e nom de Pierre Romain Desmoulins ne figure pas parmi les illustres inoubliés du Grand Dictionaire Larousse. À sa place, l'on retrouve un certain Camille Desmoulins (un ancêtre ?), publiciste et homme politique français, né en 1760, ami d'enfance de Robespierre, ennemi de Danton et que le Tribunal révolutionnaire condamna à la guillotine en 1794, précédé d'un certain Laurent Desmoulins, poète satirique (et prêtre !), décédé vers 1525.

Pas de trace de lui, non plus, ou très peu dans les nombreux livres sur la chanson française qui traite de son époque sauf dans de rares anthologies où son nom figure en tant que compositeur - mais attention - de chansons interprétées par :

Alibert, Bérard, Dalbret, Dickson, Dona, Dranem, Dufleuve, Georgel, Georgius, Gesky, Emma Liébel, Jean Lumière, Malloire, Mayol, Gaby Montbreuse, Monty, La Palma, Perchicot, Sonnelly, Vorelli... un véritable who's who de la chanson des années dix, vingt et trente.

Ses collaborateurs (pour les paroles) ?

Aubin, Audifredd, Bénech, Bessière, Bousquet, Champigny, Pierre Chapelle, de Buxeuil, Dommel, Dufleuve, Gabriello, Maurice Hammel, Léo Lelièvre, Georges Millandy, Jean Péheu, Plébus, Rodor, Valfy, Vibert, Willems...

De grands succès, il en a connus avec Mayol pour qui il a composé la musique de "Allo ! Mademoiselle", "Américaine", "Le bon chemin", "Cabotine", "Car moi, j'aime ça", "Le chapeau à la main", etc. mais surtout avec Bérard : "Fleurs fanées", "La Madona", "J'ai vendu mon âme au diable", "Y'a 3 filles à St-Quentin"... dont le petit format, en annexe, indique à lui seul, "160e mille" !

Les choses pourraient en rester là mais Romain Desmoulins a eu la riche idée d'épouser la sœur de la grand-mère de notre ami Jean-François Petit, ce qui permet, sur sa vie d'apporter certaines précisions :

Il est né à Marseille le premier septembre 1881. Son père, Pierre Félix Desmoulins, alors âgé de 28 ans, marié à Marie Émilie Farjon, âgé de 24 ans, était logeurs en garni (lire : loueur de meublés). - On ne sait rien, vraiment, de son éducation, ni de sa jeunesse mais on apprend que le 7 juin 1916, au cours de la Grande Guerre, il épousa Ismérie Aurore Didier, non sans avoir, semble-t-il, été décoré de la Croix de Guerre (voir détail de sa pierre tombale).

Sa composition de l'"Hymne des Marins de France", lui vaudra, en 1919, les félicitations de Georges Leygues, alors ministre de la Marine, du gouvernement Clémenceau (II) sous la présidence de Raymond Poincaré (voir l'encart paru dans la revue Paris Qui Chante n°10 AG [après-guerre] du 15 novembre 1919).

Sa carrière de compositeur aurait débuté vers 1905 pour se terminer à sa mort survenu à Paris, 3 villa Gagliardini, le trois janvier 1939.

Sa dépouille fut inhumée au cimetière Saint-Pierre à Marseille, auprès de ses parents. Son épouse décèdera le 11 janvier 1948.

Pour de plus amples renseignements

Le site De la Belle Époque aux Années folles de notre ami Gérard Frappé.

Et, en annexe

Deux pages de petits formats et cette liste (partielle mais de plus de 250 titres tout de même) de ses chansons.

[*] Les numéros conduisent à la page contenant les extraits de chansons dans notre rubrique Chansons perdues, chansons retrouvées par Pierre Valray.