Fragson, Otero, Reschal et Maurel dansent le cake-walk aux Folies Bergère en 1903
Reschal, Otero, Fragson et Maurel dans Carmen aux Folies Bergère en 1903.
Reschal
A la recherche de Charles Reschal
Un texte de : Daniel Auliac
Un artiste aux talents multiples
Reschal a été chanteur
l débute au Château-d'Eau en 1880, où selon Caradec † -Weill, dans Le Café-Concert (Fayard), il chantait, en 1883, une chanson de Chaudoir :
Riboulant des œils comme'des carpes
Y-en a qui chantent des refrains d'amour
Moi, j'chante les souteneurs, les escarpes...
Henri Dreyfus "Fursy" lui a écrit certains des textes qu'il interpréta sur scène. Il fréquenta les artistes de cabaret de la Belle Epoque, de 1890 à 1910 où il rencontra Polaire.
La référence de la collaboration entre Fursy et Reschal se trouve dans Larousse Mensuel Illustré, n° 271, septembre 1929, d'un article signé Henry Lyonnet, dont un des passages se lit comme suit :
"Paulus, qui avait lancé "Le Père la Victoire", trônait alors à
Ba-Ta-Clan, bizarre, fantasque, autoritaire. On y appelle
Dreyfus qui écrit des chansons pour Mlle Duparc, Marguerite Duclerc, pour Reschal, Fragson, etc."
Dans les Mémoires de Fursy Mon petit bonhomme de chemin en page 173, le chansonnier indique que Reschal, le gentil Reschal, a interprété "Plus que raide" à Parisiana, revue écrite avec Paul Ferrier. Philippe Chauveau (Music-Hall et Café-Concert, Bordas, 1985) mentionne la présence de Reschal à Parisiana en 1894.
Fursy a été le secrétaire de Paulus et des mémoires de ce dernier sont extraits les passages suivants :
Chapitre XXXII - Vers 1893/1894 :
- côté des hommes :
- le réaliste était à la mode.
Mathias et Reschal, autres réalistes de talent, ..., le second a conquis la vedette au théâtre.
Chapitre XXXIII - (Départ à la retraite de Paulus - représentation exceptionnelle à la
Gaîté le 19 décembre 1906 :
- le programme était vendu par mesdames -, Polaire, ?
Les contrôleurs en chef étaient Reschal et Barally et des cartes postales autographe de votre serviteur avaient pour vendeurs irrésistibles madame Colette-Willy et monsieur de Max.
Des mémoires de Charlus, né Louis Napoléon Defer, publiées au début des années cinquante par Le progrès de l'Oise, intitulées J'ai chanté - Souvenirs de Charlus, sont extraites ces quelques lignes :
Et puis, je pense à d'autres "confrères", mes camarades de scène :
Fursy, mort assassiné, peut-on dire, pour s'être montré trop "rosse" dans l'une de ses chansons ; Raimu, à ses débuts à Toulon ; Plessis, Jacquet, Claudius, Mansuelle, qui sonnait si bien du clairon ; Kam-Hill, frère de Jean Périer ;
Max Dearly - nous étions ensemble au
Jardin de Paris, alors sous la direction de Zidler - Reschal, Bergeret, qui, à lui seul, pouvait assurer la composition d'un programme ; Dona, Dalbret, Maréchal, qui détaillait si finement ses chansons ; Fortugé, mort trop tôt pour avoir donné toute sa mesure ; Gaston Haberkorn, Marcel Legay, plus près du cabaret que du café-concert ; Montéhus, que l'on vient de décorer de la Légion d'Honneur, et qui, en tenue de disciplinaire, eut tant d'imitateurs dans les "beuglants" de province.
En 1896, les feuillets publiés sous le générique Le Panorama et sous-titré "Nos jolies actrices" sous la responsabilité de Louis Baschet, présentent sur une page cinq artistes masculins, Brunin, Bruant, Vaunel, Bourgès et Reschal. Charles est vêtu comme un ouvrier de l'époque, casquette, ceinture large et foulard. Le commentaire est :
"Reschal, aimé des Dieux, des femmes et des chansonniers".
