arolier aux multiples talents, génial créateur de scies mais tout aussi à l'aise dans la chanson réaliste ou comique, Edmond, Albert Bouchaud, dit Dufleuve, né à Rovigo [*] (aujourd'hui Bougara - Algérie), le 15 décembre 1870, quatre ans avant sa petite sœur qui allait faire carrière sous le nom de Polaire, fut une sous-étoile qui brilla, parfois de façon étonnante, au firmament de la chanson française et ce, pendant plus de quarante ans.
Sa chanson la plus connue demeure "Elle était souriante" qui, à elle seule, allait assurer sa pérennité de même que celle de Montel mais on lui doit aussi "La coco" que ne renièrent ni Emma Liébel, ni Fréhel.
Et puis il chantait.
Les rares photos qui nous sont parvenues nous renvoient l'image d'un type tout à fait conventionnel mais elles sont tirées de "petits formats" (voir ci-contre) où il figure à titre de parolier et non à titre d'interprète car son personnage sur scène semble avoir été un mélange de Dranem, d'Ouvrard et de Polin avec quelques touches de Libert, Vilbert ou Chevalier. Toutes ces vedettes ont par ailleurs pigé dans son répertoire ou ont eu des chansons écrites pour eux, par lui.
Il aurait vraisemblablement fait ses débuts, sous le nom de Dufleuve, vers 1890 et donc à vingt ans, en tant que comique-troupier : Boquillon. On retrouve en effet le nom de "Dufleuve" mentionné dans un des programmes de cette époque, à l'Européen. On retrouve également des traces de son passage à l'Horloge en 1893 (aux côtés, à ce moment-là, de
Kam-Hill, de
Reschal et de
Caudieux, des gloires de l'époque, tout de suite après le départ d'Yvette Guilbert). - Puis on le retrouve à la
Scala de 1895 à 1905, remplaçant sans doute, les soirs où il n'était pas là,
Polin. - Il est au
Libre Échange, de 1901 et 1911, au
Casino de Montmartre (avant 1907), mais également au
Commerce, à l'Alcazar d'Été (de 1906 jusqu'à 1914), au
Jardin de Paris, au
Kursaal, à l'Empire, à Bobino, à l'
Olympia, à l'Univers... bref dans tous les établissements d'avant-guerre.
Le retour sur scène, après 1918 - il a alors 48 ans - semble difficile. Il faut attendre 1922 pour le revoir au
Temple ou 1924, à l'Artistic puis à
La Cigale (1926) mais de là, il semblerait que les contrats se multiplient car entre 1929 ou 30 et 1936, il est aux programmes du
Casino Saint-Martin, de la
Gaîté-Rochechouart, du
Palace, du
Palais du Travail et des
Folies-Belleville où il aurait offert ses dernières prestations à l'âge de 65 ans.
Retraite puis décès le 23 octobre 1945 à Enghien (95 - Val d'Oise) [*], à soixante-quinze ans, six ans après sa sœur.
"Disez-le" de Raoul Georges et d'Edmond Bouchaud, numéro 5533P
"Y en a plus" de Raoul Georges et d'Edmond Bouchaud, numéro 5537P
"Bon tout d'même" de Nicolay, numéro 5379P
"C'est mon Angelina" de Fernand Heintz, numéro 5388P
"J'ai l'allure" de Dufleuve, numéro 6513P
"Le troupier national" de Pierre Codini, numéro 2658P
"Parce qu'ils étaient amoureux" de Charles Jardin, numéro 2745P
"Le p'tit bibelot" de Casa et d'Edmond Bouchaud, numéro 2770P
"Chantons clair" de Bachmann et d'Edmond Bouchaud, numéro 2714 ou 2898P
"Y en a plus" de Raoul Georges et d'Edmond Bouchaud, numéro 2811P
"Je la veux" de Raoul Georges et d'Edmond Bouchaud, numéro 6838P
"La famille Kikempois" de Charles Jardin, numéro 2726P
"Dancing partout" de Georges Krier, numéro 2768P
"La loi d'un an" de Georges Krier, numéro 5162P
"Voulez-vous que j' vous l'fasse" de Dufleuve, numéro 5163P
"J'm'en balance" de Pierre Codini et d'Edmond Bouchaud, numéro 6514P
[*] Sauf les quatre premiers (qui datent de 1908), les enregistrements de Dufleuve, chez Pathé, dateraient de 1910 ou de 1921 mais quelques-uns effectuées en 1910 n'auraient pas été mis en marché avant ou auraient été réédités en 1921.
Il en existerait d'autres. - Martin Pénet cite notamment, dans son Mémoire de la chanson(le volume qui traite du Moyen-âge à 1919, chez Omnibus France-Culture, 2001),"Elle était souriante"enregistrée en 1922... - Quoiqu'il
en soit, c'est peu pour se faire une idée de son tour de chant. Les "petits formats" nous renseignent un peu plus ne serait-ce que par les caricatures qui s'y trouvent, en première page.
Dufleuve-parolier
Si Dufleuve a été un interprète, c'est surtout du côté de la composition qu'il a fait sa marque.
Mais aussi cette chanson dramatique, créée par Emma Liébel en 1916 et reprise par Fréhel en 1930 : "La coco..." (1932)
Il est également l'auteur du livret d'une opérette, Le Roi des ballots, musique d'Eugène Gavel qui fut créée le 31
octobre 1925. De cette opérette, la seule chose qui aurait survécu serait une chanson portant le titre de "La Béni Louflouf" publiée à part, en 1926.
Et c'était oublier l'inénarrable "Accordéoni" créé par Dranem.
Autres chansons
(d'après un dépliant de l'époque)
"Sécundum"
"Mettez-y un doigt"
"Idylle Gurdiflette"
"Papa et les Cardinaux"
"Aubade à Rosalie"
"Pétronille"
"Bon tout de même"
"J'ai du cinéma"
"La bascule ou il pèse bien"
"Boquillonages politiques"
"Ça c'est l'amour"
"Boquillon est de planton"
"Madeleine-marche"
"L'effarouché"
"Je n'suis pas d'ici"
"La température"
"Y'en a plus"
"Le pneu de ma roue"
"Et voilà"
"C'est la fête"
"Tirelirelo"
"Allons les papas"
"Les petits ballons"
"Pour le soldat"
"Soldats en bois"
"Blanchisseuse et caporal"
Extraits sonores
Se référer d'abord à deux enregistrements cités ci-dessus, effectués par d'autres et qui sont déjà en notre site :