Ouvrard, père
LES DISEURS
Après Villé nous avons eu
Karl-Ditan, exquis diseur qu'on voudrait avoir plus souvent l'occasion d'applaudir.
C'est un grand artiste. On s'étonne de ne pas voir son nom en vedette sur les affiches de nos premiers établissements.
Nous avons encore Georgel, chanteur consciencieux qui se produit régulièrement sur nos plus grandes scènes de music-halls et le succès lui reste fidèle, il le mérite à tous les points de vue.
Mais nous nous en voudrions d'oublier le vétéran Mercadier qui pendant de longues années fut en grande faveur à l'Eldorado. Sa science du chant y était très goûtée, pas plus cependant que dans les grands établissements de Marseille où il fut très longtemps, la coqueluche du public et aussi des directeurs, qui annonçaient
MERCADIER le roi des chanteurs
Il faut croire que les auditeurs ne trouvaient pas cette appellation exagérée car Mercadier était écouté religieusement et très bruyamment applaudi.
L'âge étant venu, une représentation de gala a été organisée au bénéfice de ce vieil et bon artiste, les résultats ont été en tous points satisfaisants.
MAYOL
Je ne juge pas indispensable de m'étendre très longuement sur les qualités de Mayol, universellement connu.
Je l'ai vu à ses premiers débuts, lorsque cet émule de Vatel venait de lâcher le feu de ses fourneaux pour affronter le feu de la rampe.
Il s'est essayé dans plusieurs genres avant de trouver celui qui lui convenait si bien. Il chantait d'abord en bourgeron bleu, casquette noire, ceinture rouge, il n'était pas dans la note, car vouloir singer le robuste ouvrier, avec le frais visage d'un adolescent, ça n'était pas ça !
Je le revis ensuite au programme du Concert Parisien, auquel il devait plus tard donner son nom, il interprétait une chanson intitulée "Les mains sales", il était alors très avare de gestes, on ne pouvait vraiment supposer qu'il en offrirait par la suite, une telle abondance.
Du débutant à l'artiste consommé, il se produit souvent de ces changement absolument inattendus, pas toujours cependant, car il m'est arrivé de voir vingt-cinq ans après leurs débuts, des artistes n'ayant rien trouvé à ajouter à leurs qualités premières.
Mayol a du talent, c'est entendu, mais étant donné son genre, ce qui encadrait ce talent, ce qui le complétait, c'était la jeunesse, la... sveltesse ! Maintenant, n'est-ce pas... il lui manque cette chose capitale !
Ah ! par exemple, ce qui ne lui fait pas défaut, c'est la fortune, alors... je n'ai pas de conseils à lui donner, mais je crois qu'il ferait bien de se décider à faire ce que j'ai cru sage de faire dans la plénitude de mes moyens, il y a déjà plus de quinze ans, sans être, il s'en faut, ni si gros, ni si riche que lui ! Il demeure certain que durant sa carrière Mayol a su se retourner.
Mais la sincérité du succès ne s'affirme pas uniquement d'après le nombre de bravos que dans une salle, les spectateurs subissant l'ambiance, prodigueront à un artiste. Tout ne s'arrête pas là, suivent ensuite les réflexions que ces mêmes spectateurs feront sur l'artiste applaudi.
N'oublions pas que cette sincérité du succès se confirme on se détruit selon la nature de ces réflexions ultérieures... Alors !...
LES FANTAISISTES
A côté des vrais fantaisistes, nous avons, dans la demi-teinte, Perchicot et Alibert, tous deux excellents et joignant à la distinction et au savoir, la plus agréable désinvolture.
Pour les autres je n'insisterai pas, vous les connaissez tous et tous sont avantageusement appréciés.
Max Dearly, Maurice Chevalier, Boucot et Georgius, ce dernier artiste-auteur émérite, est pourvu d'une étonnante abondance de moyens.
Mon distingué confrère Gustave Fréjaville, le signalait bien dans son important ouvrage Au Music-Hall, mais à cette époque (septembre 1921) l'heure n'avait pas encore sonné pour Georgius or. depuis, les preuves de son talent ont été si nombreuses, que le doute n'est plus permis, Georgius arrivera comme il voudra et où il voudra ! Il en est ainsi dans cette corporation.
Après le tour de ceux dont c'est le tour...
A qui le tour ?