La photographie Charles est signée de Eugène Pirou dont la célébrité est déjà établie. L'annulaire de sa main gauche est orné d'une alliance. La légende de la photographie apporte aussi une information, en 1896, Reschal n'avait pas encore de prénom.
Il a créé un certain nombre de chansons ; "La Rouquine", portrait réaliste dont la partition parue autour de 1900 indique qu'il l'a chanté au Grand Concert Parisien, "Le mendiant du pont neuf" au
Parisiana, d'après le numéro 343 de l'hebdomadaire Les chansons et monologues illustrés.
Charles Reschal a été l'un des artistes de cabaret caricaturé par Candido de Faria vers la fin du XIXème siècle, entre 1895 et 1900, comme d'autres et notamment Polaire et Yvette Guilbert en "diseuse de fin de siècle". Candido de Faria, 1849-1911, a été affichiste chez Pathé.
Dans le catalogue Lioret de 1899, on cite, "Du RÉPERTOIRE Reschal", et donc pas nécessairement de lui, les titres suivants :
N° - Titre
1156 - "Qui veut des plumes de paon"
1157 - "La Môme aux grands yeux"
1158 - "Dans les sentiers" [remplis] (Belhiatus, Del Poncin)
1159 - "Les Enseignes"
1160 - "La Valse de la mariée"
1161 - "Stances printannières"
1162 - "Tirelonlaie la cantinière"
1163 - "Ah ! quelle poire"
Existent divers "petits formats" où il est indiqué que les chansons suivantes ont été créées par Reschal
"Adieu la Môme" (Disle, Duvreux, Spencer) "Tiariflette" (
Garnier,
Duhem) "La vie de famille" (Belhatius, Chaudoir) "Ma Môme" (Mortreuil, Esse et Gangloff) "Les (Sous) Étrangers" - Delphi.
De la lecture de divers journaux, il ressort que Reschal est passé :
Avant 1903 à L'
Alcazar d'Été (j'ai retrouvé 1895 et 1896)
Son portrait figure sur la couverture du numéro 172 de Paris Qui Chante paru le 6 mai 1906.
Vers 1896, Reschal devient Charles Reschal, l'ajout du prénom permet ainsi de le différencier d'un autre Reschal, Antonin,littérateur à cette époque qui a publié en 1894 une plaquette intitulée : l'art de rendre les femmes fidèles. Ce texte pourrait avoir été déclamé sur scène par Charles.
Charles Reschal a été acteur
Il joua au théâtre, notamment au Théâtre du Palais Royal, quelques vaudevilles avant et après la Grande Guerre.
Il faut noter La Dame du 23de Paul Gavault et Albert Bougain, Le contrôleur des wagons-lits d'Alexandre Bisson et La revanche d'Eve d'Antony Mars et Alphonse de Beil, dont les programmes sont conservés à la BNF.
La petite illustration dédiée au théâtre rappelle qu'il a joué dans Mon bébé de Maurice Hennequin aux
Bouffes Parisiens, numéro 72 du 18 juillet 1914 et dans La passante de H. Kistemaeckers au théâtre de Paris, numéro 70 du 29 octobre 1921.
Jane Avril, une étoile du
Moulin Rouge, se souvient de lui comme acteur attaché au
Moulin Rouge.
L'édition de ses mémoires chez Phébus en 2005 permet de découvrir qu'il était à l'affiche de deux spectacles produits dans cet établissement :
Tu marches ?, une revue en deux actes et dix tableaux d'Adrien Vély et Charles Clairville, la création est du 5 mars 1903.
La belle de New-York, une opérette en deux actes et quatre tableaux de Hugh Morton, créée le 29 mai 1903. Charles y joue le rôle de Ichabod Bronson.
Ci-contre la photographie de Charles prise en 1916 alors qu'il tient le rôle de Sir Samuel Bridgman dans la pièce Moune, un flirt en trois actes, de
Albert Willemetz, jouée au théâtre des Variétés.
Charles Reschal a été acteur de cinéma (muet)
En 1912, il tourne avec Jules Berry Les amis de la mort, en 1914 Le paradis de Gaston Leprieur, en 1919 Marthe de Gaston Roudès.
