Extrait de l'Etat civil (naissance)
(Collection Jean-François Chariot)

Sinoël

l est né Jean Léonis (ou, à l'envers, Sinoël - quoique son acte de naissance, ci-contre, ne mentionne que le prénom de Jean), Jean Biès donc, à Sainte-Terre, en Gironde, fils de Jean Biès, tonnelier, et de Marguerite Gouninle 13 août 1868.

Sa petite taille (1m53) fit de lui un comique irrésistible mais peu remarqué du temps des cafés-concerts. Ce n'est que lorsqu'il passa du côté des revues qu'il finit par faire sa marque aux alentours de 1900. À l'Eldorado d'abord, aux côtés de Mistinguett et Dranem, puis aux Folies Bergère, au Moulin Rouge, à l'Olympia, à l'Acazar de Marseille, à La Cigale, au Concert Mayol...

En fouillant dans les programmes de l'époque, pas un établissement où il n'a pas été demi-vedette et parfois vedettedans diverses revues ou opérettes de1903 à 1921, année où il entra à la Scala pour n'en ressortir que neuf ans plus tard.

Il déclame, chante, danse, fait le pitremais joue également la comédie.

Son nom se trouve accollé à toutes les vedette et semi-vedettes de l'avant et de l'après-guerre : Spinelly, Claudius, Raimu, Mansuelle, Alice de Tender, Max Dearly, Dufleuve, Dalbret, Anna Thibaud, Edmée Favart, Fursy, Sulbac, Pauline Carton, Georgius, Harry Baur... mais si son côté fantaisiste fait rire (c'est un Louis de Funès avant Louis de Funès), sa réputation est celle d'un faire-valoir ou, au mieux, celle de l'irremplaçable comique qui doit passer entre deux grandes scènes.

Deux rôles semblent l'avoir marqué plus que d'autres :

et

  • celui de l'aubergiste Léon dans Florestan Ier, Prince de Monaco, de Sacha Guitry, Albert Willemetz et Richard Heymann avec Henri Garat dans le rôle-titre. - En 1933.

Mil neuf cent trente trois... Il a alors 65 ans et pourrait songer à la retraite mais non : le cinéma le réclame. - Il a, à ce moment-là, déjà plus de vingt films à son crédit dont : Le congrès s'amuse de Jean Boyer (où il a été ministre des finances), Le capitaine Craddock de Max de Vaucorbeil (le Consul), Faut réparer Sophie d'Alexandre Ryder (un Académicien) et L'illustre Maurin d'André Hugon (le Curé). Il a même fait partie de la distribution de Bach millionaire d'Henry Wulschleger... en notaire.


Sinoël sur le grand écran ? - Pourquoi pas ?

On tourne, à l'époque, une centaine de films par année ne serait-ce qu'à Paris et des personages de second plan, des, ce que les Américains appellent des "character actors" dont l'archétype, en France, demeure Pierre Larquey, il en faut, et, avec sa petite taille, son air ahuri, sa tête de vieillard, Jean Sinoël, qui a retrouvé son prénom, est l'homme tout désigné.

Entre 1934, en empereur dans Turandot, princesse de Chine de Serge Véber et 1950, en caissier, dans Amour et compagnie de Gilles Grangier, il jouera dans plus de cent films où il sera, tour à tour, forain, administrateur, garçon d'hôtel, maire, touriste, évêque, fantôme, gardien de prison, facteur, concierge, régisseur, liftier, châtelain, magistrat et même journaliste dans...

... Quai des Orfèvres, un film d'Henri-Georges Clouzot (1947) avec nul autre que Louis Jouvet.

Petit bonhomme, longue carrière.

Sinoël est décédé à Paris le 30 août 1949 à quatre-vingt-un ans.












Discographie

Monologuiste, Sinoël a laissé derrière très peu d'enregistrements.

Nous avons retrouvé douze titres :

six chez Ultima, publiés en 1909 :

  • "Ça fume à la Bastoche"
  • "Si qu'on saurait"
  • J'fais du crochet"
  • "On ne peut pas tout avoir"
  • "Y'a des Apaches dans la maison"
  • "Horrible".






et six autres datant de 1913 ou 1914 chez Perfectaphone :

  • "Le genre tata"
  • "Comme ça, ça me plaît"
  • "Il y a quelque chose qui mijote"
  • "Après quarante ans de République"
  • "Ça y est, c'est la Révolution"
  • "Je suis un petit cochon".




Certains de ces titres ont par la suite été repris sous d'autres marques comme en font foi les étiquettes ci-dessus.