e nom est aujourd'hui presque inconnu. Il est absent de la majorité des dictionnaires, livres de référence ou autres volumes consacrés à la chanson française et quand il est cité, c'est généralement en bas de page, dans une note se référant à un enregistrement d'une de ses créations, effectuée par un autre interprète. Sur le Web, quelques références dont la plupart nous guident vers des sites où l'on peut se procurer une chanson ou deux d'elle, à l'intérieur d'une collection. Exemple :
Anthologie de la Chanson française enregistrée 1910-1920 - EPM 1989692-A & B - qui a inclus dans les dix CD faisant partie de ce coffret, "Bonsoir m'amour" qu'on a daté de 1916 mais qui date en réalité de 1913... et qu'on semble, hélas, n'avoir inséré là pour que mentionner la... "Chanson de Craonne". (Vous voyez le genre de références dont je parle.)
(Un autre titre dans la même collection mais dans le coffret 1920-1930 : "La femme à la rose" de C. Abadie et Gaston Gabaroche - circa 1921)
Un CD, publié en 1995, lui a été consacré. -Via l'aujourd'hui disparue collection Chansophone(n° 150) : 23 titres. - Ne cherchez pas : c'est épuisé depuis longtemps. - D'après nos calculs, on en aurait gravé six copies dont trois auraient été pilonnées.
Ses disques, originaux, sont devenus, depuis le temps, encore plus difficiles à trouver.
L'histoire pourrait en rester là mais, une fois qu'on s'est penché sur le personnage, on reste quelque peu étonné devant la quantité de succès, attribués à d'autres, dont elle fut l'incontestable créatrice.
Et puis la voix est inoubliable.
Non, elle n'a pas créé le genre "réaliste" mais elle lui a donné ses lettres de noblesse et plutôt que d'écouter
Fréhel,
Eugénie Buffet,
Damia ou
Berthe Sylva, peut-être serait-il temps d'entendre à nouveau cette voix qui, a, entre autres, chanté "Pars" (créé par
Georgel) avant
Yvonne George...
C'est peu avant 1900 que cette interprète, originaire de Boeil-Bezing près de Pau (64 - Basses Pyrénées, aujourd'hui 64 - Pyrénées-Atlantiques), née Aimée Médebielle, le 13 septembre 1873, aurait fait ses débuts dans le Sud-Ouest avant de monter à Paris vers 1910 [*]).
Philippe Chauveau qui a épluché tous les programmes de tous les music-halls et cafés-concerts de Paris semble cependant avoir retrouvé sa trace à Bobino avant 1909 [**].
La liste des établissements où elle aurait par la suite chanté (jusqu'en 1926) est impressionnante:
Elle est au Zénith en 1919, à l'
Européen en 1922, à l'
Eldorado en 1923, à l'Européen, encore, en 1925 (en vedette, durant trois mois).
En 1926, elle est diagnostiquée tuberculeuse. Elle rentre chez elle où elle ouvre un café-cabaret mais pas pour longtemps : elle meurt le 30 janvier 1928 (dans son village natal) laissant derrière elle quelque 200 enregistrements parmi lesquels - et c'est là, la surprise - on retrouve :
"Bonsoir m'amour" (1911) de Raoul Le Peltier et Adelmar Sablon (le père de
Germaine et
Jean) créé par
Karl Ditan et que reprendront sous le titre de "La chanson de Craonne" les pioupious de 1917 (enregistrement par Liébel : 1913),
"La violetera" (1920) d'Eduardo Montesinos et José Padilla (adaptée par
Albert
Willemetz et
Saint-Granier), une chanson créée en espagnol par Raquel Meller en 1920, reprise en 1922 par
Saint-Granier en 1922 mais enregistré pour la première fois par Liébel en 1923,
"Ma chanson" (1923) de Roland Gaël, musique de René de Buxeuil qu'
Eugénie Buffet n'enregistra pas avant 1933,
"Pars" (1924) de Jean Lenoir, créé également par
Georgel) et qui devint la chanson-fétiche d'
Yvonne George,
"Valencia" (1926) de J.A. de la Prada (adaptées par
Lucien Boyer et Jacques-Charles), musique de José Padilla, qui deviendra un des grands succès, dans une version modifiée, de
Mistinguett,
"Il m'a vue nue" (1926) de Rip pour les paroles et Fred Pearly et Pierre Chagnon pour la musique, créé par
Mistinguett,
[*] Adrien Eche l'a retrouvé faisant partie d'un programme aux Nouveautés de Toulouse en 1900 (Livret du CD Succès et raretés chez Chansophone - 1995)
[**] André Sallée et Philippe Chauveau : Music-hall et café-concert, Bordas, 1985.
Extraits sonores
Faute d'originaux, nous ne pouvons citer, ici, que des extraits mais, avec un peu d'imagination et beaucoup de sympathie (nous espérons que ce site vous aura donné l'occasion de pratiquer), on pourra reconstituer le reste...
À commencer, bien sûr, par :
"Bonsoir m'amour"
(de Raoul Le Peltier et Adhémar Sablon) - 1911
Pathé n° catalogue 1202 - n° double face 4551 - n° de transfert à Chatou 94954RA - 10/09/1913. (Merci à Monsieur Henri Chamoux - Les pages de l'Archéophone - pour ces informations précises)
Cliquer ici pour les paroles (et un lien vers "la Chanson de Craonne")