TRE-KI
Nous avons aussi l'excentrique algérien Tré-Ki. Celui-ci présente un numéro disparate, on y trouve un peu de tout, boniments, tyrolienne, anecdotes, sans compter que Tré-Ki déploie une appréciable virtuosité sur le piano, l'ocarina et divers instruments.
Il est d'humeur joviale... C'est à Bordeaux que je le vis pour la première fois et dès qu'il m'aborda il m'offrit une coupe de champagne, c'est, paraît-il, sa façon de manifester sa sympathie mais... avant le lever du rideau il rencontre chaque jour beaucoup de personnes qui lui sont sympathiques.
Son action est en tout cas indiscutable, son nom le plus souvent fait recette, mais on me dit qu'il est très distrait et que lorsqu'il quitte les villes où il vient de donner une série de représentations il oublie fréquemment quelque chose
GEORGES ROGER
Est un habitué du succès et aussi de la vedette. Ce fantaisiste qui ne laisse pas d'être comique, nous donne rapidement à la ville l'impression d'un homme sérieux.
Agréable danseur, instrumentiste, monologuiste, il occupe avec facilité la bonne place que les directeurs avisés lui réservent dans leurs établissements, dont les habitués relèvent toujours avec satisfaction le nom de Georges Roger sur le programme.
DOUMEL
Nous avons enfin le méridional Doumel qui, depuis quelques années, avec son accent de la Cannebière, a conquis les faveurs du public parisien. En somme il fait en marseillais ce que le non moins exubérant Pélissier fait en parigot.
Doumel a du cran, de l'à-propos, la répartie facile, il possède en son sac une belle provision de blagues ensoleillées et légèrement assaisonnées de sel marin auquel s'ajoute un soupçon d'ail et de safran... une vraie bouillabaisse, quoi !
Bouillabaisse savoureuse, puisqu'on l'applaudit chaleureusement. Je ne cherche pas à savoir si cette note est appelée à durer, je constate seulement oie Doumel, grâce à ses multiples qualité- artistiques obtient un succès des plus enviables.
BISCOT
C'est en venant m'applaudir, alors que je donnais une série de représentations à La Gaîté-Montparnasse, que l'idée vint à Biscot, de faire ses débuts au Café-Concert.
Mais du Café-Concert il passa vite au Théâtre et surtout au Cinéma.
Tous nos lecteurs savent le succès qu'il y obtient.
SINOËL ET TRAMEL
Deux bons camarades, deux bons comiques. Sinoël, dont j'aurai l'occasion de parler dans un prochain chapitre, obtint à l'Eldorado un succès formidable, je m'y suis d'autant plus intéressé que plusieurs fois il y fit sa rentrée avec une de mes chansons, intitulée : "Je le sais..." il y était comme dans bien d'autres, absolument désopilant ! Sa présence finissait par porter sérieusement ombrage à Dranem qui était tout ce qu'il y a de plus gentil avec ceux qui n'avaient au succès.
Au départ de Sinoël la direction passa dans les mains de Valès, celui-ci se désintéressant de Dranem, engagea le sympathique Tramel pour créer Le Crime du Bouif dont on ne peut oublier le grandissime succès. Cette pièce de Lafouchadière et Mouzy-Eon, tint l'affiche pendant trois ans et Valès dût avoir de profonds regrets de ne pas l'avoir maintenue un an ou deux ans de plus !
Tramel est adoré des foules et de tous ses camarades, c'est un excellent artiste, doublé d'un excellent homme. Il fut très ennuyé lorsque, quelques jours après le décès de Pierre Chapelle, le journal de mon ami Massoulard, Les Coulisses, raconta que sachant Pierre Chapelle très malade et sans argent, Tramel envoya immédiatement à son ami un chèque de dix mille francs pour qu'il puisse se rendre en Suisse dont le climat lui était préconisé par les médecins.
Son geste est tout fait méritoire, mais je connais la modestie de ce brave Tramel et je vais sûrement me faire attraper pour avoir osé le rappeler ici.
Cependant... j'ai promis des vérités, il faut bien nue je suive mon programme sans atténuer, par des phrases conventionnelles et mille fois ressassées, cette vérité qui change un peu avec ce uni a pu être dit et redit dans certains ouvrages similaires où le perpétuel ménagement plane, sans arrêt, sur les faits et les situations !
HENRI BUSQUET
Cependant, la capitale ne recèle pas tous les bons comiques.
