Yvette Guilbert
L'Angleterre
Le singe Consul et moi
En 1919, je fus chanter au Palace où Alfred Butt, alors directeur, négligeait "ma" publicité*,au bénéfice de celle de mon "camarade" Consul, un singe... qui faisait concurrence (et cela partout où il passait) aux attractions les plus réputées !
Rien ni personne ne résistait à Consul. Ce singe tenait ô farce ! - suspendu à ses lèvres des millions d'êtres humains troublés de tant de ses semblance avec "LUI" !!!
Consul fut le Caruso du music-hall, pendant quelques saisons. On allait l'entendre autant que le voir, car il glapissait ses pensées, et au Palace, l'appeleur des artistes me criait : "Descendez vite, Miss Guilbert, après le singe, c'est vous !". Et je me faisais modeste devant la grandeur de Consul qui clignotait de l'œil en voyant ma robe verte, et sortait de scène triomphant et narquois, le chapeau sur l'oreille, un pan de sa chemise hors de sa culotte, remontant, gravement porté dans les bras de son barman, l'escalier des "artistes" !
Et Butt ! Ah ! qu'il était amusant à regarder, lui aussi, Butt, le couvant d'un regard amoureux et tendre de manager qui prenait soin de sa caisse, en faisant bien fermer toutes les portes afin que Consul ne s'enrhumât pas !
O farce de la vie...
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