En 1918, il apparaît dans un film
Pathé de Camille de Morlhon et Louis Verneuil, Y a plus d'enfants. En 1920, un autre film, Pour Don Carlos de Jacques Lasseyne et Juliet Musidora. Tous les deux sont des films muets.
Louis Verneuil a écrit ses mémoires, Rideau à neuf heures, et, page 342 de l'édition de 1945, il se souvient d'anecdotes survenues lors du tournage de Y a plus d'enfants. Il qualifie Charles Reschal d'amusant comédien, transfuge du music-hall.
Charles Reschal a été pendant de longues années un homme de spectacle se produisant beaucoup. Son talent était reconnu. Il n'a jamais été en haut de l'affiche. Sa trace s'efface encore plus vite, l'oubli le frappe et plus personne ne se souvient.
Il est devenu un artisan anonyme du septième art français
Charles Reschal a été auteur.
La BNF conserve Succès d'un bon diseur, des monologues comiques et réalistes
Charlus, en 1903, a endisqué (Pathé 3005BC) un monologue, "Si on serait comme eux", dont l'auteur était Reschal.
L'état civil de Charles Reschal.
Le nom de cet artiste est Michel, Charles, Germain Baylion, né le 8 avril 1859 à Paris et décédé le 12 décembre 1926 à Paris 17ème.
L'état civil nous apprend que cet artiste dramatique connu sous le nom de Reschal habite le jour de son décès au numéro 59 de la rue des Dames, est fils de Mathieu Baylion et de Anne Marguerite Wagner et enfin qu'il est peut-être divorcé.
La bibliothèque nationale de France conserve sur son site Richelieu une épreuve sortant du studio de Charles Reutlinger, 21 boulevard Montmartre, d'une jeune femme aux cheveux courts, à l'épaule droite nue, vêtue d'une robe de dentelles blanches, une pointe de ce tissu lui couvre la tête. Le dépôt a été fait en 1882.
En haut à gauche, une main a écrit à la plume "Reschal".
Est-ce l'épouse de Charles ? Cette hypothèse est envisageable, Charles a alors vingt trois ans. [*]
[*] Note des auteurs : Voir ci-dessous l'ajout d'Hélène L'Hégarat.
Ajouts
(Paul Dubé)
Caradec † et Weill (opus cité) cite Dorfeuil, celui qui a engagé Mayol à ses tous débuts: "Je n'ai pas de besoin de personne mais je vous engage pour faire plaisir à Reschal"
Chez Pathé, plusieurs cylindres du Répertoire Reschal) :
PAT2102B
1898/99
1901
"Vive le célibat !" - Chansonnette
PAT2099B
1898/99
1901
"Lavalse de la mariée"
PAT2087B
1898/99
1901
"Stances printanières"
PAT2098B
1898/99
1901
"La valse polissonne" (F. Vargues)
PAT2070B
1898/99
1901
"Les noctambules"(Félix Chaudoir)
PAT2066B
1898/99
1901
"La môme Angèle"
PAT2049B
1898/99
1901
"Les impôts nouveaux"
PAT2048B
1898/99
1901
"La gosse"
PAT2077B
1898/99
1901
"Plumes de paon"
PAT2029B
1898/99
1901
"Ah! quelle poire"
PAT2080B
1898/99
1901
"Qui veut des plum's de paon ?"