Car nous avons le Bordelais Henri Busquet, dont la presse du Sud-Ouest, surtout, ne cesse de dire le plus grand bien.
Ce comique fameux se fait perpétuellement applaudir dans les brillantes et très spirituelles revues de Jean Valmy, un auteur tout à fait dans le mouvement, qui, par deux fois, chaque année, offre à son fidèle public des spectacles alertes, amusants et de très bon goût.
Jean Valmy, s'il venait à Paris, s'y ferait rapidement une très bonne place. Ses revues me rappellent celles de feu mon ami Louis Bataille, les scènes se soudent, s'animent sans interruption, le brio ne perd jamais ses droits... ni l'esprit non plus.
L'auditeur se montre ravi ! Le nom de Jean Valmy est à retenir ou plutôt, à placer sur la liste de nos plus intéressants humoristes. D'autant qu'il a été fréquemment mêlé à ceux de Rip, de Paul Briguet et de Saint-Granier avec lesquels il a brillamment collaboré.
LES TRANSFORMISTES
Beaucoup se sont crus qualifiés pour marcher glorieusement sur les traces de Frégoli alors qu'il manquait à Frégoli lui-même, les surnaturelles ressources que je me suis plu à relever chez le modèle du genre. J'ai nommé Robert Bertin.
Qui n'a pas vu Bertin ignore la magnificence qu'un véritable artiste peut arriver à étaler dans un numéro unique et qui n'a pas vu Bertin il y a vingt ou vingt-cinq ans n'a pas vu le plus extraordinaire assemblage qu'on puisse rencontrer chez un artiste de théâtre ou de music-hall.
Je parle ici, comme toujours, sans le moindre parti pris. La première fois que je vis Bertin, c'était à Bordeaux, Casino des Lilas, en 1896, je fus émerveillé par l'abondance d'atouts que possédait le jeune artiste dont le numéro n'était pourtant que le commencement de celui qu'il présenta plus tard. Mais déjà il en faisait assez pour que j'ai pu, au cours de cette première audition constater que ce transformiste au jeu intelligent, avait reçu de la nature des dons exceptionnels, des dons incomparables, pour arriver mieux que quiconque, à la perfection.
Un transformiste doit généralement intéresser à l'aide d'imitations masculines et féminines, ce sont ces dernières qui, même chez Frégoli, devenaient caricaturales ! Avec Robert Bertin au contraire, on ne prenait pas le temps de rires on était stupéfait au point de se demander si l'on avait la berlue !
Dès qu'il nous présentait une des étoiles féminines, on avait l'impression d'admirer en scène, non seulement une vraie femme mais bien une superbe et jolie femme !
Cet imitateur aux pectoraux rebondissants, chaussant du 37, gantant du 6 1/2, possédant, en dehors de sa voix d'homme, une cristaline voix de femme, ne pouvait, comme je le dis plus haut, avoir obtenu tout cela par le travail ni avec de l'argent car si les toilettes, les décors, les accessoires s'achètent, les dons naturels ne s'achètent pas ! Mais à tous ces dons naturels, Bertin sut ajouter l'adresse et l'acquis du métier. Il suffit de l'entendre dire un monologue pour en juger. Il n'y a pas de bons diseurs qui détaillent mieux que lui. S'il voulait laisser ses transformations il n'aurait pas de peine à briller, simplement avec un répertoire de chansons.
Rien de ce qui est scénique n'a de secret pour lui, mais ce n'est pas avec des chansons qu'il pourrait étaler toutes ses ressources, il est habile tireur, prestidigitateur, équilibriste, ventriloque... Alors, n'est-ce pas ? quand on a tout cela dans son bagage, on a plaisir àl'exhiber et la meilleure preuve c'est que Robert Bertin, possesseur d'un joli château aux environ de Toulon lâche parfois la vue qu'il asur la mer pour borner son horizon... sur la scène !
Ceux qui ont encore l'occasion de l'applaudir ne regrettent vraiment pas la soirée que leur fait passer cet artiste unique en son genre.
LES DISEUSES
Parmi les diseuses réputées, nous avons eu d'abord Mme Duparc, dont la voix si caressante charmait agréablement l'auditeur. Cette artiste obtint des triomphes éclatants, mais elle s'endormit sur ses lauriers, ne se renouvela pas et, dépensant sans compter, fut un jour réduite à la misère, sa chute s'est affirmée très rapide. C'est grâce à l'obligeance de certains camarades, et tout particulièrement de la très aimable Anna Thibault qu'elle put subsister en attendant son admission à la maison de Pont-aux-Dames, où elle mourut en 1926.
