïk Cinéma. Sur la scène : Marionettes de Jazz. Production Paul Oscard. | |||||||||||||
1933 | En février, grand show musical avec Gregor et ses Grégoriens. (voir ici) | ||||||||||||
Parmi les musiciens de cette formation: le violoniste Michel Warlop, les saxophonistes André Ekyan et Alix Combelle, le trompettiste Pierre Allier et, aux pianos, Michel Emer et Stéphane Grappelly? | |||||||||||||
1941 |
15 au 30 septembre : | Quintette du Hot Club de France. | |||||||||||
1944 |
24-mars | Jacques Helian et son orchestre | |||||||||||
Le 24 d?cembre : | l'orchestre Glenn Miller, sans son chef disparu dans la Manche dix jours auparavant, dirigé par le batteur Ray Mac Kinley. | ||||||||||||
1954 |
5 au 18 f?vrier : | Aimé Barelli et son orchestre La chanteuse Lucienne Delyle (épouse du trompettiste, chef d’orchestre et "crooner" précité). | |||||||||||
19 février au 4 mars : | Claude Luter et son orchestre avec Sidney Bechet | ||||||||||||
16 au 29 avril : | Jacques Helian et son orchestre | ||||||||||||
1955/56 |
20 d?cembre 1955 au 17 janvier 1956 : Annie Fratellini et le trompettiste Philippe Brun. (voir à Grands Orchestres) | ||||||||||||
1956 |
18 janvier au 7 février : | Lionel Hampton et son grand orchestre. 25 musiciens, solistes, danseurs et chanteurs. | |||||||||||
7 mars : | Paris accueille pour la première fois quelques noms des plus prestigieux du jazz contemporain: Gerry Mulligan, Zoots Sims, Bob Brookmeyer, Stan Getz | ||||||||||||
11 avril : | Concert par Gerry Mulligan et son Sextette, avec Zoot Sims, John Eardley, Bob Brookmeyer, Lena Horne | ||||||||||||
2 au 25 d?cembre : | Les deux batteurs Moustache (François Galépidès) et Mac Kac. | ||||||||||||
1957 |
20 mars au 9 avril : | Hazel Scott | |||||||||||
23 mai au 12 juin : | Stéphane Grappelli et son nouveau quartette (Maurice Vander, Guy Pedersen, Al Levitt) |