PAT2100B
1898/99
1901
"La vie de famille"(Félix Chaudoir)
PAT2101B
1898/99
1901
"La valse de la patronne" (G. Maquis)
PAT2030B
1898/99
1901
"Ballade à la gosse"
PAT2086B
1898/99
1901
"Les racontars de monportier"
PAT2067B
1898/99
1901
"Une mauvaise mascotte"
PAT2046B
1898/99
1901
"L'Exposition mirlitonesque"
PAT2028B
1898/99
1901
"Les amoureux de Pantin"
PAT2076B
1898/99
1901
"Paris-Sport" - nouvelle version
PAT2056B
1898/99
1901
"Jean-Bon-Cœur"
PAT2069B
1898/99
1901
"La môme aux grands yeux"[*]
PAT2095B
1898/99
1901
"Tirelonlaire, la cantinière" (G. Maquis)
PAT2036B
1898/99
1901
"Le chanteur des cours"
PAT2057B
1898/99
1901
"Lettre à la Margotte"
PAT2032B
1898/99
1901
"La ballade des cocufiés"
PAT2090B
1898/99
1901
"La saison des poires"
PAT2021B
1898/99
"Ah! mon pauvre Timoléon"
PAT2050B
1898/99
"Instant psychologique" (Baudran)
PAT2038B
1898/99
"Le coup du lapin" Reschal (Répertoire)
PAT2058B
1898/99
"Pas bileux"(Raiter)
PAT2059B
1898/99
"Ma môme"
PAT2037B
1898/99
"Ça te fait du bobo"
PAT2035B
1899/01
1901
"Quand on est seul"
PAT2039B
1899/01
1901
"Les hommes raffolent de ça"
[*] Chanson réaliste (Marnier, Bourotte)
Et, en duo, avec Claes ( ?) :
PAT2085B
1899/01
1901
"La Rouflaquettes-Polka" (Albert Grimaldi)
PAT2023B
1899/01
"Après le trépas"
PAT2022B
1899/01
"Au Château Rouge"
Humidificateur de tabac à l'effigie de Reschal (1918)
Paris 20e arrondissement L'an 1882, le 18 février à 10h30 du matin
Acte de mariage de :
Michel Charles Germain Baylion, né à Paris, ancien 7ème arrondissement, le 8 avril 1859, employé des ponts et chaussées, domicilié à Paris, rue de Champigny 3, avec sa mère, fils majeur de Mathieu Baylion, gardien de la paix, décédé, et de Anne Marguerite Wagner, sa veuve, âgée de 52 ans, journalière, présente et consentante d'une part
Et de :
Marie Radegonde Roy, née à Poitiers (Vienne) le 2 mai 1862, fleuriste, domiciliée à Paris, rue Lesage 18, avec ses père et mère, fille mineure de René Charles Roy, âgé de 58 ans, peintre, et de Marie Radegonde Michaud, son épouse, âgée de 53 ans, sans profession, présents et consentants, d'autre part.
Dressé par nous... officier d'état civil du 20e arrondissement...
en marge : L'an 1899, le 26 octobre, sur les registres de cette mairie, a été transcrit un jugement du tribunal civil de la Seine, en date du 27 avril 1899, qui a prononcé le divorce des époux dénommés ci-contre, dont mention faite par nous officier de l'Etat Civil.
Article paru dans L'Art Lyrique, n°34 du dimanche 6 septembre 1896
RESCHAL
Enfant de Paris, Reschal naquit et grandit au n°8 de la rue Saint-Martin. A l'âge de 15 ans, il entra dans la droguerie qu'il abandonna en 1878 pour débuter au Casino de Vaugirard.
Il chanta successivement aux Folies-Belleville, au Bijou-Concert, au XIXe Siècle, à l'Horloge, à la Pépinière, débuta ensuite à la Porte Saint-Martin dans Voyages dans Paris, créa Les joyeuses Commères de Paris au Nouveau-Théâtre où il fit des imitations de Bruant. Retourna au Concert Parisien et y créa "J'ai perdu ma gigolette".
L'été suivant, fut l'étoile de l'Horloge, puis créa le rôle de Chichi dans Gigolette, à l'Ambigu. Retourna à l'Horloge, à Parisiana, à l'Alcazar d'Hiver, à Trianon et enfin débutera à la Scala, le 15 octobre, dans le rôle de compère de la revue.
De là, il ira faire un mois à Marseille, le 15 avril, puis rentrera au théâtre, ayant reçu des offres de plusieurs directeurs.
Reschal est un artiste de talent qui a fait ses preuves. Ses principales créations sont : "Dans les sentiers", "Les bourgeois", "Ma gigolette", "Ma môme", "Cocher de l'Urbaine", "La machtagouine", "Les poires", "Les grèves", "Oh'l'riche", "Les racontars de mon portier", etc. etc.
M. Reschal est ennemi des combinaisons : il est d'avis que les auteurs doivent toucher intégralement le produit de leurs œuvres et non en verser une partie aux interprètes. Il ne nous appartient pas de décerner des louanges à Reschal ; le public parisien le connaît et l'apprécie à sa valeur ; c'est un véritable artiste dans toute l'acception du mot.