Puisque je viens de prononcer le nom d'Anna Thibault, laissez-moi vous dire que pas une artiste n'a eu plus qu'elle, la sympathie de tous ses camarades, mais il y avait réciprocité, la société de ses confrères ou consœurs lui offrait une joie sans mélange.
Je me souviens que vers 1890, elle prenait un plaisir extrême à nous réunir dans les très vastes appartements qu'elle occupait près la gare Saint-Lazare avant de posséder son hôtel.
Nous nous rendions en chœur chez Anna Thibault où toute la troupe de la Scala était fréquemment invitée. Il y avait là Libert, Marius, Richard, Brunet, Caudieux et aussi Maurel, Louis Maurel dont le nom, par la suite faisait partie des vedettes de nos principaux établissements.
Maurel était de toutes les fêtes, on n'aurait pas compris une joyeuse réunion d'artistes sans Maurel, convive joyeux, aimable, intelligent, il ne s'imposait pas précisément par sa taille, mais bien par son esprit, ce qui est beaucoup mieux.
Anna Thibault, sans la moindre ostentation, a soulagé bien des infortunes et ses succès qui étaient ininterrompus lui étaient du doublement. Public et camarades ont toujours d'elle le meilleur souvenir.
YVETTE GUILBERT
C'est vers 1891 que se révéla Yvette Guilbert, qui, depuis des années déjà cherchait son joint. La réussite fut donc assez longue à venir, mais avec persévérance, avec ténacité, la future grande étoile ne lâchait pas pied. Elle s'essaya dans des notes diverses, mais ses essais n'étaient pas du goût de la direction de l'
Eldorado, où elle gagnait alors six cents francs par mois, lorsque Mme Allemand commit l'outrancière maladresse de la laisser partir sans avoir soupçonné la valeur artistique de sa pensionnaire. Yvette passa alors à l'Éden-Concert, chantant un peu de tout. Elle cherchait toujours sa voie lorsque Xanrof (à qui Thérésa, vu son âge, les avait refusées) lui présenta une collection de chansons, parmi lesquelles se trouvait Le Fiacre, déjà défloré par Félicia Mallet, mais ça ne fait rien, Yvette accepta tout le lot et, quelque temps après, découverte par Musseleck, directeur du Concert Parisien (devenu depuis : Concert Mayol) où j'étais moi-même engagé. Yvette Guilbert débutait avec une réclame formidable pour l'époque. Les affiches, en très gros caractères annonçaient :
YVETTE GUILBERT Chanteuse fin de siècle
La phrase était heureuse, le répertoire nouveau, l'interprète avait beaucoup de talent et l'inoubliable
Thérésa, avec qui je m'entretenais un soir, était la première à le reconnaître. Le succès fut énorme, les recettes aussi, ce fut la fortune et c'était justice.
Il est impossible de détailler avec plus d'esprit que' ne le fait Yvette Guilbert, qui est toujours admirable dans son interprétation et que j'écoute avec le même plaisir qu'au premier jour. Mon opinion sur son compte n'a donc jamais varié, je l'ai toujours considérée comme une très spirituelle artiste.
Parmi les bonnes diseuses, il faut également citer Mme Esther Lekain et Camille Stéphani. Celle-ci, depuis de longues années, triomphe absolument au Petit Casino, elle fait les délices de milliers de spectateurs qui ne parlent jamais de cet établissement sans manifester leur sincère admiration à l'endroit de cette intéressante artiste.
Elle créa à l'
Eldorado, soixante opérettes, ou revues. Elle fit partie de cette phalange d'artistes réputés, aimés et considérés de ce fidèle public qui se rendait à l'Eldorado avec la certitude d'y applaudir des interprètes de valeur.
Les pièces qui terminaient le spectacle étaient toujours précédées d'une très importante partie de chant dans laquelle défilaient tous les pensionnaires de l'établissement, ce qui permit à Fernande Caynon de lancer plus de cent chansons dans lesquelles elle faisait preuve de la diction la plus sûre.
