Polaire
Chapitre 15
DEDICACES
Je n'avais guère moisi sur les bancs de l'école; je ne m'en suis jamais cachée. Willy, avec une remarquable patience,s'appliquait à rectifier mes erreurs de syntaxe ; il avait parfois fort à
faire ! Ce fut toujours un bon papa pour moi, et je suis heureuse de lui en rendrel'hommage posthume. La fréquentation du couple, si artiste, qu'il formait avecColette, me fut précieuse à plus d'un titre. On a beaucoup glosé sur nosrelations d'alors ; en regard de mes deux amis, l'on m'a même surnommée "letrait d'union" ! On nous voyait toujours ensemble ? La belle affaire ! J'avaisdes compagnons charmants, et précieux devais-je me séparer d'eux poursatisfaire une opinion publique qui ne se complaît qu'à la médisance, et dontje ne me suis jamais plus souciée qu'un éléphant d'un pyjama ? D'ailleurs, onn'eût pas manqué de soutenir, en ce cas, que les racontars m'avaient touchée,et l'on en eût fait une preuve contre moi ! Edmond Rostand l'a fort justementexprimé dans Chantecler : on n'empêche pas les "crapauds" de baver ! Héquoi, à force de s'astreindre à vivre pour les autres, on ne vivrait plus poursoi ? Flûte, alors !
Quoi que l'on en pense, j'ai tenu à consacrerune place à part aux dédicaces, charmantes et affectueuses, dont Colette etWilly ont bien voulu, en les signant, décupler à mes yeux le prix quej'attachais déjà à leurs œuvres. Voici mon petit reliquaire :
Claudineà l'Ecole :
Pour Claudine-Polaire, qui a immortalisé cetype de pauvre petite fille amoureuse, son reconnaissant et tendrement dévoué.
WILLY.
Claudineà Paris :
Pour notre petite "Lily", qui a joué ce rôlemerveilleusement, puisqu'elle l'a joué comme l'a compris lui même
WILLY.
Claudineen ménage :
A Claudine-Polaire, j'offre cette histoired'une amoureuse fourvoyée telle que "Lily" ne sera jamais.
WILLY.
Claudines'en va :
Pour la chère petite polaire, dont lasilhouette fine a porté bonheur à ce livre mélancolique, et si las !
Son"Papa"
WILLY.
Poissons d'Avril :
Polaire, ma chérie, ne fréquentez pas les"poissons" : ils ne sont plus frais depuis longtemps !
WILLY.
A manger du foin :
N'est-ce pas, ma Claudine, au lieu d'en manger,il vaudrait mieux en avoir dans ses bottes !
Tendresses de WILLY.
Maîtresse d'Esthète :
A ma chère petite Claudine, ces souvenirs d'uneépoque d'esthètes, de pipes, qu'elle n'a pas connue.
WILLY.
La Seconde :
A ma chère Polaire, qui est toujours lapremière avec ma "Seconde",
Tendre, amitié,
COLETTE
Ces Plaisirs :
A ma chère Polaire, ce livre qui n'est qu'unegalerie de vieux péchés, avec ma tendre et fidèle amitié, ces plaisirs !
COLETTE.
Dialogue des bêtes :
A la plus charmante des bêtes.
COLETTE.
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