Mais c'est en 1893, alors qu'elle devint Mme Ouvrard que son genre prit une forme définitive. L'artiste était dans la plénitude de ses moyens; autorité dans la tenue, autorité dans la voix. Elle s'en tint aux chansons d'ordre vraiment supérieur, et mes meilleurs
collaborateurs,
Paul Henrion, Octave Pradels, Jost et Darsay prirent le plus grand plaisir à travailler avec moi à la composition de son attrayant répertoire.
Les ovations, qu'auprès de Villé, lui faisait le public choisi aux soirées classiques de l'Éden-Concert, continuèrent à la classer au premier rang des meilleures diseuses et,
Francisque Sarcey écrivait dans un feuilleton du Temps : "Madame Ouvrard est une artiste pleine de talent. Elle est la rénovatrice de la bonne chanson française."
Les appréciations de ce prince de la Presse dispensent de tout commentaire.
ZELIE WEIL
Mais une très brillante chanteuse qui réunissait toutes les qualités, puisqu'elle était douée d'une adresse incomparable, d'une voix splendide et d'une diction impeccable, c'était la sémillante Zélie Weil, qui fut de son temps largement fêtée, tant en province qu'à Paris. Elle a laissé à ceux qui l'ont entendue, un ineffaçable souvenir. Elle a laissé... mieux encore, car Zélie Weil n'était autre que la mère d'Edmée Favart, la si spirituelle étoile de nos opérettes modernes.
GABRIELLE CHALON
Actuellement à la maison de retraite de Pontaux-Dames, Gabrielle Chalon, fit un instant partie de la troupe de l'Éden-Concert, où elle était, en bonne place comme diseuse et comme comédienne. J'avais à cette époque composé une saynète ayant pour titre Un ménage du Cantal, dont le succès fut caractéristique et que mon vieux camarade, Louis Bataille, qui était à ce moment là le revuiste le plus réputé, utilisa dans sa revue annuelle.
C'est avec Gabrielle Chalon que j'avais lancé cette piécette qui tint gaillardement l'affiche durant plusieurs mois.
UN DOCUMENT
Un document qui sera sûrement apprécié de mes lecteurs car, vu son extrême rareté, il ne manque pas de saveur, c'est cette photo de
Maurice Chevalier, à l'âge de 12 ans 1/2, alors qu'il interprétait mes chansons, parmi lesquelles je citerai "La Jeune fille de Chelles" ; "à droite... au fond" ; "Je te suis..." ; "La Fille du Rémouleur".
Voilà des détails totalement ignorés de mon confrère, André Rivollet car, dans son ouvrage De Ménilmontant au Casino de Paris, M. Rivollet qui ne prononce même pas mon nom, prétend que Maurice Chevalier à ses débuts, chantait les chansons de Boucot et de Dranem. Il est vrai que ce dernier chantait également "La Jeune Fille de Chelles"... mais s'il s'était informé, il aurait appris que cette chanson avait été créée et composée par Ouvrard père.
Au reste la photo de Maurice Chevalier se trouve agrémentée d'une dédicace qui ne laisse aucun doute :
A Ouvrard mon amitié A 12 ans 1/2, quand je copiais Ouvrard1925
Signé : Maurice Chevalier.
Il en est de plusieurs sortes. Il s'agit d'abord d savoir à qui la question se trouve posée.
Pour les délicats qui font partie du public, la bonne chanson est celle qui, tout en étant bien traitée, bien rimée, offre la preuve que l'auteur respecte les règles de la versification et qu'il vise par surcroît à faire œuvre utile en publiant une chose moralisatrice. Voilà en somme ce que doit être la bonne chanson. Tandis que pour l'interprète, pour le chanteur professionnel, la bonne chanson n'est autre que celle qui lui procurera le plus de succès, celle qui deviendra populaire, celle qui se fredonnera partout, car il est bien rare qu'en parlant de la chanson on oublie celui qui l'a lancée.
Mais quelquefois cette chanson qui vaut à l'artiste les plus grandes satisfactions n'est pas capable de supporter la lecture ! Oui... on peut l'écouter... mais il ne faut pas se risquer à la lire !
Ceux qui l'achètent sont désenchantés, et, le plus souvent se disent : Eh quoi? c'est cette blague-là qui a tant de vogue? mais c'est idiot ! Cependant lorsque je l'ai entendu chanter par un Tel... elle m'avait fait plaisir... Je l'ai même beaucoup applaudie... c'est très curieux!
Puis, nous avons les chansons de cabarets que Fursy dénomme chansons rosses.
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